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plice; et si le roi mon frère veut m'en croire, il doit tenir à Paris la conduite que j'ai tenue à Londres. Il faut qu'il sacrifie à sa sûreté tous les rebelles et tous les traîtres. » Elle remplit trop rigoureusement ce programme. Les autres exécutions qui signalèrent son règne en témoignent.

Dans les dernières années d'Élisabeth, la marine brilla d'un éclat tout particulier. Drake et Hawkins firent d'importantes expéditions en Amérique le premier fit en même temps un voyage de circumnavigation. Davis (voy. ce nom) découvrit le détroit qui porte son nom. Le comte d'Essex lui-même avait dirigé contre Cadix, en 1596, une expédition qui assurait la prépondérance de l'Angleterre sur l'Espagne. La guerre d'Irlande ne répondit pas aussi promptement à l'attente d'Élisabeth. Cependant, le successeur d'Essex dans ce pays, lord Mountjoy, battit en même temps les insurgés irlandais et les Espagnols, leurs auxiliaires (1601). Élisabeth mourante cherchait encore des consolations dans l'amour qu'elle avait pour un dernier favori, unIrlandais, que distinguait sa haute stature. « Ce nouvel amour, disait d'Élisabeth l'ambassadeur français Beaumont, la rend gaie, pleine d'espoir et de confiance relativement à son âge; il occupe en ce moment toute la cour, quoiqu'on n'en parle qu'à demi-mot. » Dans une autre lettre (mars 1603) le même ambassadeur fait pressentir la fin de la reine et les causes qui la précipitent. Elle dort à peine, écrit-il, et mange beaucoup moins qu'à l'ordinaire;.. les uns disent que sa maladie provient du déplaisir qu'elle éprouve au sujet de la succession; d'autres l'attribuent au pardon accordé, contre son gré, au comte de Tyrone par son conseil suivant quelques-uns, cette maladie a sa source dans le chagrin que lui a causé la mort du comte d'Essex. Il est certain qu'on voit des traces d'une mélancolie profonde sur ses traits et dans tous ses actes... Ces deux derniers jours, dit dans une nouvelle dépêche le même diplomate, elle est restée assise sur des tapis, sans pouvoir se lever ni se coucher; elle tenait un de ses doigts dans sa bouche, ses yeux étaient ouverts et attachés sur la terre». Forcée de se mettre au lit et interrogée sur le choix de son successeur: « Je vous ai dit, répondit-elle, que mon trône était un trône de rois. Je ne veux point avoir un manant pour successeur ». Et comme on lui demandait de s'expliquer plus clairement : « Je veux avoir un roi pour successeur, répliqua-t-elle de nouveau; et quel autre roi pourrait-ce être, sinon mon cousin d'Écosse? » Elle mourut au bout de quelques heures, après un suprême effort pour donner aux lords qui l'entouraient une dernière manifestation au sujet du choix de son successeur. Ce successeur fut le fils de Marie Stuart, Jacques d'Écosse.

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On peut dater du règne d'Élisabeth le degré de puissance et de prospérité auquel est parvenue l'Angleterre: elle fit respecter son pays au dehors, et administra vigoureusement au dedans. Cette

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reine avait le sentiment de la grandeur du pays; ayant d'ailleurs toujours conservé les serviteurs habiles dont elle s'était entourée, elle fut toujours bien servie. Elle aimait à être conseillée; mais elle se réserva à elle-même les décisions. Élisabeth avait les défauts de son sexe, corrigés par l'orgueil de sa position suprême. Elle avait des goûts littéraires, et composa même quelques écrits (1); mais il n'en est point qui soient supérieurs à certaines de ses allocutions au parlement, où se rencontre une remarquable dignité, mêlée à cette concision qui traduit la volonté d'être obéi. Quant à l'éclat littéraire sous son règne, il suffit de nommer Fletcher et Beaumont, Raleigh et Bacon, enfin Spenser et surtout Shakspeare (2), pour faire apprécier le rang que les productions de l'esprit occupèrent dans cette période. Les arts du luxe, du bien-être matériel, ne progressèrent pas moins. Déjà sous Henri VIII l'architecture avait pris un grand développement. La peinture et la sculpture étaient encore aux mains des étrangers. Sous le règne d'une femme le portrait devait être à la mode. Élisabeth ne voulut être peinte que par des artistes supérieurs. En 1563 elle défendit par un édit aux peintres médiocres de faire son portrait. « Une pareille occupation, disait l'altière souveraine, ne doit appartenir qu'aux peintres les plus distingués. » Cependant, au jugement de Walpole, elle ne fut point flattée par ceux auxquels elle permit de reproduire ses traits. « La profusion d'ornements dont ils l'ont chargée, dit-il, indique la prédilection qu'elle avait pour une toilette exagérée. Leurs portraits sont totalement dépourvus de grâce; et l'on croirait voir une idole indienne, qui n'est composée que de mains et de colliers. Un nez à la romaine, une montagne de cheveux chargés de couronnes et de diamants, une immense fraise et une énorme quantité de perles : tels sont les traits principaux auxquels chacun reconnaît les portraits de la reine Élisabeth. » Le commerce et l'industrie se développèrent particulièrement durant cette période. En 1566 fut fondée par Thomas Gresham la bourse ou Royal Exchange. Ce riche commerçant proposa le premier à Élisabeth de recourir à l'emprunt pour subvenir aux nécessités gouvernementales. La marine, on l'a fait remarquer, contribua à l'essor commercial et industriel, encouragé d'ailleurs par la reine elle-même. Au départ de Martin Forbisher pour son voyage de découverte d'un passage dans l'Inde (8 juin 1567), Élisabeth, qui s'était placée à une fenêtre du palais de Greenwich, agita sa main en signe d'adieu quand elle le vit passer avec ses compagnons. C'est aussi d'Élisabeth (1599-1600) que date l'association pour le com

