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SÉANCE DU 22 MARS 1901.

PRÉSIDENCE DE M. BOUDIER.

M. Lutz, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 8 mars, dont la rédaction est adoptée.

Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le Président proclame membre de la Société :

M. le duc de LESPARRE, rue de Ponthieu, 62, à Paris, présenté par MM. Bornet et Malinvaud.

M. Bois, vice-secrétaire, donne lecture de la communication suivante :

SUR UNE NOUVELLE VARIÉTÉ DE DIOSCOREA PENTAPHYLLA L. A TUBERCULES RONDS, RAMASSES AU BAS DE LA TIGE, ET ROUGES; par M. le D Édouard HECKEL.

Au cours de mes recherches sur les Ignames, en vue d'arriver à une amélioration culturale de l'Igname de Chine, j'ai dû fixer, dans un esprit de comparaison, mon attention sur diverses autres espèces. L'une d'entre elles qui m'est probablement venue dans un envoi de tubercules de M. de Vilmorin, sous le nom de Tuya, est une plante (j'en ai deux pieds) qui se rapproche par certains points du D. pentaphylla, mais s'en éloigne par d'autres.. La feuille est à 5-3 folioles inégales, un peu coriaces, d'un vert sombre, épaisses, et bordées de cils appliqués sur le bord de la foliole comme dans l'espèce type de Linné, mais elle s'en éloigne par la nature des bulbilles et par celle des tubercules. Ces pieds, pas plus que ceux du D. Fargesii, n'ayant fleuri ni fructifié, au Jardin botanique de Marseille, je n'ai pu pousser plus loin l'examen de leur dissemblance. Mais je dois insister, pour plusieurs raisons, sur la nature des bulbilles aériennes et sur celle des tubercules souterrains. Franchet dit (Un nouveau Dioscorea alimentaire de la Chine occidentale, in Revue horticole, 6 année, 1896, p. 540) et M. Bois confirme (Le Dioscorea Fargesii, nouvelle Igname alimentaire, in (SÉANCES) 7

T. XLVIII.

Bull. de la Soc. bot. de France, t. XLVII, séance du 9 février 1900) que, dans l'Igname de Farges, les bulbilles aériennes sont rugueuses au lieu d'être lisses et luisantes et c'est précisément l'inverse que j'ai constamment observé dans les nombreuses bulbilles récoltées sur 20 pieds de D. Fargesii et 2 pieds du Dioscorea qui est peutêtre une variété du pentaphylla. Dans cette dernière forme, la bulbille est non seulement rugueuse, d'aspect subéreux extérieurement, mais elle est encore ellipsoïdale à grand axe transversal, au lieu que, dans D. Fargesii, ces organes sont uniformément ellipsoïdes, à grand axe vertical et à épiderme très lisse, interrompu seulement par quelques lenticelles.

Mais ce qui m'a surpris davantage encore, c'est que morphologiquement les tubercules souterrains ne concordent pas du tout avec la manière d'être connue dans D. pentaphylla. Les tubercules de l'Igname de Farges que j'ai recueillis sont tous turbinés coniques à pointe dirigée en haut vers la tige; la chair en est blanche et toute la surface extérieure est recouverte d'un chevelu abondant de racines. Dans la même terre, au contraire, les tubercules de ce que j'appelle une variété de D. pentaphylla sont lisses et, contrairement à ce qui est indiqué par les auteurs dans D. pentaphylla L. (type) (1), les tubercules sphériques sont au nombre de cinq à six et de grosseur différente, rassemblés autour du collet de la tige en une masse compacte. Quelques tubercules sont soudés les uns aux autres, d'autres sont libres, leur épiderme est légèrement granuleux et de couleur rouge. En l'enlevant avec l'ongle, on trouve un parenchyme de couleur franchement rouge. Ces tubercules sont comestibles et je me propose de les propager pour voir ce qu'ils deviendront dans l'avenir par la culture et s'ils se maintiendront, ainsi que la plante qui les donne, dans leur forme naturelle. Ce serait une acquisition culturale qui deviendrait, si le tubercule pouvait être grossi, certainement appréciable.

