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ce, combien de soins délicats ont su prendre quelques Français au temps du roi Louis XIII. Ils enseignaient le castillan à leurs compatriotes, et ils le leur enseignaient si gentiment, avec des grâces si engageantes, que le désir de familiarité avec les œuvres du crù s'ensuivait inévitablement. En ce siècle heureux on ne connaissait pas les «Grammaires complètes de la Langue espagnole», ni «L'espagnol appris en trente leçons». C'est par des chemins fleuris qu'on s'avançait vers la connaissance de l'idiome castillan: je n'en veux pour preuve que ce professeur Alexandre de Luna, docteur en médecine, qui intitulait son livre Bouquet de fleurs poétiques et de notables hiéroglyphes à la louange des belles Dames de notre temps (1) et qui sous ce titre printanier groupait les règles «pour savoir prononcer, écrire et lire la langue espagnole». Quelle séduction, encore, et quel sourire engageant chez César Oudin, prince des professeurs d'espagnol au XVIIème siècle, «Secrétaire Interprète du Roy ès langues Germanique, Italienne et Espagnolle, et Secrétaire ordinaire de Monseigneur le Prince de Condé»! Dans son Thrésor des deux langues françoise et espagnolle: auquel est contenue l'explication de toutes les deux respectivement l'une par l'autre (2) il a su juxtaposer dans une savoureuse harmonic les vocables les plus drus de sa langue maternelle aux mots castillans de mème lignée. Plaise au ciel que les manuels et les dictionnaires de notre temps retrouvent un peu du charme désuet de ces grands ancêtres!

Pour rendre plus complet le triomphe du livre espagnol, on commença vers ce temps là à l'habiller à la française: les premières traductions furent publiées par des traducteurs et des éditeurs en quête d'un succès assuré. De quelle toilette élégante ils surent parer ces nouveauvenus, c'est ce que nul n'ignore parmi ceux qui ont quelquefois manié les vieux livres. Il arrive que la copie déforme le modèle, en corrige les traits, en altère les proportions. Mais

(1) Ramilete (sic) de flores pozticas y notables hieroglificos, en alabanza de las hermosas Damas deste tiempo. Con un curioso y utilissimo methodo y reglas para saver pronunciar, escrivir y leer, bien y cortadamente, la lengue española. En Tolosa, MDCXX.

(2) Tesoro de las dos lenguas francesa y española, en que se contiene la declaración de español en francés y de francés en español. París, MDCVII.

naturaleza en Francia ¡qué de cuidados delicados supieron aplicar algunos franceses en la época del rey Luis XIII! Enseñaban el castellano a sus compatriotas, y se lo enseñaban tan lindamente, con gracias tan insinuantes, que el deseo de familiarizarse con las obras de la tierra se seguía inevitablemente. En aquei siglo feliz no se conocían las «Gramáticas completas de la lengua española», ni «El español aprendido en treinta lecciones». Por caminos floridos se adelantaba en el conocimiento del idioma castellano. No ofrezco otra prueba que aquel profesor Alejandro de Luna, doctor en Medicina, que titulaba su libro Ramilete (sic) de flores poeticas y notables hieroglificos, en alabanza de las hermosas Damas deste tiempo. Con un curioso y utilissimo methodo y reglas para saber pronunciar, escrivir y leer, bien y cortadamente, la lengua española..., En Tolosa, MDCXX, y que, dentro de este título primaveral, agrupaba las reglas «para saber pronunciar, escribir y leer la lengua española». ¡Qué atractivo también y qué amable sonrisa la de aquel César Oudin, príncipe de los profesores de español del siglo xvi, «Secretario intérprete del rey en lenguas germánica, italiana y española, y Secretario ordinario de Monseñor el Príncipe de Condé!» En su Tesoro de las dos lenguas, francesa y española, en que se contiene la declaracion de español en francés y de francés en español Paris, MDCVII, supo unir en sabrosa armonía los vocablos más fuertes de su lengua materna con las palabras castellanas de la misma clase. ¡Quiera el cielo que los manuales y los diccionarios de nuestro tiempo encuentren un poco del encanto desusado de estos grandes antecesores!

