Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

Toi, vierge du Danube, aujourd'hui de la Seine,
De l'Eridan, du Tybre et la nymphe et la reine,
Hâte-toi; mets au jour ce fils tant souhaité :

Lucine vient; confonds, dans tes yeux pleins de charmes,
Le sourire et les larmes,

La joie et la douleur de la maternité.

Mais, pour clianter ce prince, autre espoir de l'Europe,
Tandis qu'imprudemment je prête à Calliope
Une voix prophétique et des vœux indiscrets,
Quelle autre voix me crie, et sévère et secrète,
« Qui t'a fait l'interprète

> Du Destin, dont la nuit couvre encor les décrets?

> Sais-tu, lorsque ta muse, en promesses féconde, » Peint cet aiglon naissant pour le bonheur du monde, > S'il veut qu'avant la sœur le frère soit éclos? » Va, d'Hercule et d'Hébé, quand l'amour les enlace, » Il peut naître une Grâce,

> Quoique d'un demi-Dieu l'on attende un héros. »

Eh bien! avec transport j'embrasse l'assurance
De ce double avenir qu'espère aussi la France.
L'homme heureux, qui sourit à ses champs fécondés,
Ne s'inquiète pas si Flore, si Pomone,

Le Printems ou l'Automne,

Ont hâté ces présens, ou les ont retardés :

Sans cacher de son cœur la juste préférence,
Il jouit de leur nombre et de leur différence;
Au matin d'un jour pur aime à les voir s'ouvrir;
Et se console, auprès de la rose odorante,

De la pénible attente

D'un fruit plus cher encore, et plus lent à mûrir.

Mais j'entends cet airain, ees foudres pacifiques,
. Le signal des plaisirs et des fêtes publiques;
Je vois vers le palais tout le peuple entraîné ;
La joie éclate au loin bruyante, universelle;
Notre sort se révèle ;

NAPOLÉON est père, et le héros est né.

Par P. N. ANDRÉ-MURVILLE.

Début d'une Epître sur quelques genres dont Boileau n'a point fait mention dans son Art poétique (1),

LORSQU'AU sein de la plaine un grand fleuve s'avance,
Superbe, et, sur ses pas épanchant l'abondance,
Partage son cristal en fertiles canaux,

Et livre à vingt cités le trésor de ses eaux,
Il délaisse parfois une agréable rive,
Qui se plaint de l'oubli de l'onde fugitive;
Des naïades alors si la plus humble sœur
Fait d'un ruisseau timide éclore la fraîcheur,
La rive consolée et s'anime et l'embrasse :
Tant le bienfait modeste a de force et de grâce!
C'est ainsi que ma muse, aux doctes nourrissons,
En l'absence du maître apporte des leçons.

Je cultive le coin qu'il a laissé stérile :

Le zèle est mon talent; la gloire est d'être utile.

Auteur divin, souris à ma témérité !
Si dès mes premiers ans, jour et nuit feuilleté,
Tu le sais, loin des jeux, ma studieuse enfance
Du charme de tes vers s'enivrait en silence;
Si dans l'humble réduit que toi-même habitas,
Avec un saint respect interrogeant tes pas,
Et dès-lors te vouant des hommages sans nombre,
Mon jeune enthousiasme évoquait ta grande ombre;
Et si de tes beautés notre Pindare épris (2),
Souvent me révéla leurs secrets et leur prix,
A ton livre immortel quand j'ajoute une page,
Boileau, que ton nom seul protége cet ouvrage;
Je le mets à tes pieds: soutiens ma faible voix ;
Commençons ; de l'Epître osons tracer les lois, etc.

Par P. J. B. CHAUSSARD.

de cette Epître qui

(1) Nous rendrons compte, dans de tems, peu vient de paraître, et qui a plus de cinq cents vers. Le début que nous insérons ici, motive le projet de l'auteur et annonce le but qu'il s'est proposé.

(2) Lebrun.

ENIGME.

J'ACCOMPAGNE la rose aux beaux jours du printems
Elle passe en un jour, et je reste en tout tems,
Quel que soit d'un mortel le bonheur ou la gloire,
Il est difficile de croire

Qu'il puisse de ses jours voir arriver la fin,
Sans que jamais je nuise à son heureux destin.
Pour m'éviter il faut veiller sans cesse ;
Dans le champ de la vie on me trouve souvent;
Or, si l'on m'attrappe en passant,

Pour me tirer dehors, il faut beaucoup d'adresse.

[blocks in formation]

JAMAIS sans mon premier on ne dit le mot j'aime ;
Jamais sans mon second on ne peut solfier;
Une exclamation se voit dans mon troisième ;
On trouve dans mon quatrième

De quoi s'amuser, s'ennuyer,

Se corrompre, s'édifier,

Mais mon tout d'illustre mémoire

Ne se voit plus que dans l'histoire.

