Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

Ce numéro est enrichi d'une planche double représentant, 1°. machine à percer et à couper simultanément

les barres de fer. 2°. Pont en cables de fer de 500 pieds d'ouverture.

TROISIÈME CLASSE.

STATISTIQUE.

Lettres sur quelques cantons de la Suisse, écrites en 1819. 1 vol. in8. Nicole et Mongie aíné. 7 fr.

Article deuxième. (Suite du troisième extrait.)

Le canton de Berne est divisé en bailliages ou, comme on parle à présent, en préfectures: chacune de ces préfectures nomme deux députés u conseil souverain; chaque petite ville en nomme autant. Les élections se font dans chaque commune à la majorité absolue des suffrages des citoyens qui en sont membres, et sur la proposition des syndics, préposés et autres fficiers publics. Les conditions d'éligibilité sont, d être âgé de trente ans au moins, et de posséder dix mille francs de Suisse, quinze mille francs de notre monnaie. Le résultat de ces élections communales produit quatre-vingt-six conseillers, nombre suffisant sans doute pour représenter les intérêts d'un si petit peuple et d'un territoire aussi borné, d'autant plus que ces élections limitées chacune dans le ressort de leurs localités ne risquent pas d'ètre perverties au gré de l'influence ou de suggestions étrangères: il reste encore, pour compléter le tiers de la représentation nationale, seize places environ à remplir. La nomination en est laissée au conseil ; unerareille latitude n'a' sans doute éré conçue par le législateur que dans des

[ocr errors]

intentions extrêmement généreuses;elle ouvre au mérite indigent, à la vertų roturière, aux talens précoces, la car rière des emplois publics, et cela de la manière la plus prompte, la plus honorable et la plus sûre, puisque dans une république il ne saurait exister de distinction plus flatteuse pour un citoyen que le suffrage libre et volontaire de ses magistrats: plusieurs choix de ce genre prouvent aussi que le sénat bernois s'est pénétré de l'esprit de sa constitution; et il est clair qu'en lø faisant il a plutôt déféré à l'opinion publique qu'à des suggestions privées ; mais comme les meilleures institutions pèchent toujours par quelques points et que celles qui paraissent irréprochables en théorie sont souvent vicieuses dans la pratique, parce que ce sont des hommes et presque toujours des hommes passionnés qui les exécutent, il se pourrait bien que celle-ci fut sujète à quelques inconvéniens; que, par exemple, destinée à favoriser le mérite jusques dans les derniers rangs du peuple, elle ne se fit plus qu'au profit des vieux préjugés des préten. tions surannées; et qu'ainsi une mesure propre à rendre le gouvernement plus populaire, ne tendit au contraire à fortifier les influences aristocratiques.

Le grand conseil est l'assemblée législative du canton: il discute et promulgue les lois; prend les mesures de police et de sûreté générale; décrète les alliances, les traités; nomme les ministres étrangers, les députés à la

diète et les officiers du contingent fédéral; arrête le compte et surveille l'emploi des revenus publics: mais il n'exerce lui-même aucune autorité sur les différentes branches de l'adminis tration; cette autorité est remise au petit conseil dont les membres tirés du grand conseil et nommés également à vie, sont véritablement les chefs de la république ces magistrats sont, comme par le passé, au nombre de vingt-sept, y compris les deux avoyers qui en sont les présidens perpétuels, et qui partagent les pouvoirs et les honneurs de cette dignité suprême. Le même esprit populaire qui a modifié l'ancienne constitution, relativement à la forme du grand conseil, se fait aussi par une conséquence nécessaire, remar quer dans la composition du petit conseil. Les habitans des villes et des campagnes sont aptes à y siéger, et l'on compte actuellement deux paysans dans le petit conseil; progrès qui peut paraître encore bien faible, mais qui n'en est pas moins remarquable au sein d'une aristocratie qui fut long-temps aussi inflexible que celle de Berne, et qui, il faut bien en convenir, avait acquis le droit de se croire en possession de la sagesse, comme de la confiance de son pays. Le petit conseil, ou conseil d'état est chargé de tous les détails de l'administration, de la nomination à tous les emplois civils, judiciaires et militaires du canton, de la perception et de l'emploi des revenus: il propose les matières qui doivent être soumises à la délibération du grand conseil, et y porte les projets de lois. Les affaires y sont discutées en commun et résolues à la majorité des voix; ce qui n'empêche pas qu'il n'y ait des commissions spéciales, telles qu'un conseil secret chargé plus particulièrement de la police, des négociations, et, en général, des affaires dont la conduite exige plus de discrétion qu'on ne peut en attendre d'une discussion tumultueuse. Le conseil de guerre où

se préparent les décisions relatives à la levée des troupes et les ordonnances concernant le service et la discipline militaires, forme encore au sein du conseil d'état une commission particulière.