Para hacer más completo el triunfo del libro español, se empezó por aquel tiempo a vestirle a la francesa. Las primeras traducciones fueron publicadas por traductores y editores en acecho de un éxito seguro. Con qué elegante tocado supieron adornar a los recién venidos, no lo ignora ninguno de los que han manejado alguna vez libros antiguos. Ocurre que la copia cambia la forma del modelo, varía sus características, altera las proporciones, pero ¡cómo esas libertades del copista son compensadas muy pronto por la dulzura insinuante del lenguaje, por el trazado armonioso de la

comme ces libertés du copiste sont bien vite rachetées par la douceur insinuante du langage, par le dessin harmonieux de la phrase! J'ai sous les yeux «L'Homme de Cour, traduit de l'Espagnol de Baltasar Gracián par le Sieur Amelot de la Houssaie. A Paris, chez la Veuve Martin et Jean Boudot, rue Saint Jacques, au Soleil d'Or. M.DC.LXXXIV. Avec privilège du Roi.» Que voilà donc un livre, un vrai livre, un beau livre! Rien n'y manque, ni la qualité du papier, ni la largeur des marges, ni l'élégance du caractère. Quel plaisir pour l'œil de suivre sur ce chef-d'oeuvre de la typographie la pensée un peu diluée, un peu corrigée parfois, mais si galamment ornée, de l'honnête Gracián!

La perfection n'a qu'un temps. Bientôt le livre espagnol en France dégénéra de sa splendeur. Au XVIIIème siècle c'est le livre français qui pénètre en Espagne, et non plus le livre espagnol en France. Cependant, dans la seconde et la troisième décade du XIXème siècle, une renaissanée éphémère se produit.. Les émigrés, chassés de l'Espagne par le jeu des luttes politiques, mettent d'autant plus d'ardeur à écrire qu'ils veulent attester, jusque dans l'exil, la vitalité persistante de leur talent. Vers le même. temps où un peintre de génie, Goya, et un poète de grand talent, Meléndez Valdés, l'un à Bordeaux, l'autre à Montpellier, subissaient un trépas dont l'horreur était accrue par l'éloignement, quelques autres Espagnols, soit dans les villes du Midi de la France, soit à Paris, confiaient aux presses françaises la divulgation de leurs œuvres espagnoles. Rendons-leur cette justice: si le bannissement brise parfois le courage et l'entrain des bannis, ils ont réussi quant à eux à dissimuler jusqu'à la moindre apparen ce de mélancolie. Feuilletez si vous en doutez, un petit livre publié à Montpellier et dont le titre dispense de pousser bien loin l'étude: Elogio del Rebuzno, por el Asnólogo. «Eloge du Braiement, par l'Anologue.» On aimerait pour la réputation de l'auteur qu'il eût appliqué ses méditations de proscrit à de plus dignes objets.

Au XVIIème siècle le livre espagnol est passé d'Espagne en France et s'y est acclimaté. Au début du XIXème siècle quelques livres espagnols sont nés en France. Voilà deux constatations dont la valeur est inégale, puisque la pre

frase! Tengo a la vista «L'homme de Cour, traduit de l'espagnol de Baltasar de Gracian par le sieur Amelot de la Houssaie. A Paris, chez le Veuve Martin et Jean Boudot, rue SaintJacques, au Soleil d'Or. MDCLXXXIV. Avec privilège du roi.» ¡He aquí, pues, un libro, un verdadero libro, un lindo libro! Nada falta en él: ni la buena calidad del papel, ni grandes márgenes, ni elegancia de los tipos. ¡Qué placer para la vista seguir en esta obra maestra de la tipografía el pensamiento un poco diluído, un tanto modificado a veces, pero adornado con tanta galanura, del buen Gracián!

La perfección no tiene más que una época. Pronto el libro español en Francia irá perdiendo en su esplendor. En el siglo xvII es el libro francés el que penetra en España, y no ya el libro español en Francia. Empero, en las décadas segunda y tercera del siglo xix, se produce un renacimiento efímero. Los emigrados, expulsados de España por el calor de las luchas. políticas, usan tanto más ardor para escribir cuanto que quieren dar fe, aun en el destierro, de la vitalidad persistente de su talento. Por la misma época en que un pintor genial, Goya, y un poeta de gran talento, Meléndez Valdés, el uno en Burdeos, el otro en Montpellier, tenían un fin cuyo horror aumentaba el alejamiento de la patria, algunos otros españoles, ora en las poblaciones del mediodía de Francia, ora en París, confiaban a las prensas francesas la divulgación de sus obras españolas. Hagámosles justicia: si el destino acaba a veces con el ardor y el entusiasmo de los desterrados, ellos han conseguido, por su parte, disimular hasta la menor apariencia de tristeza. Hojead, si lo dudáis, un librito publicado en Montpellier, y cuyo título dispensa de proseguir su estudio: Elogio del rebuzno, por El Asnólogo. Gustaría, en pro de la buena fama del autor, que hubiera dedicado sus meditaciones de proscrito a más dignos temas.

