Toi, vierge du Danube, aujourd'hui de la Seine, Lucine vient; confonds, dans tes yeux pleins de charmes, La joie et la douleur de la maternité. Mais, pour clianter ce prince, autre espoir de l'Europe, > Du Destin, dont la nuit couvre encor les décrets? > Sais-tu, lorsque ta muse, en promesses féconde, » Peint cet aiglon naissant pour le bonheur du monde, > S'il veut qu'avant la sœur le frère soit éclos? » Va, d'Hercule et d'Hébé, quand l'amour les enlace, » Il peut naître une Grâce, > Quoique d'un demi-Dieu l'on attende un héros. » Eh bien! avec transport j'embrasse l'assurance Le Printems ou l'Automne, Ont hâté ces présens, ou les ont retardés : Sans cacher de son cœur la juste préférence, De la pénible attente D'un fruit plus cher encore, et plus lent à mûrir. Mais j'entends cet airain, ees foudres pacifiques, NAPOLÉON est père, et le héros est né. Par P. N. ANDRÉ-MURVILLE. Début d'une Epître sur quelques genres dont Boileau n'a point fait mention dans son Art poétique (1), LORSQU'AU sein de la plaine un grand fleuve s'avance, Et livre à vingt cités le trésor de ses eaux, Je cultive le coin qu'il a laissé stérile : Le zèle est mon talent; la gloire est d'être utile. Auteur divin, souris à ma témérité ! Par P. J. B. CHAUSSARD. de cette Epître qui (1) Nous rendrons compte, dans de tems, peu vient de paraître, et qui a plus de cinq cents vers. Le début que nous insérons ici, motive le projet de l'auteur et annonce le but qu'il s'est proposé. (2) Lebrun. ENIGME. J'ACCOMPAGNE la rose aux beaux jours du printems Qu'il puisse de ses jours voir arriver la fin, Pour me tirer dehors, il faut beaucoup d'adresse. JAMAIS sans mon premier on ne dit le mot j'aime ; De quoi s'amuser, s'ennuyer, Se corrompre, s'édifier, Mais mon tout d'illustre mémoire Ne se voit plus que dans l'histoire. J. DE B. Mots de l'ENIGME, du LOGOGRIPHE et de la CHARADE insérés dans le dernier Numéro. Le mot de l'Enigme est Pourparler. Celui du Logogriphe est Cantique, dans lequel on trouve : antiqus. Celui de la Charade est Dépôt, LITTÉRATURE ET BEAUX-ARTS. ITINÉRAIRE DE PARIS A JERUSALEM, ET DE JÉRUSALEM A PARIS, EN ALLANT PAR LA GRÈCE, ET REVENANT PAR L'EGYPTE, LA BARBARIE ET L'ESPAGNE; par F. A. DE ornés de CHATEAUBRIAND. - Trois volumes in-8°, cartes géographiques. Prix, 18 fr., et 22 fr. franc de port. A Paris, chez Lenormant, imprim.-libraire, rue de Seine, no 8. Il est peu de lectures qui nous intéressent autant que celle des voyages; la relation d'un simple matelot échouant sur un rivage inconnu, nous racontant sans art ses dangers et ses naufrages, nous parlant dans un excite notre style barbare d'une peuplade barbare, curiosité, est lue avec empressement, avec avidité; c'est sur-tout de ces histoires particulières que Pline aurait pu justement dire: Historia quocumque modo scripta placet. Si vous donnez néanmoins un attrait de plus à cette curiosité naturelle et générale, et que changeant le lieu de la scène vous transportiez le voyageur obscur dans des contrées fameuses, alors les grands souvenirs de l'histoire suppléeront à l'insuffisance de l'écrivain et du peintre, animeront ses récits et ses tableaux, donneront de l'éclat à ses couleurs, de l'intérêt à ses informes descriptions. Mais si des lieux célebres sont parcourus par un célèbre écrivain, par un illustre voyageur; si des pays particuliérement favorisés de la nature exercent les pinceaux d'un homme dont le talent descriptif sait reproduire toutes les richesses de la nature, et les présente à nos yeux dans des tableaux vifs, animés, pittoresques; si sur-tout de grands hommes et de grandes actions, dont le seul souvenir enflamme les imaginations les plus froides, ont illustré ces contrées et sont peintes par une imagination forte; si le cœur noble et généreux du voyageur nous retrace les vertus généreuses, les sentimens nobles, les glorieux triomphes, les revers honorables de ceux qui habitèrent les villes et les républiques florissantes dont il ne voit aujourd'hui que les ruines ; si le contraste de ce qu'elles furent autrefois, de ce qu'elles sont aujourd'hui, est une occasion fréquente et naturelle, et de grandes pensées, et de rapprochemens frappans, et de touchans regrets; enfin, si la première patrie des beaux arts et du génie est parcourue par un digne admirateur du génie, par un homme sensible à tout ce qui est beau, à tout ce qui est grand; si la première patrie de la religion, le berceau de ces divines institutions qui ont changé la face du monde, le théâtre de tant de prodiges, de tous ces miracles de grandeur, de puissance, de dévouement et de charité, ont été visités par un homme dont la plume est déjà illustrée par la peinture des bienfaits de cette religion, et de tous les sentimens qu'inspirent si puissamment ces lieux sacrés, que pourrait-il manque, à la relation d'un pareil voyageur, à son itinéraire, pour plaire, intéresser, toucher, émouvoir, puisqu'à l'attrait universel pour les voyages se joindraient de si rares et de si heureuses circonstances, et que les lieux les plus célèbres de l'univers auraient élé parcourus par un des hommes les plus dignes de les peindre? Telles sont les contrées décrites dans l'Itinéraire de Paris à Jérusalem, et de Jérusalem à Paris. Tel est l'auteur de cet, ouvrage. Athènes, Sparte, Jérusalem, Alexandrie, Carthage; le Parnasse, l'Olympe, l'Eurotas, le Nil, le Jourdain ; les monumens de Periclès, ceux des Pharaons, ceux des Maures ou des Arabes ; la gloire passée et la honte présente ; la liberté turbulente et l'abjecte servitude; les descendans des vainqueurs de Marathon, de Salamine et de Platée, gouvernés par un stupide pacha, ou même par un vil eunuque noir; la patrie d'Homère, de Sophocle, de Piaton, de Zeuxis, de Phidias, plongée dans l'ignorance et la barbarie; la montagne de Sion, la fontaine de Siloé, les coteaux d'Eugaddi, les champs d'Ascalon; cette Palesfine entière illustrée par taut de prodiges de douceur, de miséricorde et de courage, foulée maintenant par d'in |