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l'état lamentable où se trouvaient il y a vingt ans les archives de la Marine1.

Depuis qu'il avait été confié en 1699 à Clairambault le jeune, premier archiviste en titre de la Marine, le dépôt avait subi bien des vicissitudes, provenant tant de l'excès de zèle de ses préposés que de leur négligence. Le successeur de Clairambault, Laffilard, était le modèle des employés; en 1749, il disait avoir « travaillé sans relasche, depuis dix ans, festes et dimanches et pendant quinze à dix-huit heures par jours et par nuits à l'inventaire des archives. Et nous pouvons le croire sur parole. Les Revues Laffilard et les Alphabets des officiers militaires et civils, dressés par lui, sont le vade mecum des érudits. Les Alphabets donnent la liste des officiers de tout grade, avec leurs états de service, depuis le xvIIe siècle jusqu'au milieu du xvine. Le travail complet devait comprendre, suivant une lettre de Laffilard lui-même en date du 12 janvier 17423:

1o La liste chronologique;

2o Celle alphabétique;

3o La liste nécrologique et des retraites et réformes; 4o Les différens mémoires citez. >>

Mais le malheureux avait bouleversé les collections pour y introduire l'ordre alphabétique. Ses successeurs, Truguet, de 1754 à 1761, les deux d'Hamecourt, de 1761 à 17904, refondirent à nouveau la classification suivant un plan plus rationnel, mais arbitraire, en dix divisions. Ajoutez à ces dérangements les conséquences naturelles des déménagements répétés, car le dépôt des archives fut transféré en 1763 à Versailles et ramené à Paris en 1837, rue Royale 5.

En ce siècle, les choses restèrent en l'état, et cela valut sans doute mieux; je puis témoigner, pour avoir compulsé ses papiers, que l'un des conservateurs qui furent le plus longtemps préposés aux archives, Margry, esprit curieux et investigateur, n'avait point pour qualité maitresse l'ordre.

Tel qu'il existe actuellement, le service des archives de la Marine a pour charte fondamentale l'arrêté ministériel du 24 juin 1887. Une commission supérieure préside à la publication de l'inventaire sommaire d'après un cadre de classement adopté par elle. Et je ne dois pas oublier ici qu'elle a, non moins par ses encouragements que par sa direction,

1. Cf. Flammermont, les Vols d'autographes et les archives de la Marine. Paris, 1883, in-8°.

2. Jal, Dictionnaire critique, art. Laffilard.

3. Publiée par M. Neuville, État sommaire..., p. 316.

4. Ibid., p. 307.

5. Il y avait et il y a encore un dépôt spécial pour les cartes et plans de la marine, sis au XVIIIe siècle rue Saint-Antoine et maintenant rue de l'Université.

contribué au succès définitif de l'oeuvre entreprise par M. Neuville. Le cadre suivi par M. Neuville n'a plus rien d'artificiel ni de forcé; les grandes lignes du classement se fondent avec les attributions des différents bureaux'; le détail de chaque bureau constitue l'unité de série. Ces détails sont répartis sous les cotes:

A. Actes du pouvoir souverain;

B. Service général;
C. Personnel;

D. Matériel;

E. Comptabilité générale;
F. Invalides et prises;

G. Mémoires divers.

Les documents modernes sont placés à la suite sous les cotes AA, BB, CC... Voici, comme exemple, les détails compris sous la cote B: B', décisions; B2 à B3, marine des vaisseaux; B6, marine des galères; B7, pays étrangers, commerce et consulat; B8, archives. En tête de chacun d'eux, M. Neuville a retracé dans une petite préface la formation du fonds et son importance pour l'histoire des institutions.

Et, de toutes ces données partielles, il a fait un corps, en tête du volume, qui constitue, malgré son titre bien modeste, trop modeste, d'« Avertissement, » l'exposé le plus substantiel et le plus complet que je connaisse de nos institutions maritimes. On me permettra de m'y arrêter un moment, sans insister toutefois sur les premières périodes de notre histoire, moyen âge et Renaissance, qui ne sont représentées par aucun document appréciable aux archives du ministère.

L'unité administrative et militaire du moyen âge, le clos des Galées et l'Amirauté, — avait cessé au xve siècle, lorsque des amirautés provinciales étaient venues entamer le pouvoir, jusqu'alors absolu, de l'amiral de France. Richelieu l'avait reconstituée à son profit : grand maître, chef et surintendant de la navigation, ce fut le titre qu'il se donna, - il eut pour exécuter ses ordres des intendants et pour administrer les finances de la marine deux secrétaires d'État, l'un pour le Ponant, l'autre pour le Levant.

