Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

REVUE

BIBLIOGRAPHIQUE

Les Forêts et le Régime forestier en Provence; par Ferdinand ALLARD, inspecteur adjoint des Eaux et Forêts, docteur en droit; in-8° de vi-215 pages. Paris, Arthur Rousseau, éditeur, rue Soufflot, 14, 1901.

Lorsque, en 1897, la Société botanique de France résolut de tenir une session extraordinaire à Barcelonnette, les organisateurs de cette session estimèrent qu'il y aurait là une occasion excellente d'éclairer les membres de la Société sur l'importance de la question forestière, en leur montrant, sur les lieux mêmes, et de la manière la plus saisissante, en même temps que l'étendue des désastres produits par le déboisement, toutes les péripéties de la lutte opiniâtre que soutient, contre ce fléau, notre vaillante Administration des Forêts. Pour l'exploration de ce champ de bataille, nos confrères devaient rencontrer le meilleur des guides en la personne de M. Carrière, conservateur des Forêts à Aix, sous la haute direction de qui s'exécutent les travaux de reboisement et d'extinction des torrents dans le département des Basses-Alpes (2). Les résultats de cette inspection d'un si grand intérêt ont été exposés de magistrale façon par notre ami le professeur Flahault, dans les Comptes rendus de la session de Barcelonnette.

L'ouvrage que vient de publier M. Ferdinand Allard a le mérite d'offrir un tableau d'ensemble où l'on voit ce que le régime forestier a déjà fait et ce qu'il doit faire encore pour la conservation ou la restauration des forêts de la Provence. « Notre étude, dit l'auteur, commence par quelques détails sur la Provence forestière depuis la conquête romaine jusqu'à nos jours et se poursuit par un exposé de la situation forestière actuelle. »

La partie historique de ce volume n'est pas la moins intéressante. Le chapitre intitulé Le Régime des ordonnances nous montre les efforts incessants que, depuis la fin du moyen âge, le pouvoir royal avait tentés

(1) Il est rendu compte de tout ouvrage envoyé en deux exemplaires au Secrétaire général de la Société.

(2) M. Paul Carrière, qui alors n'était point encore membre de la Société botanique de France, fut, par acclamation, nommé président d'honneur de la session.

pour empêcher la ruine des forêts (1). Mais les calamités publiques qui accablèrent la Provence rendirent ces efforts impuissants et, durant une longue période, les forêts provençales eurent grandement à souffrir. Ce fut, au XVIe siècle, l'invasion des armées de Charles-Quint, puis les dévastations occasionnées par les guerres de religion; plus tard, pendant les dernières années du règne de Louis XIV, une nouvelle invasion de la Provence; enfin, les troubles et l'anarchie de la Révolution. Ajoutons que de tout temps nos forêts eurent à subir les ravages résultant d'un pâturage abusif..

Les bornes étroites d'un compte rendu ne nous permettent point de suivre pas à pas M. Ferdinand Allard en son exposé de l'œuvre réparatrice. On trouvera dans son livre l'historique, avec texte à l'appui, de la législation qui fournit à l'Administration actuelle les moyens d'exercer son action bienfaisante.

Le chapitre relatif aux usages et emplois des bois forestiers de Provence intéressera plus particulièrement les botanistes, et nous tenons à le leur signaler. Nombreuses et variées sont les essences qui peuplent les forêts de la Provence, et M. Ferdinand Allard donne à leur sujet beaucoup de détails instructifs. Nous lui adresserons pourtant, à cet égard, une légère critique: pourquoi n'applique-t-il pas à ces diverses espèces leur nom botanique et se contente-t-il de désigner les arbres par des noms français, dont la signification n'est pas toujours bien précise, ce qui peut amener parfois une certaine confusion?

Au cours de son travail, l'auteur a eu l'occasion de citer quelques passages de l'exposé des motifs du Code forestier présenté en 1827 à la Chambre des députés par M. de Martignac : « La conservation des forêts, disait le ministre, est un des premiers intérêts des sociétés, et par conséquent l'un des premiers devoirs des gouvernements. Tous les besoins de la vie se lient à cette conservation. Leur existence même est un bienfait inappréciable pour les pays qui les possèdent, soit qu'elles protègent et alimentent les sources et les rivières, soit qu'elles soutiennent et raffermissent le sol des montagnes, soit qu'elles exercent sur l'atmosphère une heureuse et salutaire influence... La destruction des forêts est souvent devenue, pour les pays qui en furent frappés, une véritable calamité et une cause prochaine de décadence et de ruine. »

Ces considérations n'ont pas cessé d'être vraies, et l'on ne doit laisser échapper aucune occasion de les rappeler. L. LEGRÉ.