[ocr errors]

Les revenus de l'état sont considérables, relativement à ce qu'il sont en d'autres cantons de la Suisse : la plus grande partie de ces revenus consiste dans les biens que l'état même possède à titre de propriétaire, dans les fruits qu'il en retire et dans les impôts qu'il y a établis, le cens et la dixme: encore ce dernier que l'état ne perçoit sur ses terres qu'à titre de propriétaire, est-il une redevance plutôt qu'un véri table impôt beaucoup de propriétés particulières sont effectivement dans le même cas et le peuple préfère généralement en ce pays une taxe aussi modérée et dont la perception toujours proportionnée à la récolte est simple et facile, autant que les autres modes sont dispendieux et volontaires. Il y a encore à Berne des impôts indirects: les droits de péage qui existaient dans l'ancien régime ont été rétablis dans le nouveau, aussi bien que les redevances dont le produit, a-t-on dit à l'auteur, ne laisse pas d'être considérable. Le gouvernement de Berne, quoique généralement peu favorable aux inventions modernes ne paraît pas cependant trop ennemi de celle-là; et il semble que de toutes les idées nouvelles, c'est elle qui l'enrichit le plus. Ainsi, outre les anciens droits qu'il a rétablis, il en a créé un nouveau, celui du timbre, qui est peut-être une garantie de plus donnée aux transactions sociales, mais qui plus certainement encore est une source abondante de richesses pour le fisc. Une autre concession que le gouvernement de Berne a paru à l'auteur avoir faite aux idées du siècle c'est le zèle avec lequel il propage l'es prit militaire dans ce canton, comme il l'est aussi aujourd'hui dans les autres

[ocr errors]
[ocr errors]

républiques helvétiques. Les événemens qui ont amené la chûre de cette confédération, ont fait sentir au canton de Berne, ainsi qu'aux autres cantons la nécessité d'une force militaire entretenue sur un pied plus respectable et exercée d'une manière régulière et permanente il ne me conviendrait pas, dit modestement l'auteur, de blamer des précautions trop bien justifiées d'avance par les revers qu'à essuyés cette république. Toutefois, en laissant de côté la question principale qu'il aura peut être occasion d'examiner ailleurs, il ne sait s'il ne doit pas résulter à la longue pour le canton de Berne, plus d'inconvéniens que d'avantages de ces établissemens militaires. La milice nationale de ce canton est composée de huit bataillons forts chacun de Soo hommes, en tout 6,4co hommes: ccs bataillons sont exercés tour à tour à Berne, dont ils forment la garnison pendant un espace de temps assez court, et ils ne reçoivent une solde que pendant la durée de ce service. Or il semble à l'auteur que si la conséquence de ce service est de mettre plus d'ensemble et plus d'uniformité dans l'instruction militaire et plus de régularité dans les manoeuvres, elle doit être aussi de faire contracter à ces divers corps des habitudes et des vices de garnison, peu compatibles avec les goûts et les occupations agricoles. Pour entretenir l'esprit public dans le canton et c'est là, à vrai dire, la meil. leure sauve-garde, est-il donc nécessaire de concentrer tous les moyens d'instruction dans la capitale, au risque d'infecter la population des campagnes? Ne serait-il pas plus naturel, plus sage, plus conforme aux anciennes maximes qui étaient celles de la liberté, que le contingent fut exercé à la défense de ses foyers, sans jamais les perdre de vue, à la réserve des offi. ciers qui ont évidemment besoin d'une éducation guerrière plus forte et qui peuvent plus aisément se passer de

