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J. H. Matthey Médecin 1742-1796, Président du Conseil municipal d'Anvers.

NOTE SUR J. H. MATTHEY, MÉDECIN,
PRÉSIDENT DU CONSEIL MUNICIPAL

D'ANVERS,

PAR LE Dr A. de METS.

Répondant au désir exprimé par le D' Brandligt, commissaire directeur de la Société de médecine d'Anvers (devenue société royale) de traiter une tranche du passé de notre profession, nous avons situé notre sujet à Anvers en plein dans la tourmente révolutionnaire, qui lia nos destinées à celles de la France: période calamiteuse pour la patrie belge, pour notre cité et pour notre profession.

Vous avez tous présentes à la mémoire les années tragiques de l'occupation allemande; les années qui suivirent l'invasion française en Belgique, en 1794, ne furent pas moins cruelles pour notre pays.

Vous voudrez bien excuser quelques courtes réminiscences historiques qui vous sont familières du reste, elles sont nécessaires au cadre de notre sujet. Le XVIIIe siècle s'en allait lentement dans une stagnation économique et intellectuelle. Le Traité de Munster (1648), en coupant notre pays de la mer, avait été pour lui et pour Anvers un arrêt de mort. Pour nos voisins du Nord prospérité inouïe, grandeur; pour nos provinces lente décadence, misère; les arts et les lettres se meurent. L'Université de Louvain n'est plus que l'ombre d'elle-même.

Les efforts de nos gouvernants pour débarrasser le pays de son carcan, sont vains. L'Académie des Sciences, création de Marie-Thérèse il y a 150 ans, est bien accueillie; elle éveille le sentiment national engourdi dans la détresse générale; signe des temps, l'Académie est bilingue.

Signe des temps aussi, un grand nombre de médecins et de chirurgiens vont étudier à l'étranger, en dépit des placards qui réservent le monopole aux diplômes des Universités de Louvain et de Douai, du temps où Douai était belge. Le gouvernement ferme les yeux, entérine les diplômes de Paris, Amsterdam, Leyde et d'ailleurs.

L'enseignement de la chirurgie en 1786 avait pris à Anvers un

développement nouveau sous l'impulsion vigoureuse de L. Dominique Leroy, et de J. Henri Matthey. Leroy (anatomiste de l'Académie anatomique d'Amsterdam) avait pris sa licence en médecine à Louvain en 1782; avec J. H. Matthey il tente d'organiser l'enseignement clinique chirurgical au lit des malades à l'instar de ce qui se fait dans les universités.

Le magistrat reste sourd à leur demande, il a peur de l'innovation et ne veut pas supprimer le chirurgien en fonctions Pierre Joseph Hoylaerts, diplômé à Paris (1744), praticien depuis près de 50 ans.

Bientôt la fortune politique de notre pays va changer et alors, en dépit des ordonnances républicaines, L. D. Leroy et J. H. Matthey, les initiateurs courageux et éclairés vont réorganiser l'enseignement.

La convention nationale se débat dans des difficultés financières, contre la banqueroute; la guerre et la mer des assignats l'ont mise sur le flanc. Elle louche du côté de la Belgique, un pays riche, où elle trouvera des ressources en numéraire et en trésors d'or et d'argent; elle pourra y écouler son papier-monnaie. La France républicaine se découvre une tendresse particulière pour la liberté des peuples et des fleuves, oubliant qu'elle a été l'artisan de la fermeture de l'Escaut. Le 12 novembre 1792. un arrêt du conseil exécutif proclame la liberté de l'Escaut au nom du droit naturel des peuples.

Cette pièce servit de passe-port à l'armée de Dumouriez, qui entre en Belgique le 19 novembre 1792, culbute l'armée autrichienne à Jemmapes et s'étend sur toute la Belgique. Anvers se rend sans coup férir, le drapeau tricolore est arboré à la tour de la cathédrale. Le 8 décembre une escadre française bousculant les Hollandais, remonte le fleuve et proclame à coups de canon le décret de la Convention libérant l'Escaut. Le 1 avril 1793, Anvers et le pays rentrent sous la domination autrichienne. Pas pour longtemps. Le 10 août suivant la bataille de Fleurus rend les provinces belges à la France. L'armée républicaine rentre à Anvers suivie d'une foule d'aventuriers prêts à la curée.

Et voici s'amener J. H. Matthey, qui va revêtir bientôt la magistrature suprême de la cité. Né à Maeseyck en 1742, il étudie la chirurgie à Anvers, obtient la maîtrise en 1766, fait du service comme chirurgien dans l'armée autrichienne, se fait inscrire dans

la corporation des chirurgiens en 1770; prend sa licence médicale à Louvain en 1776. Il avait publié en 1771 une intéressante brochure: De behulpzame hand aen de verdronken toegebragt ofte korte verhandeling over de verdronken, in dewelke men aenwyst de ware oorzaek van hunne dood, ende de bekwaemste hulpmiddelen om hun van eene schynlyke dood te redden. Zeer dienstig voor alle menschen ende voor die dewelke aen de justitie rapport maken ten hoogst noodzakelyk. Byeenverzaemt door J. H. Matthey, Mr chirurjyn. t'Antwerpen by J. C. Demarcour (S. A. 1771, 102 p. in 4°).

Bientôt le voilà médecin pensionnaire (1783), bientôt aussi sa grande activité le fait désigner comme prélecteur (leermeester) de sa corporation. Il organise des concours pour les jeunes apprentis, des personnages en situation interviennent généreusement pour accorder des prix aux gagnants des concours. Sa trop grande activité ayant indisposé contre lui les membres de la corporation, ceux-ci font échouer son projet d'enseignement chirurgical clinique malgré une campagne menée avec une âpre obstination. Est-ce par le fait de son ambition déçue, comme ce fut le cas d'un autre médecin, tristement célèbre, Marat; est-ce par l'influence d'un personnage que nous allons rencontrer que J. H. Matthey devint un jacobin exalté, et le persécuteur de ses compatriotes? On ne le sait. Nommé officier municipal de la nouvelle administration créée par les sans culottes, il donne des gages nombreux de sa fidélité au nouveau régime.

Fête de la jeunesse, fête des vieillards, fête de la raison, fête de l'être suprême, fête du mariage, fête de la réunion, il est de toutes les fêtes, mais aussi de toutes les spoliations: il se fait le délateur des absents, des ci-devant dont les biens vont être vendus, pour le profit de l'envahisseur. La ville est frappée d'un impôt de guerre de 10 millions dont le clergé et les nobles ont à payer la grosse part: il trouve ses concitoyens trop peu zélés à remplir les coffres de la République, dont le vide est effrayant. Il leur adresse une proclamation en français et en flamand avec son ami Dargonne, un Français (ci-devant maître à danser), avec son ami Ch. d'Or, un Anversois. Il mène la chasse aux curés, et aux rares couvents que Joseph II avait laissé subsister, il entame contre eux une lutte sans merci qui continue jusqu'à l'avènement de Bonarparte.

En attendant le pillage des églises s'organise, leurs trésors sont

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