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ne la fit point détruire, comme il fit presque toutes les autres en Perse. Elle est surnommée Dar-el-moumenin, c'est-à-dire le séjour des fidèles, ou à cause que les descendans de Haly et ses premiers sectateurs s'en firent un asile et une retraite durant les persécutions des califes qui ne voulurent point embrasser ses dogmes, et tinrent pour la créance contraire, ou parce qu'il y a un grand nombre des descendans de ce pontife qui y sont enterrés. Leurs fosses se sont confondues parmi celles qui étoient à l'entour, les mausolées élevés dessus ayant été abattus par les Turcs et par les Tartares qui envahirent la Perse, et qui firent de ces édifices un sacrifice à l'honneur de leurs saints, les grands ennemis et les persécuteurs de ces descendans de Haly. On recherche ces fosses depuis que ce calife est redevenu le maître en ce pays-ci, et l'on peut juger combien on se peut tromper en cette recherche. On en reconnut une l'année 1667, qui couvrit toute la ville de confusion; car on vérifia que la fosse sur laquelle cent ans auparavant on avoit bâti un grand tombeau, dans la créance qu'un

qui ont visité la Perse. Le P. de la Maze nous apprend que la rivière qui passe par Kâchân se nomme Kourout (lisez Koùhroùd), ou rivière des montagnes, parce qu'elle sort de celles qui sont à l'occident de la ville, d'une source qui jette l'eau de la grosseur d'un boeuf; cette rivière est très-impétueuse. Lettres édifiantes. Tome IV, p. 102. (L-s.)

descendant de Haly y étoit enterré, étoit le sépulcre d'un prédicateur yuzbec (*). Le peuple outré d'avoir vénéré durant un siècle, un lieu, à son avis, digne de toute son exécration, alla en furie raser le mausolée, creusa le terrain qui étoit dessous et à l'entour, et en fit une voirie. Mais ce qui est arrivé depuis est bien digne de remarque, c'est qu'un des plus grands docteurs de Perse a fait un traité, par lequel il prétend prouver qu'il n'y a jamais eu là de yuzbec enterré. Le peuple indigné de nouveau, de se voir le jouet des fantaisies de ses pasteurs, a laissé là ce lieu comme indifférent, et l'on n'y va plus, ni pour le révérer, pour le salir. Le gouverneur de Cachan a titre de darogué, comme ceux des autres villes de la Parthide. Un seigneur de mes amis, nommé Rustan-bec, frère de plusieurs gouverneurs de province, avoit le gouvernement de cette ville, la première fois que j'y passai. Les deux années de son gouvernement finies, elle étoit si satisfaite de sa conduite, qu'elle envoya des députés au roi, supplier S. M. de le continuer deux autres années en charge; elle fit même des présens pour cela

ni

(*) On sait que les Yuzbeks sont des nomades habitans du Maoùarâ âl-nahar ou Transoxiane. ils se joignirent à Tamerlan, dans les commencemens de sa fortune, et lui furent d'un grand secours. Voyez les Instituts politiques et militaires de Tamerlan, écrits par lui-même, etc. passime et udes, t. II, p. 371, note. (L-s.).

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aux ministres. On rejeta la demande, parce que ce n'est pas la coutume d'accorder de telles prolongations.

Le 19 juin, la lassitude de nos chevaux fatigués, nous obligea de demeurer à Cachan. Nous en partîmes le 20, et fimes sept lieues. Les deux premières furent à travers la plaine où cette ville est bâtie. Les autres furent au passage d'une montagne assez haute, mais assez facile à passer. Nous trouvâmes au haut un fort grand et fort beau caravanserai, et plus avant un grand lac, qui est le réservoir des neiges fondues et des pluies des environs. On en fait descendre l'eau dans la plaine de Cachan, à mesure qu'on en a besoin.

