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8 Une croix de bois couverte d'argent et son crucifix (16 marcs,

3 onces, 8 deniers);

9° Deux encensoirs;

10° Une navette et une cuiller attachées par une chaîne ;

11° Quatre cornets d'argent;

12o Deux paix d'ivoire enchâssées d'argent,

Et un certain nombre d'autres objets et ornements de prix un drap d'or pour couvrir le Saint-Sacrement, un drap de velours rouge avec la figure de la Véronique, etc., etc.

On peut juger par cet exemple des richesses d'orfèvrerie que possédaient, au xvre siècle, les églises et chapelles de Limoges, et les soixante ou soixante-dix confréries qui existaient alors au chef-lieu de la province.

Une grande partie de ces joyaux fut anéantie en 1562. Les églises et les associations reçurent l'ordre de livrer les objets de -prix qu'elles possédaient, afin que l'or et l'argent en provenant fussent appliqués aux frais de la garde des villes et de leur défense contre les entreprises des protestants.

Dès l'année suivante, les confréries, qui du reste avaient racheté à prix d'argent une partie de leur orfèvrerie, commençaient à combler, par de nouveaux achats, les vides que l'exécution des ordres de la Cour avaient causés dans leurs trésors. Pour ne nous occuper que de celle dont nous avons parlé plus haut, nous voyons les bailes de l'Association du Saint-Sacrement de Saint-Pierre faire exécuter en 1566, quatre cornets d'argent qui leur coûtent 138 livres; en 1568, une navette (311. 11 s. 10 d.); en 1574, un candélabre d'airain (100 1.); en 1575, un bourdon d'argent doré (61 1. 18 s.); en 1580, quatre panonceaux d'argent doré (78 1. 10 s.); en 1591, un ange doré (plus de 150 1.); en 1596, un autre ange d'argent fin, doré (314 1. 10 s.); en 1599, deux encensoirs (près de 9 marcs d'argent, plus 58 1. de façon); en 1600, une croix d'argent doré (70 1.); en 1621, réfection de la croix (1001. 12 s.); revêtement d'argent de la croix processionnelle (571.); un pavillon, ou dais, pour couvrir le Saint-Sacrement quand on le porte aux malades (61 1. 11 s. 10 d.); en 1625, réfection de quatre bourdons (871. 6 s.); en 1629, un missel (1) couvert d'argent (134 1. 5 s. 3 d.); en 1636, des cannettes (burettes) et bassins d'argent (160 1.); en 1643, une paire de chandeliers d'argent

(1) C'est, à notre connaissance, la mention la plus récente d'une couverture de livre en métal précieux, qu'on rencontre dans nos inventaires.

(209 1. 12 s.); en 1658, une custode d'argent (402 1.); eu 1684, six chandeliers d'argent (1740 1. 15 s.); etc., etc. (1).

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Les ouvrages de cette période qui nous ont été conservés ou dont nous avons pu retrouver les dessins n'en accusent pas moins la diminution des ressources artistiques de notre industrie la plus belle, le plus souvent une recherche puérile de l'ornement, et maintes fois, par contre, une simplicité indigente. L'idée est rarement juste et heureuse ou elle reste en deça du but à atteindre, ou bien elle le franchit et va fort au-delà. Parmi les rares œuvres d'une certaine importance, fabriquées aux xvre et XVII siècles et dont il nous est permis d'apprécier la valeur, fort pen offrent une composition satisfaisante, traitée avec soin et exécutée avec habileté. Au nombre des pièces les meilleures que nous connaissions de cette époque, nous signalerons le bourdon exécuté, en 1575, par Jean Yvert pour la Confrérie du Saint-Sacrement; le « portrait » de cet ouvrage figure au nombre des enluminures qui ornent le précieux manuscrit de cette confrérie conservé à l'Hôtel-de-Ville de Limoges: il est du au pinceau de Pierre Raymond et le registre nous apprend qu'il a été payé trois livres par les confrères.

