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l'Amérique, de la Chine et du Japon, qui font un des plus beaux ornements de nos jardins.

D'après le Manuel général des plantes, arbres et arbustes de MM. Jacques et Hérincq, il y avait, en 1847, dix-neuf espèces de magnolias, cultivées en France.

Je ne m'occuperai dans ce mémoire, que du magnolia à grandes fleurs, désigné vulgairement sous le nom de laurier tulipier, et connu des botanistes sous celui de magnolia grandiflora, que Linné lui a imposé.

C'est un bel arbre, de près de trente mètres dans son pays et de dix en France. Il est caractérisé par sa tige droite à cime régulière; ses rameaux verts étant jeunes et cendrés dans leur vieillesse; ses feuilles persistantes, ovales ou lancéolées, entières, de seize à vingt centimètres de longueur, sont coriaces, d'un vert luisant en dessus, avec un duvet court et couleur de rouille en dessous.

Il fleurit de juillet à novembre; ses fleurs ont de vingthuit à trente centimètres de diamètre, et sont d'un beau blanc, terminales, solitaires et odorantes. Elles portent de neuf à douze pétales épais.

Cette espèce compte quatre variétés principales:
Var. 1 à feuilles elliptiques.

2 à feuilles ovales lancéolées, non ferrugineuses.
3 à feuilles rondes.

4 à feuilles ferrugineuses.

En 1755, Duhamel du Monceau publiait son Traité des arbres et arbustes qui se cultivent en France en pleine terre. Cet ouvrage est l'exposition des richesses en ce genre, tant indigènes qu'exotiques, que possédait alors notre pays.

Duhamel, à l'article magnolia, s'exprime ainsi :

« Culture.

» La plupart des semences qu'on nous envoie de la Louisiane ne lèvent point; et nous sommes obligés de multiplier le laurier tulipier, par les marcottes. Ces arbres craignent trop le froid pour qu'on puisse les risquer en pleine terre dans notre climat; mais je suis persuadé qu'ils y réussiraient en Provence et en Languedoc, peut-être même supporteront-ils nos hivers, quand nous pourrons en risquer de gros pieds.

« Usages.

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» Le laurier tulipier est un des plus beaux arbres qu'on puisse cultiver; c'est ce qui nous a engagé à en parler dans ce traité; car comme ils craignent le froid de notre climat, ils ne doivent pas y être compris. »

Duhamel, en écrivant ces lignes, ne se doutait pas que depuis plus de vingt ans, le problème était résolu. Qu'un jeune pied de magnolia, apporté de l'Amérique et jeté dans un coin de la cour d'un château de Bretagne, s'y était naturalisé, malgré les hivers, et chaque année se couvrait d'une abondante floraison.

Jusqu'à ce jour, on ne connaissait de positif sur l'introduction de cet arbre, que la note suivante insérée par François Bonamy dans sa Flore nantaise, publiée en 1782.

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Magnolia grandiflora. Linn. Laurier tulipier.

» Nous en avons un des plus grands et des plus beaux qui se voie peut-être dans toute l'Europe. Il est au château de la Maillardière, à une lieue et demie de Nantes. Il fut envoyé du Mississipi en 1732 ou 1733, et mis dans un assez

mauvais terrain. Il subsiste encore, ayant supporté de très rudes hivers, sans qu'on en ait pris aucun soin, surtout pendant plus de trente ans après avoir été planté. Il donne tous les ans, une très grande quantité de belles fleurs et de fruits, dont les semences viennent rarement à parfaite maturité. »

Mais le magnolia de la Maillardière, un des ancêtres des magnolias qui ornent les parcs et les jardins de la France et même de l'Europe, devenu un monument historique, mentionné par tous les auteurs de dictionnaires d'histoire naturelle, eut bientôt sa légende, qui vint compléter et embellir son histoire, de même que le vieux château dont on ignore l'origine ou le grand homme dont les commencements ont été obscurs.

M. le docteur Delamare, dans une intéressante notice sur le magnolia de la Maillardière et sur la culture du magnolia à Nantes, publiée dans le résumé des travaux de la Société nantaise d'horticulture de l'année 1848, pages 131 à 146, a recueilli cette légende, ainsi qu'un grand nombre de faits curieux que je lui emprunterai pour compléter mon travail.

