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frappé du déficit que j'ai trouvé, surtout dans le flanc » des tables. » On conçoit très-bien que l'épaisseur du vernis, augmentée encore par l'opération de l'encollage, oblige à diminuer l'épaisseur de certaines parties des tables, et comme, en définitive, la sonorité résulte des vibrations du bois, le déficit constaté, joint à l'opacité de l'enduit, doit nuire effectivement à l'ampleur comme à la portée et à la beauté du son.

M. Grivel reconnaît toutefois que le vernis dont la formule a été donnée, après de patientes études et de longues investigations, par M. Eugène Mailand, est un fort beau vernis; il consent à l'appeler le vernis moderne perfectionné; mais ce n'est pas, ajoute-t-il, le vernis des anciens. M. Mailand se sert aussi de l'encollage et il pense que les anciens en faisaient usage; M. Grivel est d'un avis absolument contraire, et le déclare en ces termes fort peu équivoques: « L'encollage est à mes yeux l'aveu le plus formel de l'impuissance. Poussé par cette conviction, il a essayé à son tour, pendant de longues années, à recomposer cette pâte fine et souple si propre à faciliter les vibrations et l'émission des ondes sonores; il a fait de cette recherche la constante préoccupation de sa vie, sans arriver d'abord à un résultat plus satisfaisant que celui obtenu par ses devanciers; il commençait même à désespérer, lorsqu'une circonstance fortuite, nous apprend-il, est venue à son aide et lui a révélé le secret. Notons en passant, Messieurs, que ces prétendus hasards n'arrivent jamais qu'aux intelligences convaincues et opiniâtres qui, fortement saisies d'une idée, ne cessent d'y songer et d'en poursuivre la réalisation par tous les moyens en leur pouvoir.

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Quoi qu'il en soit, M. Grivel a la ferme confiance d'avoir atteint le but. Ecoutons-le nous donner lui-même la description de sa découverte : « Le vernis que je fais » est clair et limpide comme de l'eau de roche, et c'est > le moment d'affirmer ici que de toutes les substances connues de la chimie, depuis les formules d'Alexis »le Piémontais, en 1550, jusqu'à celles qu'indique M. » Mailand dans son ouvrage, aucune de ces substances, » pas une seule, n'entre dans sa composition, qui est, je n'en saurais douter, celle des anciens Crémonais. » Il est posé naturellement, sans teinture, sans aucune préparation sur le bois, sans encollage, en un mot. » Au lieu de deux ou trois couches qui suffisent à tous » les vernisseurs, ce n'est jamais à moins de vingt à ving-cinq couches, selon la porosité des bois, que je » puis vernir un violon et cela sans que l'enduit pré> sente l'épaisseur même d'une pelure d'oignon. Il laisse après lui, sur les places dénudées, cette charmante » couleur jaune d'or qu'on ne saurait reproduire, je le répète, avec un encollage quel qu'il soit, et qui fait le » désespoir des luthiers modernes. Soumis à l'épreuve » de l'alcool, il présente les mêmes phénomènes que › celui des anciens. Enduits de ce vernis, les instru⚫ments faits dans les proportions et avec les épaisseurs originelles du maître, peuvent lutter sans désavan» tage, pour toutes les qualités du son, avec ceux de » l'école italienne, pour la transparence et la beauté du » coloris, avec les plus beaux Stradivarius. »><

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Il faut convenir, Messieurs, que si ce programme est réalisé à la lettre, un succès considérable est assuré à la découverte de M. Grivel et un nouvel avenir réservé à l'art et à la lutherie. Fort heureusement pour l'inven

teur, son procédé n'est pas du domaine de ces questions où la discussion peut s'éterniser. L'expérience, l'examen des hommes spéciaux, des jurys compétents, en auront bientôt démontré l'efficacité ou mis au jour les imperfections, s'il y en a. En résumé, le vernis de M. Grivel présente la beauté et la richesse des vernis de Crémone; il ne résiste pas plus qu'eux à l'épreuve de l'alcool, laisse sur le bois mis à nu une nuance semblable et permet de donner aux instruments les mêmes épaisseurs dans les tables; enfin, il développe d'une manière considérable leur puissance de sonorité. Ce sont là, vous le voyez, Messieurs, des faits faciles à vérifier. Il suffit même d'avoir une certaine habitude du violon pour reconnaître, dans les instruments préparés par M. Grivel, l'incontestable supériorité de leur coloration. Quant à leur sonorité, elle n'est pas moins satisfaisante, et d'habiles connaisseurs qui possèdent d'anciens instruments et peuvent ainsi juger par comparaison, en font le plus grand éloge.

Tout concourt donc, Messieurs, à établir que M. Victor Grivel a véritablement retrouvé le vernis des anciens; mais ce n'est pas seulement à des suffrages isolés qu'il s'adresse, c'est à la lutherie elle-même qu'il fait appel. Voyez et jugez, lui dit-il. Ce qu'il demande, c'est non pas de la réclame, mais ce contrôle loyal, cette véritable publicité que peut avant tout donner avec autorité en pareille matière un jury de professeurs et d'artistes, un jury international. Aujourd'hui, son rêve, rêve bien légitime assurément, est de voir figurer ses produits à l'exposition universelle de 1867.

En vous soumettant sa brochure, travail remarquable par l'enchaînement des preuves et la clarté du style,

M. Grivel a voulu recourir à votre appui éclairé, et vous associer, vous ses compatriotes, à cette satisfaction profonde que ressent tout inventeur lorsqu'il se dit qu'il est parvenu à une solution propre à le récompenser de tant de peines et de labeurs. Il a pensé que sa qualité d'enfant du pays lui donnait des titres à l'intérêt sérieux d'une assemblée en qui se résume si bien le sentiment patriotique de notre vieux Dauphiné, dont les encouragements n'ont jamais manqué à l'art ni à la science, et il est convaincu qu'un vœu de l'Académie, tendant à ce que sa découverte, admise à l'Exposition universelle, y fût l'objet d'un examen approfondi, serait un sûr garant et une sanction anticipée de son succès.

SUR LA CANDIDATURE DE M. C. BROUCHOUD

Comme Membre correspondant

PAR M. ANTONIN MACÉ.

Séance du 11 juin 1866.

M. Claudius Brouchoud, avocat à la Cour Impériale de Lyon, pour lequel je sollicite le diplôme de membre correspondant, a des titres nombreux et variés à ce témoignage de bienveillance de l'Académie Delphinale. Issu d'une famille dauphinoise, lauréat de la Faculté de droit de Grenoble en 1852 et 1853, docteur de la même Faculté en 1854, il a consacré ses loisirs à l'exploration des cantons du département de l'Isère qui touchent au département du Rhône, et quelques-uns de ses écrits, déjà nombreux et distingués, à des questions qui intéressent l'histoire ou l'archéologie de notre province. J'ajouterai que la Commission que l'Académie a chargée de recueillir les documents relatifs à l'administration de Lesdiguières, doit à M. Brouchoud la communication de quelques pièces intéressantes.

Les brochures ou les ouvrages que M. Brouchoud a envoyés à l'Académie, ou qui m'ont été communiqués par l'un de ses amis, sont au nombre de six. Je me bornerai à citer, déclinant ma compétence en cette matière, le plus récent de ses écrits, qui a pour titre : De l'extra

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