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Arrondit cette enceinte où l'œil doit voir eneor
Des filles d'Hespérus éclater les fruits d'or (2);
Dessine ce jardin, vaste et savant domaine,
Qu'embellissent les dons de la Flore lointaine;
Etend ce Luxembourg où semble quelquefois,
Des enfans de Bruno gémir encor la voix ;
Rajeunit ce palais, de royale mémoire,
Qu'éleva Médicis dans les jours de sa gloire;
Et, non loin. déployant nos pompeux boulevards,
Ouvre une lice immense à la course des chars.

Rien ne reste imparfait : ce Panthéon célèbre
Qui menaçait Paris de sa chute funèbre,
Moderne Capitole à la mort consacré,
Doit à d'heureux efforts son faîte rassuré ;
Et, sa houlette en main, la bergère céleste,
Dont Nanterre cachait l'ermitage modeste,
Protége encor, du haut de son temple immortel,
La ville du héros qui protégea l'autel.
Superbe, et délivré de la rouille des âges,
Ce Louvre désormais l'orgueil de nos rivages;
Ce Louvre qui long-tems, solitaire, avili,
Accusa de nos rois l'héréditaire oubli,
S'achève, et, consolé de ces affronts antiques,
Aux noces du monarque il prête ses portiques.
O fortuné présage offert à nos regards!
L'hymen eut son autel dans le Temple des arts;
Les arts paraient la fête, et leur foule attentive
Honorait la beauté dont la main les cultive.

Dans le même palais éclatent rassemblés
Ces monumens lointains parmi nous appelés,
Ces chefs-d'œuvre rivaux qu'au fond de l'Ausonie
Fit éclore jadis le ciseau du génie.

Le Tibre, glorieux de ses destins futurs,
De richesses sans nombre a décoré nos murs:
Paris sert de refuge à la splendeur romaine;
Et, dépouillant pour lui le nom de souveraine,
Des Dieux et des Césars l'imposante Cité
Lui transmet sa puissance et son éternité.

(2) Orangerie projetée.

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MON tout vaut beaucoup moins que ma moitié première ; Cette moitié souvent montre un grand caractère,

Et dans plus d'une occasion

Elle a su prouver comme

Avec plus d'un grand homme

Elle pouvait faire comparaison.

Mon tout est le matin un être qui s'habille,
Qui le reste du jour babille,

Et qui le soir se déshabille.

S........

CHARADE.

UN joueur effréné s'adonne à mon premier,
Un lâche, un paresseux s'adonne à mon dernier
Un impudent coquin s'adonne à mon entier.

S......

Mots de l'ENIGME, du LOGOGRIPHE et de la CHARADE insérés dans le dernier Numéro.

Le mot de l'Enigme est Epine.

Celui du Logogriphe est Ici.

Celui de la Charade est Aréopage.

LITTÉRATURE ET BEAUX-ARTS.

RELATION DE L'EGYPTE; par ABD - ALLATIF,

médecin arabe de Bagdad; suivie de divers extraits d'écrivains orientaux, et d'un état des provinces et des villages de l'Egypte dans le quatorzième siècle; le tout traduit et enrichi de notes historiques et critiques par M. SILVESTRE DE SACY, membre du Corps-Législatif, de la Légion-d'Honneur et de l'Institut de France, etc.Un volume in-4° de plus de 750 pages (de l'imprimerie impériale). Prix, 24 fr., et 28 fr. franc de port. Papier vélin, 48 fr., et 52 fr. franc de port. A Paris, chez Treuttel et Würtz, rue de Lille, no 17; et à Strasbourg, même maison de Commerce.

DANS le domaine de l'esprit comme dans celui de la fortune, ce ne sont point de vraies richesses que celles qui ne circulent pas : c'est en entrant dans la circulation qu'un objet précieux qui faisait partie d'un trésor devient partie de la richesse. C'est un véritable trésor, et l'un des plus opulens sans doute, que la collection, l'on dirait presque l'amas de manuscrits orientaux que possède notre Bibliothèque impériale; grande reconnaissance est due aux savans qui y choisissent ce qui peut être d'utilité publique, qui ont l'art et la patience d'en extraire ce qui était comme enfoui, le produisent au grand jour, et mettent ce qui n'était accessible qu'au petit nombre à la disposition de tous.

Pour faire sentir le prix du nouveau service que M. Silvestre de Sacy rend à la littérature par la publication de cette Relation de l'Egypte, nous tirerons d'abord de l'avertissement qui précède sa traduction quelques particularités sur la nature de l'ouvrage, et de la vie d'Abd-Allatif qu'il a traduite et insérée dans son appendix, quelques détails sur la personne de cet au

teur.

