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trouve (tome 1, seconde partie, pages 228—275) l'indice expurgatoire du Menagiana; et c'est précisément la seconde version que Sallengre a donnée. Il propose en outre quelques additions et corrections (15). Je remarquerai que dans l'indice expurgatoire du Ménagiana il y a deux fausses indications. Il serait trop long de les indiquer ici.

A l'apparition de l'édition de Lamonnoye, les libraires de Hollande s'empressèrent' de relever les additions qu'il avait faites et fondues dans le Ménagiana, el ils les donnèrent, en 1716. sous le titre de Ménagiana, etc., etc. tome troisième et tome quatrième. Ils ont suivi la première version, de sorte que (pour tous les passages supprimés du moins cette édition est aussi bonne que celle de Paris 1715. Elle offre même l'avantage de distinguer sur-le champ le travail de Lamonnoye. Elle a deux inconvéniens; 1o il n'y a point de table générale, mais une table pour le premier volume, une pour le second, une pour les deux derniers; 2° l'indice expurgatoire donné par Sallengre citant les pages de l'édition de Paris 1715, il est fatigant de faire le rapprochement sur l'édition de Hollande, å laquelle cependant cet indice expurgatoire peut aussi servir de supplement.

L'édition d'Amsterdam est donc de 1713-1716, 4 vol. petit in-12. Il y a peut-être des exemplaires portant la date de 1715; mais ici je parle de ce que j'ai vu. Quant à l'édi tion en 4 vol. in-18, il n'y a point de doute qu'elle n'existe pas; un libraire peut, dans un catalogue, avoir annoncé comme in-18 cette édition dont le format est réellement petit in-12. Le crime n'est pas grand.

Je remarquerai, au surplus, que M. Peignot n'a pas commis celle faute. Il se contente de dire: «J'ai vu annoncer quelque part une édition du Ménagiana, Amsterdam, 1715, 4 vol. in-18. Il est loin, comme on voit, de se rendre garant du fait.

RÉVOLUTIANA, etc.; par Philana.

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Le titre est RÉVOLUTIONIANA. Philana n'est autre que M. Deville, auteur du Biévriana. Dans l'avant propos du Révolutioniana on trouve une nomenclature incomplète et souvent inexacte des ANA. Il y a quelques renseignemens curieux et dont j'ai profité; mais ayant trouvé fréquemment l'auteur en défaut, je n'ai pas parlé de plusieurs ANA qu'il cite (MARTINIANA, 1606, in-12; FUSTEMBERGIANA,

(15) Voyez la note 12.

1684, in-12; BRUMMERIANA, 1712, in-8°; GEORGIANA, 1725, in-8°; SEELELENIANA, 1728, in-8°; VErelliana, 1730, in-12; MANLOVERIANA, 1762, in-12; et PALINGENIANA, an X, in-18; DAUMIANA, ANCILLONIANA, MOYERIANA, WIGANDIANA, SALONIANA, RAPSODIANA) et dont quelques-uns n'existent pas.

Il paraît que M. Peignot n'a pas eu à sa disposition un Revolutioniana. Si, à Paris même, on ne peut pas toujours se procurer tous les livres dont on a besoin, que doit-ce être dans les départemens?

SANTEUILLIANA.-M. Peignot cite les éditions données en 1738, un vol. in-12, et 1742, deux tomes en un volume in-12, sous le titre de Vie et bons mots de Santeuil. J'en possède un exemplaire sous ce dernier titre, 1735, 2 tomes en un volume in-12.

SCALIGERANA. - On trouve des détails sur cet ANA dans les lettres de Guy Patin (16).

SEGRAISIANA.— Il fait aussi partie des Œuvres diverses de M. de Segrais, Amsterdam, 1723, petit in-8°, et Paris, 1755, 2 vol. petit in-12.

SCHURTZFLEISCHIANA, etc., 1729, in-8°.

Dans l'avant-propos du Révolutioniana, il est question d'une édition donnée par Théod. Crusius, 1711, in-8°. TAUBMANNIANA, 1703, in-8°, 1728, in-12.

