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mont y avait réuni ses armes et machines de guerre, qui jamais n'avaient servi. En 1505, on répara les prisons « existantes dans la grande tour. » Au mois d'août 1622, le château eut l'honneur de loger saint François de Sales. Il tomba en ruine peu d'années après, car l'église est bâtie sur une partie de son emplacement.

Si l'on en croit la tradition, Mont-Chabert aurait pris ce nom de saint Chabert, Galibert, Cabert, Cabertus, un des premiers disciples de saint Dominique. Né à Aiguebelle, ce saint aurait employé les dernières an nées de sa vie à évangeliser cette partie du diocèse, se retirant souvent dans une grotte de cette montagne pour vaquer à l'oraison: sa mort est postérieure à l'année 1267.

L'église est bâtie sur un éboulement dont une large échancrure marque le point de départ dans la montagne. Au bas, à côté de la voie romaine. était une chapelle dédiée à Sainte Magdeleine et dont l'entretien était à la charge de l'évêque. En 1503, elle avait un revenu de 40 florins, 8 deniers gros, et était désignée sous le nom de maladière ou léproserie. L'endroit a gardé ce nom.

XIX.

Epierre. La Chapelle. Les Chavannes.

Entre Argentine et Epierre la montagne s'avance en promontoire couvert de halliers et de vignes, de manière à ne laisser entre elle et la rivière que la place de la route et du chemin de fer. Il est manifeste que la montagne a été coupée et plus que probable que ce travail a été fait postérieurement à l'établissement de la voie romaine. Celle-ci devait gravir ce promontoire et traverser l'échancrure qui le domine. Il en était de mème à l'Echaillon, au bas de Pontamafrey, de La Chambre et d'Argentine. L'actus des Hurtières s'amorçait à la voie plus haut. Le Mont c'est le nom du promontoire, la Chronique de Savoie l'appelle le Mont de la Pierre

fut occupé par le baron de la Serraz en 1598 avant la bataille des Cuines, et par le marquis de Cordon en 1793; il en fut chassé par le général Herbin (1).

La commune d'Epierre se compose de deux villages : l'Estrat et Epicrre, et de quelques maisons éparses sur la pente de la montagne, aux Côtes.

L'Estrat est maintenant le centre de la commune ; il a la gare; il avait déjà pris la mairie et l'école; on a reconstruit l'église à proximité. Strata, la route. La route romaine passait donc là, non pas la via qui, à mon avis, venant du Mont, continuait à côtoyer la montagne, mais l'actus qui, là même où est le pont, franchissait l'Are.

Le nom d'Epierre vient d'une carrière de pierres très anciennement exploitée. Le procès-verbal d'une visite pastorale de Mgr. Lambert en 1570 écrit: Ieprtra, peut-être pour: Eypetra (2). Des actes du XVIIe siècle disent: Aypera, la Chronique de Savoie traduit par La Pierre. Le village qui a donné son nom à la commune, garde deux souvenirs de son importance perdue: l'ancienne église qui était devenue tout à fait trop petite, et les grandes ruines du château. On peut conjecturer de ce château une construction primitive vers le XIIe siècle, une reconstruction presque totale au XIVe, une reconstruction partielle au XVIe et au XVII. II appartenait en 1419 à Urbain de La Chambre, en 1576 à nobles François et Jean Brunet, en 1613 à Louis de Livron, en 1658 à Pierre de Tignac, puis à Gaspard de Verdon, à Emmanuel de Ville qui, en 1676, le vendit à la commune. A cette date la ruine était déjà commencée; elle se compléta peu à peu. (3)

(1) V. Travaux de la Société d'Hist..., 2o série, t. 3. 1o part., p. 189. (2) Voir note 23. (3) V. ibid. p. 206.

V. sar les usines d'Epierre, I série, t. 1, p. 247.

En 1643, le ruisseau passait encore au milieu du village d'Epierre: des forges et des martinets étaient construits tout à côté.

La Chapelle - Capella. - Ce nom, d'origine évidemment chrétienne, n'est pas le nom primitif de la localité. D'où vient-il? Une supposition, appuyée en partie sur une tradition, touche peut-être de très près à l'histoire. Le territoire de La Chapelle, depuis le débouché d'une gorge profonde jusqu'à l'Arc et de la plaine d'Epierre à celle des Chavannes, se compose d'une moraine arrondie: d'un côté, le hameau de Tigny; de l'autre, celui de Gondran. Le chef-lieu, La Chapelle, est au milieu, sur la croupe de la moraine. Quand ce cône de déjection est-il descendu de la montagne ? M. Assier (1) rapporte une tradition locale qui indique le milieu du XVe siècle et appelle ce cataclysme le déluge de Saint Laurent, parce qu'il aurait eu lieu le 10 août, fête de ce Saint. Mais, ajoute-t-il, « nous avons de fortes raisons pour croire qu'il est plus ancien.