J. DE B.

Mots de l'ENIGME, du LOGOGRIPHE et de la CHARADE insérés dans le dernier Numéro.

Le mot de l'Enigme est Pourparler.

Celui du Logogriphe est Cantique, dans lequel on trouve : antiqus. Celui de la Charade est Dépôt,

LITTÉRATURE ET BEAUX-ARTS.

ITINÉRAIRE DE PARIS A JERUSALEM, ET DE JÉRUSALEM A PARIS, EN ALLANT PAR LA GRÈCE, ET REVENANT PAR L'EGYPTE, LA BARBARIE ET L'ESPAGNE; par F. A. DE ornés de CHATEAUBRIAND. - Trois volumes in-8°,

[ocr errors]

cartes géographiques. Prix, 18 fr., et 22 fr. franc de port. A Paris, chez Lenormant, imprim.-libraire, rue de Seine, no 8.

Il est peu de lectures qui nous intéressent autant que celle des voyages; la relation d'un simple matelot échouant sur un rivage inconnu, nous racontant sans art ses dangers et ses naufrages, nous parlant dans un excite notre style barbare d'une peuplade barbare, curiosité, est lue avec empressement, avec avidité; c'est sur-tout de ces histoires particulières que Pline aurait pu justement dire: Historia quocumque modo scripta placet. Si vous donnez néanmoins un attrait de plus à cette curiosité naturelle et générale, et que changeant le lieu de la scène vous transportiez le voyageur obscur dans des contrées fameuses, alors les grands souvenirs de l'histoire suppléeront à l'insuffisance de l'écrivain et du peintre, animeront ses récits et ses tableaux, donneront de l'éclat à ses couleurs, de l'intérêt à ses informes descriptions. Mais si des lieux célebres sont parcourus par un célèbre écrivain, par un illustre voyageur; si des pays particuliérement favorisés de la nature exercent les pinceaux d'un homme dont le talent descriptif sait reproduire toutes les richesses de la nature, et les présente à nos yeux dans des tableaux vifs, animés, pittoresques; si sur-tout de grands hommes et de grandes actions, dont le seul souvenir enflamme les imaginations les plus froides, ont illustré ces contrées et sont peintes par une imagination forte; si le cœur noble et généreux du voyageur nous retrace

les vertus généreuses, les sentimens nobles, les glorieux triomphes, les revers honorables de ceux qui habitèrent les villes et les républiques florissantes dont il ne voit aujourd'hui que les ruines ; si le contraste de ce qu'elles furent autrefois, de ce qu'elles sont aujourd'hui, est une occasion fréquente et naturelle, et de grandes pensées, et de rapprochemens frappans, et de touchans regrets; enfin, si la première patrie des beaux arts et du génie est parcourue par un digne admirateur du génie, par un homme sensible à tout ce qui est beau, à tout ce qui est grand; si la première patrie de la religion, le berceau de ces divines institutions qui ont changé la face du monde, le théâtre de tant de prodiges, de tous ces miracles de grandeur, de puissance, de dévouement et de charité, ont été visités par un homme dont la plume est déjà illustrée par la peinture des bienfaits de cette religion, et de tous les sentimens qu'inspirent si puissamment ces lieux sacrés, que pourrait-il manque, à la relation d'un pareil voyageur, à son itinéraire, pour plaire, intéresser, toucher, émouvoir, puisqu'à l'attrait universel pour les voyages se joindraient de si rares et de si heureuses circonstances, et que les lieux les plus célèbres de l'univers auraient élé parcourus par un des hommes les plus dignes de les peindre?

Telles sont les contrées décrites dans l'Itinéraire de Paris à Jérusalem, et de Jérusalem à Paris. Tel est l'auteur de cet, ouvrage. Athènes, Sparte, Jérusalem, Alexandrie, Carthage; le Parnasse, l'Olympe, l'Eurotas, le Nil, le Jourdain ; les monumens de Periclès, ceux des Pharaons, ceux des Maures ou des Arabes ; la gloire passée et la honte présente ; la liberté turbulente et l'abjecte servitude; les descendans des vainqueurs de Marathon, de Salamine et de Platée, gouvernés par un stupide pacha, ou même par un vil eunuque noir; la patrie d'Homère, de Sophocle, de Piaton, de Zeuxis, de Phidias, plongée dans l'ignorance et la barbarie; la montagne de Sion, la fontaine de Siloé, les coteaux d'Eugaddi, les champs d'Ascalon; cette Palesfine entière illustrée par taut de prodiges de douceur, de miséricorde et de courage, foulée maintenant par d'in

« VorigeDoorgaan »