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Sollicitent pour eux la lyre des Orphées ;

Lutèce à leurs combats doit ses plus beaux trophées.
Voilà cet arc pompeux, garant de leurs exploits,
L'ornement du triomphe et la leçon des rois.
La gloire avec amour le couvre de ses ailes,
Il s'élève entouré de palmes immorteles,
Dans cette même enceinte où l'Aigle des Français
Vient balancer son vol et prélude aux succès.
Les arts l'ont décoré ; ses colonnes hautaines
Désertèrent pour nous les plages africaines; .
Les coursiers, rayonnant sur son faite orgueilleux,
Des coursiers du soleil ont défié les feux;
Ses marbres, des hauts faits éternisent l'histoire,
Et le Louvre lui-même envierait tant de gloire.

Sous les yeux de nos rois lentement élevé,
Et des arts créateurs chef-d'œuvre inachevé,
Le Louvre, qu'à ses dieux aurait consacré Rome,
Attestait l'inconstance et la grandeur de l'homme :
Il avait du pouvoir fatigué les efforts.

Déjà, fiers d'attrister les peuples de ces bords,
Les siècles effaçaient son ébauche vieillie :
Le Monarque a voulu; la France enorgueillie,
Voit de ses ornemens le Louvre s'applaudir.
La colonne grossière apprend à s'arrondir;
Autour des chapiteaux que son feuillage embrasse,
L'acanthe se déploie et se courbe avec grâce;
Par le ciseau savant les murs sont décorés ;
Ces combles entr'ouverts, ces débris vénérés,
Dépouillent leur vieillesse, et rayonnant de joie,
Les arts ont vu Saturne abandonner sa proie.

Louvre dont le portique éblouit nos regards,
Louvre, asyle des rois et temple des beaux-arts,
De quel éclat nouveau ton faîte se couronne!
Les trésors du génie et les pompes du trône,
Ces chef-d'œuvres épars, ces marbres précieux,
Ces tableaux, confidens des mystères des cieux,
Décorent à l'envi ton enceinte immortelle.
Je m'égare, je suis l'ombre de Praxitèle,
Et l'aspect de Vénus a troublé tous mes sens.
Hâtons-nous, la déesse offerte à notre encens,

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N'a qu'un moment peut-être à rester sur la terre ;
Sa pudeur l'environne, et l'œil, avec mystère,
Effleure les contours de ce marbre enchanté,
Où brille en rayons purs l'éternelle beauté.
Ici la fable heureuse a retrouvé son temple;
Par son charme entrainé, je rêve, je contemple
Ces corps aériens qu'enfanta le ciseau.

Qu'ai-je dit? non, Paros ne fut point leur berceau;
Ils n'appartiennent point à sa grotte éclatante.
Dans les terns reculés, quand la foudre inconstante
S'échappa pour jamais des mains de Jupiter,
Les dieux qui partageaient le trône de l'Ether,
Désertant et l'Olympe et ses voûtes antiques,
En marbres transformés peuplèrent nos portiques;
Mais leur divinité se révèle aux mortels,
Et sous la pierre même a conquis des autels.
Peuples, prosternez-vous ; et toi, fière Italie,
De l'encens des humains long-tems enorgueillie,
Rappelle-toi ce jour où guidé par les arts,

Le héros de la France aborda tes remparts;
Ces marbres, ces trésors, ces pompes de tes fètes,
Dont la Grèce soumise embellit tes conquêtes,
D'un conquérant nouveau décorèrent le char:
Tout l'olympe captif marcha devant César;
Le Tibre, d'inconstance accusa la victoire ;
De tes temples déserts, de tes palais sans gloire,
L'univers dédaigneux oublia le chemin,
Et le flambeau des arts s'éteignit dans ta main.

Ainsi de la grandeur disparaît le fantôme;
Jouet de la fortune, ainsi chaque royaume
Du livre de la gloire à son tour effacé,

Pleure son opulence et son luxe passé.

Rome antique n'est plus.... Mais pourquoi sa grande ombre Sort-elle avec orgueil de la demeure sombre? De son front rayonnant le voile de l'oubli, S'écarte, et sous ses pieds sa foudre a tressailli. A son glaive s'enlace une palme immortelle. « Tu déplores mon sort, console-toi, dit-elle, > Le regard d'un héros sur moi s'est arrêté.

Je reprends et mon sceptre et mon éternité,

> Lutèce, qui préside aux destins de la terre,

> En m'adoptant pour sœur, me prête son tonnerre. › Mon astre, après mille ans, a reconquis les cieux, » Et le fils de César vient remplacer mes dieux. »

ENIGME.

