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>>>stituteurs politiques, ou a cru qu'on ne pou>> voit établir une trop forte barrière entre le >> pouvoir exécutif et le pouvoir législatif. Rap>> pelons d'abord que les instructions tirées de > l'exemple nous donnent un résultat bien dif>> férent. On ne connoît aucune république où >>> les deux pouvoirs dont je viens de parler ne >> soient entremêlés dans une certaine mesure; » et les temps anciens, comme les temps mo>> dernes, nous offrent le même tableau. Quel>> quefois un sénat, dépositaire de l'autorité exé»cutive, propose les lois à un conseil plus éten» du, ou à la masse entière des citoyens ; et >> quelquefois aussi ce sénat, exerçant dans un >> sens inverse son droit d'association au pouvoir législatif, suspend ou révise les décrets du grand nombre. Le gouvernement libre de l'Angleterre est fondé sur les mêmes princi» pes, et le monarque y concourt aux lois par » sa sanction et par l'assistance ordinaire de ses >> ministres aux deux chambres du parlement. >> Enfin, l'Amérique a donné un droit de réjec» tion mitigé au président du congrès, à ce chef » de l'état, qu'elle a investi de l'autorité exécu» tive; et dans le même temps elle a mis en » part de cette autorité l'une des deux sections » du corps législatif.

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2)

>>> La constitution républicaine de la France » est le premier modèle, ou plutôt le premier >> essai d'une séparation absolue entre les deux >> pouvoirs suprêmes.

» L'autorité exécutive agira toujours seule et >> sans aucune inspection habituelle de la part » de l'autorité législative; et, en revanche, au>> cun assentiment de la part de l'autorité exé»cutive ne sera nécessaire à la plénitude des » lois. Enfin, les deux pouvoirs n'auront pour » lien politique que des adresses exhortatives >> et ils ne communiqueront ensemble que par >> des envoyés ordinaires et extraordinaires.

>> Une organisation si nouvelle ne doit-elle >> pas entraîner des inconvéniens, ne doit-elle » pas, un jour à venir, exposer à de grands dan>> gers?

>> Supposons en effet que le choix des cinq >> directeurs tombe, en tout ou en partie, sur >> des hommes d'un caractère foible ou incertain, quelle considération pourront-ils conserver >> en paroissant tout-à-fait séparés du corps lé» gislatif, et de simples machines obéissantes?

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» Que si, au contraire, les cinq directeurs élus >> se trouvoient des hommes vigoureux, hardis 2 >> entreprenans et parfaitement unis entre eux, >> le moment arriveroit où l'on regretteroit peut

>> être l'isolement de ces chefs exécutifs, ou l'on >> voudroit que la constitution les eût mis dans » la nécessité d'agir en présence d'une section » du corps législatif, et de concert avec elle. Le » moment arriveroit où l'on se repentiroit peut>> être d'avoir laissé, par la constitution même, >> un champ libre aux premières suggestions de >> leur ambition, aux premiers essais de leur >> despotisme. >>

Ces directeurs hardis et entreprenans se sont trouvés; et, comme il ne leur étoit pas permis de dissoudre le corps législatif, ils ont employé des grenadiers à la place du droit légal que la constitution devoit leur donner. Rien ne présageoit encore cette crise, quand M. Necker l'a prédite; mais ce qui est plus étonnant, c'est qu'il a pressenti la tyrannie militaire qui devoit résulter de la crise même qu'il annonçoit en 1796.

Dans une autre partie de son ouvrage, M. Necker, en mêlant sans cesse l'éloquence au raisonnement, rend la politique populaire. Il suppose un discours de saint Louis, adressé à la nation françoise, et vraiment admirable; il faut le lire tout entier, car il y a un charme et une pensée dans chaque parole. Toutefois, l'objet principal de cette fiction, c'est de se figurer un prince qui dans son illustre vie s'est montré capable

d'un dévouement héroïque, déclarant à la nation jadis soumise à ses aïeux, qu'il ne veut pas troubler par la guerre intestine les efforts qu'elle fait maintenant pour obtenir la liberté, même républicaine, mais qu'au moment où les circonstances tromperoient son espoir, et la livreroient au despotisme, il viendroit aider ses anciens sujets à s'affranchir de l'oppression d'un tyran.

Quelle vue perçante dans l'avenir et dans l'enchaînement des causes et des effets ne faut-il pas, pour avoir formé une telle conjecture sous le directoire, il y a vingt ans !

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Les deux grandes armées de la république, celles du Rhin et de l'Italie, furent presque constamment victorieuses jusqu'au traité de CampoFormio, qui suspendit pendant quelques instans la longue guerre continentale. L'armée du Rhin, dont le général Moreau étoit le chef, avoit conservé toute la simplicité républicaine; l'armée d'Italie, commandée par le général Bonaparte, éblouissoit par ses conquêtes, mais elle s'écartoit chaque jour davantage de l'esprit patriotique qui avoit animé jusqu'alors les armées françoises. L'intérêt personnel prenoit la place de l'amour de la patrie, et l'attachement à un homme l'emportoit sur le dévouement à la liberté. Bientôt aussi les généraux de l'armée d'Italie commencèrent à s'enrichir, ce qui diminua d'autant leur enthousiasme pour les principes austères, sans lesquels un état libre ne sauroit subsister.

Le général Bernadotte, dont j'aurai l'occasion de parler dans la suite, vint, à la tête d'une division de l'armée du Rhin, se joindre à l'armée

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