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dans le genre Scopularia donné comme ayant les ramuscules simples et le pédicule très coloré. Les rapports sont trop grands pour séparer mon espèce de ce genre dont on ne connaissait encore qu'une seule espèce, le Scop. venusta Preuss, d'autant plus que la difficulté est souvent grande de voir convenablement la formation du capitule, tant les faisceaux rameux sont serrés et agglutinés.

Explication de la planche III de ce volume.

I. Cercosporella Narcissi.

a. Aspect à la vue simple.

b. Deux fascicules grossis 70 fois.

c. Groupe d'hyphes sporulifères grossi 475 fois.

d. Sporules diverses vues à 820 diamètres.

II. Scopularia Clerciana.

a. Aspect à la vue simple.

b. Trois spécimens grossis 60 fois.

c. Filament dont les sporules ont été détachées par l'eau, montrant la ramification en balai du sommet, grossi 225 fois.

d, e. Trois rameaux détachés vus à un grossissement de 475 diamètres. f. Sporules grossies 820 fois.

T. XLVIII.

(SÉANCES) 8

LA BOTANIQUE EN PROVENCE AU XVI SIÈCLE

PAR M. Ludovic LEGRÉ.

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PIERRE BELON

Pierre Belon fut un naturaliste de large envergure et de haute valeur la postérité ne saurait, sans grande injustice, lui refuser ce témoignage.

Rien de ce qui dépend du domaine de l'histoire naturelle ne lui fut indifférent. Il manifesta de remarquables qualités d'observateur aussi bien en botanique qu'en zoologie, et quand, en ouvrant son Histoire de la nature des oyseaux, on tombe sur la page où il a représenté en regard l'une de l'autre, pour en accuser les analogies, la charpente osseuse de l'homme et celle de l'oiseau, il faut bien que l'on salue en lui le fondateur de l'anatomie comparée.

Né en 1517 aux environs du Mans (1), il eut pour premier protecteur René du Bellay, évêque de cette ville (2). Il commença ses

(1) Dans un de ses ouvrages (Les Observations de plusieurs singularitez), Belon a indiqué d'une façon précise l'endroit où il naquit. A propos d'un Ciste qu'il vit en Orient, il écrivait: «Il y a une espece de ce Cistus, croissant sauvage par les landes de Oise [Oizė] au pays du Maine, et principalement joignant le bourg de Fouletourte pres de la Soulletiere (qui est le lieu de nostre naissance). »

(2) Parlant, dans un autre de ses livres (Les Remonstrances), de ceux qui furent ses protecteurs, il disait de René du Bellay: Aussi estoit de feu monsieur René du Bellay evesque du Mans, et duquel austresfois avons receu bienfaicts des nostre jeune aage, et non que pour luy avoir communiqué des semences de plusieurs plantes apportées d'Italie et Almaigne et Flandres, et desquelles encore en durent aucunes, embellissans le jardin de Touvoie qu'il a edifié pres la ville du Mans. >> René du Bellay était un ardent botanophile. Belon, dans son traité des Conifères, en a encore témoigné par ces mots : Renatus Bellayus episcopus Conomanensis, qui unicè rei herbariæ studebat... » Le prélat avait accumulé dans son jardin de Touvoie les végétaux les plus rares, et Conrad Gesner déclarait que ce jardin était le plus riche de l'Europe.

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études à Paris et les poursuivit en Allemagne, où il devint l'élève, l'ami et le compagnon de voyage d'un botaniste de rare mérite, Valerius Cordus (1).

Sous le patronage du célèbre cardinal de Tournon, avec des subsides fournis par celui-ci (2), il entreprit, en 1546, un long voyage en Orient. Il vit la Grèce, Constantinople, l'Asie Mineure, la Syrie, l'Égypte. Cette expédition, dont il publia le récit en un volume intitulé Les Observations de plusieurs singularitez et choses memorables trouvées en Grece, Asie, Judée, Egypte, Arabie et autres pays estranges (3), lui valut une éclatante renommée il eut même l'honneur insigne d'être chanté par Ronsard :

Or si Jason a tant receu
De gloire pour avoir deceu
Une jeune infante amoureuse,

Et pour n'avoir passé sinon

Q'un fleuve de petit renom,

(1) Valerius Cordus (son véritable nom était Eberwein), né en 1515 à Siemershausen, n'était que de deux ans l'aîné de Pierre Belon. Il avait, par ses études et ses voyages, acquis de très bonne heure une grande réputation. Après avoir parcouru l'Allemagne et l'Italie, il mourut à Rome en 1544, avant d'avoir accompli sa trentième année. Belon l'accompagna dans ses voyages. A propos de l'un des arbres dont il s'est occupé dans les Remonstrances, il écrivait Duquel en devons raporter la cognoissance prinse du deffunct Valerius Cordus, Almand, tresexpert en ceste matiere, gratieux personnage et modeste, qui d'une grande gaieté et franche bonté, qui est commune à tous Almans, nous l'a autresfois monstré, et en Pomeranie et en Saxoine. » Il le suivit aussi en Italie, ainsi qu'il l'a rappelé dans ce passage du De arboribus coniferis où il dit, au sujet du Genévrier de Phénicie « Cum aliquando Valerium Cordum comitarer, et Lyciam quam jam nuper descripsi non procul ab arce ad mare Mediterraneum quem vulgus Ligornum [Livourne] nominat... enatam offendissemus, ille ut erat ingenii acerrimi Thuiam esse conjecit, atque cum ramos amicis impertiretur, Lyciam offerre asserebat. »

(2) En dédiant au cardinal de Tournon l'ouvrage dans lequel il raconta son voyage, Belon s'exprimait en ces termes Apres qu'eustes cogneu le desir que j'avoye de parvenir à l'intelligence des choses concernantes la matiere des medicaments et des plantes (laquelle je ne pouvoye bonnement acquerir sinon par une loingtaine peregrination), il vous pleut me commander les aller veoir es regions loingtaines, et les chercher jusques aux lieux de leurs naissances, chose que je n'eusse peu ny osé entreprendre sans vostre aide, sachant que la difficulté eust esté es frais et despens. >>

(3) Paris, 1553, « chez Guillaume Cavellat, à l'enseigne de la Poulle grasse, devant le College de Cambray ». Cet ouvrage eut plusieurs éditions et fut traduit en latin par Charles de l'Escluse.

