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tance, fut amélioré par les moines et substitué peu à peu aux deux routes de la Vérolle et du Petit-Montcenis, si bien que Louis-le-Débonnaire estima nécessaire la construction d'un hospice. Il est plus que probable que les bénédictins de la Novalaise déchargèrent Lanceum de toutes redevances, à la condition d'entretenir ouverte la route du Montcenis et l'on trouve cette situation dans les siècles suivants. Ainsi, en 1594, les communes de Lans-le-Bourg et de Lans-le-Villard sont déclarées exemptes « de la moitié de toutes tailles et charges extraordinaires », parce qu'elles ont la charge d'ensevelir les morts qui se trouveront dans la montagne et de planter des croix, pour enseigner le chemin ». D'autres pièces leur imposent d'une manière générale la manutention de la route.

IX.

Aussois. Avrieux. Le Bourget.

Quand on a franchi le col de Sardières, on trouve Aussois, assez gràcieusement assis dans un cadre de forêts et de précipices, au milieu des champs et des prairies. Le nom latin est écrit de bien de manières. dans les chartes des XIIe et XIe siècles: Hauca, Auce, Aucesio, Aucesium..... Ce mot ne dit rien. Mais dans des mots similaires on trouve Au mis pour Ari; ainsi ducella, pour avicula, aricella. Aucesi voudrait-il dire pays des oiseaur? En fait, l'endroit. était excellent pour les nids et les ébats, surtout avant que la route amena, sinon la création, du moins le développement d'un centre d'habitations et de cultures. (1)

La voie romaine devint route ducale, route royale, jusqu'à ce que Napoléon I eût fait établir sur le côté gauche de la vallée une route plus directe et moins

1) Voir note 10.

accidentée de montée et de descentes. Aussois perdit alors sa petite importance comme lieu de relai, ainsi qu'en témoignent quelques maisons qui ont l'air de pleurer leur déchéance.

Le plateau d'Aussois se termine, du côté d'Avrieux, par un à pic inabordable. Le long de l'arrête sont échelonnés les forts de l'Esseillon. Leur construction. imposée, en 1815, au roi de Sardaigne par l'Autriche a commencé en 1827. Ce nom de l'Esseillon est un souvenir de la voie romaine. Pour descendre dans le bassin d'Avrieux, Enobarbus avait fait pratiquer un escalier, scalio, dans le rocher. En suivant ce chemin, on laisse, à gauche, l'Arc et la vaste forêt du Bois du Nant, ainsi dénommée à cause du ruisseau, nantum, qui la coupe en deux.

C'est un tout petit monde à part que le bassin où sont paisiblement assises les deux communes d'Avrieux et de Villarodin-Bourget. Assez bien tapissés de champs et de prairies, principalement du côté du Bourget, mieux ensoleillé, il est encaissé, au nord et au midi, entre deux montagnes couvertes de sapins, à l'ouest et à l'est entre les monticules des tufs qui la séparent de Modane, et les hauts rochers de l'Esseillon. L'Arc le coupe en écharpe.

Au bas des rochers s'ouvre une gorge qui a un nom lugubre Aur morts. C'est là que l'on enterra les victimes de la peste de 1630, au nombre de quarante-sept.

Le fait le plus saillant de l'humble histoire d'Avrieux, à l'occasion duquel on rencontre pour la première fois le nom de ce village, c'est la mort de l'empereur Charles-le-Chauve, le 6 octobre 877. Il n'est pas le cas de rapporter ici les preuves qui établissent que c'est bien en ce lieu, et non pas à Nantua, où la sépulture eut lieu, que cet événement s'est accompli (1). Résumons seulement les faits.

(1) V. Truraur de la Societe & Hist... 2a série, 1 1 2 part.. p. 19 et 259.

L'empereur est en Italie. Voulant rentrer en France, il fait prendre les devants à l'impératrice Richilde, qui va l'attendre dans la ville de Maurienne. Il arrive au pied des Alpes et tombe malade, son médecin l'empoisonne. Il passe cependant le Mont Cenis, mais est contraint de s'arrêter dans un lieu appelé Brios par Mabillon, Barios par Baronius. L'impératrice accourt et il meurt.

Evidemment, Brios et Barios, c'est la même localité. Nous avons vu que Barios signifie barrière. Ici la barrière, ce sont les rochers de Scalio.

Au XIIe siècle, le nom, un peu transformé et latinisé, est devenu Aprilis (1). Une famille anglaise, très probablement parente du martyr saint Thomas Beckay et fuyant la persécution du roi Henri II, s'est installée dans ce vallon, en a pris le nom et y a acquis des propriétés et des droits féodaux. Elle fonde l'église de Aprilis et la dote en 1214, sous le vocable de saint Thomas (2).