La réunion des deux secrétaireries d'État en une seule, dont il fut titulaire, est la grande réforme de Colbert, parce que dès lors le ministère de la marine fut constitué. Plus logique que l'illustre cardinal, Colbert rétablit les offices d'amiral de France et de général des galères, mais en restreignant leur rôle à des attributions militaires et en réservant au secrétaire d'État, interprète de la volonté royale, la uomination des officiers et l'administration du matériel. Le commerce extérieur, les consulats, les colonies étaient encore du ressort du secrétaire d'État

1. A cette exception près que la tête de série du Matériel (coté D) est postérieure à la Révolution.

pour la Marine. Et il faut lire, dans l'étude si documentée de M. Neuville, de quelles institutions, de quels aperçus ingénieux, de quel programme naval la France est redevable à Colbert. Il créa l'inscription maritime, organisa une flotte homogène, apprécia admirablement la valeur de nos ports au point de vue militaire. Le personnel administratif établi par lui n'a point changé, sauf que certaine évolution, sous Louis XV et Louis XVI, aboutit à l'émancipation et à la suprématie des services militaires et à l'avènement des services techniques, des anciens maîtres charpentiers par exemple, qualifiés en 1717 du nom « plus honorable » de chefs des constructions et radoubs.

A part la suppression des lieutenants généraux et des chefs d'escadre, remplacés par des contre-amiraux, la hiérarchie navale du xvIIe siècle subsiste encore les garde-marines, dont le nom est conservé en Espagne et en Italie, sont devenus des aspirants. Mais M. Neuville observe avec sagacité que nos vice-amiraux sont plutôt comparables aux anciens lieutenants-généraux qu'à leurs homonymes (p. xxvi, n. 1).

On doit pourtant au XVIe siècle d'importantes créations, telles que le corps des contrôleurs de la marine en 1776, le service des travaux hydrauliques en 1768, le service hydrographique en 1720, et la même année l'école de chirurgie et l'établissement des Invalides de la Marine. Enfin, les différents services de l'administration centrale, au xvIII° siècle, correspondaient, non plus à des circonscriptions territoriales (Ponant et Levant), mais à des spécialités.

Dans l'exposé de ce mécanisme, je ne m'aventurerai pas; cela me conduirait trop loin. Qu'il me suffise de dire que M. Neuville en a étudié les rouages pièce à pièce, patiemment, et que ses « Avertissements >> forment un véritable cours d'institutions des plus solidement documentés1.

Ch. DE LA RONCIÈRE.

Marquis DE L'ESTOURBEILLON. Inventaire des archives des châteaux bretons. I. Archives du château de Saffré (1394-1610). Vannes, Lafolye, 1893. In-8°, vi-128 pages.

- II. Archives du château de Penhoët (1237-1800). Ibid., 1894. In-8°, VIII-245 pages.

-III. Archives de la seigneurie de la Morlaye au château du Lou, en Mauron (1514-1815). Ibid., 1895. In-8°, 66 pages.

-IV. Archives du château de la Maillardière, en Vertou (13151718). Ibid., 1895. In-8°, 112 pages.

1. On consultera également avec fruit les biographies ou états de services que M. Neuville, à propos des noms d'officiers relevés dans son inventaire, a placés en note au bas des pages.

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V. Archives du château de Bonabri (Côtes-du-Nord): Famille de La Rouërie (1405-1785), publiées par M. Alain RAISON DU CLEUZIOU. Saint-Brieuc, F. Guyon, 4896. In-8°, 60 pages.

VI. Archives du prieuré de Saint-Georges de Trédias (1346-1775). Vannes, Lafolye, 1897. In-8°, 54 pages.

Marquis DE L'ESTOURBEILLON. Inventaire des archives du château de Sainte-Verge, près Thouars (1321-1815). Ibid., 1895. In-8°, XXXIV-260 pages.

Au mois de mars 1894, dans une séance du congrès des Sociétés savantes à Paris, M. de l'Estourbeillon, après avoir montré l'importance de beaucoup d'archives particulières, signalait l'état d'abandon dans lequel se trouvent le plus souvent ces archives et insistait sur la nécessité de les faire connaître par des inventaires aussi complets et aussi méthodiques que possible. Prenant pour exemple les archives des châteaux bretons, il n'évaluait pas à moins de 270 le nombre des dépôts de titres seigneuriaux dans les seuls départements de la LoireInférieure et du Morbihan et annonçait son intention de se livrer au dépouillement de tous ceux de ces dépôts dont l'accès lui serait possible. Plusieurs volumes publiés depuis cette date sous le titre général d'Inventaire des archives des châteaux bretons, un inventaire des titres du château de Sainte-Verge, près Thouars, en Poitou, attestent que M. de l'Estourbeillon a tenu à réaliser son projet de 1894 et permettent d'en apprécier l'intérêt.