(1) On trouve dans les Royal et noble Authors de Walpole une liste des ouvrages attribués à cette princesse. (2) Quelques-unes des pièces de ce grand dramaturge datent du règne d'Élisabeth; les autres ont été composées plus tard.

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seule en fournit trente général fut donné à l' ham; Drake fut nomm Hawkins, Forbisher et rimentés eurent la direc ments. Les Provinces-U de la reconnaissance en défense une escadre de d'Écosse, le fils de Maric tout d'abord prêter un s avait fait périr sa mère : les explications qu'Élisa Hunsdon de lui donner. Le du cabinet anglais, par l'o Ashby, les concessions q à ses sujets de secourir à Élisabeth toutes les fo Mais déjà l'Armada étai gnols fuyaient le long d L'Armada était composé seaux, montés par 30,000 suivre sur les côtes de H Elle sortit du Tage le 19 jours plus tard, à la haut brise favorable du sud se l'ouest. L'Armada fut di de Galice. Le duc de Me remplacé Santa-Cruz da chef, resta trois semain Corogne pour y rasse flotte. Le 20 juillet la lée à la hauteur du ca manoeuvra vers le détr vie par lord Howard battue, à la hauteur rencontre, survenue b vorable aux Anglais. opéra alors un mouver pagne. A la hauteur fut assaillie par une vic des vaisseaux furent je frage. Le reste périt er pagne. De cette flot ajouter un nouveau r sait le sceptre de Ph que soixante voiles ! L qu'un seul vaisseau. ( une joie immense en A quelques représailles de licencier les troupe le prétendant du Por illegitime du roi Henr Une flotte anglaise de à la disposition de d commandait, arriva à navires de guerre e troupes, ayant à leu un corps d'Espagno flotte s'avança ens

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ELISABETH de France, reine d'Espagne, née à Fontainebleau, le 22 novembre 1602, morte à Madrid, le 6 octobre 1644. Elle était fille de Henri IV, roi de France, et de Marie de Médicis. Elle fut d'abord promise au prince de Piémont, mais épousa à Bordeaux, le 18 octobre 1615, Philippe IV, roi d'Espagne. Cette alliance, convenue dès 1612, causa le plus vif mécontentement dans le parti protestant. La cour de France la nia même, comme calomnieuse, dans sa correspondance avec la Hollande jusqu'au moment où il n'y eut plus moyen de la cacher. Conduite jusqu'à la frontière par une escorte commandée par le duc de Guise, et composée de quinze cents chevaux, quatre mille fantassins et quatre canons, Élisabeth fut littéralement échangée, le 9 août, sur la Bidassoa, contre l'infante Anne-Marie d'Autriche, fiancée au roi Louis XIII. La princesse française cessa dès lors d'avoir aucune relation avec sa famille, et plus tard, en 1643, se montra hostile à sa patrie. Elle accusa le ministre Olivarès d'avoir poussé le roi vers le déréglement pour l'éloigner d'elle et des affaires tandis que l'armée française commandée par le maréchal de La Mothe-Houdancourt était maîtresse de la Catalogne et menaçait l'Aragon. Élisabeth décida son époux à prendre le commandement de ses armées, et se chargea du gouvernement en son absence. Elle joignait

merce avec les Indes orientales. En somme, si le gouvernement de la fille d'Henri VIII ne fut pas toujours juste ou modéré, il fut puissant et glorieux, et à ce titre il mérite une place dans le souvenir du peuple anglais et de la postérité. V. ROSENWALD.

