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montagne.

Si Bérold n'a pas construit Armariolum, il a pu l'occuper et le restaurer, et si ce ne fut pas lui, ce fut Humbert Ier aux Blanches-Mains, qui, dit-on, y mourut vers 1050. Ainsi les évêques furent dépossédés du château et de ses dépendances.

Avec Armariolum Boson avait donné à l'évêque de Maurienne sa chapelle de la Sainte Vierge qui devint une église paroissiale, et aussi les dîmes, villages et habitants qui appartenaient au château. Dans la suite des temps, les villages se scindèrent en deux communes et se partagèrent le nom de la forteresse: ceux du haut gardèrent Castellum, Le Châtel, Notre-Dame-duChâtel; ceux du bas prirent Armariolum, qui se transforma en Hermillon, Saint-Martin-d'Hermillon.

La chapelle du roi Boson avait succédé à un monastère bénédictin détruit par les Sarrasins vers 732. Elle devint un prieuré de chanoines de Saint-Augustin, qui lui-même, faute de ressources, disparut à la fin du XIVe siècle. Mabillon donne à cet endroit le nom de Chandor, monasterium candorense.

A mi-hauteur du rocher, une chapelle, rebâtie au dernier siècle en style bizarre, est dédiée à saint Marin, un des bénédictins massacrés par les Sarrasins.

Du pied du coteau d'Hermillon à l'Echaillon s'étend la plaine de Longefan, planus Longe Fanie, dit une charte de 1536. Elle est tout entière conquise sur l'Arc et aujourd'hui en pleine culture. D'après du Cange, Fania ou Fagia signifie forêt de hêtres et nous aurions longue forêt de hêtres. Si cette forêt a existé, il y a bien des siècles que l'Arc l'a emportée. Le patois de quelques communes fournit une autre étymologie: fania, fagne, plaine marécageuse. C'était encore, en 1840, l'état d'une grande partie de Longefan.

RAPPORT

sur un Mémoire de M. le Chanoine Truchet

Il suffit d'ouvrir un volume quelconque de nos Travaux pour constater, à la signature des articles, quelle importante contribution notre regretté président a apportée à l'œuvre de construction historique que nous avons entreprise. Fils de notaire, né pour ainsi dire dans la poussière des archives locales, il a cultivé jusqu'à ses derniers jours l'archéologie qui avait été la passion dominante de toute sa vie : aussi longtemps que ses mains défaillantes purent tenir une plume, il s'occupa d'écrire l'histoire de notre pays. Il a laissé quelques études que notre Société a recueillies comme les reliques d'un labeur historique de près de cinquante ans, consacré à l'histoire mauriennaise.

L'une de ces posthumes, intitulée: Quelques noms de lieux en Maurienne, a été lue au cours de nos séances l'année dernière. Mais vous n'avez pu vous empêcher de constater que cette œuvre, composée par M. le chanoine Truchet dans sa dernière maladie, trahit dans plus d'une de ses parties le déclin de l'auteur. Il est tombé plus d'une fois dans « ces excès de dissections et de déductions », qu'il reproche à certains étymologistes. C'est pourquoi vous m'avez chargé de rédiger un rapport pour signaler les côtés faibles de cette étude et redresser au besoin quelques erreurs, auxquelles le nom vénéré de M. le chanoine Truchet. pourrait donner crédit dans le public.

C'est une corvée que j'ai acceptée à contre-cœur et que je tâcherai d'exécuter avec toute la déférence due à un ancien maître.

L'étymologie géographique est une science de date

récente. On connaît les exercices d'escrime, les tours de passe ingénieux auxquels se livrait Ménage pour dériver haricot de faba et cheval de équus. L'étymologie des noms propres eut particulièrement à souffrir de ces manipulations de lettres et de syllabes, de ces hypothèses fantaisistes qui ne reposent sur aucun fondement. Tout le monde connaît le tunnel du Crét d'eau, par lequel passe la ligne ferrée de Bellegarde à Genève. Sous la plume de géographes inexperts, ce crêt ou mont sur lequel il tombe beaucoup d'eau est devenu un nouveau symbole, un Credo ajouté à celui des Apôtres et à celui de Nicée. Plus près de nous, de l'autre côté des Alpes, au débouché du tunnel du Fréjus, il y a une commune exposée à tous les vents et qui pour ce motif s'appelle Millaures (mille auræ). Des géographes ont baptisé du nom de Mylord cette localité pauvre où certainement jamais lord n'a fixé sa résidence. Il serait facile de continuer l'énumération des contresens des étymologistes en matière de géographie.