En el siglo xvi el libro español pasó de España a Francia y aquí tomó carta de naturaleza. A principios del xix, algunos libros españoles nacieron en Francia. He aquí dos observaciones cuyo valor es desigual, puesto que la

mière l'emporte de beaucoup sur la seconde, mais qui attestent toutes deux, pour le livre espagnol, la possibilité de pénétrer en France, d'y prospérer, voire d'y exercer sa vertu prolifique. Souhaite-t-on qu'aujourd'hui cette pénétration de la France par l'Espagne se reproduise? Il doit être entendu qu'il s'agit non pas d'innover, mais de restaurer; non pas de susciter, mais de reprendre une habitude.

Le moment est favorable pour que le livre espagnol occupe en France toute la place à laquelle le talent de ses auteurs lui donne droit. La guerre et ses cruelles expériences ont guéri le public français de certains enthousiasmes, qui absorbaient jadis toute sa capacité d'exotisme. Fini l'engouement pour les littératures du Nord et leurs œuvres de clair-obscur; elles retiennent encore l'admiration, mais c'est désormais une admiration raisonnée, qui échappe aux commandements impératifs du snobisme. L'esprit français-du moins dans le monde litté raire-s'est affranchi de quelques préjugés; il est aujourd'hui plus ouvert, plus accueillant, plus capable de goûter les formes diverses et nationales du génie littéraire.

Aussi bien, après l'Anglaterre et ses romans moraux, après la Russie et ses romans épiques, après l'Italie et ses romans ardents, le tour de l'Espagne n'est-il pas enfin venu? L'esprit français, aussi prompt à s'éprendre qu'à se déprendre, ne tournera-t-il pas vers les Pyrénées cette sympathie toujours prête à se donner, plus facile peut-être à capter qu'à retenir? La souplesse à s'adapter, la vivacité à comprendre, une richesse toujours empressée à s'accroître, ce sont assurément quelques-uns de ses traits les plus marqués, et si parfois on l'a contesté, c'est qu'on a omis d'ajouter qu'à ces aptitudes al truistes i joint une solide originalité par laquelle il transforme et assimile les emprunts les plus divers. Grossi depuis 1870 par tant d'apports étrangers, il n'est pas invraisemblable, il est, au contraire, très logique que le courant littéraire qui n'a jamais cessé de bouillonner au nord des Pyrénées, s'apprête à recevoir d'Espagne une force et comme une coloration

nouvelle.

La difficulté pour ces échanges littéraires ne réside pas dans la différence des mentalités, dans je ne sais quel antagonisme hispano-fran

primera supers con mucho a la segunda, pero que atestiguan ambas, respecto al libro español, la posibilidad de penetrar en Francia, de prosperar allí, y hasta, si se quiere, de ejercer su virtud prolífica. ¿Se desea que hoy esta penetración de España en Francia se reproduzca? Debe entenderse que se trata no de innovar, sino de restaurar; no de dar origen, sino de reanudar un hábito.

El momento actual es favorable para que el libro español ocupe en Francia todo el lugar a que le da derecho el talento de sus autores. La guerra y sus crueles enseñanzas han curado al público francés de ciertos entusiasmos que antes absorbían toda su capacidad de exotismo. Terminó la exagerada afición a las literaturas del Norte y sus obras de claroscuro; siguen admirándose todavía; pero es ya una admiración razonada, que rehuye los mandatos imperativos del snobismo. El espíritu francés al menos en el mundo literario-se ha liberado de algunos prejuicios; hoy es más abierto, más hospitalario, más capaz de gustar las formas diversas y nacionales del genio literario.

Así, después de Inglaterra y sus novelas morales, de Rusia y sus novelas épicas, de Italia y sus ardientes novelistas, ¿no ha llegado, al fin, el momento de España? El espíritu francés, tan pronto para enamorarse como para apartarse, no encaminará hacia los Pirineos esa simpatía siempre dispuesta a la entrega, más fácil quizá para captar que para retener? La capacidad de adaptarse, la viveza de comprensión, una riqueza siempre afanosa de au mentar, son seguramente algunos de sus caracteres más señalados, y, si a veces se ha puesto en duda, es que se ha dejado de añadir que a estas aptitudes altruístas une una firme originalidad mediante la cual transforma y asimila lo que toma de los más diferentes lugares. Engrosada desde 1870 por tantas aportaciones extranjeras, no es inverosímil, es, por el contrario, muy lógico que la corriente literaria que jamás ha cesado de agitarse al norte de los Pirineos, se disponga a recibir de España una fuerza y como una coloración nueva.