Camden, Rer. Anglic. et Hibernic. Ann. regnante Elizabetha. Castelnau, Mem. Wood, Ann. Nichols, Progress. Turner, Hist. of the Reign of Edward V1, Mary and Elizabeth, of Engl. Lingard, Hist. of Engi

Home, Hist. Clarke, Hist.

of the glorious Life, Reign and Death of queen Eli zabeth. Birch, Memoirs of the Reign of queen Elizabeth, from the year 1581 till her death. - Mlle de Keralio, Histoire d'Elisabeth, reine d'Angleterre. Aikin, Memoirs of the Court of queen Elizabeth. Winwood, Memorials of affairs of State in the reign of queen Elizabeth and king James I. - Gregorio Leti, Hist. overo Vita di Elisabetta, regina d'Inghil terra. Edinburgh Voltaire, Essai sur les Maurs. Review. Gallibert et Pellé, dans l'Univ. pitt. - Raumer, Geschichte Europas seit dem Ende des 161en Jahrhund, - Mignet, Hist. de Marie Stuart. Rathery, dans l'Enc. des G. du M.

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III. Elisabeth électrice de Bavière.

ÉLISABETH-AUGUSTE-MARIE, électrice de Bavière, née le 17 janvier 1721, morte vers 1793. Elle était fille de Joseph-Charles-Emmanuel, comte palatin héréditaire de Sulzbach, et de Élisabeth-Marie, princesse palatine. Elle épousa, le 17 janvier 1742, son cousin germain CharlesThéodore, électeur palatin, devenu en 1778 électeur de Bavière. En 1766, Élisabeth-Auguste fonda l'ordre bavarois qui porte son nom. Cet ordre, exclusivement réservé aux dames, est composé de douze princesses appartenant aux maisons régnantes et de trente-deux dames nobles. Il faut pour y être admis être catholique, prouver seize quartiers de noblesse et faire vou de consacrer sa vie à des œuvres de bienfaisance. La décoration consiste en une croix d'or, émaillée de blanc et surmontée d'une couronne électorale; elle est portée au côté gauche et suspendue par un ruban blanc moiré, liseré de rouge. Chronologie historique des Comtes Palatins, des Ducs de Bavière et des Princes de Sulzbach, dans l'Art de vérifier les dates, XV et XVI.

IV. Élisabeth duchesse de Bretagne.

* ÉLISABETH, ISABEAU OU ISABELLE de Valois, duchesse de Bretagne, née en 1293, morte en 1309; elle était fille de Charles de France, comte de Valois, et de Marguerite de Sicile. Elle fut fiancée, en 1295, à Édouard, prince héréditaire d'Écosse; mais cet engagement n'eut pas de suite, et Élisabeth épousa, en 1297, Jean III, dit le Bon, duc de Bretagne. Elle avait alors à peine quatre ans. Elle mourut à seize ans, sans laisser de postérité.

Chronologie des Ducs de Bretagne et des Comtes de Valois, dans l'Art de vérifier les dates, XII, 206, et XIII, 208.

V. Élisabeth reine de Bohéme. ÉLISABETH STUART, reine de Bohême, née en 1596, morte à Londres, le 13 février 1662. Elle était fille de Jacques Ier, roi d'Angleterre, et d'Anne de Danemark. En 1613, elle épousa Fré

déric V, électeur palatin. A l'occasion de ce mariage, le roi Jacques préleva sur ses sujets, suivant l'antique usage et à titre de contribution volontaire, une somme de cinq millions, destinée aux frais de célébration, qui s'élevèrent cependant jusqu'au quadruple. Lors de la déchéance de Ferdinand II, prononcée par les états de Bohême, en 1619, Frédéric, appelé à le remplacer, n'accepta le pouvoir qu'à regret et forcé en quelque sorte à cette acceptation par sa femme,qui « aimait mieux, disaitelle, ne manger que du pain à la table d'un roi que de vivre dans les délices à celle d'un électeur ». Mal soutenu par ses alliés naturels, abandonné par Jacques Ier, Frédéric perdit avec la bataille de Prague (8 novembre 1620) le royaume de Bohême et ses États héréditaires. Après l'avoir suivi en Silésie et dans le Brandebourg, Élisabeth donna le jour, dans la ville de Custrin, à un fils, qui reçut du prince d'Orange le nom de Maurice. Elle alla chercher ensuite avec son mari un asile en Hollande. Malgré les efforts des princes protestants d'Allemagne, particulièrement du duc Christian de Brunswick, ce ne fut qu'après la paix de Westphalie et après la mort de Frédéric, que son fils Charles-Louis recouvra une partie des États paternels. Élisabeth s'établit alors dans le Palatinat, qu'elle quitta en 1660 pour venir en Angleterre, où elle mourut. Guizot, Mém. sur la Rév. d'Angl.

