Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

Abjura pour jamais sa frivole inconstance;
Il voulut que les Dieux en fussent les témoins,
A la jeune Placide il prodigua ses soins,

Il quitta sans regret l'Olympe et l'Idalie ;
On vit à ses côtés Melpomène et Thalie,
Qui, fières toutes deux d'accompagner l'Amour,
Voulurent par leurs dons fêter un si beau jour.

En laissant sur Placide échapper un sourire,
Melpomène lui dit : « Règne dans mon Empire,
> Sur la scène tragique affermis mon pouvoir;

» Tu seras, à quinze ans, mon plus charmant espoir

» Je remets en tes mains le destin de Zaïre (1),

[ocr errors]

› D'Orosmane jaloux fais plaindre le délire;

> Sous tes traits séduisans qu'Iphigénie en pleurs (2),

» D'Achille menaçant appaise les fureurs ;

» Prête un accent plus noble à la fière Eriphile (3);

› Seconde les transports de la tendre Camille (4);

› De Vendôme irrité repousse les amours,

[ocr errors]

> Et fais nous envier le destin de Nemours (5);

> Par un charme puissant triomphe de l'intrigue,

› Calme enfin ta douleur en faveur de Rodrigue (6).

> Mon sceptre, dans tes mains, reprendra sa splendeur,
> Ton art désarmera le rigide censeur,

» Tes regards brilleront d'une amoureuse flamme
> Qui saura révéler les secrets de ton ame.
» A ces dons j'unirai cet organe enchanteur
> Qui captive l'oreille et pénètre le cœur. »
» Et moi, dit à son tour la piquante Thalie,
» Je la réclame aussi pour ma fille chérie;

[ocr errors]

De la timide Agnès l'innocente candeur (7),

S'exprimant par sa bouche aura plus de douceur ; > Pour tromper d'un jaloux la poursuite cruelle,

(1) Rôle de Zaïre dans la tragédie de ce nom.
(2) Rôle d'Iphigénie dans Iphigénie en Aulide.
(3) Rôle d'Eriphile dans la même tragédie.
(4) Rôle de Sabine dans les Horaces.
(5) Rôle d'Adélaïde dans Adélaïde Duguesclin
(6) Rôle de Chimène dans le Cid.

(7) Rôle d'Agnès dans l'Ecole des Femmes.

» Volnais nous offrira l'inquiète Isabelle (8);
> De son ame agitée on verra la frayeur
> Sur son front altéré combattant la pudeur;
» D'un père malheureux dix-huit ans séparée,
» Clémence en lui rendant une fille adorée (9),
> Sur le sein paternel épanchant ses douleurs,
› Charmera les regards, fera couler des pleurs.
» Pour calmer d'un bourru la fougueuse rudesse,
> Elle aura de Sancerre et l'ame et la noblesse (10).
› Je lui prédis enfin que ses attraits vainqueurs,
> Joints à mille talens, subjugueront les cœurs. »

L'Amour applaudissant à ce brillant partage,
Aux Filles de Mémoire offrit un doux hommage.
Il sourit, et soudain d'un vol audacieux,
S'élança vers l'Olympe et rejoignit les Dieux.

DUSAUSOIR.

Vers à Mademoiselle VOLNAIS, dans une fête donnée le jour de sa naissance, 4 de mai.

O vous que chérit Melpomène,

En ce beau jour de fête étranger à la scène,

Vous rassemblez chez vous dans un cercle charmant
Des amis que votre art, que votre grâce amène,
Et de ce cercle heureux vous restez l'ornement.

Chaque cœur attendri soupire

Au souvenir des pleurs qu'il vous dut dans Zaïre,
Et dans trente rôles divers,

Où de brûlans transports vous joignez le délire
A ce rare talent de bien dire les vers.

La nombreuse assemblée avec goût est choisie
Je crois revoir en vous la célèbre Aspasie
Qui reçoit d'Athène à grands frais
La foule des talens de sa gloire saisie,
Et se passe de Périclès.

(8) Rôle d'Isabelle dans l'Ecole des Maris.

LE GOUVÉ.

(9) Rôle de Clémence dans la Femme Jalouse.

(10) Rôle de Madame de Sancerre dans l'Amant Bourrų.

ENIGME.

AFIN de me faire connaitre,
Lecteur, je viens de paraître
Déjà deux fois sous tes yeux :
Peut-être n'y vois-tu pas mieux.
J'accompagne l'être suprême,
Les grâces et le diadême;

Le trône aussi, J'erre dans la forêt;
L'on me voit avec intérêt,
En arrêt, en tête-à-tête,
Avec une fille honnête,
Avec un homme bénêt,
Avec une femme bête.
Je me promène en bâteau,
Sur le Rhône et sur le Pô :
Je poursuis l'acariâtre,
Au gite, sur le théâtre,

Et jusque dans son château.

S........

LOGOGRIPHE.

TANTÔT de bois, tantôt de pierre,
Ce n'est jamais le long de la rivière
Qu'on me construit : avec mes quatre piés
On passe sans danger l'une de mes moitiés.