Parmi les collections nombreuses de manuscrits arabes qui enrichissent les principales Bibliothèques de l'Europe, la classe des ouvrages historiques est celle qui a toujours paru la plus digne d'attention, et de toutes les contrées qui ont fait partie de l'Empire des Musulmans, l'Egypte est peut-être celle qui a le plus exercé la plume des écrivains arabes; mais parmi ceux de ces écrivains dont les travaux sont parvenus jusqu'à nous, les uns, par amour du merveilleux, n'ont recueilli que des fables puériles et des contes absurdes; les autres, heureusement plus nombreux, ont mêlé à cette partie fabuleuse de l'histoire de leur pays une masse de faits et d'observations utiles; d'autres, enfin, n'ont fait que compiler et rédiger sans art et sans ensemble ce qui avait été écrit avant eux. L'auteur de la Relation de l'Egypte est exempt de tous ces défauts. Tout ce qu'il raconte est le fruit de sa propre expérience, de ses observations, de ses recherches. Il est seulement à regretter que des circonstances particulières l'aient empêché de parcourir toute l'étendue de l'Egypte, et de donner sur le pays entier des descriptions aussi exactes et aussi intéressantes.

Mowaffik-Eddin Abd-Allatif, particulièrement connu sous le surnom d'Ebn-Allabbad, était originaire de Mosul et naquit à Bagdad l'année 557 de l'hégire, décembre 1161. It acquit une grande réputation par son savoir, ses talens, son éloquence et ses nombreux ouvrages. Dès sa première jeunesse il avait mené une vie studieuse et préféré le travail aux vains amusemens. Il joignit à l'étude des autres sciences celle de la méde cine, et y devint assez savant pour en donner des leçons auxquelles accourait un grand nombre d'étudians et même de médecins. La connaissance de tous les ouvrages qui traitaient des sciences naturelles, le conduisit à en connaître qui avaient pour objet l'alchymie. Il ne les lut pas impunément, et il voulut pénétrer tous les secrets de cette fausse science; mais il revint bientôt de son erreur, et c'est lui-même qui raconte, dans des mémoires sur sa vie, qu'il s'était mis à travailler au grand œuvre, à cet art mensonger, el à en répéter les expériences illusoires et frivoles. Il y a rapporté aussi

comment et à quelle occasion il se dégoûta des écrits d'Ebn-Sina, dont l'étude l'avait entraîné dans cette fausse route, et comment il reconnut la frivolité et les dangers de la chimie. Ce qu'il ajoute prouve que de son tems, dans ces régions orientales, cette prétendue science avait fait plus de mal qu'on ne pourrait le croire; il est même permis d'y soupçonner un peu d'exagération. « Je rendis de grandes actions de grâces au Tout-Puissant, dit-il, car la plupart des hommes ont dû leur perte aux ouvrages d'Ebn-Sina et à la chimie. »

Abd-Allatif alla de Damas, en pélerinage, à Jérusalem, d'où il se rendit au camp de Salah-Eddin (Saladin) devant Acca. Il se présenta d'abord à Boha-Eddin, kadhi de l'armée, le même qui a écrit la vie de Saladin (1). Il en reçut le meilleur accueil; Boha-Eddin le conduisit dans la tente d'Omad-Eddin Cateb, et ils se rendirent avec ce dernier auprès du kadhi Fadhel, personnage illustre, et qui possédait toute la confiance du sultan. Ce que raconte Abd-Allatif lui-même de l'audience qu'il eut de Fadhel prouve qu'un prince aussi généreux et aussi éclairé que Saladin, savait choisir des ministres dignes de lui. «Nous entrâmes, dit-il, dans le lieu où était le kadhi. Je vis un homme maigre qui était tout tête et cœur. Il écrivait, et il dictait en même tems à deux personnes. Son visage et ses mains faisaient des contorsions, à cause des efforts qu'il faisait pour prononcer; on eût dit qu'il écrivait de tous ses membres. »

Fadhel proposa d'abord à Abd-Allatif une difficulté de grammaire qui se trouve dans un passage de l'Alcoran; satisfait de sa réponse, il lui fit plusieurs autres questions, sans cesser pour cela d'écrire et de dicter. Abd-Allatif lui ayant fait part du dessein qu'il avait d'aller en Egypte, Fadhel lui remit un petit billet pour son intendant au Caire; avec ce billet, il fut accueilli en Egypte avec tous les égards dus à un hôte du kadhi Fadhel, fut logé, nourri au Caire, et reçut de riches présens. Ce qui lui avait fait entreprendre ce voyage, était le desir de connaître trois savans qui

(1) Publiée en arabe et en latin, en 1755, par A. Schultens,

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