« Ce recueil est presque tout allemand, dit M. Peignot, et cela est vrai. Il existe dans la même langue le Gundlingiana, Magdebourg, 1715, 9 vol. in-12. A l'instar des jurisconsultes du 12° siècle, je dirai Germanicum est, non potest legi. Voici au reste le titre latin donné à cet ana dans le catalogue de la bibliothèque du roi (17): Gundlingiana, sive miscellanea jurisprudentiæ, philosophia, historia critica, lilleraturæ, etc. NIC. HIER. GUNDLINGII, Germanicè. Magdeburgi,, 1715, in-12, 9 vol.

M. Peignot ne parle d'aucun ana italien, d'aucun ana espagnol. En existe-il dans ces langues? J'ai vu, quelque part, annoncer un Coryciana, Rome, 1524, in-4°. On m'a dit que c'était un recueil de dissertations italiennes sur différentes matières et de différens auteurs. Ce livre doit-il être compté parmi les ana? c'est aux doctes à pro

noncer.

(16) Lettres choisies de feu M. Guy Patin, nos 428, et 431 de l'édition déjà citée. tome III, pages 203 et 206.

(17) Z, 1854, in-12.

Voilà tout ce que j'ai à dire sur le Répertoire des Biblicgraphies spéciales; et je n'ai pas la prétention d'apprendre quelque chose à M. Peignot Il est impossible de faire un ouvrage bibliographique qui soit sans faute : malgré la plus sévère attention, il en échappe toujours; et, sans aller chercher un exemple bien loin, dans le premier article sur l'ouvrage de M. Peignot, j'ai eu tort de reprocher à l'auteur l'omission de l'ouvrage de Gravina. M. Peignot parle, il est vrai, de ce livre, non sous le véritable nom de l'auteur, mais sous le faux nom de Priscus Censorinus qu'il avait pris mes torts sont plus grands que les siens.

On ne connaît pas assez les difficultés que présentent l'histoire littéraire et la bibliographie à ceux qui les cultivent. Les travaux de ce genre sont pénibles, minutieux, sans éclat, sans gloire, sans profit aujourd'hui. Ils sont cependant utiles. On ne peut refuser cette qualité au Répertoire de bibliographies spéciales. On doit tenir compte à M. Peignot des veilles nombreuses, des recherches immenses qu'a dû lui coûter cet ouvrage; et si j'ai consacré quelques lignes à le critiquer, il me faudrait dix fois plus d'espace pour indiquer ce qui mérite d'être loué.

- A. J. Q. BEUCHOT.

IMPRUDENCE ET REPENTIR.

NOUVELLE IMITÉE DE L'ANGLAIS.

GEORGINE ayant perdu ses parens dès sa plus tendre enfance, fut mise sous la tutelle de sir Herbert Melmoth, l'ami intime de son père. Sir Herbert était veuf et n'avait qu'un fils. Son cœur, naturellement tendre et aimant, adopta la jeune orpheline; la regarda comme sa fille. Sa tendresse, véritablement paternelle, ne mettait au cune différence entre elle et son fils Edouard. Il voulut qu'ils fussent élevés ensemble sous ses yeux, qu'ils eussent les mêmes maîtres, qu'ils se livrassent à-peuprès aux mêmes études, et c'était avec un plaisir infini qu'il voyait l'affection que ces deux enfans avaient l'un pour l'autre s'augmenter tous les jours. Georgine, il est vrai, n'avait qu'une fortune très - médiocre la mère d'Edouard, en mourant, avait laissé à son fils de grands biens, et ceux qu'il devait espérer de sir Herbert étaient aussi considérables; mais une telle disproportion dans les

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fortunes n'empêchait pas cet excellent père de souhaiter que son fils s'attachâl sincérement à Georgine. Il admirait en elle une raison, une prudence au-dessus de son âge, une bonté parfaite, une douceur extrême; et le bonheur dont il pensait que son fils devait jouir avec une femme si accomplie, fesait disparaître à ses yeux toute autre considération.

Edouard déclara de très-bonne heure, à son père, qu'il voulait épouser sa petite amie aussitôt qu'il serait en âge de se marier, et sir Herbert ne négligea rien pour l'affermir dans cette résolution; mais il fallait, pour terminer son éducation, qu'Edouard visitât les plus belles contrées de l'Europe, et les villes les plus remarquables de cette partie du monde. Sir Herbert lui ordonna donc de commencer ses voyages qui devaient durer cinq ans. Il lui permit d'écrire à Georgine aussi souvent qu'il le voudrait, et lui promit de la lui donner en mariage à son retour, s'il continuait, par sa bonne conduite, à se rendre digne de posséder un si précieux trésor.