No está la dificultad para estos cambios literarios en la diferencia de las mentalidades, en no sé qué antagonismo hispanofrancés, que

çais, qui existe peut-être ou qui a existé dans d'autres domaines que le domaine littéraire, mais qui, par grand bonheur, ne s'est jamais manifesté entre écrivains de l'un et de l'autre pays. L'obstacle, le seul obstacle, c'est la différence des langues. Si les Espagnols cultivés sont assez nombreux qui lisent sans effort le français, il faut bien confesser que les Français capables de traduire correctement le castillan ne forment pas encore un groupe assez fourni pour que la transfusion des idées et des formes d'art nées en Espagne soit assurée sans effort. Pourtant, ici mème, il y a progrès, et un grand progrès. Depuis 1885, l'étude de la langue et de la littérature espagnoles a pris en France un développement considérable. Dans les établissements d'enseignement du Midi, dans ceux de Paris, dans ceux des grands ports, qu'il s'agisse d'Universités, de Lycées, d'Ecoles primaires supérieures, d'Ecoles de Commerce ou d'Instituts techniques, la langue espagnole est enseignée avec un succés croissant, et il ne se passe point d'année scolaire sans qu'elle fasse de nouvelles conquêtes, pénétrant dans une ville ou une école qui jusqu'à présent lui restait interdite. Les étudiants, les élèves soumis à cette discipline n'ont pour la plupart aucune ambition de s'assimiler le trésor de la littérature espagnole: ils prétendent simplement disposer d'une arme nouvelle dans la lutte pour la vie ou, sans plus, passer victorieusement l'examen dont le programme comporte une épreuve d'espagnol. Mais il arrive et ces surprises sont plus fréquentes qu'on ne le croit-que l'étude de la langue espagnole, entreprise dans un dessein d'utilité immédiate, s'achève chez les esprits les mieux doués dans une adhésion volontaire et désintéressée au culte de la littérature. Tel qui s'est exercé d'abord à rédiger les lettres d'un industriel français à un commerçant d'Espagne, réserve aujourd'hui ses loisirs à lire avec dilection un roman de Pérez Galdós ou une comédie des Álvarez Quintero. L'essentiel est que la clef magique, je veux dire la connaissance de la langue, soit mise à la portée du plus grand nombre; les mieux doués ne manqueront pas de s'en servir pour pénétrer jusqu'au trésor de la pensée.

Si le nombre des Français capables de dé

existe quizá o que ha existido en otras esferas que en la esfera literaria, pero que, muy felizmente, no se ha manifestado jamás entre escritores del uno y del otro país. El obstáculo, el único obstáculo, es la diferencia del idioma.

Si son bastantes los españoles cultos que leen sin esfuerzo el francés, hay que confesar que los franceses capaces de traducir correctamente el castellano no constituyen todavía un grupo suficientemente nutrido para que la transfusión de las ideas y de las formas de arte nacidas en España esté asegurada sin esfuerzo. No obstante, en este punto también hay progreso, y un gran progreso. A partir de 1885, el estudio de la lengua y de la literatura españolas ha tenido en Francia un desarrollo considerable. En los establecimientos de enseñanza del Mediodía, en los de París, en los de los grandes puertos-trátese de Universidades, de Liceos, de Escuelas de primera enseñanza superior, de Escuelas de Comercio, o de Institutos técnicos--, la lengua española es enseñada con éxito creciente, y no pasa un curso sin que haga nuevas conquistas, penetrando en una ciudad o en una escuela que hasta aquel momento le habían estado cerradas. Los estudiantes, los alumnos sometidos a esta disciplina no tienen la mayor parte ningún afán de asimilarse el tesoro de la literatura española. Pretenden simplemente disponer de un arma nueva en la lucha por la existencia, o, sin más, salir bien del examen en cuyo progra· ma se exige el español. Pero ocurre-y estas sorpresas son más frecuentes de lo que se cree que el estudio de la lengua española, emprendido con un designio de utilidad inmediata, termina en los espíritus mejor dotados por una adhesión voluntaria y desinteresada al culto de la literatura. Hay quien se ha ejercita do en un principio escribiendo cartas de un industrial francés a un comerciante de España y hoy emplea sus ocios leyendo con gran cariño una novela de Pérez Galdós o una comedia de los hermanos Quintero. Lo esencial es que la llave mágica, quiero decir, el conocimiento de la lengua, se ha puesto al alcance de la mayoría. Los me,or dotados no dejarán de servirse de ella para penetrar hasta el tesoro del pensamiento.