QUOIQUE sans yeux, sans oreilles, sans bouche,
Je fais du bruit, et sur térre et sur mér :
Personne ne me voit, personne ne me touche,
Et, sans ballon, je voyage dans l'air.
En plein soleil ainsi qu'en la nuit sombre,
Je passe la rivière et la passe sans ombre.

S........

LOGOGRIPHE.

VEUX-TU, lecteur, connaître qui je suis?
Avant tout je me définis :

Un fluide enfermé dans sa prison de verre,
Fidèle et vrai témoin des caprices du tems,
Qui plus ou moins pressé du poids de l'atmosphère,
En révèle à tes yeux les moindres mouvemens.
J'ai neuf pieds bien comptés: si tu les décomposes,
Tu trouveras, entr'autres choses,

Ce que plus ardemment désirent les humains;
La capitale des Romains;

Un arbre au pied duquel on va chercher l'ombrage;
Ce qui t'accompagne en voyage

Quand le soleil ou quand la lune luit,

Et qui t'environne la nuit;

Le feu sacré qui nous anime,
Et l'un des châtimens du crime;
Ce qui borde les grands chemins;
Le vaste empire des marins;

Une colonne d'eau qui tombe avec furie,
Et met les matelots en danger de la vie ;
Ce qu'il n'est point facile de broyer;
Le synonyme de foyer;

Ce qui sert à la fermeture;

Ce qui peut quelquefois embellir la nature ;
Ce que sans se pâmer Laure ne saurait voir,
Et que pourtant on l'accuse d'avoir :
Un fil ourdi par la navette;

Ce

que

dans l'ombre un conjuré projette;

Un philosophe ou prêtre des Indous;

Ce qui n'est pas commun; l'antithèse de doux;
Un volume quelconque, un instrument métrique ;
Une note dans la musique ;

Le nom qu'on donne à toute espèce d'animal;
Ce qui, lorsque tu cours, se gonfle et te fait mal.

S........

CHARADE.

LA timide souris quitte peu mon premier;
Pour cueillir un baiser, Iris, sur ton dernier,

Je ne suis qu'un berger, je t'offre mon entier.

VALÈRE B., au Blanc (Indre. )

Mots de l'ENIGME, du LOGOGRIPHE et de la CHARADE insérés dans le dernier Numéro.

Le mot de l'Enigme est Bandeau.

Celui du Logogriphe est Glaive, dans lequel on trouve : vię, gale, aigle, geai, lie, gai, aile, glai, âge et lave.

Celui de la Charade est Prétendre.

SCIENCES ET ARTS.

HISTOIRE DE L'ASTRONOMIE DEPUIS 1781 JUSQU'A 1811, pour servir de suite à l'Histoire de l'Astronomie de BAILLY, par M. VOIRON, docteur de la Faculté des sciences, ancien professeur de belles-lettres, actuellement professeur de mathématiques transcendantes au Prytanée militaire. - Un vol. in-4°. — A Paris, chez Courcier, imprimeur-libraire pour les mathématiques, quai des Augustins, no 57.

LES premiers travaux astronomiques se perdent dans la nuit des tems; chez les peuples les plus anciens, il s'est trouvé des hommes qui, frappés de l'étonnante variété des phénomènes célestes, ont consacré leur vie à l'étude du cours des astres. Les historiens, les poëtes mêmes qui souvent ont emprunté de l'astronomie les plus belles images, nous ont transmis l'admiration de leurs contemporains pour cette science sublime.

L'un des hommes qui nous a rappelé le souvenir des premiers observateurs, avec le plus d'intérêt, est l'infortuné Bailly. Son Histoire de l'Astronomie ancienne et moderne, est revêtue de toutes les grâces d'un style plein d'élégance et d'harmonie ; mais, comme les écrivains d'un talent supérieur, il s'est livré quelquefois aux prestiges d'une imagination brillante: on peut lui reprocher quelques idées paradoxales sur l'origine de l'astronomie; cependant, quels que soient ses premiers créateurs, l'ouvrage de ce savant illustre sera toujours un des plus beaux monumens de la littérature du dernier siècle.

Son continuateur s'est donc imposé une grande tâche: il n'a pu se présenter après lui dans la même carrière, qu'en s'exposant au risque d'un parallèle difficile à soutenir; mais nous ne pensons pas qu'il lui soit désavantageux ni par les matières qu'il traile, ni par la manière dont elles sont présentées. Le style de M. Voiron rap

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