Les étymologistes étaient jusqu'à un certain point excusables de commettre de pareilles bévues, parce que la science étymologique n'était pas constituée. Ils procédaient au hasard, sans méthode, conjecturant le sens originel d'un mot d'après des apparences trompeuses. Ils oubliaient que l'évolution des langues, comme celle des êtres vivants, est soumise à des lois rigoureuses, sur lesquelles il est possible d'asseoir une méthode sûre et vraiment scientifique.

Cette méthode, en ce qui concerne les noms de lieux, se ramène à deux principes très clairs:

1o Dans l'explication d'un nom, il faut tenir compte, non seulement de sa forme actuelle, mais de toutes les formes attestées par les documents, pour essayer d'atteindre la forme première dont toutes dérivent graduellement. Ainsi le naturaliste étudie les transformations d'un même organe dans la série animale. « Pour l'étymologiste comme pour l'anatomiste, dit

Littré (1), il y a un squelette qui ne s'évanouit pas, mais qui se modifie. »

2o Comme tous les noms de lieux, antérieurs au moyen-âge, qu'ils viennent du celtique ou du germanique, sont entrés dans le moule latin pour suivre l'évolution qui transforma le latin en diverses langues romanes, c'est par les règles du dialecte auquel appartient le nom étudié qu'il faut expliquer ses transformations phonétiques (2).

C'est à la lumière de ces principes que nous allons étudier, après le chanoine Truchet, les principaux noms de lieux en Maurienne. Je me contenterai de présenter quelques observations sur les interprétations qui me paraissent trop risquées. J'ajoute que ces observations elles-mêmes, je les donne sous toutes réserves et qu'elles doivent, à leur tour, être acceptées sous bénéfice d'inventaire.

NOTE 1

A la page 6, le chanoine Truchet écarte, pour le mot Maurienne, l'étymologie de Mauriana, le pays des Maures ou Sarrazins. sous prétexte que les invasions sarrazines sont postérieures à ce nom qui se trouve déjà dans Grégoire de Tours.

Mais ne pourrait-on pas admettre que Mauriana tire son nom d'une colonie maure antérieure aux invasions sarrazines? Car il n'y a pas que les Sarrazins qui aient été désignés par l'appellation de Mauri. Les historiens latins la donnaient à tous les peuples du nord de l'Afrique, notamment aux Carthaginois d'Annibal.

Dans le Cartulaire A de Grenoble, on trouve Maurogenna, Vallis maurigenica, 739.

Au point de vue étymologique, c'est l'explication la

(1) Préface du Dictionnaire.

(2) Devanx: Les noms de lieux dans la region lyonnaise.

plus simple et la plus naturelle.

NOTE 2

Le rapprochement entre Verpil ou même Vulpil et le latin vulpes (renard) doit être écarté, même à titre de simple boutade.

Le mot verpil appartient au vieux français et désigne une terre en friche.

Dans la commune de Brides-les-Bains, en Tarentaise, il y a un hameau qui porte le nom de Verpilière.

NOTE 3

Pour expliquer le mot Oulles, il ne me semble pas nécessaire de supposer une fabrique de marmites (olla) installée dans ce mas.

Dans les Pyrénées, on appelle (oules) les cirques ou amphithéâtres creusés dans la roche de la montagne, tels que ceux de Gavarnie ou de Troumouse.

La configuration de notre mas creusé en forme de combe présente une certaine analogie avec les « oules >> des Pyrénées.

NOTE 4

La forme primitive d'Albiez est Albiadum qui se lit dans un document de 739, au Cartulaire A. de S. Hugue ou de Grenoble. La forme Albiacum nous apparaît pour la première fois dans la bulle de 1184 qui fait mention des églises des deux Albiez (ecclesias de duobus Albiacis).

Par conséquent, c'est se fourvoyer que de chercher le sens originel d'Albiez dans Albiacus, Albiacum ou Albianum. D'ailleurs, les suffixes -acus et anus ne signifient pas, comme le prétend Ducis, une campagne ou une habitation dans la campagne. Ils s'ajou

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