Avrieux est devenu un fief des vicomtes de Maurienne seigneurs de La Chambre. Ils possèdent un château, qui est mentionné dans des chartes de 1353 et de 1357. Ce n'était alors qu'une tour, à laquelle était adossé un petit corps de logis, peut-être les restes d'une antique construction servant de pied à terre avant et après le passage des montagnes. Il est possible que Charles-le-Chauve soit mort dans ce château, et non pas dans une chaumière, comme on l'a dit quelque part sans preuve aucune.

L'Arc sépare Avrieux, terre du vicomte de Maurienne, du Bourget, Burgetum, petit bourg, terre du comte de Savoie, châtellenie de Maurienne et mestralie de Modane. Au point de vue spécial de ce travail, je n'ai rien à ajouter, sauf que la voie romaine, après avoir traversé le petit bourg, allait passer sur la hauteur où

(1) Voir note 11.

(2) Travaux..... 1' série, t. 4, p. 3, Récits Mauriennais, 2° sér., p. 294.

est situé le hameau d'Amodon, souvent appelé dans les chartes le petit Amodane.

X.

Modane. Les Fourneaux.

Si l'on en croit le docte André Lancellot, en ses identifications de noms de lieux dont j'ai déjà parlé, Modane figure, sous le nom de Missiotanum, parmi les domaines que le patrice Abbon donna au monastère de la Novalaise en 739. Or missio ou messio signifie moissons, et, avec le suffice anum, Massiotanum veut dire champ de blés. Il n'y a qu'à regarder les alentours de Modane, pour constater que le nom était bien choisi.

Du Cange fournit une autre étymologie voisine de celle-là. On appelait aussi messio, dit-il, une redevance que l'état, ou le seigneur, percevait sur les moissons, soit sur les fruits quelconques de la terre. Missiolanum pouvait avoir tiré son nom de ces redevances, payées en nature, et des greniers et magasins qui y étaient établis pour tout le territoire dont il était le centre. Modane devint, sous les organisations politiques qui se succédèrent au cours des siècles, le cheflieu d'une mestralie, puis d'un canton.

Quant à tirer Modane de Medulum et à en faire la capitale des Médules, comme le veut Augustin de la Chiesa, bien que Modane ait appartenu aux Médules, cela paraît difficile. Il faudrait adopter le système de certains étymologistes ne tenir aucun compte des voyelles et très peu des consonnes, mais seulement d'une vague consonance. Medulum aurait précédé Missiotanum.

A ce nom succéda, Amondana, parochia de Amondana ou Amondane (1). On trouve ce nom dans des

(1) Voir note 12.

chartes de 1309, 1469, 1470.... ; mais cela ne veut pas dire qu'il ne remontât pas déjà à plusieurs siècles. D'où venait-il? Il faut encore le demander, à du Cange. Du VIe au VIIe siècle, l'homme qui était sous la tutelle et la protection, toujours onéreuse, d'un seigneur était mundman, in mundio. Celui qui était affranchi de cette tutelle, qui était libre, s'appelait amund. Une cité, un bourg amund était libre et se gouvernait par ses propres lois sauf les droits de la souveraineté. Or postérieurement au VIIIe siècle et au moins dès les premiers temps de la nomination des comtes de Maurienne, l'ancien Missiolanum obtint des franchises spéciales, plus amples que celles des communes voisines; elles lui constituèrent un nouveau nom; Amondane, le bourg libre. Au XVIe siècle on supprima l'n et au XVIII l'a initial.

Modane-Gare, dont

Modane-Ville a trois annexes je n'ai rien à dire, le Paquier et un petit village situé dans de vertes prairies, sur la rive droite de l'Arc. Le nom de celui-ci appelle une menue observation. J'ai lu: Loutraz. Le nom latin est Ultra Arcum, au-delà de l'Are. Il faudrait donc écrire: Outr'Arc ou L'Outr'Arc. C'est là que passait la voie romaine, au pied de la montagne du Sappey ou des sapins.

La montagne a donné son nom au fort dont l'abandon du Mont-Cenis à l'Italie a nécessité la construction il est complèté par la batterie du Replaton, établie un peu plus bas sur un ressaut ou replat.

Le Pâquier, pasquerium, le pâturage, est un petit hameau établi un peu au-dessus de Modane-Ville, au milieu des champs et au pied de la forêt. Ce nom lui vient sans doute de ce que les champs, quand ils sont en jachère, deviennent un pâturage commun pour les brebis, selon la coutume d'un grand nombre de com

munes.

Le hameau est traversé par le vieux chemin du Charmaix.

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