De fait, qu'un éboulement, un déluge, ait eu lieuau XVe siècle, c'est possible. Mais le grand cataclysme qui a amené cet énorme cône de déjection est incontestablement beaucoup plus ancien. En tixer la date, même approximative est impossible. On peut supposer que les premiers habitants qui revinrent en ce lieu désolé bâtirent une chapelle et que ce nom remplaça l'ancien nom peu à peu oublié. Celle-ci, lorsque la colonisation se fut développée, devint église paroissiale.

L'église de La Chapelle a toujours été sous le vocable de Saint Philibert, abbé de Jumièges au VIIe siècle qui fut persécuté par Ebroin, maire du palais de Neustrie, à la même époque où celui ci fit mettre à mort saint Léger. Si nous pouvions avoir la preuve que la chapelle, qui précéda ou devint l'église, avait

(1) Travaux de la Societe...... 1 série, t. 2, p. 189.

le même patron, elle fournirait une indication précieuse sur l'époque à laquelle eurent lieu ces évènements (1). Elle fournirait encore un élément pour la solution d'un autre problème historique.

Le hameau de Gondran au bord du cône de déjection et où l'on a trouvé à d'assez grandes profondeurs un squelette, des substructions, etc., devrait son nom, d'après la tradition, au roi saint Gontran, fondateur de l'évêché de Maurienne.

Nous avons donc, réunis dans un petit cercle, tous les souvenirs locaux de la domination mérovingienne en nos contrées, avec Villargondran: St-Sulpice, StRémy, St-Léger, Gondran, St-Philibert. Il serait bien intéressant, je l'ai déjà dit, de pouvoir conclure avec certitude que le roi Gontran et ses successeurs possé-dèrent, dans cette partie de la Maurienne, les propriétés et les fiefs que plus tard se partagèrent les comtes de Maurienne et les seigneurs de La Chambre, et qu'ils furent les fondateurs de ces églises.

Tigny, Tigniacum, nom dont je n'ai pu trouver l'origine (1), est situé sur le bord opposé du cône de déjection. Ce petit hameau formait encore au commencement du XVe siècle une paroisse distincte de celle de La Chapelle. Etienne Davrieux (De aprili) était curé de Tigny en 1278; Michel Davrieux l'était en 1401, en même temps que Jean Dominé était curé de La Chapelle. Une famille noble a porté le nom de Tigny et sa vieille tour carrée existe encore. Les chartes où ils sont mentionnés vont de Richard de Tigny en 1278 à Humbert de Tigny qui mourut en 1533.

Les Chavannes, entre La Chapelle et La Chambre Cabane, Cabannariæ, Chavanneriæ, maisons rustiques pour l'exploitation de domaines, fermes. Au XVe siècle, Les Chavannes étaient encore une dépendance de La Chambre, dont les habitants y possédaient des maisons pour l'exploitation de leurs propriétés. La

(1) Voir note 24.

voie romaine longeait le bas de la montagne.

XX.

Le bassin de La Chambre.

Entre les deux montagnes qui forment le territoire de Montgellafrey et qui se rejoignent au Col de la Madeleine (1), par où l'on descend en Tarentaise, est creusée uue vallée étroite, ravinée, marécageuse, traversée par le Bugeon. Elle porte le nom de Covatières

on trouve quelque fois Cavatières -, Cava terra, terre creusée, creux. Ce creux marque la place que remplissait, avant la fonte des glaciers, le cône de déjection sur lequel est bâti le bourg de La Chambre. En glissant, la moraine a laissé, à droite, à mi-hauteur de la montagne, une sorte de longue corniche, sur laquelle est accroupie, non sans une inquiétude justifiée par de fréquents petits éboulements, la partie principale de la commune.

Ce nom de Montgellafrey, dans les chartes Mons Gellafreddus ou Gellafridus, ne serait-il pas composé des trois mots : Mons, Gella ou Gelatus, et Frigidus, Fridus, de la basse latinité ? Il se traduirait donc par Mont des glaciers et du froid. Si quelqu'un trouve une meilleure étymologie, je suis tout prêt à abandonner celle-là.

Le bassin de La Chambre forme un carré encadré de hautes montagnes sur trois côtés : l'Arc est le quatrième. Gênée par le cône de déjection, la rivière lui a peu à peu rongé les pieds, de façon à le terminer, sur une partie de sa largeur, par des parois verticales. Ce n'est qu'au milieu du XVIIIe siècle qu'on l'a reculée, pour l'endiguer, en laissant entre elle et la moraine la bande de terrain sur laquelle sont établies, côte à côte, la route et la voie ferrée.

(1) Voir note 25.

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