La bibliothèque d'un homme de science est bien plus qu'une réunion de livres plus ou moins rares, plus ou moins nombreuse. Elle est une individualité, et sa plus grande valeur vient non-seulement du prix que peuvent atteindre les ouvrages qui la composent, mais surtout de l'idée qui en a dirigé la formation. Elle a son caractère spécial, et si cela est vrai pour toutes les bibliothèques en général, combien plus encore pour celle de Decaisne! Grâce à la compétence du savant, doublée de celle du bibliophile, l'éminent professeur dont nous déplorons tant la perte, a su réunir les œuvres les plus précieuses d'arboriculture, d'horticulture et de botanique économique qui ont enrichi la science et l'art pendant les trois derniers siècles. Cette fois encore, après tant d'autres, il faudra vous résigner à voir disperser cette riche bibliothèque, formée avec tant de soin et de discernement, depuis une cinquantaine d'années. Ce n'est pas sans fierté que Decaisne montrait ces volumes introuvables publiés à l'époque même de l'introduction du café, du chocolat, du tabac. L'histoire de l'horticulture et de l'arboriculture l'attirait au plus haut degré. Lui-même, arboriculteur sceptique, croyant à peine à l'utilité de la taille des arbres, avait néanmoins collectionné tout ce qui se publiait sur cette matière. |