la montagne, au-dessus des bains du même nom, pour la voie romaine. Une brochure, publiée en 1902, donne des renseignements historiques complets sur Echaillon. IV Jarrier. St-Pancrace. Fontcouverte. Un plateau à pente uniforme, appuyé d'un côté au Sapey, joignant de l'autre les terres de Fontcouverte au-dessus de La Rochette, tout couvert de champs de blé, coupés de prairies et de bouquets de bois, tel devait être Jarrier à l'époque où il reçut son nom: Jarriacum et Garriacum, dans les chartes. Or, dit du Cange, Jarria, Gerria, Joria, signifie une grande étendue de champs. Le nom naquit donc naturellement de l'état du lieu, comme beaucoup d'autres noms. En ce temps-là le torrent de Bonrieu coulait comme un paissible ruisseau, bonus ritus, entre l'emplacement du village de St-Pancrace et la montagne et descendait sur le territoire de St-Jean aux Oulles, où l'on voit son lit, toujours sec, bien creusé. Ce nom semble indiquer qu'il y avait là une fabrique de ces marmites arrondies si communes autrefois chez nous, de ollis, lieu où l'on fait des Oules, des marmites. (1) Un jour le bon ruisseau sortit de son lit et se jeta sur sa gauche, creusant le sol, et déterminant des éboulements, des affaissements, des glissements de terres, qui depuis ne se sont jamais arrêtés; c'est son lit actuel entre Jarrier et St-Pancrace. De temps en temps des pluies torrentielles et la fonte rapide des neiges ont activé son travail et la ville de St-Jean a plus d'une fois subi ses invasions. Le cataclysme du 2 () Voir note 3, février 1440 a particulièrement laissé des souvenirs dans notre histoire. Au milieu de cet effondrement du sol de Jarrier, deux arêtes sont restées debout: celle qui porte l'église paroissiale, mal assise entre un ruisseau profondément encaissé et une large dépression de terrain qui porte bien son nom, le Cruet, Crosum, le Creux; et l'arête de la Vardaz où, après la peste de 1565, l'on a a construit une chapelle en l'honneur de St-Roch. Il reste encore de l'ancien plateau une petite partie, vers le Sapey; tout au bord est le hameau d'Irruil, en latin Irruit, la terre qui s'écroule. A quelle époque ce changement de lit de Bonrieu eut-il lieu? Impossible de le déterminer, même d'une manière approximative. Saint-Pancrace a du-être, dans l'origine, une dépendance de Jarrier et c'est pourquoi il n'a pas d'autre nom que celui du patron de l'église, d'abord simple chapelle rurale. De quelque façon qu'elle ait été amenée, la séparation est bien antérieure à l'année. 1184; car une bulle du pape Lucius III, de cette année-là, met l'église de St-Pancrace et celle de Jarrier au nombre de celles qui appartiennent à la mense épiscopale. Deux hameaux de cette commune ont donné leurs noms à des familles nobles de la Botière, qui paraît et disparaît dans nos chartes au XIVe siècle ; des Colonnes, que l'on y voit du XIIIe à la fin du XVIo. Une troisième famille, les Varnier, était du village de l'église et pouvait fournir sa généalogie et ses preuves de noblesse du commencement du XIVe siècle au XIXe où elle finit. (1) St-Pancrace est un des domaines dont le patrice Abbon avait hérité de ses ancêtres et que, par son testament de l'année 739, il donna au monastère de la Novalaise. Un autre se nommait Fontana Lancellot, (1) Travaux de la Société d'Hist..... 1a série, t. 5, p. 384; t. 6, p. 289. dans ses travaux d'identification des noms, dit que c'est Fontcouverte en Maurienne. Ce nom de Fontcouverte (ecclesiam de Fonte cooperto) se trouve dans la bulle de 1184 dont j'ai parlé. Cette fontaine sort de terre dans le pli de la montagne, au bord duquel s'étend le village de l'église, Cette église a d'abord été agrandie de trois toises sur le devant en 1632; les tufs du portail et de la grosse corniche extérieure ont été taillés à Combaz-Laurent. En 1678 le choeur fut reconstruit et agrandi. La consécration de l'église eut lieu le 19 juin 1680. La flèche du clocher a été refaite et exhaussée vers 1865. Fontcouverte est dominé, au midi par le piton de Charvin, mons calvus, la montagne chauve, les flancs boisés, mais la tête aplatie, inclinée au nord, toute gazonnée. Si sa calvitie n'est pas de naissance, elle est déjà bien vieille. Trois familles nobles ont leurs noms inscrits dans les annales de Fontcouverte du Villard, du nom