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Le Lac.

Le Petit-Lac.

Lachaud.

Lambertie. Le premier château de Lambertie fut construit au XIIe siècle, à l'extrémité méridionale d'un plateau dominant la Dronne. Cette construction primitive attire toujours l'attention de l'archéologue et du touriste. Le morceau qui offre actuellement le plus d'intérêt est la partie supérieure d'une de ses tours carrées, encore munie de ses créneaux intacts, gisant à terre, semblable à une immense pièce de nougat, qui défie et les siècles et le marteau. Ses murailles, épaisses seulement de 045, sont en moëllons si fortement unis par le mortier, qu'on a toujours reculé devant la difficulté de les mettre en pièces pour les utiliser dans les constructions postérieures. Un des murs d'enceinte, dont on retrouve une grande partie renversée sur le sol, avait dans son épaisseur un couloir voûté en plein-cintre qui mettait en communication la tour dont nous venons de parler et les bâtiments d'habitation.

Une chapelle à contreforts plats fut construite en même temps que ce premier château, près duquel nous retrouvons ces restes. Dans le procès-verbal fait en conséquence des ordres du roi en 1569, il est parlé de cette église en ruine, qui alors présentait encore « la forme de trois autels », et conservait aussi sa cloche. Elle portait le titre de paroisse, mais la juridiction du titulaire ne s'étendait qu'aux habitants du château et à leurs serviteurs. Il en était ainsi à Montbrun, à Chalusset et dans plusieurs autres châteaux importants. La tradition locale veut que la cloche de cette chapelle, tombée du clocher qui la portait, ait roulé jusqu'au bas du monticule, et se soit perdue dans la vase de l'étang qui en baigne le pied. De là serait venu le nom d'étang de la Cloche que porte ce dernier. Nous croyons cette tradition fausse, et cet étang doit probablement son nom à son excessive profondeur, qui lui donne assez la forme d'une cloche renversée.

Quelques maisons entouraient ce château et son église aussi voyons-nous ce lieu décoré du titre de ville; mais ce titre ne peut pas être justifié, et il nous semble tirer son origine de la traduction inexacte du mot villa, que donnent à ce lieu des chartes des archives de Boubon et de Montbrun.

Quoi qu'il en soit, ce château fut pris et détruit par les Anglais, sous le règne de Charles VI.

Les seigneurs de Lambertie le rebâtirent presque immédiatement, non à la même place, mais un peu plus au nord, où sont aujourd'hui les ruines de celui dont nous avons à nous occuper maintenant.

Ce second château était composé d'un corps-de-logis, fortifié aux deux extrémités de sa façade de puissantes tours, rondes extérieurement. Elles formaient à chaque étage des appartements carrés, ayant environ sept mètres de côté, et communiquant avec le reste de l'habitation. Au centre, une belle porte gothique, richement sculptée, donnait accès au grand escalier en hélice, que renferme une haute tour carrée. Sous les bâtiments s'étendent les caves primitives, qui sont encore intactes. Un mur d'enceinte s'avançait jusqu'au milieu de la cour actuelle, près

d'un puits toujours conservé. Enfin un large fossé entourait ce quadrilatère et en défendait l'accès (1).

C'est ce second château qui, au mois de juin 1569, eut le même sort que le premier. Pendant que son propriétaire, François de Lambertie, servait dans les armées du roi, les troupes calvinistes qui traversèrent ce canton avant la bataille de la Rochel'Abeille s'en emparèrent, et le détruisirent par le feu. Un procès-verbal judiciaire, signé de plus de cent témoins, décrit l'état des ruines du château et du village de Lambertie. Le granit. rougi de ses murailles garde toujours la trace indélébile de cet incendie.