[ocr errors]

moeurs que le soldat? (*) Le peuple de Berne est naturellement belliqueux, et l'esprit martial qui a présidé à la fondation de cet état, qui en a produit l'accroissement, et qui, de nos jours, en a si honorablement retardé la chûte, est trop généralement répandu dans les hautes classes de la société, pour qu'on puisse craindre qu'il s'y affaiblisse ja mais. Le service étranger offre d'ailleurs à la jeunesse bernoise le moyen d'acquérir l'instruction pratique qui lui manque dans ses foyers; et cela suffit sans doute, pour que la république ait toujours, au besoin, une excellente école d'officiers, comme elle trouve, dans le peuple des communes, une pépinière de bons soldats, toujours d'autant plus prêts à se dévouer pour leur pays, qu'on les aura moins distraits des affections de famille qui les y attachent. C'est donc à raffermir l'esprit public par une meilleure organisation des communes, bien plus qu'à former des garnisons et à peupler des casernes que devrait travailler le gou vernement bernois: plus heureux que d'autres états qui ont à opérer les mêmes réformes, celui-ci en a du moins les élémens dans sa main. Le peuple, long-temps éloigné des affaires par une aristocratie rigoureuse peut prendre à la chose publique, un intérêt proportionné à la part que la constitution lui accorde: mais soit une longue habitude, soit par une confiance bien légitime sans doute, ce peuple ne semble pas encore disposé à jouir complètement de ses droits, et c'est désormais

(*) Cette assertion est-elle bien juste? L'immoralité supposée des officiers n'est-elle pas plus contagieuse que celle du soldat, par la funeste manie de l'imitation plus commune dans cette classe d'individus que dans l'autre ? N'emporte-t-elle pas aussi nécessairement celle du soldat qui trouve une sorte d'excuse de sa corruption dans celle de ses chefs.

son indifférence qu'il faut vaincre, après avoir assuré sa liberté. Ici, comme à.Fribourg, les assemblées électorales sont peu fréquentées, le paysan se laisse, comme à regret, traîner au conseil, et ce n'est qu'avec répugnance qu'il quitte sa charrue pour se placer au timon de l'état. Ceux même à qui le patriotisme tient lieu d'ambition, et qui consentent à quitter le gouvernement de leur ferme pour celui de la république, satisfaits sans doute defporter aux lois de Jeur pays le tribut de leur soumission au lieu de celui de leurs lumières, opinent servilement, et malgré tous leurs efforts, restent plus fidèles à leurs anciens souvenirs qu'à leurs nouvelles prérogatives. Cette disposition des esprits quelque honorable qu'elle soit dans son principe, doit cesser pour l'intérêt de la chose publique; et si les magistrats ont dignement répondu à la confiance du peuple, il est temps qu'à son tour le peuple réponde à la confiance des magistrats. Il a semblé à l'auteur que l'inquiétude qui là, comme en France, était le résultat nécessaire d'un long et violent ébranlement, n'a pas cessé avec la cause qui l'avait produite, et qu'il n'y a jusqu'à présent que la lettre de la constitutiou qui soit fixé d'une manière précise: le sens qu'on doit y donner et l'usage qu'on peut en faire, diffèrent au gré de mille petits intérêts, de mille petites passions qu'une révolution créée en un jour, et qu'il faut des années pour l'amortir. Un secret mécontentement règne donc ici parmi tous les ordres de l'état. Les familles nobles dont la gloire se confond avec celle de l'ancien gouvernement, grettent probablement un régime qui fut si favorable à leur aggrandissement et à celui de la république, et à considérer la chose sans passion, il se peut que ces regrets soient encore plus patriotiques qu'ils ne paraissent intéressés. Les nobles de Berue peuvent croire, sans injustice, qu'une constitution sous laquelle leur patrie fut libre, flo

re

[ocr errors]

rissante et respectée pendant cinq siè cles, n'était pas en effet si vicieuse, et l'auteur soupçonne que la majorité des citoyens, s'il leur était permis d'exprimer leur vou, rentrerait sans peine sous l'empire d'une constitution qui leur garantissait tous les droits et les avantages des peuples libres Les chefs de l'état plus unis ici d'intention que ne le sont ceux de Fribourg, ne contrarieraient pas probablement ce vœu de la nation; mais ils gouvernent avec la majorité des conseils qui ne semble pas le partager. D'un autre côté, la petite bourgeoisie, qui est peut-être plus accessible encore aux suggestions de l'esprit populaire que la noblesse aux regrets de l'ancien ordre des choses, s'est montrée jusqu'ici peu satisfaite de la part que lui fait la nouvelle constitution. Pour se dédommager d'une foule de petits offices qu'elle a perdus par le retranchement du pays de Vaud et de l'Argovie, elle voudrait apparemment obtenir plus d'influence dans le conseil, et l'intérêt privé se couvre ici, comme ailleurs, du prétexte du bien public. La bourgeoisie de Berne, ainsi que celle de Fribourg, aspire donc assez ouvertement à une constitution démocratique; et quoique dans ces deux républiques la majorité du gouvernement, d'accord avec celle du peuple repousse cette prétention, il en résulte toujours une inquiétude vague qui empêche l'état de s'affermir et de prospérer. La jalousie et la défiance que les divers ordres s'inspirent mutuellement, répandent de la faiblesse dans les conseils et entretien. nent un certain mal-aise dans le corps politique; et il est difficile de prévoir quel sera le terme ou le résultat de cette lutte entre des préjugés et des intérêts aussi contraires. Une autre source d'embarras pour le gouvernement de Berne, est l'acquisition, on peut bien dire à titre onéreux, que ce canton a faite de la partie catholique de l'évéché de Bâle, en vertu des nouvelles dispo- ·