VI. Élisabeth reine de Danemark. ÉLISABETH d'Autriche, reine de Danemark et de Suède, née à Bruxelles, en 1501, morte à Gand, le 19 janvier 1525. Elle était seconde fille de Philippe Ier, archiduc d'Autriche et roi d'Espagne, et épousa, le 12 août 1515, Christiern II, dit le Tyran et le Néron du Nord, roi de Danemark, de Norvège et de Suède. Élisabeth ne trouva pas le bonheur dans cette union; elle eut la douleur de voir l'esprit du roi dominé par une maîtresse nommée Dyvecke. Après la mort de celle-ci, arrivée en 1517, Sigebrite, mère de Dyvecke, conserva le pouvoir que sa fille avait exercé sur Christiern. Malgré ces ennuis, Elisabeth partagea fidèlement les disgrâces qui terminèrent le règne de son mari, et montra une résignation admirable. Après la déposition Christiern, en 1523, la reine se vit persécutée par les luthériens, et se retira auprès de l'empereur Charles-Quint, son frère, avec son fils Jean et ses deux filles Dorothée et Christine. Elle mourut à vingt-quatre ans.

Meursius, Vita Christiani II. — Hilarion de Coste, Éloge des Femmes fortes.

VII. Élisabeth reines d'Espagne. ÉLISABETH de Valois, reine d'Espagne, née à Fontainebleau, le 13 avril 1545, morte à Madrid, le 3 octobre 1568. Elle était fille de Henri II et de Catherine de Médicis. Peu de destinées ont été aussi tristes que celle de cette princesse. Henri VIII, roi d'Angleterre, avait été son parrain. Par un traité, passé à Angers, le 19 juillet

1551, elle fut promise au fils de ce monarque, Édouard VI; mais le jeune prince mourut avant que le mariage pût s'accomplir, et Philippe II, roi d'Espagne, demanda Élisabeth pour son fils don Carlos, auquel elle fut en effet promise. Elle reçut à cette occasion le nom de princesse de la Paix, parce que son union détermina le traité de Câteau-Cambrésis et arrêta les hostilités entre la France et l'Espagne. Mais Marie Tudor, reine d'Angleterre et d'Espagne, mourut pendant les négociations; Philippe, devenu veuf, sollicita alors, et obtint pour lui-même la main de celle que d'abord il avait recherchée pour son fils. Ce mariage se fit contre le gré d'Élisabeth et de don Carlos, qui, tous deux du même âge, s'étaient pris d'affection l'un pour l'autre. Le roi, quoiqu'à peine âgé de trente-deux ans, était sombre, sévère jusqu'à la dureté. La jeune épouse qu'on lui livrait était belle, gracieuse, élevée au sein d'une cour voluptueuse; elle n'avait pas quinze ans. Cette union l'effraya, et ni la pompe dont on l'entourait ni la perspective d'être l'une des premières reines de l'Europe ne purent l'éblouir assez pour dissiper cette terreur instinctive, que sa destinée ne justifia que trop.

Philippe s'était fait représenter par Ferdinand de Tolède, duc d'Albe, l'homme qui lui ressemblait le plus peut-être, et c'est par cet homme que la jeune princesse fut conduite à son époux après avoir été solennellement épousée par procuration, le 22 juin 1559, dans l'église Notre-Dame de Paris. Le voyage fut triste, et Élisabeth tomba évanouie en quittant le roi de Navarre, Antoine, qui, chargé de l'escorter jusqu'à la frontière, la remit, le 4 janvier 1560, à Roncevaux, entre les mains du cardinal archevêque de Burgos et du duc de l'Infantado, commissaires espagnols. Philippe attendait la reine à Guadalaxara, où elle arriva le 1er février. Son accueil fut peu propre à la rassurer. J'ay, rapporte Brantôme, ouï dire à une de ses dames que la première fois qu'elle vit son mari elle se mit à le contempler si fixement, que le roi, ne le trouvant pas bon, lui demanda : Que mirais ? si tengo cañas ( Que regardez-vous? si j'ai des cheveux blancs?) » La princesse rougit sans mot dire, et sans doute au fond du cœur elle regretta plus amèrement que jamais le pays et les amis qu'elle venait de quitter et qu'elle ne devait plus revoir qu'une seule fois. Ce fut en 1565: Catherine de Médicis visitait avec son fils Charles IX différentes provinces du midi de la France; elle apprit l'ardent désir qu'avait sa fille de la revoir, et elle se rendit à Bayonne, où la jeune reine d'Espagne obtint la permission d'aller l'embrasser. Là encore Élisabeth fut accompagnée par le farouche duc d'Albe, qui semblait le mauvais génie de sa destinée, et qui comprima les épanchements d'une exilée, heureuse de se trouver dans les bras d'une mère et d'un frère qu'elle aimait tendrement. Élisabeth mourut enceinte, à l'âge de vingt-trois ans. «< Elle fut, dit Brantôme, une fort

