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renger au Châtel et quelques autres fiefs. Cela constitua une petite seigneurie, de peu de revenus, et le Chapitre eut son juge particulier. Richard de La Chambre (1221) lui donna aussi une chavannerie, une ferme à VillardPutier, Villare Puteum, le village qui a un puits, autre village de Beaune.

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Le village de la Porte se cramponne à la pente raide de la montagne, tout à côté de l'arête gazonnée, sans doute descendue des hauts sommets à l'époque glaciaire. L'Arc se tailla un passage. Puis le Pas-du-Roc dut se laisser couper pour faire place à la route et plus tard au chemin de fer. Les Romains qui n'aimaient pas avoir affaire aux rivières et torrents, avaient opéré une coupure dans l'arrête beaucoup plus haut. Ce fut la Porte, dont le village, et toute la commune placée sur le bord de l'arête, prirent leur nom. La commune y ajouta celui de son patron, Saint Martin de Tours.

Y a-t-il eu là une fermeture quelconque, avec barrières et autres défenses? Je crois l'avoir lu quelque part, mais sans preuves. En tout cas, il n'est pas à ma connaissance que la porte ait tenté d'arrêter personne. (1)

En descendant vers St-Martin, sur un ressaut de la montagne, au milieu des champs, à côté de l'antique route, se dresse une tour ronde, la tour du Mollaret (Mollaretum, petit mollard, petite colline). Les chartes l'appellent aussi tour haute, tour de St-Murtin. Sa construction peut dater du XIe siècle : elle était entourée de vastes bâtiments dont il reste quelques vestiges. Propriété des nobles Luciane jusque vers la fin du XVe siècle, elle passa aux Mareschal-Luciane et en 1651 à Claude d'Avrieux.

(1) Voir note 16.

La maison forte de la Buffette (buffeta de buffa, bosquet) appartint aussi aux Luciane dès avant le XIV. siècle et passa aux Mareschal-Luciane, qui la possédaient encore en 1793.

Enfin Antoine Mareschal-Luciane acheta, en 1631, de noble Jacques Bérard la grosse tour carrée qui est en face de l'église et à laquelle quelques actes donnent le titre un peu prétentieux de château de St-Martin.

La voie romaine contournait les bassins de SaintMartin et de Saint-Julien, en se tenant toujours au pied de la montagne et descendait au pont d'Arc, qu'elle ne franchissait pas, envoyant seulement un actus du côté de la ville de Maurienne.

Si nous en croyons Lancellot, en 739, Saint-Julien s'appelait Nanosces, les montagnes qui le dominent Bricasca et le village de Mont-Denis Colonica super Bricoscis, ce que plus tard on aurait traduit par Villard sur-Bricosque; mais en 1297 on trouve Mons Linetus, dont nous avons vu la signification.

Ce bassin, comme celui de Magus ou de St-Michel, appartint donc dès lors en fief aux moines de la Novalaise. Quels établissements y formèrent-ils et quels noms leur donnèrent-ils ? Nous l'ignorons absolument. Survinrent, au Xe siècle, l'invasion et l'occupation des Sarrasins; puis, au XIe, la prise de possession d'Humbert aux Blanches Mains et la formation du comté de Maurienne, dans lequel entra toute la rive droite de l'Arc, à l'exception des domaines des seigneurs de La Chambre, d'Argentine et de St-André qui firent retour à l'Evêque.

En 1184, Nanosces avait pris le nom de St-Julien et possédait un prieuré, non de Bénédictins, mais de chanoines réguliers de St-Augustin, fondé sous ce nom, on ne sait à quelle époque ni par qui, mais, comme les prieurés d'Aiton et de Notre-Dame-du-Châtel, doté de la discipline religieuse par les évêques de Maurienne. Ce sont les termes d'une bulle du pape Lucius

III du 16 octobre de cette année 1184. Etait-ce une première fondation ou le rétablissement d'un prieuré bénédictin détruit par les Sarrasins et que la Novalaise, renversée et ruinée elle-même par ces barbares, n'avait pu songer à relever? Questions insolubles.

En toute hypothèse, ce vocable de St Julien ne me paraît pas avoir été donné par des moines italiens du VIIIe siècle. Le patron de l'église et du prieuré de l'antique Nanosces a toujours été Saint Julien de Brioude (Haute-Loire). Il était né à Vienne en Dauphiné. Officier dans l'armée de Dioclétien et poursuivi comme chrétien, il se livra lui-même et eut la tête tranchée vers l'année 306. On cacha ses reliques qui ne furent découvertes que par Saint Germain d'Auxerre vers l'an 431 le peu que l'on sait de sa vie a été écrit pour la première fois par saint Grégoire de Tours mort en 595. Aujourd'hui encore, le culte de saint Julien de Brioude n'est pas étendu à l'Eglise universelle. Il est peu probable que son nom même, perdu dans cette innombrable légion de martyrs égorgés par Dioclétien, ait été connu au-delà du Montcenis à l'époque où la Novalaise donnait des patrons à ses nouveaux établissements.

