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SOCIÉTÉ BOTANIQUE

DE FRANCE

SÉANCE DU 11 JANVIER 1901.

PRÉSIDENCE DE M. ÉMILE BOUDIER.

En prenant place au fauteuil, M. Boudier remercie la Société de l'honneur qu'elle lui a fait en le choisissant pour diriger ses travaux. Il rappelle qu'étant l'un de ses membres fondateurs, il en a toujours suivi avec le plus grand intérêt les travaux et il l'assure en même temps de tout son dé

vouement.

M. Malinvaud, secrétaire général, donne lecture du procès-verbal de la séance du 28 décembre 1900, dont la rédaction est adoptée.

M. le Président fait connaître à la Société une nouvelle présentation.

M. Maurice de Vilmorin annonce le décès de M. l'abbé Armand David et rend hommage à sa mémoire :

NOTICE SUR M. l'abbé ARMAND DAVID (1826-1900),

par M. Maurice de VILMORIN.

Le 10 novembre dernier, s'est éteint à Paris, à la maison-mère des Lazaristes, M. l'abbé Armand David si connu par ses travaux d'histoire naturelle et ses découvertes en Chine, surtout dans le domaine de la zoologie et de la botanique ; il avait soixante-quatorze ans.

Il était né en 1826, à Espelette, dans le département des BassesPyrénées. C'est la commune de France où le sang basque est le moins mélangé et M. l'abbé David me disait encore, il y a peu de temps, que, pour résister à la fatigue de ses longues routes en Chine, il ne fallait rien de moins qu'un missionnaire et un Basque !

Entré en 1848 dans la congrégation des Lazaristes, c'est en 1860 qu'il fut envoyé pour la première fois en Chine; il résida d'abord à Pékin. Ses goûts pour l'histoire naturelle ne tardèrent pas à se révéler. Il raconte, à une date postérieure, les débuts du cabinet d'histoire naturelle qu'il y constitua. « Dans la création de ce cabinet, qui pouvait, avec le temps, acquérir de l'importance, mes travaux, dit-il, ont été tolérés par mes anciens supérieurs de Pékin, il s'en faut qu'ils aient été encouragés. »

On devait, par la suite, reconnaître toute l'importance de la collaboration que peuvent apporter aux recherches scientifiques en France les ordres religieux qui évangélisent l'Extrême-Orient. Une entente heureuse ́s'établit, à l'occasion de l'initiative de M. l'abbé David, entre le Muséum et les congrégations. Les Jésuites, puis, plus récemment, les Lazaristes et les prêtres des Missions étrangères ont été pour la botanique descriptive française les fournisseurs de nombreux matériaux d'une valeur inestimable. Les collections botaniques de M. l'abbé David; les récoltes de M. l'abbé Delavay, au Yunnan; de M. l'abbé Soulié, au Thibet; de M. l'abbé Farges, au Su-Tchuen, représentent un ensemble comparable à celles formées par les Hooker, Wallich, Royle, etc., dans la chaîne de l'Himalaya, c'est-à-dire qu'elles ont ouvert de nombreux et importants chapitres dans l'histoire du règne végétal et en ont transformé certaines parties.

Les grands voyages scientifiques de M. l'abbé David sont compris entre 1864 et 1874. Ils sont au nombre de trois principaux, et les relations faites par l'auteur en ont paru dans les Nouvelles Archives du Muséum pour les deux premiers, et en deux volumes publiés chez Hachette pour le troisième voyage. Ces relations, du moins la dernière, sont épisodiques et rédigées de manière à ne pas rebuter le public par des descriptions trop minutieuses. La zoologie et surtout l'ornithologie y sont au premier plan, viennent ensuite la botanique et la géologie. Le vrai compendium du travail botanique de M. l'abbé David en Chine est constitué par la publication des Plante Davidiane de M. Franchet. Ce magnifique ouvrage met bien en relief l'importance du chiffre des plantes récoltées, le groupement des genres et des espèces en certaines localités privilégiées, le haut intérêt de nouveauté d'une grande partie de ces plantes, leurs affinités avec certaines flores voisines.

Dans sa première série d'excursions au nord et à l'ouest de Pékin, à

partir de 1864, M. l'abbé David visite la Mongolie méridionale et en particulier le plateau montagneux de l'Ourato, encore à peu près inexploré. L'inventaire de ce voyage est estimé par M. Franchet à environ 600 plantes en y comprenant celles rapportées de Kou-Kou-Noor, région située encore plus loin à l'ouest dans le haut bassin du fleuve Jaune.

