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vieux sanctuaire resta longtemps encore la Cathédrale de la capitale découronnée. C'est là que s'est joué le drame tout entier de notre Moyen-Age.

L'Église était alors intimement liée à la vie du peuple et se faisait l'écho de ses joies comme de ses tristesses. Remplie de bruyante allégresse aux jours heureux où très Haute princesse Esclarmonde de Foix venait mettre sa main dans la main royale du fils del conquistador, elle retentissait de plaintes et de sanglots aux moments néfastes, si fréquents à cette époque, où la peste promenait à travers la cité l'épouvante et la mort; et à l'heure sombre de la conquête, quand le flot de l'invasion venait battre ses murailles, c'est là que le vieux roi d'Aragon, presque octogénaire, jurait à ses sujets de délivrer la ville ou de s'ensevelir sous ses ruines.

Histoire bien tourmentée, bien glorieuse aussi de la cité très fidèle que l'auteur fait revivre à nos yeux en nous en décrivant avec amour le théâtre, dans un ouvrage d'érudition profonde et de savante critique dont on peut contester quelques assertions, mais qui n'en est pas moins rempli d'aperçus ingénieux et nouveaux. Oui, nouveaux, et ce n'est pas un mince mérite pour une œuvre vieille d'un demi-siècle.

Pendant de longues années, en effet, ce précieux manuscrit est resté ignoré de tous, oublié presque de son auteur, et c'est avec un respect ému que nous en avons lu et relu les pages jaunies, toutes palpitantes de cette curiosité pieuse du passé qui se plaît à interroger, dans le solennel silence de leurs voûtes abandonnées, l'âme des vieilles cathédrales. Et aujourd'hui que la

Société a décerné à l'œuvre, à défaut de récompense. plus haute, une médaille de vermeil, nous sommes heureux de proclamer le nom de l'auteur, le vénérable doyen des archéologues roussillonnais, M. François Campagne, le petit-fils de notre illustre Fossa.

RÉSUMÉ

DES DÉCOUVERTES PALÉONTOLOGIQUES

faites dans ces dernières années

DANS LE TERRAIN PLIOCÈNE DU ROUSSILLON

PAR M. CH. DEPÉRET,

Professeur à la Faculté de Sciences de Marseille.
Membre correspondant.

Il y a environ quatre ans, en écrivant la préface d'un ouvrage sur la géologie du bassin du Roussillon, je disais l'affleurement pliocène du Roussillon, par << son étendue superficielle, par sa continuité dans la << succession des couches, enfin par sa richesse en « fossiles marins, terrestres et d'eau douce, mérite de « devenir la région classique par excellence du terrain pliocène français. » Cette prédiction est dès à présent en train de se réaliser, si même on ne doit pas la considérer comme réalisée complètement. En effet, les magnifiques trouvailles de Vertébrés fossiles faites dans les limons d'eau douce qui forment la partie superficielle de notre plaine roussillonnaise, grâce au zèle éclairé et patient de plusieurs de nos compatriotes, ont

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attiré sur ce coin de terre éloigné, l'attention du monde scientifique; plusieurs des maîtres éminents de la paléontologie sont venus visiter à leur tour ces couches d'argile et de sable, qui ont servi de linceul à toute une population d'animaux éteints, dont la résurrection trop longtemps retardée, constitue l'une des surprises que le Roussillon tenait en réserve pour ceux qui n'ont pas dédaigné de fouiller ce sol encore vierge.

Le moment m'a semblé venu de résumer ces découvertes et d'essayer, dans les limites de mes forces et aussi de nos connaissances actuelles, de reconstituer par la pensée ce monde pliocène éteint d'hier, mais d'autant plus intéressant peut-être, parce qu'il nous permet de saisir les liens qui rattachent les êtres actuels à d'autres êtres plus anciens mais aussi plus différents des nôtres; parce que d'autres fois au contraire, à la place de ces transformations lentes et graduelles, il nous laisse entrevoir les migrations lointaines qui ont assuré dans nos contrées, torrides à cette époque, les êtres qui avaient pris naissance dans les vallées de l'Inde ou dans les déserts de l'Afrique.

Les découvertes d'ossements fossiles en Roussillon sont déjà anciennes, bien que, jusqu'à ces dernières années, elles aient peu attiré l'attention des savants, soit à cause de la pénurie des matériaux, soit peut-être parce que personne ne s'était attaché à les étudier à fond et à en faire ressortir la valeur.

Déjà le Dr Louis Companyo, mon savant maître et ami, à qui l'histoire naturelle du Roussillon est redevable de tant de découvertes, connaissait l'existence de défenses et d'ossements de grande taille trouvés dans

les argiles exploitées comme terre à brique dans les environs immédiats de la ville de Perpignan, notamment auprès de la porte Saint-Martin. Le créateur de notre Muséum d'histoire naturelle avait reconnu ces débris comme se rapportant à un Proboscidien du genre Mastodonte et les avait déposés dans les vitrines du Musée de la Ville où j'ai pu, dans la suite, les retrouver et les étudier à loisir. Mais un peu étranger à la science géologique alors à peine naissante, le Dr Companyo n'avait pu tirer de ces découvertes toutes leurs fécondes conséquences, privé qu'il était à la fois d'ouvrages indispensables et surtout de termes de comparaison pour étudier ses pièces. D'ailleurs, comme cela arrive toujours, les ouvriers ne daignaient porter leur attention que sur les ossements de grande taille, négligeant les débris de taille ordinaire qu'ils considéraient volontiers comme appartenant à des animaux actuels récemment enfouis.

Les découvertes de Companyo, bien que fort anciennes, ne furent guère connues qu'en 1863, lors de la publication de son grand ouvrage sur l'Histoire naturelle du département des Pyrénées-Orientales, mais dès l'année 1835, un autre de nos compatriotes, un savant distingué, Farines, faisait connaître une dent de rhinocéros fossile trouvée dans les sables de Trullas et la rapportait très exactement à sa véritable espèce, le rhinocéros à narines non cloisonnées (Rhinoceros, megarhinos ou leptorhinus), qui est caractéristique de la période pliocène.

Mais les découvertes les plus importantes, au point de vue de la quantité de matériaux recueillis, furent

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