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filiale de recueillir les dernières pages sorties de la plume de notre ancien président.

Ce mémoire occupe le reste de la séance et montre l'évolution qui élève graduellement certaines familles roturières à un niveau social d'où elles déclinent quand elles ont la chance d'échapper à une complète disparition.

Séance du 3 Février 1908.

Présidence de M. Truchet Florimond,

M. le secrétaire donne connaissance des lettres de démission de M. l'abbé Pommet, curé d'Epierre; de M. Brigando, notaire à St-Etienne-de-Cuines; de M. Duclos, imprimeur à Moûtiers, cette dernière démission datant de l'année 1907.

M. Grange, docteur, fait don à la bibliothèque de la Société de la collection complète du Journal de la Maurienne, de l'Indicateur de la Maurienne et de l'Echo de la Maurienne; ainsi que de la collection du Nouvelliste de Lyon de 1897 à 1907.

M. Truchet, président, prie le généreux donateur d'agréer les plus vifs remercîments de la Société pour ces collections, qui sont une mine inépuisable de renseignements pour les futurs historiens.

P.-S. — Dans la séance du 6 janvier, la Société a reçu au nombre de ses membres effectifs MM. Alexandre Carloz, banquier à St-Jean-de-Maurienne; François Guise, directeur de l'usine d'électro-chimie de Prémont.

Dans la séance du 1er juin 1908, M. Suiffet Zéphyrin, commissionnaire en douane à Modane, a été reçu membre effectif de la Société, sur la présentation de MM. Gros et Gravier François.

L'EXCURSION A SUSE

(30 JUIN 1908)

La Société d'Archéologie avait décidé de faire cette année de la ville de Suse le but de son excursion traditionnelle. En sortant ainsi des frontières de la Maurienne, de la Savoie et même de la France, elle semblait sortir aussi du cadre régulier de ses études. Or, il n'en est rien, car outre les relations inévitables du voisinage, la Vallée de Suse et la Maurienne ont, dans les domaines religieux et politique, bien des souvenirs communs. Visiter Suse, c'était donc encore, en faisant une agréable promenade, s'occuper de l'histoire de la Maurienne, ou au moins de la plus grande Maurienne. On visiterait Suse.

Nos collègues, MM. Gorré, Pachoud et Deschamps, professeurs au Petit-Séminaire de Maurienne transféré à Suse, sont naturellement chargés de préparer les grandes lignes de l'excursion, de concert avec M. le chanoine Calabrese, du chapitre de Suse, membre honoraire de la Société. La date est fixée au 30 juin, mardi. Le Président informe de notre projet M. Mestrallet, maire de Suse, et M. l'avocat Richard, député de cette circonscription, qui acceptent notre invitation avec le plus aimable empressement. Conformément aux convenances qu'impose la fraternité académique, notre Société prévient l'Académie d'Archéologie et des Beaux-Arts.de Turin. Le Président de cette Académie répond par l'expression de ses plus vives sympa thies. Empêché lui-même, il prie quelques-uns de ses collègues de le représenter à Suse. Ainsi la journée du 30 Juin s'annonçait sous les plus heureux auspices.

Le beau ciel d'Italie est ce jour-là digne de sa réputation. Dès 7 h. 1/2 du matin, la grande majorité des

excursionnistes sont réunis sur la Piazza del Sole, devant l'Albergo del Sole, les uns arrivés de la veille, et les autres descendus de la gare Meana-Suse au premier train du matin. Arrivent alors MM. le Commandeur Professeur Riccardo Brayda, et le Comte Barbavara, délégués de l'Académie de Turin, avec MM. l'avocat Edoardo Barraya et le docteur Couvert, de la même Académie et que la municipalité de Suse a particulièrement priés, à cause de leur compétence dans l'archéologie locale, de guider la Société mauriennaise.

Les présentations faites avec la plus charmante cordialité, les archéologues se mettent en marche par la via Palazzo della Città, sous les portiques antiques. et pittoresques qui la distinguent. Le mardi est, à Suse, jour de marché. Nous longeons les étalages variés des marchands et les groupes nombreux des paysannes des environs qui, toutes leur panier au bras, sont rangées en bon ordre par le commissaire municipal chargé de la police.

Arrivés à l'ouest de la ville, à la Via degli Archi, la rue des Arcs, nous nous trouvons au pied du rocher escarpé qui porte le Castello di Susa, le vieux château. Ce château remonte vraisemblablement à l'époque romaine dont quelques vestiges subsistent encore; il aura ainsi été la résidence des rois des Alpes. Au moyen-âge, c'est le séjour des seigneurs du pays, dits Marquis de Suse, et successivement la propriété familiale des Comtes puis Ducs de Savoie, après le mariage d'Odon avec la célèbre comtesse Adélaïde.

