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RAPPORT GÉNÉRAL

SUR

LES CONCOURS

OUVERTS PAR

LA SOCIÉTÉ DE STATISTIQUE DE MARSEILLE

En 1879

PAR

Le Docteur Adrien SICARD

Secrétaire-Général.

MESSIEURS,

L'une des plus belles prérogatives de la Société de Statistique de Marseille, c'est d'encourager par des prix, soit la production des publications utiles à la statistique et à la science, soit l'introduction dans le département des Bouches-du-Rhône des industries nouvelles, ou de pousser au perfectionnement des industries existantes.

Ce labeur incessant que nous poursuivons depuis plus d'un demi-siècle, a rendu de grands services à notre département, et les concurrents n'ont jamais fait défaut à notre appel, car ils sont sûrs que les récompenses acquises les recommanderont à leur clientèle.

Le prix de 2,000 francs qui a été proposé l'an passé et dont les fonds proviennent de la fondation Beaujour, était ainsi libellé : Monographie d'une ou de plusieurs industries marseillaises; détails statistiques, commerciaux

et techniques. Un seul concurrent s'est présenté, il a déposé deux mémoires; l'un intitulé : Monographic de l'industrie des savons; l'autre Monographie des cuirs et peaux, tous deux portent l'épigraphe suivante :

La nature fournit les germes et l'art les perfectionne.

Vous avez chargé une Commission composée de MM. Mathieu, Ténougi, Bonnet, Charles Roux, Bernard et le docteur Adrien Sicard de vous faire un rapport sur ces travaux.

Les membres du jury, après avoir lu chacun en particulier les mémoires présentés, se sont réunis pour les discuter et ils ont eu le regret de ne pouvoir accorder le prix.

Les mémoires soumis à l'appréciation du jury sont tous bien étudiés, au point de vue des archives qui ont été compulsées avec soin, mais pas au courant de la science moderne, leur auteur doit se renseigner auprès des praticiens pour des études techniques qui manquent dans

ces travaux.

C'est ainsi que diverses erreurs se sont glissées dans son mémoire, sur l'industrie des savons. Il oublie de parler des huiles concrètes qui donnent lieu à une importation des plus sérieuses et qui se résume par 30,000,000 kilog. de savon produits avec ces huiles.

Depuis 1860, nous ne trouvons rien de nouveau dans ce mémoire, et cependant, en 1861, l'on s'est occupé du droit d'accise, des droits d'octroi et des droits de la Chambre de Commerce; toutes questions de la plus haute importance au point de vue de l'industrie des savons.

Des erreurs ont été commises sur la construction des usines qui ne sont pas étudiées à leur véritable point de vue.

Il manque des détails sur les huiles, objet de première nécessité pour la confection des savons.

L'on a passé sous silence, le procès soulevé et soutenu par les fabricants de savon, dits de Marseille, ayant pour but de faire définir en justice ce que c'est que le savon de bonne qualité. La Cour de Cassation, par jugement rendu en 1877, a décidé que le savon ne devait pas contenir plus de 2 pour 0/0 de matières inertes, tandis que des savons, dits au talc, en contenaient de 4 à 6 pour 0/0.

Il eût été indispensable de parler des lessives, plus ou moins alcalines, du tarif des graines oléagineuses, des droits d'octroi sur les huiles.

On ne mentionne en aucune façon les saindoux qui viennent d'Amérique et influencent considérablement les marchés français, vu qu'ils sont très employés dans la savonnerie et subissent des inflexions de prix excessivement curieuses à étudier.

Nous ne pouvons entrer dans tous les détails des études qu'il faudrait ajouter aux mémoires qui sont soumis au jury; observons, toutefois, que l'on ne donne ni le nombre des fabriques existantes à Marseille, ni celui des ouvriers employés ; l'on ne dit rien de leur salaire et autres demandes portées au programme.

Le mémoire sur la monographie de l'industrie des cuirs et des peaux, à Marseille, se trouve aussi dans les mêmes conditions.