Si el número de los franceses capaces de

chiffrer dans l'original une oeuvre littéraire espagnole s'est notablement accru depuis trente ans, on ne peut cependant, pour la diffusion du livre espagnol en France, compter seulement sur cette phalange. Force sera de faire appel à l'ensemble des lecteurs français, de mettre à la portée de tous le livre espagnol qui en est jugé digne, bref de recourir à la traduction. De fait, un lot d'oeuvres espagnoles ont été traduites en français. I semble mème que depuis quelques années les traductions se fassent moins rares, et surtout elles ne s'appliquent plus aussi exclusivement aux œuvres déjà consacrées par le temps, mais encore aux romans, aux comédies publiées de la veille ou de l'avant-veille. Feuilletez, si vous en doutez, les revues publiées dans ces dernières années; celles mêmes qui sont qualifiées d'avant-garde, sacrifient à l'occasion aux Muses d'Espagne. Par suite, la portion de la littérature espagnole qui est accessible à tous les Français, grandit de jour en jour: elle est plus actuelle et plus riche, elle leur permet de suivre sinon tout le mouvement littéraire de l'Espagne contemporaine, du moins d'en discerner quelques directions. C'est un progrès incontestable. A quelles conditions ce progrès se consolidera-t-il? L'effort tenté par les auteurs, les traducteurs et les éditeurs a-t-il été toujours conduit comme il convenait? Voilà un doute qu'il est permis d'éprouver et à propos duquel de brèves remarques ne sont pas superflues.

Pour qu'un livre espagnol se transforme par la traduction en un livre français, un double choix s'impose d'abord: le choix d'un traducteur, le choix de l'oeuvre. Celle-ci sera-t elle accesible au public français? et le traducteur saura-t-il la mettre à la portée de ses compatriotes? De la réponse donnée à ces questions préliminaires dépend l'avenir du livre hispanofrançais qu'on jettera bientôt sur le marché.

Le choix du traducteur est le plus souvent pour l'éditeur le moindre des soucis. La langue espagnole n'est-elle pas de celles que tout Français d'une instruction moyenne s'imagine entendre à première vue? Il serait aisé de citer des exemples navrants de la légèreté avec laquelle des traducteurs ignorants des éléments de la langue espagnole se sont attaqués à des œuvres espagnoles, et on se divertirait sans pei

comprender en el original una obra literaria española ha aumentado notablemente desde hace treinta años, no es posible, sin embargo, para la difusión del libro español en Francia, contar solamente con esta falange. Fuerza será apelar al conjunto de los lectores franceses, poner al alcance de todos el libro español que se juzgue digno de ello, en resumen, recurrir a la traducción. De hecho, cierto número de obras españolas han sido traducidas al francés. Parece aún que desde hace algunos años las traducciones se hagan menos raras, sobre todo ya no se dedican tan exclusivamente a las obras consagradas por el tiempo, sino también a las novelas, a las comedias representadas la víspera o la antevíspera. Hojead, si lo dudáis, las revistas publicadas en estos últimos años; las mismas que están calificadas de vanguardia ofrecen un sacrificio, llegado el caso, a las musas de España. Por tanto, la parte de la literatura española accesible a todos los franceses crece de día en día. Es más actual y más rica; les permite, ya que no seguir todo el movimiento literario de la España contemporánea. discernir al menos algunas direcciones de él. Es un progreso indudable. ¿En qué condiciones se consolidará? ¿Se ha llevado siempre como convenía el esfuerzo intentado por los autores, los traductores y los editores? He aquí una duda que es lícito sentir y a propósito de la cual no están de más breves observaciones.

Para que un libro español se transforme, al ser traducido, en libro francés, se impone ante todo una doble elección: la del traductor, la de la obra. ¿Será ésta accesible al público francés?

Sabrá el traductor ponerla al alcance de sus compatriotas? De la respuesta dada a estas cuestiones preliminares, depende el porvenir del libro hispanofrancés que pronto se lanzará al mercado.

Elegir el traductor constituye las más de las veces para el editor la menor de las preocupaciones. ¿No es la lengua española una de las que todo francés medianamente instruído imagina entender a primera vista? Fácil sería citar ejemplos lastimosos de la ligereza con que traductores ignorantes de los elementos de la lengua española la han emprendido con obras españolas, y nos divertiríamos sin trabajo a sus

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