Je me demande si la nouvelle forme que je décris ici, et dont je n'ai trouvé trace dans aucun ouvrage, ne serait pas un hybride de Dioscorea pentaphylla et de D. Fargesii. En tout cas, il présente, en l'état que j'ai fait connaître, des caractères empruntés à l'une et à l'autre espèce type. Les feuilles sont bien du D. pentaphylla

(1) Franchet (loc. cit., p. 54) dit: A Ceylan, d'après une figure de Thwaites, citée par J. Hooker (Fl. Ind., VI, 290), les tubercules oblongs du D. pentaphylla peuvent atteindre 3 à 6 pieds anglais. ›

sans aucun doute, les bulbilles rappellent celles que les auteurs cités attribuent à D. Fargesii, et les tubercules se rapprochent plus de ceux de l'Igname de Farges que de ceux de l'Igname à feuilles quinaire.

Je me propose de continuer mes recherches au sujet de cette dernière forme, mais j'ai cru devoir signaler son existence, qui n'est pas sans intérêt d'application; peut-être M. de Vilmorin et ceux qui ont reçu de ce savant horticulteur des tubercules de l'Igname de Farges ont-ils pu constater les mêmes faits. M. Bois, à qui j'ai communiqué mes observations, a bien voulu me répondre que, ces jours-ci (13 octobre 1900), M. Maurice de Vilmorin lui a soumis des échantillons de deux espèces d'Igname qui lui auraient été envoyées par le R. P. Farges, comme appartenant à une seule espèce, et qu'il y a trouvé le vrai D. Fargesii cultivé par lui à Crosne, plus un D. pentaphylla. « Il est probable, ajoute M. Bois, que cette dernière espèce s'est trouvée associée au D. Fargesii dans les plantes que M. de Vilmorin m'a envoyées. » Comme on peut en juger par les descriptions ci-dessus, ce n'est pas en tout cas l'espèce type de D. pentaphylla Lin. que j'ai eue en main, je crois l'avoir suffisamment démontré, et j'inclinerais volontiers à admettre que j'ai eu affaire à un produit de croisement, sinon à une variété. Nous verrons ultérieurement comment il se comportera.

A propos de cette communication, M. Bois dit que, dans la Note à laquelle M. Heckel fait allusion et qui a été publiée dans le Bulletin Soc. bot. de France, il n'a fait que reproduire l'opinion de M. Franchet sur les caractères qui distinguent le Dioscorea Fargesii du D. pentaphylla: « ... Il suffira, je pense, de dire que notre honorable collègue différencie surtout le D. Fargesii du D. pentaphylla par les folioles qui restent minces, presque membraneuses, au lieu de devenir promptement coriaces, les bulbilles aériennes rugueuses, au lieu d'être lisses et luisantes;... »

M. Bois ajoute :

Une plante cultivée dans les serres du Muséum sous le nom de Dioscorea pentaphylla porte, comme celle de M. Heckel, des bulbilles couvertes d'aspérités très proéminentes.

Dans la description qu'il a donnée du D. Fargesii, M. Franchet semble ne pas avoir tenu compte de l'état de dessiccation dans lequel se trouvaient les bulbilles de l'herbier du Muséum, récoltées depuis plusieurs années et devenues rugueuses en se recroquevillant; à l'état frais, les bulbilles de cette espèce ont en effet leur surface presque lisse.

M. Franchet n'a pas décrit la fleur måle du Dioscorea Fargesii, qui lui est restée inconnue.

Or, ainsi que je l'ai écrit dans une Note parue dans la Revue horticole, 16 décembre 1900, p. 684, M. Chappellier a eu l'amabilité de me remettre, l'automne dernier, quelques fleurs mâles de cette espèce qu'il avait récoltées sur des plantes issues de bulbilles que M. Maurice de Vilmorin lui avait confiées.

De son côté, M. Véniat, l'ancien jardinier de M. Paillieux, m'a adressé, au commencement du mois de novembre 1900, des échantillons provenant de ses cultures, qui portaient également des fleurs måles. La plante femelle semble même ne plus exister à Crosne.

Les fleurs måles que j'ai pu examiner sont disposées en grappes beaucoup plus denses et plus courtes que les fleurs femelles, et les bractées. qui les accompagnent sont sensiblement plus larges que celles de ces dernières. Les autres parties de la plante ne présentent aucune différence avec celles de la plante femelle.

Il sera intéressant de voir les fleurs de l'Igname que M. Heckel désigne provisoirement sous le nom de D. pentaphylla var.; elle a sans doute, ainsi que notre honorable collègue le suppose, la même origine que l'une de celles que M. Maurice de Vilmorin a reçues du R. P. Farges et que j'ai cru pouvoir rattacher au D. pentaphylla en comparant les échantillons qui m'ont été communiqués avec ceux de l'herbier du Muséum. Je n'en ai vu ni les bulbilles ni les tubercules.

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