Tous ces inventaires, conçus d'après le même plan, comprennent : 1° un tableau des mouvances des seigneuries et la liste aussi complète que possible des possesseurs successifs de ces seigneuries; 2o une analyse de toutes les pièces du chartrier, classées pour chaque seigneurie par ordre chronologique; 3° une table alphabétique des noms de toutes les personnes mentionnées dans ces analyses. Le nombre de ces pièces est souvent considérable. On en compte 400 au château de Saffré, 990 au Penhoët, 1,380 à Sainte-Verge. La plupart appartiennent aux trois derniers siècles, mais un certain nombre remontent aux xv et xive siècles, quelques-unes même au XIIIe. Quant à l'intérêt qu'elles présentent, il est, comme on le comprend aisément, fort inégal. La plupart ne peuvent guère servir qu'à illustrer l'histoire de familles ou de terres assez obscures, mais beaucoup aussi présentent une réelle importance et sont susceptibles de fournir une précieuse contribution à l'éclaircissement des faits historiques les plus divers lettres et mandements des rois de France et des ducs de Bretagne, créations de foires, concessions de privilèges, exemp tions d'impôts, coutumes locales, etc... La plupart des pièces intéressantes ont d'ailleurs été reproduites en entier.

Il faut donc savoir gré à M. de l'Estourbeillon de l'œuvre qu'il a entreprise et de la manière dont il l'a exécutée jusqu'ici; mais si l'on

songe à l'immensité de la tâche à accomplir et aux résultats forcément restreints de tout effort individuel, on ne peut que s'associer au vœu exprimé par l'auteur lui-même au début de son travail : « Que dans chaque département tous les travailleurs amoureux du passé et soucieux de notre histoire nationale s'efforcent de se faire ouvrir les dépôts d'archives particulières, d'en montrer tout l'intérêt à leurs possesseurs, de se réunir, de s'entendre au besoin pour publier en commun, quand ils ne le pourront pas avec leurs moyens et leur initiative personnelle, le plus grand nombre possible de ces Inventaires, complément très utile et tout indiqué des Inventaires d'archives de nos dépôts publics. >> J. LEMOINE.

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39. Chronologie, 201. Bibliothèques, 72, 152. - Manuscrits, 159, 187. Typographie, 120, 156, 197, 221. Bibliographie, 121.

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SOURCES, 106, 144. Hagiographie, 21. — Chroniques, 51, 177, 178. Cartulaires, 114, 145, 183, 236. Chartes, 151. Journal, 172. GÉOGRAPHIE, 40, 123.

BIOGRAPHIE, GÉNÉALOGIE.- Bohême, 126; Moravie, 126; Nantes, 102; Sury-le-Comtal, 205. Fra Angelico, 14; Angoulême, 97; Jeanne d'Arc, 65, 133, 189, 229; Barbe de la Barthe, 116; Béatrice, 208; saint Bernardin de Sienne, 2; sainte Brigitte, 17; Charles IV, empereur, 235; Dante, 13, 18; Jacopo del Cassaro, 31; saint Dominique, 107; Doria, 137; Du Guesclin, 8, 231; Édouard, le Prince Noir, 222; Fidati, 80; saint François d'Assise, 50; Frédéric Barberousse, 109; Giovanni da Spoleto, 207; Gonzague, 139; saint Henri, 150; Hildérik, 70; Innocent V, 23; Jacques de Revigny, 227; Kronberg, 188; Éberhard de Kyburg, 22; Landenburg, 67; saint Lanfranc, 175; Laurent le Magnifique, 47; frère Léon, 160; Mahomet, 83, 133; saint Marcoul, 91; Nepveu, 185; Nicolas III, 183; Paul Diacre, 103; Philippe-Auguste, 29; Piero di Cosimo, 130; bienheureux Pierre de Luxembourg, 168; Richard de Saint-Victor, 37; Savonarole, 20, 100, 140; Scanderbeg, 59; Ugo Teralh, 172; Theophano, 136; Thomas a Kempis, 194; Visconti, 81; Wittelsbach, 139; Zwehl, 236.

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