Edouard partit, et sir Herbert, pour donner à sa pupille un peu de distraction, lui proposa de faire un voyage dans le Pembrockeshire. J'ai, lui dit-il, dans cette province, la terre de Swan dont le château est assez logeable; nous serons près de Saint-David, où habite votre petite cousine Hélène avec mistriss Werdith votre bonne tante. Nous irons les voir : nous leur porterons les bagatelles les plus à la mode, et cela fera plaisir à votre cousine. Elle est dans l'âge où l'on aime la parure, et sa fortune, je crois, ne lui permet pas d'en avoir beaucoup.

Georgine eut bientôt fait ses préparatifs; mais avant de se mettre en route, sir Herbert la conduisit dans les boutiques les plus renommées de Londres, pour y choisir les objets qu'elle imaginerait pouvoir être les plus agréables à mistriss Werdith et à sa nièce. Georgine mettait de la discrétion dans ses emplettes; mais sir Herbert prétendit que des présens offerts par sa chère Georgine ne pouvaient pas être trop beaux, et il l'obligea à prendre tout ce qu'il y avait de plus élégant et de plus magnifique.

Ils arrivèrent au château de Swan, et dès le lendemain Georgine demanda à aller voir sa tante. Sir Herbert la con⚫duisit à Saint-David, et la voiture s'arrêta devant la modeste habitation de mistriss Werdith. Hélène était vêtue d'une robe blanche fort simple; mais ses beaux cheveux blonds étaient relevés sur sa tête et bouclés avec un art qui décélait

le soin excessif qu'elle avait mis à les arranger. Georgine s'empressa de déployer les présens qu'elle avait apportés, et sa cousine ne dissimula rien de la joie que lui causait cette vue. Elle remercia Georgine avec transport, l'embrassa mille fois, et tournant ses grands yeux bleus sur sir Herbert, elle lui exprima par ses regards son ravissement et sa reconnaissance.

Elle disparut un moment, se para de tout ce qu'elle venait de recevoir de plus beau, revint d'un air triomphant, et se plaça vis-à-vis de sir Herbert qui ne pouvait se lasser d'admirer la fraîcheur brillante de son teint, l'élégance, la souplesse de sa taille, et surtout la grâce qui régnait dans tous ses mouvemens. On se mit à table: Hélène s'assit près de sir Herbert, le combla de témoignages d'attention, et divertit par la vivacité de ses saillies la petite société que mistriss Werdith avait réunie pour rendre sa maison plus agréable à ses hôtes.

Avant de partir, Georgine obtint de sa tante la permission d'emmener Hélène et de la garder tout le tems qu'elle passerait elle-même à la campagne. Le lendemain de son retour à Swan, sir Herbert fut très-surpris, en parcourant ses bosquets, d'y trouver Hélène toute en larmes. Il lui demanda la cause de son chagrin avec l'air du plus tendre intérêt, et elle lui confia qu'elle faisait sur sa position des réflexions fort tristes.

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Son père, ayant par son inconduite dérangé ses affaires élait passé en Amérique dans l'espérance de les rétablir; mais il y était mort peu de mois après son arrivée, et son épouse, qui ne lui avait pas survécu long-tems, avait laissé Hélène absolument sans fortune. Quoique mistriss Werdith ne fût point riche, qu'elle eût même beaucoup de peine à soutenir ses deux fils au service, elle avait recueilli Hélène et la traitait avec autant de bonté et de tendresse que si elle eût été sa fille.

Hélène pleurait : sir Herbert ne put entendre le récit de ses malheurs sans être attendri. N'ayant pas le courage de résister au désir qu'il éprouvait de tarir pour jamais les larmes de cette charmante personne en partageant avec elle toute sa fortune, il lui offrit sa main qu'Hélène accepta sur-le-champ. Ainsi le bon, le sensible sir Herbert, avec une chevelure que le tems avait entiérement blanchie, conduisit à l'autel une jeune beauté de dix-sept ans, dont il n'avait pas cherché à approfondir le caractère, dont il n'avait pas même songé à connaître les goûts..

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