belle fille et d'un courage, fort constant abandonnant ce monde et désirant fort l'autre. On parle fort sinistrement de sa mort, pour avoir été avancée. » La mort d'Élisabeth fut-elle l'effet d'un crime, et ce crime fut-il, comme le dit Voltaire, causé par la politique? ou bien, comme l'affirment d'autres auteurs, Philippe fut-il porté à commettre ce forfait par une jalousie à laquelle il avait déjà sacrifié don Carlos, mis à mort par les ordres paternels quelques mois auparavant? Élisabeth mourut-elle de mort naturelle, comme l'affirme De Thou? Nul ne peut encore aujourd'hui le décider, quoique Philippe II fût capable de tous les crimes, et que l'histoire montre don Carlos mourant pour ainsi dire du même coup qu'Elisabeth. Schiller, sous le titre de Don Carlos, a fait de ce triste épisode le sujet d'un de ses plus beaux drames. Brantôme proclame Élisabeth

princesse la meilleure qui ait été de son temps, «<et autant aimée de tout le monde ». A. de L.

Brantôme, Vies des Dames illustres, V, 126; le même Discours, IV, p. 138. De Thou, Historia, lib. VI, 539; XV, 323; XX, 584; XXII, 662; XXXVII, 548-550; XLIII, 68, avec la Note du médecin Charles de L'Écluse. - Le Père Anselme, Histoire généalogique. La Vieilleville, Mémoires, XXIX, 225. Rapin-Thoyras, Hist. d'Angleterre, VII, 64. Traités de Paix, II, 254-297. — Le Laboureur, Lettres de Saint-Sulpice, t. II, p. 343, — Mariana, Hist. de Rebus Hispaniæ, lib. V, cap. XI, 331; VI, c. VIII, 364.- La Poplinière, Hist. de France, liv. X, fo 381; XIV, f° 68.- Sleidan, Commentarii, etc., liv. XXVI. 472. Rabutin, Hist. amoureuse des Gaules, liv. VII, 197; XXXIX, 264. Garnier, Hist. de France, t. XIV, p. 10-19. Ferreras, Historia de España, t. XIV, p. 51; XIV, 209-217. - Tavannes, Mémoires, t. XXVII, p. 12, et XXVIII, p. 138. - Lacretelle, Hist. de France, etc., 290.Sismondi, Hist. des Français, XVII, 406-547; XVIII, 83-443; XIX, 8-11,

ÉLISABETH.de France, reine d'Espagne, née à Fontainebleau, le 22 novembre 1602, morte à Madrid, le 6 octobre 1644. Elle était fille de Henri IV, roi de France, et de Marie de Médicis. Elle fut d'abord promise au prince de Piémont, mais épousa à Bordeaux, le 18 octobre 1615, Philippe IV, roi d'Espagne. Cette alliance, convenue dès 1612, causa le plus vif mécontentement dans le parti protestant. La cour de France la nia même, comme calomnieuse, dans sa correspondance avec la Hollande jusqu'au moment où il n'y eut plus moyen de la cacher. Conduite jusqu'à la frontière par une escorte commandée par le duc de Guise, et composée de quinze cents chevaux, quatre mille fantassins et quatre canons, Élisabeth fut littéralement échangée, le 9 août, sur la Bidassoa, contre l'infante Anne-Marie d'Autriche, fiancée au roi Louis XIII. La princesse française cessa dès lors d'avoir aucune relation avec sa famille, et plus tard, en 1643, se montra hostile à sa patrie. Elle accusa le ministre Olivarès d'avoir poussé le roi vers le déréglement pour l'éloigner d'elle et des affaires tandis que l'armée française commandée par le maréchal de La Mothe-Houdancourt était maîtresse de la Catalogne et menaçait l'Aragon. Élisabeth décida son époux à prendre le commandement de ses armées, et se chargea du gouvernement en son absence. Elle joignait

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