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C'est, sans compter les bois, un total de 51,479 hectares, alors que la superficie du territoire était de 368,602 hectares. La proportion était bien faible, un peu moins du septième. Aussi, l'intendant écrivait-il en 1751 « Le peuple est si peu laborieux et si mol que de bonnes terres restent sans culture, quoiqu'il ne leur fallût pour cela que de la bonne volonté et un peu d'industrie ou d'aisance 2. »

II. — Une notable partie des terrains incultes de la plaine était occupée par des marécages, qu'on ne paraît pas avoir songé à dessécher; par contre, on défricha de grandes étendues de landes *.

Le gouvernement sentit la nécessité d'encourager la production des céréales, et, le 13 août 1766, il accorda dans ce but, pour tout le royaume, des dispenses importantes aux terres nouvellement réduites en cul

Je crois devoir rappeler ici ce qui a été dit plus haut de l'inexactitude des statistiques anciennes, en général. D'après les résultats de l'enquête décennale de 1882, il y aurait dans le département, plus grand de un dixième environ que la province de Roussillon (412.211 hectares), 60,646 hectares de terres labourables, 81,411 hectares de vignobles; les 55 centièmes environ du territoire seraient cultivés. Si l'on compare la superficie des terres labourables, vignobles, olivettes et prairies artificielles, on constate que, sur 1,000 hectares consacrés à ces cultures, il y avait, à peu près, en 1741

682 hect.

226 hect.

39 hect.

47 hect.

3 C. 1072.

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en 1882

386 hect. de champs,

525 hect. de vignes,

18 hect. d'olivettes,

77 hect. de prairies artificielles et fourrages.

Mémoire de 1778, p. 181.

Depuis 15 à 20 ans, on s'est fort appliqué au défrichement des terres. ( Ibid.)

ture. Des états furent régulièrement adressés à l'intendant par les subdélégués, pour lui faire connaître la superficie du terrain défriché dans l'année.

J'en donne ci-après, dans un tableau récapitulatif, le résumé pour la période 1767-1782 1.

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On remarquera qu'en Cerdagne pas un arpent ne fut défriché; c'est que les terrains avaient besoin de beaucoup d'engrais, et pour nourrir les nombreux troupeaux qui les fumaient, il était nécessaire de conserver de

, C. 1076.

vastes pâturages. La constitution géologique du sol avait fait avant tout des Cerdans un peuple de pasteurs, et ce n'est pas une ordonnance royale qui change les habitudes séculaires d'une population.

Au surplus, il était d'usage dans ces contrées de cultiver une terre un an, deux ans, et de l'abandonner ensuite il était bien difficile, dans ces conditions, d'apprécier les variations survenues dans la superficie des terres exploitées'.

Dans la viguerie de Conflent, les défrichements, importants la première année, furent arrêtés net par la prétention des seigneurs fonciers, qui exigeaient qu'on leur demandât un titre d'inféodation.

En Roussillon, les défrichements se poursuivaient avec des alternatives de haut et de bas, depuis 352 hectares, en 1772, jusqu'à 25, en 1781.

Vers la fin, le mouvement s'était ralenti ; dès 1772, l'intendant avait prévu ce ralentissement, qui provenait d'une double cause : les garrigues et pacages restants étaient indispensables pour la nourriture des troupeaux, et la plupart des terrains en friche ne pouvaient recevoir que la vigne, dont les produits s'exportaient difficilement 2.

En résumé, dans cette période de seize ans, on avait déclaré la mise en culture de 2158 hectares en Roussillon et Vallespir, et de 161 en Conflent et Capcir.

En réalité, l'extension du territoire cultivé était

• Mémoire du viguier de Cerdagne sur l'abolition du droit de parcours. 1768. C. 1501.

2 C. 1076.

beaucoup plus rapide. On avait planté en vignobles un certain nombre de propriétés qu'on s'était bien gardé de déclarer, parce que ces plantations étaient interdites.

L'administration fut obligée d'intervenir pour arrêter ces défrichements: l'intendant Raymond de SaintSauveur demanda dans ce but une décision du Roi, qui fut rendue le 8 août 17791.

Les éléments font défaut pour déterminer avec quelque précision quelle était, après tous ces défrichements et au moment de la Révolution, la superficie des terres exploitées dans la province. En 1773, le viguier de Roussillon signale dans l'étendue de sa subdélégation : 48.530 hectares de terres incultes ;

7.755

20.947

10.523

bonnes ;

médiocres ;

mauvaises .

III. Les défrichements avaient, paraît-il, accru rapidement la fortune publique. On a dit bien souvent qu'ils avaient occasionné des pertes autrement sérieuses que ne l'était cet avantage.

Les inondations, qui sont aujourd'hui une exception heureusement assez rare, se produisaient au siècle dernier avec une fréquence désespérante. En 1716-1717, elles emportèrent le village d'Urbanya, à l'exception

⚫ C. 1515 et Compte de l'administration, pages 85-86. 2 C. 1081.

Discours à l'Assemblée provinciale. C. 2109. • Depuis la déclaration de 1764, la province a considérablement gagné par les sorties des grains ». (Mémoire sur quelques objets d'administration, p. 74.)

de cinq ou six maisons'. En 1716 et les années suivantes, des débordements de la Tet firent perdre dans les seuls territoires de Villeneuve, Baho et SaintEstève, trente-trois hectares de bois et cent dix-neuf hectares des meilleures terres labourables. Les villages de Sainte-Marie-la-Mer et Villelongue-de-la-Salanque étaient souvent, pendant ces crues, sous quatre pieds. d'eau; les récoltes étaient enlevées; finalement, les épidémies avaient chassé la population *.

Les archives de l'Intendance mentionnent de graves inondations en 1732, 1737, 1740, 1763, 1765, 1766, 1772, 1777, 1783, etc.

3

Ces crues faisaient de tels dégâts qu'elles constituaient de véritables désastres. En octobre 1763, les états des pertes, pour la viguerie de Conflent seule, s'élèvent à plus de 460,000 livres. Si les dommages causés par les derniers débordements eussent été évalués, disait en 1787 un membre de l'assemblée provinciale, on aurait à opposer au gouvernement une somme de dégradations effrayante. Raymond de Saint-Sauveur estimait que l'inondation de 1777 « avait causé du dommage pour plus de quatre millions. »

6

Ces crues étaient d'autant plus déplorables que les

Lettre de l'Intendant. C. 739. Inventaire.

Arrêt du Conseil d'Etat, 11 octobre 1736. C. 1206.

C. 1515, 1206, 1208, 1210, 1212, 1214, 1215, etc. Mémoire sur les inondations, par le colonel Guiraud de Saint-Marsal, Société Agricole des Pyrénées-Orientales, tome X, pages 223 et suivantes. Mémoire de 1778, pages 164 et suivantes.

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