L'auteur s'occupe seulement des cuirs, sans étudier les autres peaux qui sont utilisées sous beaucoup d'autres points de vue.

La Société remet au concours la question; elle espère que l'auteur inconnu, car son pli cacheté a été brûlé comme d'usage, complètera son œuvre, si elle n'est distancée par d'autres concurrents. Le délai de trois mois est accordé pour la remise des mémoires.

Vous avez désigné comme membre du jury du second concours, ayant pour but de récompenser les personnes qui auraient introduit dans le département des Bouchesdu-Rhône, un nouveau genre d'industrie ou perfectionné l'une des industries existantes, MM. Bernard, Réveillé de Beauregard, les docteurs Dussaud, Barthélemy et Adrien Sicard.

La tâche qu'a eue à remplir votre Commission a été longue et laborieuse, car il fallait étudier avec soin les quatre industriels qui prenaient part au concours.

L'un d'eux se suffit, aidé de quelques personnes, pour développer son petit commerce; quelque utile qu'il puisse paraître, le jury l'a mis hors concours.

Trois concurrents très sérieux sont restés en ligne. Nous allons rendre compte de leur industrie.

Mme veuve Duchemin avait observé combien le travail des enfants tournant la roue était pénible et causait de trouble dans une manufacture; elle pensa donc à réformer cet ancien procédé encore usité dans les autres usines, d'autant plus que, d'après les nouvelles lois, les enfants ne doivent plus être employés à ce travail.

Par le procédé dont nous vous entretenons, la roue motrice pour filer, au lieu d'être mise en mouvement par un enfant ou par un aide, l'est par le fileur lui-même, qui attache à sa ceinture la corde sans fin, faisant tourner le volant, lequel donne l'impulsion, tout en permettant à l'ouvrier de confectionner son fil; il n'a pour cela qu'à marcher au rebours.

me

Nous n'entrerons pas dans les détails des diverses roues qui font tout le mécanisme, ni des brevets d'invention obtenus par M. Duchemin, observons seulement que, par son nouveau système, l'ouvrier fileur gagne plus d'argent avec moins de peine et de souci.

L'usine qui, par l'ancien systéme, était obligée d'em

ployer vingt-quatre enfants pour tourner les vingt-quatre roues, travail des plus pénibles et qui était cause de la mort de beaucoup d'enfants ou de déformations, n'emploie plus aujourd'hui que trois enfants qui font les commissions et gagnent 75 centimes par jour, tandis que ceux qui tournaient la roue ne recevaient que 50 à 60 centimes pour leur travail.

Deux ouvriers tisseurs pour les scourtins gagnent en moyenne 175 francs par mois.

Les ouvriers fileurs sont à leurs pièces et gagnent, selon leur habileté et leur dextérité, de 4 fr. 50 à 6 fr. par jour. Observons en passant, que plusieurs femmes sont employées à ce travail peu pénible, elles gagnent de 3 francs à 3 francs 50 par jour.

Nous devons faire remarquer que par l'ancien système, les ouvriers fileurs avaient à leur charge le paiement des enfants qui tournaient la roue, ce qui diminuait d'autant leur salaire.

Les femmes employées à border gagnent 3 francs par jour et celles à la journée, pour divers usages, 1 franc 50 centimes.

Vingt-trois ouvriers sont employés dans cette fabrique qui confectionne des crins frisés pour matelas et meubles, des crins longs, des cordes de toutes sortes, et surtout des scourtins pour les huileries.

En décernant à Me veuve Duchemin une médaille d'argent, la Société de Statistique récompense la substitution du travail mécanique à celui qui condamnait des enfants au supplice de la roue.

Vos applaudissements sont acquis à Me Duchemin. M. Paul fils aîné est l'inventeur d'un appareil dénommé hydro-désagrégateur-diviseur, qui a pour but d'extraire du blé, par la force centrifuge, tous les principes utiles.

Supposons l'appareil Seyrig ou turbine Cail qui, au lieu

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