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alors maire de Nantes, que M. le comte de Brosses, préfet de la Loire-Inférieure, prit un arrêté, le 4 mars 1817, créant un comité chargé de donner son avis sur les établissements insalubres ou incommodes. Il ne fut composé d'abord que de trois membres, MM. Fouré, Hectot et Le Sant père; ses attributions étaient peu étendues, mais elles prirent en peu de temps une grande extension par le nombre et l'importance des affaires qui lui furent

soumises.

Enfin, en exécution de l'article 27 du décret en date du 24 décembre 1850, prescrivant la réorganisation du service sanitaire, sur tout le littoral, Bonamy fut élu, par ses collègues du Conseil de salubrité, membre de la commission devant remplacer à Nantes l'intendance sanitaire.

Préposé à la garde de la santé publique, Bonamy s'efforça de se tenir à la hauteur de sa mission, en s'appliquant à l'étude de l'hygiène, en acquérant une connaissance parfaite de la topographie du département de la Loire-Inférieure, enfin en donnant tous ses soins aux rapports sur les épidémies qu'il rédigeait pour l'Administration.

Un certain nombre des mémoires et des rapports qu'il a écrits sur l'hygiène et les épidémies ont été publiés. Nous citerons les suivants:

Extrait d'un mémoire sur la dyssenterie épidémique observée au Cellier et à Ligné, en 1834; Topographie médicale de la Loire-Inférieure; Rapport sur l'insalubrité du quartier de la Madeleine; Rapport sur l'épidémie de choléra-morbus asiatique, observée à Nantes et dans diverses parties du département de la LoireInférieure, en 1849; Rapport sur une épidémie de fièvre typhoïde, à Gétigné, 1854; Rapport sur une épidémie

de fièvre typhoide qui a sévi dans le haut Loroux et à la Remaudière; Rapport sur une épidémie de dyssenterie observée à la Chapelle-Basse-Mer, en septembre et octobre 1856.

Le dévouement de Bonamy aux intérêts communs reçut enfin sa juste récompense. Le Gouvernement, instruit par M. Gauja des services de Bonamy, le nomma Chevalier de la Légion-d'Honneur, par ordonnance du 26 décembre 1849. Le Moniteur du 1er janvier 1850, annonçait sa nomination en ces termes : « Bonamy, médecin à Nantes: En considération du dévouement avec lequel il a accompli la mission dont il a été chargé par l'Ad» ministration, comme médecin des épidémies, pendant » la durée du choléra dans le département de la Loire» Inférieure et pour les services qu'il a rendus en organi»sant sur les points attaqués, le service des secours. »

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Un décret impérial du 30 mars 1855, créait à Nantes une Ecole préparatoire à l'enseignement supérieur des sciences et des lettres; puis, un autre décret du 30 mai suivant, réorganisait l'Ecole préparatoire de médecine et de pharmacie de la même ville, sur les bases des écoles de Lyon, de Rennes et de Bordeaux. D'après cette nouvelle organisation et grâce à la persévérante libéralité du Conseil municipal, elle se trouvait pourvue et dotée de deux professeurs nouveaux, l'un adjoint à la chaire de clinique interne, l'autre adjoint à celle de clinique externe. Mais le cours de chimie médical et de pharmacie, professé avec tant de distinction par M. le docteur Pihan-Dufeillay, fut transformé en un cours de pharmacie et notions toxicologiques, et le cours d'histoire naturelle médicale de M. Delamare, dont ses anciens élèves ont conservé de si charmants souvenirs, devint un cours de matière médicale et thérapeutique. Quant aux leçons de chimie

et d'histoire naturelle, nécessaires aux élèves de l'Ecole de médecine, il fut arrêté qu'elles seraient désormais professées par l'Ecole des sciences appliquées.

Déplorable système qui devait nécessairement amener l'affaiblissement de l'enseignement de la chimie et de l'histoire naturelle. En effet, les professeurs de l'Ecole préparatoire des sciences et des lettres, s'adressant à un public nombreux et aussi varié par son origine que par ses aptitudes, doivent maintenir leur enseignement dans les généralités; s'ils se livraient à des considérations médicales, ils éloigneraient certainement la majorité de leurs auditeurs et commettraient souvent de graves inconvenances. Espérons donc qu'éclairée par l'expérience, l'Université rétablira dans nos écoles préparatoires de médecine et de pharmacie les chaires d'histoire naturelle et de chimie médicale.

