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dédaigne pas d'appeler'son ouvrage. Qu'il ajoute seulement à ces noms d'auteurs étrangers ou morts, ceux des géographes et savans français qu'il a mis à contribution, quoiqu'ils vivent encore, et je crois que tout le monde sera d'accord.

VARIÉTÉS...

SPECTACLES.Opéra Buffa. - Première représentation 'Adolpho e Chiara, o i due Prigionieri, opéra imité du français, musique nouvelle de M. Vincent Pucitta.

Certain amateur que je n'ai pas besoin de nommer, s'avisa, il y a quelques années, de refaire la Phèdre de Racine qui, entre nous, n'était pas mal faite.

Certain musicien ultramontain s'est avisé de refaire la musique de l'opéra d'Adolphe et Clara, et le musicien italien n'a pas été plus heureux que l'amateur.

Je me suis plu dans cette feuille à rendre aux bons opéras italiens, représentés à Paris, la justice qui leur était due, j'ai donc acquis le droit d'exprimer franchement mon opinion; la vérité m'oblige à dire que de puis quinze ans, on n'a pas représenté sur le théâtre Faydeau un opéra, dont la musique fût aussi misérable, que celle d'Adolpho é Chiara; celle de Daleyrac est trop connue, trop bien appréciée pour qu'il soit nécessaire d'en faire ici l'éloge: un succès que dix années n'ont fait que confirmer ne s'obtient pas aisément, et nous connaissons beaucoup d'opéras composés au-delà des Alpes qui n'ont pas le mérite de plaire depuis si long-tems an public le plus difficile de l'Europe, je veux dire celui de Paris. J'ai déjà averti que la musique était d'une faiblesse remarquable; le public l'a jugée ainsi, car il l'a accueillie froidement, pour ne rien dire, de plus un seul duo a été applaudi, et il est à remarquer que ce duo a été pris de l'opéra de l'Impressario; n'est-il pas très-flatteur pour M. Pucitta, que le parterre n'ait applaudi que ce qui n'était pas de lui”?

On croíra peut-être qu'il n'est pas nécessaire de faire connaître le poëme, puisqu'il ne devrait être qu'une tra duction du joli opéra de M. Marsollier; mais les change mens qu'il a subis et qui ne sont pas heureux, en ont pres que fait un ouvrage nouveau; le travestisseur de l'opéra

de M. Marsollier y a introduit deux nouveaux personnages parfaitement inutiles à l'action, et l'on sait qu'au théâtre tout ce qui n'est pas essentiel devient vicieux.

Les auteurs de canevas italiens ne sont pas recommandables par leur respect pour les convenances théâtrales; le poëte français avait senti qu'il est possible d'effrayer Clara, jeune femme qui se trouve en peu d'instans transportée de son boudoir dans un vieux château lequel pourrait, besoin, passer pour une prison, mais il s'était bien d'user de ce moyen envers Adolphe; le travestisseu plus loin, et le domestique déguisé en geolier, quedang l'opéra français ne sert qu'à intimider Clara, causauss de grandes frayeurs au mari: il a paru très-réjouissa des. voir un capitaine de hussards trembler devant une calcaen ture digne tout au plus des ombres chinoises.

Je ne veux pas affliger les premiers artistes de l'Opéra Balla, je m'abstiendrai donc de toute comparaison entre eux et les comédiens du théâtre Feydeau; mais il faut pourtant avertir M. Porto que la bouffonnerie elle-même a ses bornes, et que c'est les outrepasser que de contrefaire sur la scène, le chien, le chat, le perroquet et autres ani maux dont le cri n'a rien de très-harmonieux.

En somme totale, nos compositeurs français doivent se rassurer; si c'est ainsi que l'on refait leurs ouvrages en Italie, de pareilles imitations ne feront que mieux ressor tir le mérite de nos bons originaux.

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B. S.

Lettre de M. DENINA, bibliothécaire de S. M. l'Empereur et Roi, à M. le comte FALLETTI BAROL, sénateur, ancien président de l'Académie impériale des Sciences, Belles-Tettres et Beaux-Arts de Turin, sur deux ouvrages. considérables de l'histoire littéraire d'Italie.