Le second voyage de M. l'abbé David fut plus important encore par la longueur de son itinéraire et sa pénétration jusque dans des provinces orientales où se trouvent des éléments botaniques aussi riches qu'originaux et inexploités. De Tchong-King, point où cesse la navigation régulière sur le fleuve Bleu, furent gagnées, d'abord la capitale du Su-Tchuen, Tchin-lou, puis des parties de la province situées sur la frontière du Thibet et en particulier le village de Moupine où l'intrépide voyageur demeura six mois au péril de sa vie.

Les vallées des environs, à l'altitude de 2000 à 3000 mètres, sont généralement humides et abondamment garnies d'une végétation alpine plus particulièrement frutescente. Les Rhododendrons, les Saules, très nombreux, s'élèvent jusqu'à la limite des forêts; des sommets dépassant 5000 mètres dominent la région de leurs cimes neigeuses. Parmi les plus intéressants végétaux découverts aux environs de Moupine, il faut citer le Davidia involucrata Baill., superbe Combrétacée, à immenses bractées blanches simulant une fleur; le Camptotheca acuminata Franch. de la même famille, les Rhododendron Davidi, moupinense, Dendrocharis de Franchet; les Primula et Fritillaria Davidi du même auteur; le Dichinsia hydrocotyloides de Franchet, curieuse Ombellifère, l'Euptalea Davidiana Baillon, etc.

Enfin, dans un dernier voyage, furent visitées les montagnes Bleues (Tsing-ling), situées à vingt-cinq ou trente journées de marche au sudouest de Pékin, entre les provinces du Chen-Si et du Su-Tchuen. Six mois de séjour y permirent de précieuses récoltes. Puis, à travers le Hou-Pé, fut atteinte la vallée du fleuve Bleu et, sur la rive méridionale de celui-ci, le voyage fut poussé, à travers le Kiang-Si, jusqu'à la chaîne de montagnes qui borde le Fokien. Cette partie centrale et déjà à demi méridionale de la Chine est beaucoup plus arrosée que les hautes plaines du nord de l'Empire, et sa végétation est bien plus riche.

Parmi les végétaux remarquables, fruits du premier et du troisième voyage, il convient encore de citer une curieuse Urticacée épineuse, l'Hemiptelea Davidiana Planchon, de Mongolie; l'Alchornea Davidi Franch. du Chen-Si mérid.; le Pinus Armandi dans la même région; l'Abies Davidiana intermédiaire entre les Picea et le Tsuga, originaire du Su-Tchuen septentrional, etc.

La plupart de ces belles plantes sont figurées dans les Plantæ Davidianæ.

M. l'abbé David rentra en France en 1874, épuisé des fatigues de son dernier voyage. Il rapportait de précieux matériaux pour la constitution de collections créées par lui au siège de la congrégation des Lazaristes à Paris; il y formait un certain nombre de ses jeunes collègues aux études d'histoire naturelle qu'il avait poursuivies lui-même avec tant de persévérance et de succès. C'est par lui que l'abbé Delavay avait été signalé à l'attention du directeur du Muséum d'histoire naturelle.

Nommé depuis longtemps correspondant de l'Académie des Sciences et du Muséum, il reçut peu avant sa mort et tardivement le ruban de la Légion d'honneur qu'il avait si bien gagné. Bien que ses forces fussent partiellement revenues dans la régularité de son existence vouée au ministère religieux et à l'étude, sa santé demandait de grands ménagements.

Il s'est éteint doucement, emportant les regrets des personnes qui ont eu le privilège d'être de ses amis et qui s'attachaient vite à ce caractère si droit et si affable.

M. Lutz, secrétaire, donne lecture de la Note suivante :

NOTE SUR LE ROSA MACRANTHA Desp., par M. l'abbé HY.

L'importante Monographie du genre Rosa publiée par M. Rouy, au 6 volume de sa Flore de France, a fourni à M. Gentil, du Mans, une nouvelle occasion de m'attaquer au sujet du Rosa macrantha Desportes. C'est une 5 Note faisant suite à celles qui ont été analysées dans la Revue bibliographique de notre Bulletin.

On sait la thèse de M. Gentil: le Rosa macrantha n'est pas un hybride, et il n'existe plus nulle part aujourd'hui. Or, dans les derniers exsiccatas de la Société franco-helvétique, j'ai distribué une plante d'Angers qui est bien un hybride des Rosa gallica et canina, et que je prétends être conforme au vrai R. macrantha. Inutile de reproduire ici les arguments apportés, d'autant que M. Gentil n'en discute aucun, se contentant de m'opposer l'opinion de M. Rouy. Or il est facile de montrer que ma manière d'envisager la Rose en litige est, à quelques nuances près, celle du savant auteur de la Flore de France, tandis que celle de M. Gentil est en complet désaccord.

M. Rouy distingue, il est vrai, dans sa Flore et nomme jusqu'à 18 formes hybrides, issues des Rosa gallica et canina et encore

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