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et qui n'est forte que d'une grande alliance, celle de la vérité.

Un fait peut donner l'idée de la différence essentielle qui existe entre les torys et les whigs, entre les ministériels et l'opposition, relativement aux affaires de France. L'esprit de parti réussit à dénaturer les plus belles actions, tant que vivent encore ceux qui les ont faites; mais il n'en est pas moins certain que l'antiquité n'offre rien de plus beau que là conduite du général la Fayette, de sa femme et de ses filles dans les prisons d'Olmutz (1). Le général étoit dans ces prisons, pour avoir d'une part quitté la France aprè l'emprisonnement du roi, et de l'autre pour s'être refusé à toute liaison avec les gouvernemens qui faisoient la guerre à son pays; et l'admirable madame de la Fayette, à peine sortie des cachots

(1) On peut trouver les détails les plus exacts à cet égard, dans l'excellent ouvrage de M. Emmanuel de Toulongeon, intitulé: Histoire de France depuis 1789. Il importe aux étrangers qu'on leur fasse connoître les écrits véridiques sur la révolution ; car jamais on n'a publié, sur aucun sujet, un aussi grand nombre de livres et de brochures, où le mensonge se soit replié de tant de manières, pour tenir lieu du talent et satisfaire à mille genres de va

nités.

de Robespierre, ne perdit pas un jour pour venir s'enfermer avec son mari, et s'exposer à toutes les souffrances qui ont abrégé sa vie. Tant de fermeté dans un homme depuis si longtemps fidèle à la même cause, tant d'amour conjugal et filial dans sa famille, devoient intéresser le pays où ces vertus sont natives. Le général Fitz - Patrick demanda donc que le ministère anglois intercédât auprès de ses alliés pour en obtenir la liberté du général la Fayette. M.. Fox plaida cette cause; et cependant le parlement anglois entendit le discours sublime, dont nous allons transcrire la fin, sans que les députés d'un pays libre se levassent tous pour accéder à la proposition de l'orateur, qui n'auroit dû être dans cette occasion que leur interprète. Les ministres s'opposèrent à la motion du général Fitz-Patrick, en disant, comme à l'ordinaire, que la captivité du général la Fayette concernoit les puissances du continent, et que l'Angleterre, en s'en mêlant, violeroit le principe général, qui lui défend de s'immiscer dans l'administration intérieure des pays étrangers. M. Fox combattit admirablement cette réponse, dès lors astucieuse. M. Windham, secrétaire de la guerre, repoussa les éloges que M. Fox avoit donnés au

général la Fayette, et ce fut à cette occasion M. Fox lui répondit ainsi :

que

« Le secrétaire de la guerre a parlé, et ses >> principes sont désormais au grand jour. Il ne >> faut jamais pardonner à ceux qui commen>> cent les révolutions, et cela dans le sens le >> plus absolu, sans distinction ni de circon>> stances ni de personnes. Quelque corrompu,

quelque intolérant, quelque oppressif, quel>> que ennemi des droits et du bonheur de l'hu>> manité que soit un gouvernement; quelque >> vertueux, quelque modéré, quelque patriote, » quelque humain que soit un réformateur, » celui qui commence la réforme la plus juste >> doit être dévoué à la vengeance la plus irré» conciliable. S'il vient après lui des hommes >> indignes de lui, qui ternissent par leurs ex>> cès la cause de la liberté, ceux-là peuvent » être pardonnés. Toute la haine de la révolu>>>tion criminelle doit se porter sur celui qui a >> commencé une révolution vertueuse. Ainsi >> le très-honorable, secrétaire de la guerre par>> donne de tout son cœur à Cromwell, parce >> que Cromwell n'est venu qu'en second, qu'il >> a trouvé les choses préparées, et qu'il n'a fait >> que tourner les circonstances à son profit; >> mais nos grands, nos illustres ancêtres, Pym,

» Hampden, le lord Falkland, le comte de Bed>>ford, tous ces personnages à qui nous sommes >> accoutumés à rendre des honneurs presque >> divins pour le bien qu'ils ont fait à la race hu>> maine et à leur patrie, pour les maux dont >> ils nous ont délivrés, pour le courage pru>> dent, l'humanité généreuse, le noble désinté»ressement, avec lesquels ils ont poursuivi leurs » desseins : voilà les hommes qui, suivant la >> doctrine professée dans ce jour, doivent être >>> voués à une exécration éternelle.

>> Jusqu'ici nous trouvions Hume assez sé» vère, lorsqu'il dit que Hampden est mort au » moment favorable pour sa gloire, parce » que, s'il eût vécu quelques mois de plus, il >> alloit probablement découvrir le feu caché >> d'une violente ambition. Mais Hume.va » nous paroître bien doux auprès du très-ho>>> norable secrétaire de la guerre. Selon ce » dernier, les hommes qui ont noirci par leurs >>>> crimes la cause brillante de la liberté, ont » été vertueux en comparaison de ceux qui >> vouloient seulement délivrer leur pays du >> poids des abus, des fléaux de la corruption, » et du joug de la tyrannie. Cromwell, Har>>rison, Bradshaw, l'exécuteur masqué qui a >> fait tomber la tête de l'infortuné Charles Ier.:

>> voilà les objets de la tendre commisération » et de l'indulgence éclairée du très-honorable » secrétaire de la guerre. Hampden, Bedford, » Falkland, tué en combattant pour son roi, >> voilà les criminels pour lesquels il ne trouve >> pas encore assez de haine dans son cœur, ni » assez de supplices sur la terre. Le très-hono» rable secrétaire de la guerre nous l'a dit po»sitivement aux yeux de ses rois, et de ses >> ministres absolus, Collot-d'Herbois est bien >> loin de mériter autant de haine et de ven» geance que la Fayette.

>> Après m'être étonné d'abord de cette opi» nion, je commence à la concevoir. En effet, >> Collot-d'Herbois est un infâme et un mon>> stre; la Fayette est un grand caractère et un >> homme de bien. Collot-d'Herbois souille la » liberté, il la rend haïssable par tous les cri» mes qu'il ose revêtir de son nom; la Fayette » l'honore, il la fait chérir par toutes les ver» tus dont il la montre environnée; par la no» blesse de ses principes, par la pureté inalté>> rable de ses actions, par la sagesse et la force » de son esprit ; par la douceur, le désintéresse» ment, la générosité de son âme: Oui, je le >> reconnois, d'après les nouveaux principes, » c'est la Fayette qui est dangereux, c'est lui

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