Dix ans avant l'éclat de la révolution française, sortant à peine de l'adolescence, vous étiez, M. le comte, également versé dans la littérature italienne et dans la française. Les voyages que vous avez faits depuis, tant en France qu'en Italie, vous ont mis à même de porter un jugement aussi juste qu'impartial sur l'une et sur l'autre, de faire pour l'honneur, de presque toute l'Italie ce que le marquis Maffei a fait pour sa patrie particulière, et sur-tout de donner à nos voisins en-deçà des Alpes des connaissances moins superficielles et plus justes qu'ils n'en avaient de la littérature italienne.

Kk

L'excellent ouvrage de Tiraboschi n'ayant pas été traduit en français, peut-être à cause d'une foule de notices et de détails qui n'intéressent que fort peu cette nation vive, spirituelle, et très-avancée dans la culture des belles-lettres, l'histoire de notre littérature continua d'être ou méconnue, ou négligée. J'en fus particulièrement convaincu, il y a dix ans et plus, par la connaissance que j'avais faite à Berlin de deux célèbres littérateurs, ou plus que littérateurs, le comte de Mirabeau, et le comte de Rivarol. Ce n'est pas qu'ils fussent ni l'un ni l'autre absolument étrangers à notre littérature; mais Mirabeau me parut s'être borné à la lecture de Machiavel, et Rivarol à celle de deux ou trois de nos poëtes. Cependant ce dernier, tandis qu'il s'occupait de la traduction du poëme du Dante, le plus grave et le plus sérieux ouvrage qu'on ait jamais conçu et exécuté, traita l'idiôme dans lequel ce poëme est écrit, et conséquemment celui de Pétrarque, dont nous admirons le style plein de dignité, comme un langage de baladins. Vous avez lu cela dans le mémoire de Rivarol qui, en 1784, partagea le prix proposé par l'Académie de Berlin sur les causes de l'universalité de la langue française; diatribe singulière qui fait encore aujourd'hui la base essentielle de la réputation littéraire de cet écrivain.

J'aime à croire que la plupart des littérateurs et des amateurs ses contemporains ne partageaient pas cette opinion; mais il n'est pas moins certain, que jusqu'aux premières années de ce siècle, et l'on peut dire jusqu'à l'année conrante 1811, on n'avait pas en France la plus médiocre connaissance de notre littérature. Ce n'est que depuis quelques semaines qu'on peut s'en faire une idée par l'ouvrage dont M. Ginguené vient de publier les trois premiers volumes, sous le titre d'Histoire littéraire d'Italie. Quoique je susse depuis long-tems que M. Ginguené avait de grandes connaissances dans notre littérature, j'aurais pourtant eu de la peine à croire qu'il en eût d'aussi étendues et d'aussi profondes. Il devait être sûrement déjà fort versé dans cette partie, lorsqu'il fut à Turin ambassadeur de la république française en 1797, et l'on peut supposer qu'il accepta cette mission de préférence à toute autre, parce qu'il aimait

l'Italie.

Amateur aussi ardent qu'éclairé de notre littérature, M. Ginguené tâcha d'en inspirer le goût à ses compatriotes; et de retour en France, il rentra, en quelque sorte, dans la carrière de l'instruction publique, où il avait auparavant

rempli les fonctions de directeur général, en faisant un cours de littérature italienne qu'il lut à l'Athénée en 1804 et 1805. Les leçons de ce cours, auxquelles assistaient alors un grand nombre d'Italiens, présentèrent, dès la première année, cette partie de l'histoire de notre littérature qui a paru depuis quelques semaines en trois volumes. M. Ginguené était, on le voit bien, occupé depuis plusieurs années du dessein d'écrire cette histoire, et c'est ainsi qu'il commença à exécuter son dessein.