François de Lambertie se mit non-seulement à relever son château incendié, mais encore à l'agrandir considérablement. Il construisit sur un de ses côtés un second corps de logis presque aussi considérable que le premier, avec lequel il forme un angle droit, doubla la grandeur de la cour primitive, la ferma au nord et à l'est par deux puissantes courtines que surmontait un chemin de ronde avec sa couronne de machicoulis, fortifia la façade d'un grand portail avec pont-levis, éleva aux angles de cette dernière deux belles tours rondes, dont une seule est encore debout, et enfin creusa le fossé qui continue celui de l'ancien château et protège tout cet ensemble de constructions. La tour que le visiteur trouve à sa gauche en entrant à Lambertie en avait une autre accolée à sa paroi extérieure: celle-ci renfermait l'escalier desservant la galerie crénelée et les machicoulis du chemin de ronde, ainsi que les autres galeries en bois construites à l'intérieur de la cour, le long de la muraille. La tour elle-même, la mieux conservée de toutes, renferme la chapelle; elle mérite une mention spéciale.

L'intérieur est un carré de 525 de côté; sa voûte, aux riches nervures prismatiques, montre encore, outre la date 1591 et trois monogrammes chrétiens, un écusson à chaque rencontre des nervures. Au centre, c'est celui de la famille de Lambertie: d'azur à deux chevrons d'or. Au-dessus de l'autel on voit celui de François de Lambertie réuni à celui de Jeanne d'Abzac, sa

(1) Le plan et la vue du château de Lambertie, ainsi que ceux de Montbrun et de la Vauguyon, que l'on trouve joints à cet article sont extraits de l'Almanach Limousin de 1875, 1876, 1877.

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femme; plus loin, celui de son père avec celui de Jeanne-Hélie de Colonges, sa mère; puis ceux de Marguerite de Maumont, sa grand'-mère, et de Jeanne de Vigier, son arrière-grand'mère, joints à ceux de leurs maris. Tous ces écussons sont finement sculptés. La peinture a aussi décoré les parois de ce gracieux sanctuaire. Il est, avons-nous dit, de forme carrée, inscrite dans une tour ronde; une fenêtre ogivale, trilobée au sommet, s'ouvre à l'orient. L'autel, liturgiquement orienté, était placé au-dessous de cette fenêtre. Les peintures qui décoraient ce côté ont presque complètement disparu : c'étaient, à droite, des personnages qui semblaient revêtus d'un costume épiscopal peut-être les rois mages); à gauche, on voyait la sainte Vierge à genoux, un vase de fleurs devant elle, et l'ange Gabriel tenant une branche de lis, puis, dans le haut, le Saint-Esprit en forme de colombe entourée de rayons lumineux (l'Annonciation). Sur les autres côtés, le peintre avait représenté la famille de Lambertie avec tous les personnages dont elle se composait alors. Du côté du nord est figurée une galerie percée de quatre arcades, que soutiennent des colonnes, et sous lesquelles se voyaient, agenouillées, les effigies, en grandeur naturelle, de François de Lambertie et de ses huit fils. La figure du père de cette nombreuse lignée, qui était bien conservée en 1843, aujourd'hui laisse à peine quelques traces. Il prie, agenouillé devant un prie-Dieu qui porte son livre, et qu'ombrage une draperie disposée en manière de dais; il a des moustaches et la barbe taillée en pointe. Son vêtement consiste en un pourpoint noir et un petit manteau de même couleur. Le premier de ses enfants qui vient après porte aussi un manteau; au-dessous de lui on lit le mot Gabriel. Le troisième personnage avait le visage juvénile et gracieux; trois autres étaient assez apparents, et les derniers presque entièrement oblitérés, lorsque, à la date citée plus haut, on en releva un dessin. Cette galerie des fils de François de Lambertie se poursuivait jusque sur le mur de l'ouest. Il ne reste plus, sur la paroi du côté sud, que de faibles vestiges d'une galerie semblable, où étaient sans doute rangées Jeanne d'Abzac, dame de Lambertie, et ses sept filles.

François de Lambertie, qui rebâtit ce château, acheta aussi, en 1598, de Louis Stuerd de Caussade, le château et la terre de Montbrun. Il fut tué à l'armée, en 1612, après quarante-cinq ans de service. Deux de ses fils et quatre de ses petits-fils suivirent son exemple et donnèrent leur vie pour la France.

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