Abas-le-Grand a fait bâtir de fortes digues à l'entour, pour le rendre capable de tenir plus d'eau, et pour l'empêcher de la répandre. Il a fait faire là aussi plusieurs chaussées pour la facilité du passage. Après avoir descendu la montagne, on entre dans une vallée profonde fort étroite, qui a une lieue de longueur. Tout cet espace est rempli d'habitations, de vignobles et de jardins si fort serrés, qu'il semble que ce soit un village d'une lieue de long. Plusieurs beaux et clairs uisseaux y coulent de source, et y entretiennent l'été une admirable fraîcheur. On ne peut trouver un plus charmant et agréable endroit dans le temps chaud. Le soleil s'y fait si peu

sentir, que les roses n'étoient pas encore ouvertes alors. Les bleds et les fruits y étoient tout verts et à demi-mûrs; cependant il y avoit déjà un mois qu'on avoit fait la moisson et qu'on mangeoit des fruits à Cachan. Nous logeâmes au bout de cette belle vallée, au caravanserai qu'on y a bâti, et que l'on nomme Carou (1).

Des auteurs modernes de nos pays ont écrit que cette vallée est l'endroit où Darius rendit l'esprit. Cela n'est pas sans vraisemblance, à cause que l'histoire remarque que Bessus et Nabarzanes se séparèrent, après avoir commis sur ce prince infortuné le lâche assassinat que chacun sait; que l'un tira vers l'Hyrcanie, l'autre vers la Bactriane, et Cachan est justement le lieu où l'on se rend pour aller en ces deux provinces (2).

(1) Tavernier (tom. I, p. 67, édit. in-4.o de ses Voyages) écrit Corou, et nous représente cet endroit comme un gros village, qui n'a cependant qu'une seule rue; mais cette rue a une demilieue de long; un ruisseau la partage en deux dans toute salongueur. Le karavânserâï de Corou est beau et commode. Ce village est certainement le même que le Bruyn nomme Ghor, et qu'il place à-peu-près à la même distance de Kâchân, et à une lieue de la petite ville de Nathan. Ce village lui parut si agréable, qu'il en fit un dessin dont on voit la gravure sous le n.o 67 de l'édit. in-fol. de son Voyage. Voyez aussi tom. IV, p. 68 de l'édit. in-4.o de la même relation. (L-s.)

(2) C'est une tradition, suivant J. Herbert, qui ne cite aucune autorité, et qui nomme la vallée dont il s'agit et le village même situé à une lieue de Corou, dans cette vallée, Natane ou

Le 21, nous fîmes huit lieues, deux au bas des · montagnes entre lesquelles est la vallée dont l'on vient de parler, et six en une belle plaine où l'on voit quantité de villages. Il y a aussi plusieurs caravanserais sur le chemin. Nous mîmes pied à terre dans un qui est grand et beau, nommé Aga-kemal, du nom d'un fort riche marchand qui l'a fait bâtir, et plusieurs autres édifices publics aux environs d'Ispahan.

Le 22, notre traite ne fut que de cinq lieues en cette belle plaine où est le caravanserai d'Agakemal (1). Nous les fîmes si vîte, que nous arrivâmes à neuf heures du soir à Moutchacoun (2)..

Tane. Ce village, dit-il, et cette demeure, honteux, sans > doute, du forfait abominable dont ils furent témoins, sem> blent se cacher entre deux montagnes élevées, de manière » qu'on ne les aperçoit que lorsque l'on en est très-près. Cepen

dant, du sommet de chacune de ces montagnes, on jouit d'une > perspective délicieuse. On découvre plusieurs villages situés au > milieu de belles campagnes, et arrosés par de nombreux ruis> seaux, etc. ». Herbert's Some years Travels into divers parts of Africa and Asia the great, etc., pag. 225 de la quatrième édition, et pag. 344 de la traduction françoise du même voyage, par Wicquefort. Voyez aussi le Voyage de Corneille lè Bruyn, tom. IV, pag. 68., édit. in-4° (L-s. )

(1) Tavernier (page 67) écrit Acha-ha-aga Kamala ( lisez · Achatcha âghâ Kemâl); et d'après sa manière de calculer, ce karavânséraï doit être à six lieues de Corou. (L-s. )

(2) Que Tavernier (loco citato) écrit Michiacour, et place à moitié chemin, entre Corou et Ispahan. Ce n'est pas un seul karavânseraï, il y en a plusieurs qui font partie d'un gros village.

(L-s. )

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