Un chapitre de son premier volume, et près de la moitié du second, roulent sur le Dante. Vous savez, M le comte, combien je me suis occupé de la Divina Comedia de cet immortel patriarche de notre littérature, soit dans le tems que je composai l'histoire des révolutions d'Italie, soit dans les six ans que je fus, à l'Université de Turin, professeur des belles-lettres et particulièrement de l'art poétique. Malgré mes longues études dans cette partie de la belle littérature, les trois premiers volumes de l'histoire littéraire d'Italie de M. Ginguené m'ont, je ne sais si je dois dire charmé, ou humilié.

J'avais lu auparavant i Secoli della Litteratura Italiana de M. le conseiller J. B. Corniani, ouvrage savant, intéressant, et comparable, sous quelques rapports, à l'histoire de M. Ginguené, et tous les deux composés, dans le même tems, en langues et pays différens; car M. Corniani livrait au public le premier volume de l'ouvrage qu'il intitula Les Siecles de la Littérature Italienne, en 1804, presque dans le même moment que M. Ginguené lisait à l'Athénée de Paris les Discours ou Mémoires qui font maintenant les chapitres de son Histoire littéraire d'Italie. Les trois premiers volumes qui viennent de paraître se terminent à la fin du quinzième siècle; et l'on peut bien croire, qu'en retouchant son ouvrage, il se sera aidé quelquefois, pour ce qui regarde le quatorzième siècle, du travail du littérateur italien; il le cite même en plusieurs endroits. (Voyez particulièrement la note tome I, page 490); mais il est également certain qu'il n'en avait pas besoin, puisqu'avant la publication des Siècles de la Littérature Italienne, par Corniani, dont le second, le troisième, et les trois suivans volumes datent des années 1806 et 1808, M. Ginguené avait fait tout le plan de son ouvrage, et en avait même lu publiquement toute la première partie à l'Athénée.

Au reste, jamais des écrivains estimables, en parcou

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tant à quelques égards la même carrière, ne se sont rens contrés de si près dans certains détails. Mais lequel des deux ouvrages, très-savans sans contredit, sera lu avec plus d'intérêt et plus de plaisir? N'en déplaise à nos compatriotes zélateurs de la gloire littéraire de l'Italie, il est impossible de ne pas prévoir que l'auteur français l'emportera sur l'italien, et que même en Italie, on lira avec plus de satisfaction l'ouvrage de M. Ginguené que celui de M. Corniani, faisant même abstraction de la singularité des phrases et des mots qu'on remarque dans les écrits de ce dernier auteur, d'ailleurs très-estimable, mais qui dédaignant les termes propres et usités en emploie souvent de trop recherchés. Je regrette de n'en avoir pas parlé à notre savant, infiniment savant, et très-communicatif abbé de Caluso, pendant le séjour qu'il a fait dernièrement à Paris ; mais je ne suis pas moins sûr qu'un tel langage n'est pas de son goût. M. Ginguené n'a peut être pas été frappé comme nous de cette singularité de style.

P. S. En relisant cette lettre il me vient dans l'esprit qu'il ne serait pas hors de saison de la rendre publique. Si vous ne me mandez rien de contraire, je l'adresserai au rédacteur du Mercure pour qu'il l'insère, s'il le juge à-propos, dans un numéro de ce journal, aujourd'hui plus accrédité que jamais.

SOCIÉTÉS SAVANTES. Société d'Encouragement pour Tindustrie nationale. La Société d'Encouragement s'est réunie, il y a quelques mois, en assemblée générale, à l'effet, 1° d'entendre le compte des travaux de son conseil d'administration pendant l'année 1810, le rapport de sa commission, et celui des censeurs concernant la comp tabilité; 2° de procéder aux nominations prescrites par le réglement.

La séance s'est ouverte à huit heures du soir; le bureau était composé de MM. Chaptal, comte de Chanteloup, président; Guyton-Morveau et Dupont de Nemours, viceprésidens; le baron de Gérando, Mathieu de Montmorenci et Claude-Anthelme Costaz, secrétaires.

Un grand nombre de candidats, parmi lesquels on distingue M. le général Miollis, M. le comte de la Borde et M. le baron de Tournon, préfet de Rome, ont été présentés et admis membres de la Société.

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