Bonamy fut nommé, le 3 juillet 1855, à l'une des nouvelles chaires, avec le titre de professeur adjoint de clinique interne. Aucun enseignement ne convenait mieux à ses aptitudes. Heureux au milieu d'élèves qu'il affectionnait et qui avaient pour lui respect et attachement, chaque matin, entouré d'un nombreux cortége, il parcourait les salles de l'Hôtel-Dieu, fixant l'attention de ses disciples sur chacun des malades, leur faisant analyser avec ordre, tous les signes que présentait la maladie. Il prenait ces signes dans leurs sources nécessaires, c'est-à-dire dans · les lésions des fonctions; et comme il s'était enquis de tout, et qu'il avait tout saisi, il rappelait, comparait, appréciait, balançait tout, avec une justesse, une précision, une sûreté telles, que presque jamais il n'échouait dans l'établissement toujours si difficile du diagnostic.

Le 2 juillet 1859, la ville de Nantes perdait le docteur Marcé, et en lui, un homme aussi justement estimé par

les qualités du cœur que par sa vive et belle intelligence. Il était professeur titulaire de pathologie interne; Bonamy voulut lui succéder: c'était son droit, et il l'obtint le 25 novembre suivant.

Cette mutation fut une faute. Bonamy n'était pas préparé au cours de pathologie, comme à celui de clinique. Il fut forcé de se livrer à des recherches nombreuses, de prendre des notes, de rédiger; pendant la journée, il visitait sa nombreuse clientèle à laquelle des scrupules de conscience lui faisaient consacrer plus de temps qu'il n'aurait dû; les jours ne lui suffisant plus, il passa les nuits au travail. Malgré tant d'efforts, il n'obtint jamais le même succès que dans son enseignement clinique.

Dans la séance de rentrée de l'Ecole de médecine, du 8 novembre 1856, il fut chargé de prononcer le discours d'usage.

Depuis longtemps on a épuisé les critiques sur les Sociétés savantes, littéraires ou artistiques; on ne leur a ménagé ni les ridicules, ni les railleries; elles ont résisté à tout, les anciennes se sont maintenues, et de nouvelles se sont élevées auprès de leurs aînées. Il faut donc en prendre son parti, nous avons besoin de nous grouper, de nous réunir pour profiter des travaux des autres, et bien plus encore pour faire connaître les nôtres. La ville de Nantes possédait une Société Académique, depuis 1799; elle comprenait une Section de Médecine. Il eût donc été tout simple que les médecins et les pharmaciens de la ville, ayant quelque goût pour l'étude des sciences ou des lettres, y fussent tous entrés. L'Académie nantaise s'est toujours montrée indulgente sur les titres littéraires de ses candidats. Mais on avait tant plaisanté de la vieille Académie et des prétentions de quelques-uns de

ses membres, en possession d'une certaine prépondérance, dont, à la vérité, ils abusaient quelquefois, que par esprit d'opposition, on trouva plus simple de fonder une nouvelle Société. Celle-ci prit le nom de Cercle médical, eut pour but de créer une bibliothèque et de permettre aux membres de se communiquer, dans des séances régulières, le résultat de leurs observations. Bonamy s'y fit admettre, dès son arrivée.

Cette division du corps médical était fâcheuse, et les dissidents s'en aperçurent les premiers: leurs séances languirent et les frais généraux absorbèrent une grande partie de la somme destinée à l'achat des livres. Sur les entrefaites, une circonstance se présenta où tout le corps. médical eut à discuter en commun une question scientifique importante. Ce travail collectif fit sentir encore plus les inconvénients du fractionnement, et la réunion fut décidée.

Voici à quelle occasion: en 1835, sous la présidence du docteur Mareschal, les membres de la Section de Médecine ayant considéré qu'à différentes époques et surtout depuis quelques années, le traitement des maladies syphilitiques était devenu le sujet d'opinions tellement opposées entre elles, qu'on ne pouvait s'empêcher d'en être effrayé, proposèrent aux Sociétés de Médecine, avec lesquelles ils étaient en correspondance, de vouloir bien. seconder leurs efforts, en soumettant à une discussion verbale ou écrite, les questions qui se rattachent à l'existence ou à la non existence d'un virus syphilitique et du choix à faire pour le traitement de la syphilis, entre la méthode mercurielle et la méthode antiphlogistique. En même temps, ils invitèrent tous les médecins de la ville de Nantes à se réunir à eux, afin de se constituer en séances régulières où les opinions de chacun pourraient être discutées.

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