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Or que

ce

vivrons-nous encore en icelui ? par la grace juftifiante nous foyons morts au peché; l'Apôtre le prouve par le Sacrement du Baptême, tant par le fi gne, que par la chofe fignifiée. Par le figne, parce que dans le Baptême, (fur. 'tout celui d'immerfion qui te pratiquoit principalement alors) l'action par la quelle le baptifé eft couvert d'eau, qui reprefente la mort & la fepulture, fignifie que le baptifé eft mort & enfeveli à l'égard du peché. Il le prouve auffi par la chofe fignifiée dans le Baptê me, c'eft que par le Sacrement nous fom mes parfaitement unis à Jefus-Chrift, étant faits une même plante avec lui, participans des fruits de fa mort & de fa refurrection. D'où il s'enfuit encore que la grace du Baptême, ou la grace juftifiante, ne peut induire les hommes au pechés puifque la vertu de la mort de Jefus-Chrift. les fruits de fa refurrection & nôtre union avec lui font absolument incompatibles a vec le peché.

En fuite pourfuivant la confideration qui naît de la mort de Jefus-Chrift, il fait voir qu'il en refulte un puiffant motif à la fantification, c'eft que comme Jefus Chrift eft mort une feule fois & reffufcité pour vivre éternellement avec Dieu, pareillement les fideles doivent mourir une fois au peché, pour vivre éternellement

d'une vie fainte & fpirituelle; d'où il conclud que bien loin que l'Evangile porte les hommes au crime, au contraire ils doivent vivre faintement, à caufe de cela même qu'ils ne font plus fous la Loi, mais fous la grace. Et c'eft-là l'abregé des verfets qui font depuis le troifiéme jufqu'au quatorzie'me inclufivement.

Com

L'autre raifon par laquelle Saint Paul prouve que la doctrine de la grace, bien loin de nous rengager dans le peché, nous en retire, eft prife de la comparaifon de l'esclavage & de la fervitude, dans ce fens : ment eft-ce que la grace juftifiante nous pourroit engager dans les defordres du peché, puis qu'elle nous affranchit du peché & nous rend heureusement efclaves de la juftice? Nous ne fommes donc plus fous la domination du peché pour lui fervir, nous fommes fous le régne de la juftice pour lui obéir, & c'eft l'Alliance de la Grace qui fait ce changement & qui nous rend foûmis aux oix de la fainteté. Ainfi l'Alliance de Grace ne peut en façon du monde induire les hommes au peché. De cette penfée, où il compare le peché & la grace à deux maîtres, il prend occafion de tirer un motif à la fantification, pris de la diverfité des récompen

fes

que donnent ces maîtres à ceux qui les fervent. C'eft que le peché pour falaire donne la mort, & la grace pour récompenfe donne la vie éternelle. C'eft le fens du refte

du Chapitre, jufqu'à la fin.

Dans le Chap. 7. l'Apôtre répond à une troifiéme objection qui fe pouvoit faire contre la doctrine de la juftification, de la maniere qu'il l'avoit expliquée. C'eft qu'il avoit pofé que nous fommes juftifiez par la feule Alliance Evangelique, à l'exclufion de l'Alliance Légale, & avoit enfeigné que cette œconomie Légale n'avoit point été donnée pour la juftification des hommes, mais feulement afin de les convaincre du peché, & pour leur donner lieu de connoître tout le fonds de leur mifere. Ce qu'il avoit exprimé en termes tres-durs pour les Juifs; car il avoit dit, Or la Loi eft interve nue afin que l'offenfe abondât, Ch. 5. v. 20. Cela faifoit une grande difficulté dans l'efprit des Juifs qui difoient, fi cela eft ainfi,la Loi de Moïfe eft inutile puis qu'elle ne ju ftifie pas. Elle est même nuifible & mauvaife, puifque par elle le peché abonde C'est l'objection à laquelle l'Apôtre répond dans ce Chapitre, & il explique en quel fens ila dit, la Loi a été donnée afin que le peché abondât. Ce qui fignifie que la Loi a été donnée; 1. afin de découvrir & de reveler le peché, comme celui-là fait abonder l'or qui le tire de fes cachettes. 2. Que la Loia été occafion au peché d'abonder, parce que le peché s'irrite par la refiftance. L'Apôtre veut donc fe purger de l'accufation qu'on lui pouvoit faire d'avoir accufé la Loi d'étre

la fource du peché, & d'avoir accufé Dieu d'étre lui même la caufe du peché, par la Loi qu'il avoit donnée.

Avant que d'entrer dans ce détail, l'Apôtre établit tout de nouveau que nous ne fommes plus fous l'Alliance Legale, mais fous l'Alliance Evangelique, & il fe fert pour faire comprendre cela d'une comparaifon prife du mariage, difant que quand une femme a perdu fon mari,& que fon mari eft mort, elle eft mise en liberté, & fe peut remarier avec un autre qu'ainfi l'Eglife qui étoit autrefois mariée avec la Loi, cette Alliance Légale étant morte, c'eft à dire, ayant été anéantie, l'Eglife peut fe marier S étre effectivement mariée à Jefus-Chrift par les liens de l'Alliance Evangelique. Dans cette comparaifon le premier mari c'eft la Loi, la mort de ce premier maric'est l'anéantiffement de l'Alliance Légale, le fecond mari c'eft Jefus-Chrift, & Epoufe qui eft fucceffivement liée à ces deux maris, c'est l'Eglife. Ce qui doit étre remarqué contre les autres Interpretes qui difent que le premier mari c'eft le peché, que l'Epoufe c'eft l'ame, que le lien qui unit lame avec le peché, c'eft la Loi de Moife, que la mort dų premier mari, c'eft l'anéantiffement du peché. Cette interpretation eft infoûtenable, & ne peut s'accorder ni avec l'analogie de la foi, ni avec les paroles de Saint Paul, car felon l'un & l'autre, on ne peut pas dire que

l'ame foit mariée au peché, par la Loi de Moïfe.

Dans le feptiéme verfet où l'Apôtre parle ainfi, Que dirons-nous donc ? la Loi eft-elle peché? il entre dans fa matiere, & répond à l'objection dont nous avons parlé, & fa réponse revient à ceci; c'eft que quand il a dit. que par la Loi le pechéabonde, il a entendu que par la Loi eft donnée connoiffance du peché. C'est ce que fignifient ces paroles du feptiéme verset: Jenay point connu le. peche finon par la Loi, car je n'euffe point connu ce que c'étoit que convoitife, fi la Loi n'eût dit, Tu ne convoiteras pas. L'autre chofe qu'il répond & fur laquelle il ap puye beaucoup davantage, c'eft que quand ila dit que la Loi avoit eté donnée afin que le peché abondât, il n'entendoit pas que ce fut l'intention de celui qui avoit donné la Loi, mais que la Loi par accident avoit donné occafion au peché d'abonder davantage; Et là-deflus depuis le verfet 8. jufqu'au 14 inclufivement, il montre comment & de quelle maniere le peché est devenuplus violent par la refiftance que la Loi lui a faite, comme un torrent s'enfle & devient plus furieux quand on oppose des digues à fon paffage. Et pour montrer tout ce que la Loi étoit capable de faire, tant de bien par elle-même, que de mal par accident, depuis le quinzieme verfet jufques à la fin du chapitre, il dépeint le com

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