d'un hameau situé un peu au-dessus du village de l'église, de 1313 à la fin du XVIe siècle; Vallin, dont la tour est en face de l'église et qui n'a qu'un nom, Gabriel Vallin, anobli en 1440 et mort en 1464; Fornier ou Fournier, du hameau de la Bise soit de Riortier, au pied de Charvin, anobli en 1475, éteint en 1610 en la la personne du célèbre P. Chérùbin de Maurienne, capucin. (1) V Arves et Albiez. Jusqu'au XVIe siècle le nom de cette vallée se mettait au singulier, Arve, comme le nom latin Arva qui, selon du Cange signifie : grande étendue de terres culti (1) Ibid., t. 6, p. 273. vées. Cependant la division en deux communes, StJean et St-Sorlin, est bien antérieure au XIIe siècle ; car en 1184 on lit déjà ecclesias de Arca, les églises d'Arve. Les nobles d'Arve remontaient au-delà du XIIe siècle. Ils avaient près de l'église de St-Jeand'Arves une maison forte qui, au commencement du XVIe siècle, portait le nom de tour de la Genevoise, je ne sais pourquoi. Elle fut prise par Lesdiguières en 1597, reprise par les troupes du duc de Savoie en 1398, occupée encore par les Français en 1600, mise à sac et ruinée par les habitants. Il en reste le nom de la tour gardé par la maison qui fut bâtie ensuite. Le château des évêques avait eu le même sort 275 ans auparavant. Il était situé au bas de la plaine des Echaux à droite de la tour: un fossé en marque le périmètre. En 1325, malgré les larges franchises dont jouissait la Terre Episcopale et que l'évêque Aimon de Miolans venait de confirmer, les Arvains s'insurgèrent, chassèrent l'évêque et détruisirent le château de fond en comble. Le bénéfice fut que l'évêque, n'ayant point de soldats, fut contraint d'associer à sa souveraineté le comte de Savoie et que le comte amena avec lui ses employés, ses redevances, ses cavalcades ou levées militaires et ses guerres. Cueillons dans la vallée des Arves quelques vieux souvenirs. Le plus vieux nous est peut-être donné par le village de Cluny à St-Sorlin. Cluinum, Clunium, les pâturages où l'on parque les brebis. Le chapitre de la cathédrale y possédait, au XVIe siècle, des redevances si lourdes, que le propriétaire d'une terre devait à lui seul, tous les ans, la tierce partie de la vingt-quatrième partie d'une polaille sa reconnaissance ne dit pas si c'était la moitié d'une aile ou d'une cuisse. La Chal, Calr, de Calce, l'endroit d'où l'on en tire ou bien où l'on fait de la chaux. C'est aussi le nom de la plaine qui s'étend de La Chal à La Tour, les Echaux ou Séchaux, Calces. Aujourd'hui, je crois que l'on n'y trouve pas un caillou. Guigues Arlaud de Calce vivait en 1400. Le villagium de Calce est mentionné dans un contrat de 1508. Le Poing ou Poingt. Il y a aussi à Valloires deux hameaux de ce nom. Podium, Pogium, Poium, en italien Poggio, domaine, village situé sur une hauteur. On a cru trouver dans ce mot le radical celtique pik ou pek, cime; je ne m'y oppose pas. Eustache de Podio Arce, damoiseau (noble pas encore armé chevalier), y vivait en 1377. Le damoiseau Pierre du Poing d'Arve était propriétaire sur le territoire de St-Jean-deMaurienne, au-delà d'Arvan. Les Arves se relient aux Albiez par Montrond Mons rotundus. La montagne à croupe arrondie qui domine le village principal, a donné son nom à la commune. J'ai lu quelque part Montrond d'Arve. Si Montrond a fait partie d'Arve, il y a longtemps que la séparation est faite; car Montrond avait son église en 1184. ALBIEZ. Il y a Albiez-le-Vieux et Albiez-le-Jeune. Dans l'origine les deux ne formaient qu'une commune, une communauté comme l'on disait autrefois, dont le centre était à Albiez-le-Vieux. En 1040, l'évêque Thibaud donnait au chapitre, ruiné par la destruction de la ville en 1034, une propriété à Albiez-le-Vieux (in Albieys vetulum) et une autre à Albiez-le-Jeune (in Albieys juvenculum). La bulle de 1184 mentionne les églises des deux Albiez (ecclesias de duobus Albiacis). En 739, le patrice Abbon, faisant le monastère de la Novalaise son héritier, range le domaine des Albiez (in Albiadis) au nombre de ceux qu'il avait conquis sur une certaine Siagria qui s'en était emparée et s'était alliée aux Sarrasins dans lenr invasion de 732. D'où vient le nom d'Albiez (1)? J'ai lu quelque part Albi Acus, les Aiguilles Blanches ; mais les Aiguilles (1) Voir note . |