Après un aperçu sur la culture des magnolias à Nantes et dans ses environs, M. Delamare continue ainsi :

« Notre climat est donc, de toutes les parties de la France, celui qui semble le mieux en harmonie avec la nature, les habitudes, la constitution du magnolia; tellement, que la propagation par semis est le mode le plus universellement adopté par nos jardiniers. Cette culture se fait en grand, et des massifs de ces beaux arbres tiennent une place importante dans les pépinières nantaises. Eh bien, par une circonstance singulière, et pour ainsi dire providentielle, le premier magnolia introduit en

France, et peut-être en Europe, fut naturalisé à Nantes; et, à travers des vicissitudes nombreuses, est arrivé de nos jours, à un état de développement remarquable.

» Plusieurs notices ont été faites sur ce doyen des magnolias; et la plupart des écrivains qui en ont parlé l'ont confondu avec celui de notre Jardin des Plantes; mais des documents bien circonstanciés, puisés à des sources certaines, et que nous pourrions dire inédits, ont été recueillis par notre honorable président, M. Le Sant (1), et mis à notre disposition avec la plus bienveillante complaisance. Aussi je crois ne pouvoir mieux faire que de transcrire cette intéressante notice, en lui conservant tout son caractère, qui porte le cachet de la tradition orale dans toute sa simplicité et sa véracité primitive.

« Le magnolia de la Maillardière, le premier de ce » genre (2) en France, fut apporté de l'Amérique du » Nord en 1731, et donné à M. René Darquistade, sei

(1) M. Marc-François-Joseph Le Sant, reçu pharmacien à Paris, le 14 février 1811, était alors président de la Société nantaise d'Horticulture. Il a été membre du Conseil municipal de Nantes, et un des adjoints les plus laborieux et les plus capables qu'aient eus la Mairie. Chargé de la police, il sut la faire bien et sans frais ruineux pour la commune. Il a encore été membre du Conseil général de la Loire-Inférieure, de l'Administration des prisons, etc. Il est Chevalier de la Légion et auteur d'une Géographie élémentaire de la Loire-Inférieure (Nantes 1847), et de plusieurs autres ouvrages. M. Le Sant, après une existence toute de dévouement, vit aujourd'hui dans la retraite.

(2) Il eût été tout au plus le premier de son espèce. Le premier magnolia importé en France, est l'arbre du castor, magnolia glauca de Linné, apporté de l'Amérique septentrionale, en 1688.

» gneur de la Maillardière, le même qui fut maire de Nantes, d'abord en 1735, puis une deuxième fois en » 1740. Cet arbre, alors de petite dimension, fut placé » dans l'orangerie. »

» Cette époque de l'introduction du magnolia à Nantes, fixée dans la note de M. Le Sant à l'année 1731, n'est pas conforme aux renseignements qui nous ont été donnés par M. de la Bretesche, propriétaire actuel de la Maillardière, qui, d'après une tradition de famille, fait remonter l'importance de ce pied de magnolia vers l'an 1711. D'après cette tradition, ce sujet, alors de petite taille, fut placé dans l'orangerie, où il resta environ une vingtaine d'années, prenant un accroissement progressif, mais sans donner aucune fleur. Enfin, en 1731, l'arbre ayant acquis des dimensions trop considérables pour la serre, le jardinier résolut de le détruire, et ce projet aurait été mis à exécution sans les circonstances remarquables qui le sauvèrent, comme nous le verrons plus tard, et le firent planter en plein air.

Ainsi, d'après la tradition que nous rapportons, le magnolia aurait près de 20 ans de plus, et l'année 1731, assignée par la légende de M. Le Sant comme époque de l'introduction de cet arbre à Nantes, serait, d'après les notes de M. de la Bretesche, la date de sa transplantation en plein air.

» Revenons à la légende de M. Le Sant, qui va nous apprendre comme quoi le magnolia fut sauvé deux fois du feu.

« Le jardinier de M. Darquistade jugeant que cet arbre, >> d'après le développement qu'il avait acquis, ne pouvait pas » rester plus longtemps dans la serre, et persuadé, comme » on l'était généralement alors, que les végétaux du nouveau

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