Sur un fût de colonne cannelé, qui présente l'aspect d'un faisceau de tiges retenu dans sa partie supérieure par un anneau, s'épanouit, comme le calice d'une large fleur, une sorte de cul de lampe à encorbellement servant de base à la composition de l'artiste. Le motif est ingénieux et ne manque pas d'élégance. Six pilastres supportent une coupole couverte d'imbrications légères et surmontée par un édicule circulaire qu'entourent des colonnettes et que couronne le buste du Père éternel, coiffé de la tiare, bénissant de la main droite et tenant le globe dans la gauche. Les pilastres sont ornés, à un peu plus de moitié de leur hauteur, de chapiteaux classiques supportant des retombées d'arcades à plein cintre avec fleurons dentelés. Au milieu de la travée centrale se détache le monogramme du Christ; la croix qui le surmonte se divise à sa partie supérieure et émet deux branches qui, se recourbant à droite et à gauche, forment autour de ce monogramme un encadrement en cœur. Ce cadre est lui-même entouré d'une couronne de roses et surmonté d'un crucifix. De chaque côté s'appuie sur cette espèce d'autel de l'amour divin une femme au buste nu, et dont la partie inférieure du corps est cachée par

(4) Ces derniers objets sont achetés à Paris.

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Bourdon en argent, exécuté en 1575, pour la confrérie du Saint-Sacrement de Saint-Pierre de Limoges, par Jean Yvert. orfévre de cette ville, d'après une enluminure de l'émailleur Pierre Reymond, au registre de cette confrérie.

des draperies. L'une de ces femmes porte une croix : c'est la Foi; l'autre tient une colonne : c'est la Force. Au-dessus de chaque arcade, dans l'espace qui s'étend entre la partie supérieure des pilastres, se répète le monogramme du Christ, soutenu par de petits anges.

En somme, bien que deux ou trois détails puissent être critiqués; que l'idée, par exemple, de faire émerger le Père éternel du milieu de la coupole de l'édicule supérieur ne soit pas des plus heureuses, l'ensemble est riche et d'un très bel effet.

On s'est plu à répéter que nos orfèvres et nos émailleurs ont énormément produit — beaucoup trop pour leur gloire — et qu'ils ont subordonné l'intérêt de l'art aux nécessités du commerce et aux tentations du gain. Cela peut être vrai pour certains d'entre eux. Mais ne conviendrait-il pas de faire des réserves, ou, si l'on veut, des exceptions. D'abord, le même prénom ayant été, dans presque toutes les familles d'orfévres et d'émailleurs, porté par deux, trois, quatre artistes, les collectionneurs et trop souvent les auteurs des catalogues officiels se sont plu à attribuer le plus grand nombre possible d'œuvres offrant leurs initiales au plus célèbre d'entre enx, lequel a été considéré, au grand dommage de sa réputation, comme le père de très médiocres productions. De plus, il est vraisemblable que plus d'une fois les enfants d'un émailleur connu, ont écoulé sous le nom de ce dernier, des peintures d'une valeur presque nulle; ces peintures étaient souvent des ébauches laissées inachevées par l'artiste en renom et que tant bien que mal on finissait après lui, en s'inspirant le plus possible de sa manière et en employant ses couleurs préférées ; d'autres fois, sans doute, il n'y avait rien de lui- que sa signature, celle-ci étant la seule œuvre de sa main qu'il fût facile à ses héritiers d'imiter. Enfin on n'a pas assez tenu compte, dans les reproches qu'on a adressés à nos plus célèbres émailleurs limousins au sujet de l'infériorité vraiment attristante de certains de leurs produits, de la contrefaçon incontestable dont ces ouvrages ont été l'objet. Nous voyons, pour notre part, une indication. de cette contrefaçon, dans l'orthographe bizarre du nom de plusieurs émailleurs célèbres sur des pièces qui, pour la plupart, sont à l'étranger. Des Raymond signés: Rexmon ou Rexmann, malgré leur mérite, nous seraient fort suspects, et nous serions très disposés à attribuer uue origine germanique aux émaux signés Bernhart Limosin. Nous ne pouvons ici que formuler une opinion; nous serions bien aise de la voir discutée par des hommes compétents.

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