Le prieuré des chanoines réguliers de Saint-Julien dépendait de celui de St-Jeoire en Faucigny. Cette dépendance ne se peut expliquer que par le fait que St-Jeoire y aurait envoyé une colonie, à la prière de l'évêque de Maurienne. Quel peut être cet évêque ? Evidemment, il connaissait St-Jeoire. Or le diocèse fut gouverné de 1088 à 1108 ou 1109, par Conon Ier, qui était de la maison de Genève; de 1112 aux environs de 1124, par Amédée Jer, neveu de Conon Ier et fils de Guillaume, baron de Faucigny. L'attribution à l'un de ces deux évêques de la fondation ou du rétablissement et de la transformation du prieuré de StJulien n'est peut-être pas tout à fait fantaisiste.

En 1599, le prieuré de St-Jeoire fut uni à la Sainte

Maison de Thonon. En 1617, le chapitre de la cathé~ drale de St-Jean, ayant acquis des droits sur l'abbaye de Filly, les échangea contre le prieuré de St-Julien. Mais celui-ci ne se composa plus que d'un prêtre nommé par le chapitre, avec le titre de vice-prieur, percevant les droits et remplissant les charges du prieuré. La maison est à côté de l'église ; c'est la maison d'école de filles.

Cueillons encore quelques noms :

A l'entrée du bourg, du côté de St-Martin, la Croix Blanche, une croix de fer fixée sur une colonne de pierre taillée, déjà mentionnée en 1393; en face la chapelle de St-Roch, construite en accomplissement d'un vœu à l'occasion de la peste en 1630;

Plus loin, dans les vignes, la Maladière; une croix marque l'emplacement de la léproserie, encore habitée au commencement du XVIe siècle ;

Greny, Griniacum et Graniacum, champ de grains, joli petit vallon à mi-montagne entre les territoires d'Hermillon et de Mont-Denis ; petite chapelle dédiée à St-André apôtre, l'abside et la fenêtre accusent le XIe ou le XIIe siècle. Il y a eu une famille de Greny : Jean et Jacques de Greny en 1310; le notaire Jean de Greny en 1327...

Tormentier, Mons Tormenterii, montagne de la tourmente, hameau en face de Mont-Denis, sur la rive gauche du torrent.

Aiguebelle

XV.

AIGUEBELLE

Aquabella.

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en son Histoire d'Aix-les-Bains (t. 2, p. 23), remarque que le dérivé Aigue, usité dans le patois, indique mieux l'origine latine 4qua et est probablement porté par des localités inconnues ou inhabitées avant l'épo

que gallo-romaine, tandis qu'Aix a conservé la marque de l'origine celtique Acs et désigne des localités renommées pour leurs eaux avant la conquête romaine (1). Il est certain qu'avant cette époque la rive gauche de l'Arc était moins peuplée, moins fréquentée que la rive droite. Aussi ce fut partout sur celle ci, à distance respectueuse de la rivière vagabonde, qu'ils construisirent leur via, se contentant d'établir sur la rive gauche, là où des centres de population l'exi geaient, des actus, ou voies secondaires, raccordés de loin en loin à la via.

Un actus passait derrière Aiguebelle, au pied de la montagne de Bois-ban (bois banni, interdit). Il venait d'Epierre par les Hurtières et la coupure qui sépare Charbonnières de la montagne et l'on en voit des vestiges très marqués le long de Chaventon. De là il remontait à Montgilbert, pour redescendre à Camos, Chamoux.

Chaventon Campus ventonis, abrégé de venditionis, champ de la vente était au moyen âge le champ de foire et le marché d'Aiguebelle. La date de la concession de cette foire et de ce marché n'est pas connue. Elle était au moins de la première moitié du XIIIe siècle, puisqu en 1266 le comte Pierre, dit le Petit-Charlemagne, accordant à la commune de StMichel le droit de tenir un marché hebdomadaire et une foire annuelle à la St-Michel, ordonne que l'on y suive les usages et coutumes du marché et de la foire d'Aiguebelle. La charte ne dit pas quel jour celle-ci avait lieu. Ce ne peut être que l'une des deux foires principales actuelles, de la St-Claude (6 juin) et de la St-Martin (11 novembre), plutôt la seconde.

Au milieu de Chaventon, au pied de la montagne, on entend une source jaillir dans un réservoir. C'est une belle eau limpide qui, il y a un demi-siècle, alimentait l'unique et encombrante fontaine placée au

(1) Voir note 17.

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