III. Si nous passons de la valeur de la propriété à sa répartition entre les individus, nous devons nous. rappeler qu'une bonne part de la fortune immobilière. était indivise. Les forêts et pacages royaux ou communaux et, avant son abolition, le droit de vaine pâture et de parcours, offraient à un grand nombre de pâtres plus de ressources que leurs propres terres ; c'étaient surtout les petites gens qui bénéficiaient de cet état de choses et, sous ce rapport, la constitution de la propriété immobilière ne laissait pas d'être démocratique.

Il fut dressé en 1790 un tableau des fortunes dans le département. On aurait tort évidemment de prétendre que cet état est rigoureusement exact: les erreurs de détail y doivent être nombreuses. Néanmoins, il présente un trop grand intérêt pour que je puisse me dispenser de le citer.

Fortunes de 150.000 à 500.000 livres 103

100.000 à 150.000 livres 102

Soit au total, 6231 propriétaires dont 4307 avaient plus de 5000 livres et 1403, plus de 20.000'.

Quant aux fortunes supérieures à 500.000 livres, elles étaient très rares. C'est ici le cas de rappeler l'opinion d' A. Young, qui prétendait que le nombre de propriétaires en France était excessif. Je n'ignore pas qu'il est impossible d'appliquer à une province en particulier une proposition qui peut être vraie de l'ensemble du royaume; mais si le sol était très divisé en France, il l'était encore davantage en Roussillon, où la répartition était plus égalitaire qu'ailleurs.

On ne trouvait pas, en effet, dans le pays, de ces fortunes immenses qui, en d'autres contrées, absorbaient au profit d'un fastueux seigneur des ressources suffisantes à l'existence de milliers de familles. « Il y

• L. 298.

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Voyages en France, traduit. par F. S., t. III. p. 48 et passim.