Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

eaux ravageaient les terroirs les plus fertiles, ceux du Riberal et de la Salanque, et qu'elles enlevaient fréquemment les ouvrages construits à grands frais pour les contenir; l'intendant venait de dépenser 120,000 livres à consolider la digue Orry, lorsque survint, en 1783, une crue qui enleva cette digue sur une longueur de 300 mètres 1.

On pense bien qu'un tel état de choses avait attiré l'attention de l'administration. de l'administration. Les intendants en étudièrent les causes; on était unanime peut-être à les trouver dans les défrichements immodérés. Je ne rechercherai point si cette explication n'est pas contredite par ce fait que, dans notre siècle de défrichement à outrance, le cours des rivières est plus régulier. Dès l'antiquité, les géographes signalent les débordements terribles du Tech. On sait que la ruine du monastère d'Exalada, au Ix° siècle, est attribuée à une crue extraordinaire de la Tet. Il est certain cependant que les eaux pluviales, n'étant plus arrêtées par les branches des arbres, ravinaient le sol dans les étroites. vallées du Tech et de la Tet; les terres n'étaient pas liées par les racines, car les paysans arrachaient jusqu'aux racines des arbres d'essence résineuse, dont ils utilisaient les fragments pour l'éclairage, sous le nom de teza. Les lits des rivières, encombrés par ces terres, ne pouvaient plus contenir les eaux, qui, à la moindre avalanche, se répandaient sur la campagne. Un obser

Compte, pages 99-100.

Mémoire de 1778, p. 167.

Desjardins, Géographie de la Gaule romaine, tome I, p. 150.

vateur, l'abbé Marcé, affirme, en 1784, que depuis vingt-un ans le lit de la Tet s'est élevé, à Corneillade-la-Rivière, au moins d'une toise et demie. » «Quand les montagnes étaient couvertes d'arbres, dit-il, c'étaient des inondations d'eau; aujourd'hui ce sont des inondations de pierres et de sable '. » Il donne un tableau navrant de cette quantité prodigieuse de bonnes terres devenues stériles par l'immense quantité de sable; la digue Orry, « qui coûte des sommes immenses, emportée presque chaque année » ;

[ocr errors]

de

Rodés à Perpignan, «ces lits de grosses pierres qui reposent sur de belles terres arrosables et devenues incultes 2. >>

Le viguier de Conflent, dans un rapport du 26 octobre 1778, assigne aux inondations une double cause: les défrichements et les empiètements des riverains. Il propose d'interdire les défrichements sur les sommets et près des cours d'eau, et de favoriser sur les pentes la culture de la vigne, dont les racines retiennent les

terres.

Essai..., p. 88.

Essai, p. 37. — € Il ne se passe pas d'année où les habitants de ce département ne souffrent une inondation; il y en a eu de si fortes, qu'il en reste encore des traces, quoiqu'elles aient eu lieu depuis plus de vingt ans. » (Séance du Conseil du département, 15 décembre 1791. Procès-verbaux imprimés, p. 152.) Le 8 février 1793, le procureur-général-syndic Lucia, représentait le département tour à tour dévasté par les inondations de dix à douze torrens qui le traversent ou desséché par un soleil brûlant. » (Lettre au ministre des contributions.) - Des syndicats s'étaient formés pour la défense des propriétés contre les débordements; quant aux procédés employés, le plus en faveur, semble-t-il, était la plantation de taillis le long des rives, (Mémoire de 1778, pages 165, 166, 170.)

: C. 1515.

Quoi qu'il en soit des causes de ces inondations, le fait même a joué un rôle trop important dans l'existence économique de la province au XVIII° siècle pour qu'il me fût possible de les passer sous silence.

Un autre résultat, celui-là bien certain, de ces défrichements inconsidérés, était la pénurie du bois.

On pouvait concevoir des craintes sérieuses sur l'approvisionnement du pays en combustible dans un avenir plus ou moins éloigné. Quelques cantons étaient suffisamment pourvus, par exemple, le Vallespir; et cependant, à Prats-de-Molló, le bois de construction. manquait, et il fallut prendre des mesures énergiques'.

Le châtaignier étant particulièrement propre aux travaux de la tonnellerie, on le cultivait en Vallespir, de même que dans les ravins de Fourques, Terrats, Trouillas, et entre Thuir et Bouleternère *.

Mais sur bien des points, le bois de chauffage faisait défaut. « Dans le bas Conflent », écrivait le viguier, « à peine trouve-t-on du bois ny de chauffage ni de bâtisse. Dès le xiv° siècle, les rois de Majorque avaient pris des mesures pour arrêter le gaspillage; au XVIIe siècle, les intendants se préoccupèrent de la question. Malheureusement, l'administration a toujours

4

Mémoire 1778, p. 92, et C. 1828. Inventaire.

2 Raymond de Saint-Sauveur, Compte, p. 111. Abbé Marcé, Essai, p. 31.

Il y avait aussi en Vallespir des pommiers et des noyers. 18 mai 1789. Bail à ferme. Julia, not. — Je parlerai plus loin des oliviers.

[ocr errors]

Rapport du 11 mars 1774. C. 1070.

. C. 1238.

eu, ce me semble, une certaine tendance à procéder en ces matières, non point par une action énergique et continue, mais au moyen de répressions arbitraires et violentes. Tantôt les coupes étaient tolérées, et tantôt. elles étaient interdites et punies avec une rigueur vraiment excessive 1.

En 1758, le curé des Angles expose dans une supplique à l'intendant que la mort de quelques malheureux est attribuée « au pain cru qu'ils mangeaient cet hiver faute de bois *. »

[ocr errors]

En 1767, on vendit à Perpignan le gros bois, dix sous le quintal, soit 1 livre 4 sous les 100 kilos, le bois de garrigue 30 sous la grosse charge, 1 livre 5 s. les 100 kilos, en comptant 120 kilos à la charge, le charbon, 33 sous le quintal, 2 livres 15 sous les 100 kilos, et en 1771, 1 livre 13 sous 9 deniers la charge, 1 livre 8 sous les 100 kilos *.

Le bois était si rare qu'il n'était pas possible aux habitants de la ville de faire leur provision pour une année ".

IV. On sait quelle place tenait l'irrigation dans les travaux agricoles du Roussillon; dès les siècles du haut moyen âge les canaux portaient l'eau dans les prairies et les champs de la province, dont le territoire se divisait en deux parties: l'une à l'arrosage, le regatiu, l'autre à l'aspre, qui ne s'arrosait point.

Inventaire des Archives des Pyrénées-Orientales, série C., art. 1901, 1906-1908.

[blocks in formation]

Parmi ces canaux, le plus important était celui de Perpignan le 20 mai 1744, le secrétaire de l'hôtel de ville certifia que les tenanciers avaient déclaré 2,530 ayminates, (1,500 hectares environ), s'arrosant de ce ruisseau; il ajoutait que nombre de propriétaires n'avaient pas encore fait leur déclaration'.

En 1746, on évaluait la surface des terres irriguées par ce cours d'eau, année commune, à :

6561/, ayminates de fourrages;

[blocks in formation]

Un état sans date signale comme étant à l'arrosage:

A Ille, Neffiach, Régleille..

A Millas..

A Saint-Féliu-d'Amont.

A Saint-Féliu-d'Avail...

A Thuir, Canohès, Perpignan..

valant 1270 hectares. (C. 1220).

400 ayminates.

222

325

608

587

2142

Un autre état, de la seconde moitié du XVIIIe siècle, porte :

[blocks in formation]

Le produit des taxes était de 139 charges de blé, 31 de petit

« VorigeDoorgaan »