[ocr errors]

ne se

sitions émanées du congrès de Vienne. La difficulté de concilier les intérêts d'un pays catholique avec le régime d'un peuple protestant, et le peu d'ac. cord qui règne actuellement entre les habitudes et les maximes des deux com munions religieuses, ajoutent tous les jours de nouveaux obstacles à la marche d'un gouvernement déjà si peu maître de ses mouvemens et si gêné dans son alliance. Le progrès des lumières, si tant st qu'il y ait réellement progrès de cette nature fait pas du moins remarquer ici dans celui des mœurs; et peut-être qu'en effet ces deux choses n'ont rien de commun. Les mœurs sont encore à Berne ce qu'elles étaient avant la révolution, et il paraît même qu'à aucune époque cette république, ou du moins les chef's qui la gouvernaient ne se piquent point d'une grande rigidité de principes à cet égard. Il. ne paraît pas que depuis l'époque assez reculée de 1414 la rẻforme ait rendu au peuple beaucoup de vertus en échange des croyances qu'elle lui a ôtées. L'incrédulité n'est pas rare à Berne, mais en revanche, le libertinage n'y est guère plus retenu, et il est peu d'étrangers qui n'aient eu le moyen, et peut-être qui n'aient pris la peine de s'en convaincre, dans le quartier de cette ville qui est bâti sur le bord de l'Aar, et où sont situés les bains. Il est même remarquable que Berne qui va de pair, sous ce rapport avec les capitales les plus éclairées de l'Europe, soit peut-être celle qui ait produit le premier athée. L'auteur ici se rappelle avoir lu dans le célèbre historien Muller, qu'un certain Loefeer qui avait, dit en propres termes Muller, la foi que l'on nomme croyance d'esprit fort, fut brulé en 1375 à la réquisition de l'official de l'évêque. Pendant qu'on le conduisait au lieu de Texécution, avec toute la cérémonie usitée en pareil cas, mon ami, dit-il, au bourreau, il n'y a pas là assez de bois; et il mourut avec cette indiffé

rence. Que feraient de plus, dit l'au~ teur que n'a fait l'esprit fort du qua torzième siècle, les philosophes du dix-neuvième !

L'Autriche, etc. Par M. Marcel de Serre, etc. (Voyez pour le déve→ loppement du titre, l'adresse et le prix le troisième cahier de ce journal.).

En considérant, respectivement à l'empire d'Autriche, l'influence du climat et du sol sur les mœurs et le caractère des habitans, l'auteur après quelques observations pleines de sagacité sur cette influence, soit sur les anciens peuples, soit sur les nations modernes, remarque qu'on trouve dans les poésies du nord de l'Allemagne un entousiasme vague, un désir qui ne peut pas atteindre un but ; l'imagination des Allemands, dans cette partie de leur territoire, est aussi féconde qu'illimitée: exaltée par les brouillards du Nord, elle n'a jamais produit des modèles, ni des œuvres qui aient atteint un certain degré de perfection; ils ne peuvent pas souffrir le joug des règles en littérature et veulent se perdre dans le vague de leurs idées. Tout y a ressenti l'effet d'une nature incertaine; et le pouvoir y a été aussi fluctuant que les idées. Les hommes éclairés, ne s'y accordent pas plus sur le domaine des spéculations, que les prin ces sur les biens réels de la terre. Dans le midi de l'Allemagne, où la nas ture est plus calme et plus riante, l'imagination s'exalte beaucoup moins : le pouvoir y est moins incertain et beaucoup plus concentré. Toutes les passions ont pris dans l'Allemagne méri dionale un caractère de douceur particulier elle serait la contrée la plus fortunée de l'Europe, si le gouvernement qui la dirige n'avait pas montré, dans un grand nombre de circonstan ces, une faiblesse qui s'accorde peu avec la sagesse de ses vues. Tempérés

:

« VorigeDoorgaan »