(1) Le rôle de protection, attribué, en d'autres parties du royaume, à la Maîtrise des Eaux et Forêts, fut, pour la Provence, confié à une chambre spéciale du Parlement d'Aix, établie au commencement du XVIIIe siècle, laquelle prit le nom de Chambre forestière. Ce nom n'est point tombé en désuétude : les Provençaux de la campagne, qui ont conservé l'usage de la langue provençale, appellent actuellement l'Administration des Forêts la Chambro fourestiero.

J. D'ARBAUMONT. Sur l'évolution de la Chlorophylle et de l'Amidon dans la tige de quelques végétaux ligneux (Ann. sc. nat. Bot., 8 série, t. XIII et XIV, p. 319-510, 1901).

Le but que se propose l'auteur de cet important Mémoire est de reprendre l'étude des phénomènes amylo-chlorophylliens en suivant l'ordre chronologique où ils se produisent. Le travail de M. d'Arbaumont comprend, par suite, quatre parties:

1. Etude de l'amylochlorogénèse dans le cône végétatif et les premiers entre-noeuds de la tige;

II. Allures propres et relations réciproques de la chlorophylle et de l'amidon au cours de l'été et en automne, c'est-à dire au moment où cesse l'accroissement en longueur;

III. Etat des mêmes substances et de leur milieu pendant la période hivernale;

IV. -- Phénomènes de régénération printaniers.

Si l'on examine un cône végétatif en voie d'accroissement, on voit que sa partie méristématique terminale ne renferme pas d'amidon, mais que cette substance apparaît à un niveau un peu inférieur: 1° dans la moelle; 2° à la base des jeunes mamelons foliaires, d'où elle progresse, d'une part, dans le parenchyme foliaire, de l'autre dans le parenchyme cortical et les rayons médullaires de l'entre-noeud inférieur de la tige. Cet amidon offre d'ailleurs le plus souvent un caractère transitoire et disparaît, soit totalement chez la plupart des espèces à suber interne, soit à l'exception de l'endoderme chez les espèces à suber externe.

Quelle est l'origine des grains d'amidon? Pour M. Belzung, le grain d'amidon doit être reconnu comme principe générateur du corpuscule chlorophyllien; mais, inversement, les grains de chlorophylle peuvent reconstituer leur hydrate de carbone générateur en empruntant à leur propre substance les matériaux nécessaires.

M. d'Arbaumont pousse plus loin l'observation. Dans le méristème terminal existent des granulations albuminoïdes ou plastides, colorables en jaune par l'iode ioduré. Ces plastides peuvent devenir l'origine de grains d'amidon qui apparaissent soit isolés, soit en nombre variable au centre ou au bord du plastide. S'il s'agit de grains isolés, ils ne tardent pas à grossir en distendant leur membrane albuminoïde et la réduisant à une mince pellicule qui peut même éclater. Dans le second cas, les masses amylacées restent en général petites et ne tardent pas à entrer en régression, tandis que leur enveloppe albuminoïde s'épaissit,

et, s'imprégnant d'un pigment d'abord jaunâtre, puis vert, constitue finalement un grain de chlorophylle complet qui continue encore à grossir après la disparition totale de ses enclaves amylacées. Contrairement à l'opinion de M. Belzung, le granule protéique initial de la tige serait le point de départ des phénomènes amylochlorophylliens, qui commenceraient par un corpuscule albuminoïde pour aboutir à un corpuscule albuminoïde en passant par l'intermédiaire d'un hydrate de carbone.

Mais, si l'amidon nous apparaît comme un élément générateur des grains de chlorophylle, il est loin d'être un facteur indispensable de cette formation qui peut se produire en son absence (Charme, etc.).

L'origine des grains d'amidon dans les tissus incolores de la tige est la même ils procèdent d'un granule protéique (leucoplastide de Schimper), avec cette différence que ce granule ne s'imprègne pas de pigment vert, et qu'il tend à se résorber avec le grain d'amidon auquel il a donné naissance.