Il échappa en 1174 à l'incendie de la cité par Frédéric Barberousse, fut pris en octobre 1537 par le maréchal de Montmorency descendu par le col du Genévre, rendu au Duc de Savoie en 1559, à la paix de Cateau-Cambresis, pris et repris tour à tour par les Français et les Piémontais en 1592, 1629, 1704, 1707, 1799 et 1800. Par un décret du gouvernement impérial (23 mai 1806) il devient la propriété de la ville,

destination qui lui est définitivement confirmée en 1843 par le roi de Sardaigne. La ville de Suse y a transporté ses écoles municipales, et établi un gymnase (1). La plupart des constructions actuelles sont modernes; seule la façade nord et une partie des murs d'enceinte sud et ouest sont du moyen âge.

La Via agli Archi longe le pied du château du côté du sud. A cent mètres sur la gauche, on aperçoit l'ancien cimetière de Suse, près de la gracieuse et élégante chapelle de N.-D. des Grâces qui malheureusement se dégrade depuis que l'on a construit une chapelle des Morts plus grandiose à l'est de la ville sur le chemin du nouveau cimetière.

Nous voici au sommet de la rue aux Arcs, sur la petite place dite du Château. Voici d'abord devant nous, orientés dans le sens est-ouest, les restes, dit on, d'un aqueduc romain appelé des Thermes de Gratien (2). Ce monument s'appuie à l'est sur les ruines du château. La partie inférieure, d'origine plus certainement romaine, est construite d'énormes moellons rectangulaires, et coupée de deux arches dont la plus grande donne issue à la Via agli Archi. Le canal de l'aqueduc ne se voit plus; on prétend qu'il a été détruit au moyen-âge quand on a élevé sur la construction romaine une muraille de même largeur en opus confusum. Il est fort vraisemblable qu'on a alors fait des arches de l'aqueduc romain une porte fortifiée du château. A droite et à gauche de ces arches se voient encore les restes évidents de deux tours circulaires telles qu'on en trouve habituellement aux portes des villes ou des forteresses. A gauche, dans le rocher vif qui sert de base à l'aqueduc, nous remarquons aussi une profondeur de forme cylindrique qui a été l'orifice d'un puits ou d'une citerne.

(1) Le gymnase italien correspond à peu près aux écoles primaires en France.

(2) D'après une antique inscription découverte à Suse, et aujourd'hui reperdue.

Traversons l'aqueduc romain. Voici, à trente mètres au nord, et dans une orientation à peu près parallèle, le fameux Arc de Suse. M. le Commandeur Brayda et M. l'avocat Barraya en esquissent rapidement l'histoire en signalant les détails artistiques.

Le monument a la forme d'un parallélipipède rectangle, de 13 mètres 50 de hauteur, 12 mètres 09 de longueur, et 7 mètres 30 d'épaisseur ou profondeur. L'ouverture de l'arc a 5 mètres 80 de largeur, et 8 mètres 80 de hauteur, à compter du socle. Aux quatre angles extérieurs sont sculptées quatre colonnes cannelées d'ordre corinthien, de 7 mètres 56 de hauteur, et 0 m. 77 de diamètre, engagées au quart de leur circonférence, et surmontées de chapiteaux à feuilles d'acanthe en deux rangs. Les bases de ces colonnes ont une hauteur de 1 mètre 81 avec une corniche égale à la moitié de cette hauteur; elles se prolongent d'une colonne à l'autre dans les deux flancs. Les archivoltes de l'arc, peu saillantes, reposent également sur quatre pilastres à deux faces de 0 m. 58 de large.

Au-dessus de l'architrave, la frise est sculptée de bas-reliefs étudiés avec attention par les archéologues. Le bas-relief du flanc est a disparu. Le flanc ouest représente un congrès de quelques personnages; on y a vu l'allégorie d'un traité conclu entre deux peuples, accompagné du sacrifice appelé suovétaurile où l'on immolait un taureau, une brebis et un porc. Ce sacrifice est représenté d'une façon à peu près semblable sur les deux faces principales de l'arc, nord et sud. On reconnait parmi les personnages des sacrificateurs, des victimaires, des licteurs, des cavaliers, des fantassins, des cornicines (clairons). Les victimes, trois au sud, quatre au nord, sont de grandeur exagérée proportionnellement à la scène. Sur la face nord, on distingue près de l'autel, outre le sacrificateur, un personnage en toge, accompagné de trois licteurs avec les faisceaux.

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