CHARADE.

MÉFIEZ-VOUS de mon premier,

Il pourrait vous être contraire :
N'affectez pas de dire mon dernier,

S........

1

Ce qu'un jour l'homme abhorre, un autre peut lui plaire :
Crainte de rencontrer un terrible adversaire,

Réfléchissez avant de faire mon entier;

On ne sait pas à qui l'on peut avoir affaire.

S........

Mots de l'ENIGME, du LOGOGRIPHE et de la CHARADE insérés dans le dernier Numéro.

Le mot de l'Enigme est Son (sonitus.)

Celui du Logogriphe est Baromètre, dans lequel on trouve : or, Rome, orme, ombre, ame, rame, arbre, mer, trombe, marbre, âtre, barre, art, rat, tome, mètre, rate et ré.

Celui de la Charade est Troupeau.

SCIENCES ET ARTS.

INTRODUCTION A LA GÉOGRAPHIE MATHÉMATIQUE ET CRITIQUE, ET A LA GÉOGRAPHIE PHYSIQUE, par S. F. LACROIX. Nouvelle édition, revue et considérablement augmentée, ornée de cartes et de planches. Paris, chez J.-G. Dentu, imprimeur-libraire, rue du Pont-de-Lodi, no 3. 1811.

POUR bien apprécier le mérite d'un livre élémentaire, il faut d'abord se former une idée nette de la science dont il traite; puis voir si l'auteur a enchaîné les diverses parties de cette science dans un ordre naturel, et s'il les présente avec clarté. Cela, est, à la vérité, moins expéditif que de juger le livre d'après la préface, et de prononcer sur son mérite d'après les sentimens de bienveillance ou de haine que l'on porte à l'auteur; mais quoique cette dernière méthode soit aujourd'hui plús généralement adoptée, nous demandons la permission de nous en écarter; et en examinant l'ouvrage d'un savant respectable nous tâcherons que l'on retrouve dans notre analyse quelque empreinte de la réflexion et de la méthode qu'il a mises à le composer.

Le premier objet de la géographie, c'est, comme le nom même de cette science l'indique, de retracer, de dessiner les configurations de la surface terrestre sur des surfaces courbes ou sur des plans. Cette opération, qui constitue la géographie mathématique, exige que l'on sache déterminer avec exactitude la position respective des points que l'on veut représenter, afin de pouvoir ensuite les porter sur le dessin à leur véritable place. Pour parvenir à ce but, le seul moyen, généra lement applicable, consiste dans l'observation des phénomènes célestes, qui, vus en même tems de différens lieux, sous des aspects divers, déterminent, par ces différences mêmes, celle des positions respectives des observateurs. Un traité de géographie mathématique doit

MERCURE DE FRANCE, MAI 1811: 251

donc commencer par l'explication des principaux phénomènes astronomiques, dont l'observation est nécessaire à la géographie. C'est le parti qu'a suivi M. Lacroix, et sans étendre cette exposition au-delà de ce qui était nécessaire, sans vouloir faire un traité d'astronomie, il a dit tout ce qu'il fallait pour l'intelligence de ces phénomènes et de leurs applications.

Les élémens de la représentation graphique étant ainsi bien déterminés, il s'agit d'en faire usage. Or, on peut se proposer de tracer cette représentation sur un globe, ou sur un plan. Dans ces deux cas, la méthode est différente; aussi M. Lacroix les considère-t-il successivement. Il commence par le tracé des globes; il explique la manière d'y dessiner les méridiens, l'équateur et les parallèles. La surface du globe étant ainsi partagée en carreaux, par les intersections de ces différens cercles, il ne reste plus qu'à porter chaque lieu dans le carreau auquel il répond, suivant la position qui lui est assignée par les observations astronomiques; ensuite on unit par des traits continus les points voisins des mêmes rivages, et les côtes se trouvent dessinées; on indique, par le même moyen, les chaînes de montagnes, le cours des fleuves; on place entre ces objets les villes remarquables, ou les autres points principaux que l'on veut retracer, et l'on forme ainsi une image exacte et complète de la surface de la terre.

Cette représentation n'est pas simplement propre à satisfaire la curiosité d'un moment; en adaptant autour de l'axe d'un globe des cercles mobiles, propres à représenter par leur position ou leur mouvement les constructions géométriques que les astronomes emploient pour calculer les positions successives des astres, on peut résoudre approximativement, et avec assez de facilité, plusieurs questions d'astronomie pratique, dont la solution dans l'usage ordinaire n'exige pas une grande exactitude. Ainsi, l'on peut déterminer l'heure qu'il est dans un pays, à Pékin, par exemple, lorsqu'il est midi dans un autre lieu, par exemple à Paris. On peut aussi trouver à-peu-près les heures du lever et du coucher des astres pour un lieu donné de la terre, etc. etc. M. Lacroix en

[ocr errors]
« VorigeDoorgaan »