Les plastides amylochlorophylliens ne se comportent pas tous d'une manière analogue. Il en est qui se forment dans des cellules du méristème à plasma granuleux colorable par les solutions aqueuses de bleu de métylène et de bleu-violet d'aniline (cyanocystes); ces plastides se dégagent de bonne heure de la couche protoplasmique où ils ont pris naissance, d'où le nom de gymnochlorites que propose de leur appliquer M. d'Arbaumont. Les autres naissent dans des cellules à protoplasma clair et non colorable par les réactifs précédents (cellules dites achroocystes); ils restent indéfiniment engagés dans la couche protoplasmique qui les a formés, d'où le nom d'endochlorites.

Les endochlorites ont une structure le plus souvent d'apparence homogène, quelquefois granuleuse; ils sont en général plus réfringents que les gymnochlorites et ne sont pas gonflables par l'eau. Les gymnochlorites peuvent affecter quatre formes lenticulaire aplatie, irrégulière, lenticulaire ponctuée, réticulaire spongieuse. On en trouve en grains composés. Il sont gonflables par l'eau chez un grand nombre d'espèces, et cette propriété se manifeste surtout après l'apparition de l'amidon d'été ils affectent alors une forme vésiculeuse.

Si l'on examine maintenant l'apparition de l'amidon estival, on constate que la phase de production intense des jeunes tissus étant. terminée, l'amidon disparaît entièrement ou à l'exception de l'endoderme. Au bout d'un temps plus ou moins long, il reparaît, et cela d'autant plus tardivement que la pousse de la plante est plus vigoureuse; il commence à se montrer dans les entre-nœuds, dont la croissance en longueur est arrêtée ou très ralentie. Le maximum de production a lieu vers les mois d'août ou septembre. Quant au mode d'envahissement des tissus par l'amidon, il est très variable. Chez les espèces à suber externe,

il peut être 1° centrifuge dans son ensemble et bilatéral dans les régions corticales et libériennes; 2° originaire d'une couronne située dans les régions externes de la moelle; 3° originaire de deux zones initiales, l'une médullaire, l'autre endodermique; 4° centrifuge et centripète ou franchement centripète. Chez les espèces à suber interne, l'exfoliation de l'écorce primaire met obstacle le plus souvent à la production notable de l'amidon d'été.

Les grains d'amidon d'été apparaissent généralement plus tôt dans les gymnochlorites que dans les endochlorites. Chez les premiers ils se forment en des points quelconques, souvent au centre lorsqu'il n'y en a qu'un (formation sporadique), tandis que chez les seconds la formation est ordinairement latérale ou périphérique. Il peut en apparaître enfin aux dépens de granulations protéiques du plasma pariétal des cyanocystites (formation libre).

Au début de la période hivernale, on assiste à la résorption de cet amidon d'été, suivant un processus général des plus variables, laissant finalement dans les cellules restées vivantes un résidu granuleux dans lequel on ne peut plus identifier les restes des plastides primordiaux. Cette résorption peut être totale ou partielle.

Quant aux chlorites, ils subissent, pendant la période de froid, des modifications plus ou moins profondes, les unes transitoires (décoloration, changement d'orientation), les autres permanentes (altérations de forme et de consistance, avec diminution de volume pouvant aller exceptionnellement jusqu'à la dissolution totale).

Le tanin, localisé plus spécialement dans les achroocystes, suit une marche inverse de l'amidon : il a son maximum en hiver, et, précédemment, dans les jeunes tiges pauvres en amidon, et il entre en résorption lors de la régénération printanière de cette substance.

Les noyaux des achroocystes varient peu; ceux des cyanocystes sont frappés de dégénérescence.

Au printemps, l'amidon se régénère, souvent même bien avant le début de la végétation. Lors du développement des bourgeons, il se produit une régression temporaire pouvant aller jusqu'à la disparition totale, après quoi on remarque une nouvelle et active formation, qui est définitive.

Pendant ce temps, les cyanocystes reprennent leur aspect antérieur; mais, tandis que la plupart des gymnochlorites ne modifient pas leurs propriétés, ceux d'entre eux qui étaient primitivement diffusibles au contact de l'eau perdent cette particularité et deviennent stables. Les endochlorites, maintenus en hiver par le protoplasma condensé en réseau ou en bordure de la cellule, sont mis en liberté et reprennent leur position estivale. Les phénomènes de déformation, décoloration et modi

« VorigeDoorgaan »