Combien Belon, au pris de luy,
Doibt avoir en France aujourd'huy
D'honneur, de faveur et de gloire
Qui a veu ce grand univers

Et de longueur et de travers

Et la gent blanche et la gent noire (1)?

Pierre Belon fut aussi l'objet des faveurs royales. Il obtint du roi Henri II une pension, et Charles IX lui accorda le droit de loger au château de Madrid près Paris, grâce qui devait être fatale au naturaliste-voyageur, car il fut tué dans le bois de Boulogne, probablement par un voleur, mais en tout cas au milieu de circonstances demeurées mystérieuses. C'était en avril 1564; Belon avait alors quarante-sept ans.

Au cours de sa carrière scientifique, il ne s'était pas contenté de visiter l'Orient. Il avait accompli de nombreux voyages en Allemagne, dans les Flandres, en Italie, en France. Il explora plusieurs de nos provinces, entre autres l'Auvergne et le Dauphiné. Il parcourut aussi la Provence, et c'est le relevé des observations botaniques faites par lui sur le territoire provençal qui va faire le sujet de ce travail.

En compulsant les œuvres de Belon, nous fimes une remarque qu'avaient déjà provoquée plus d'une fois les écrits des botano

(1) Notre profond respect pour la vérité nous oblige à déclarer que ce ne sont point les exploits de Belon qui avaient d'abord inspiré la muse de Ronsard. L'ode dont nous venons de citer quelques vers fut composée pour célébrer la gloire d'André The vet, d'Angoulême, moine cordelier qui fit un long voyage en Orient (1549-1554). Dans l'édition des Odes de P. de Ronsard que nous avons sous les yeux (Paris, 1567), cette pièce a pour titre la dédicace même A André Thevet Angoumoysin, et le vers où le poète rabaisse le mérite de Jason:

y porte :

Combien Belon, au prix de luy,

Combien Thevet...

Le nom de Belon fut, dans les éditions postérieures, substitué à celui de Thevet. Quelle circonstance motiva ce changement? Sans doute l'amitié qui s'était formée entre Ronsard et Belon. Celui-ci, revenant d'Allemagne et se dirigeant vers Metz, avait été arrêté près de Thionville par les soldats espagnols qui occupaient le pays. Il raconte dans les Remonstrances qu'il dut, pour sortir de prison, payer une forte somme dont une partie fut comptée par un gentilhomme nommé de Hammes qui, en faveur du sçavoir de mon de Ronsard, fournit ce qui restoit pour parachever ma rançon. ›

graphes du xvi° siècle, notamment ceux de Louis Anguillara. La plupart de leurs observations sont consignées dans leurs livres sous une forme impersonnelle; on dirait qu'appréciant outre mesure le mérite de la modestie, ils éludent le plus souvent les occasions de se mettre en scène et de se citer eux-mêmes.

C'est ainsi que dans les nombreux ouvrages de Pierre Belon, nous n'avons pas trouvé une seule phrase où il dise expressément qu'il est venu en Provence. Mais il donne sur ce pays une multitude de menus détails qui, manifestement, ont été constatés de visu. Quand, par exemple, il nous apprend qu'à Ramatuelle croit le Pin maritime, et qu'à Salon de Crau on voyait, en dehors des remparts, à côté d'une fontaine, deux superbes Micocouliers, nous sommes bien obligés d'admettre que ce sont là des faits qu'il avait personnellement remarqués et notés.

Indépendamment de la relation de son voyage d'Orient, en laquelle il a fait une assez large place aux végétaux observés, Pierre Belon écrivit deux ouvrages spécialement consacrés à la res herbaria.

Le premier, qui parut en 1553, est intitulé: De arboribus coniferis, resiniferis, aliis quoque nonnullis sempiterna fronde virentibus (1). Ce titre indique suffisamment de quelle catégorie d'arbres l'auteur s'est occupé dans ce livre.

L'autre, publié cinq ans plus tard, a pour titre : Les remonstrances sur le default du labour et culture des plantes et de la cognoissance d'icelles, contenant la maniere d'affranchir et apprivoiser les arbres sauvages (2).

Une supplique présentée au roi Henri II, et dont le texte est reproduit dans l'ouvrage, fait connaître, mieux que la bizarre phraséologie du frontispice, quel était l'objet de ces « remonstrances ».

(1) Voici le titre complet: P. Bellonii Cenomani De arboribus coniferis, resiniferis, aliis quoque nonnullis sempiterna fronde virentibus cum earundem iconibus ad vivum expressis. Parisiis, apud Gulielmum Cavellat, in pingui Gallina, ex adverso Collegii Cameracensis, 1553. Ce livre est dédié ‹ Ad illustrissimum dominum Franciscum Olivarium, Franciæ Cancellarium, virum amplissimum ». François Olivier, chancelier de France, fut un des bienfaiteurs de Pierre Belon.

(2) A Paris, chez Guillaume Cavellat, à l'enseigne de la Poulle grasse, devant le College de Cambrai, 1558. » Charles de l'Escluse a aussi donné de cette œuvre de Belon une traduction latine sous le titre de De neglecta cultura.

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