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OF CH

SUR LE

MARIAGE DU CHEVALIER BAYART

PAR M. JOSEPH VEYRON-LACROIX,

LUE, EN SON NOM, PAR UN MEMBRE DE L'ACADÉMIE.

Séance du 9 février 1866.

Au moment où le Dauphiné est appelé, par une souscription en tête de laquelle S. M. l'Empereur a bien voulu s'inscrire et par un vote du conseil général du département de l'Isère, à élever un souvenir au chevalier Bayart sur les ruines du château qu'il possédait à Pontcharra, je m'empresse de livrer à la publicité quelques documents très-précieux sur son histoire et celle de sa famille que j'ai trouvés dans les archives du château de Saint-Serge, qui avait été la propriété du maréchal de Tallard et plus anciennement du duc d'Hostun. Ces pièces, dont l'authenticité ne peut être contestée, se composent de trois lettres du chevalier Bayart, d'un état généalogique de la famille de Trèques, originaire de la Lombardie, d'où est sortie la signora Barbe de Trèques, épouse de Bayart; enfin, d'une lettre de Jean-Pierre de Trèques, frère de celle-ci, à sa nièce, Madame de Chastelard.

La plus importante des trois lettres du chevalier Bayart est celle qui révèle son mariage avec la signora

Barbe de Trèques; en effet, aucun des auteurs qui ont écrit la vie de ce grand capitaine n'a parlé de son mariage; quelques-uns d'entre eux, le loyal serviteur, son premier historien, Guyard de Berville et M. de Terrebasse ont dit que Bayart avait laissé une fille naturelle, Jeanne Terrail, qui, à cause de ses qualités, avait été traitée comme une nièce par la famille du Chevalier et mariée à François de Bocsozel, seigneur de Chastelard, en 1525, un an après la mort de son père, décédé à l'âge de 48 ans, le 30 avril 1524, à la bataille de Rebec.

C'est donc Bayart qui donne lui-même la preuve de son mariage légitime, dans la lettre que voici et qu'il adresse à son oncle Laurent I Allemand, évêque de Grenoble :

Monsieur si tres humblement que faire puis a vostre bonne grace me recommande.

Monsieur apres vne longue maladie don par la grace de Dieu je suis guerj Jay effectué Ce que jauois promis a la seignora Barbe de Tregues damoyselle de tres Jllustre maison de Lonbardie quj est de l'espouser Ce que Jay faict du Consentement du seigneur Octauio de Tregues son pere et du seigneur Petro de Tregues son frere et ce entre les mains de mon Chappellein quj en a donné vne attestation Je Crois que vous aggreerés Ce que Jay faict parceque C'est d'vn Chrestien et d'vn Cheualier de tenir ce qu'on promet Je vous prie le dire à mes freres et si Dieu me donne des enfants et que je vinse a mourir Comme estant tous jours dans les perils je vous Les recommande et a mes dits freres Je prieray Cepandant Dieu qui vous doint longue et heureuse vie

De Cosme le 27e may.

Votre tres humble seruiteur

() V. l'autographe no 3.

BAYART (').

Le pere et le frere de votre niepce ne desire pas que le mariage se publie esperant bien tost La paix pour auoir beaucoup de biens et des parents dans les terres des ennemis.

Sur le dos:

Monsieur Monsieur L'euesque de Grenoble, a Grenoble.

Cette précieuse lettre n'a pas de millésime et porte la signature de Bayart; elle est la preuve la plus manifeste de son mariage avec Mademoiselle Barbe de Trèques, et nous trouvons dans le post-scriptum la raison pour laquelle ce mariage n'avait pas été publié et était resté secret, même dans sa famille.

Il est utile de rappeler d'abord que c'est pendant les guerres que Charles VIII, roi de France, faisait en Italie (1495), et celles de Louis XII, qui se rendit maître d'une partie de ce pays, que le chevalier Bayart, commandant une partie des armées du roi en cette contrée, a dû faire connaissance avec la famille de Trèques, qui habitait le village de Cantù, proche de Milan; l'arbre généalogique qui est joint aux lettres fait remonter à l'an 1373 Faciolo Trecho dit Morzolo, premier du nom, et donne toute la filiation de la famille de Trèques (1) jusqu'à Jeanne Bayart, épouse de Chastelart, qui a laissé quatre enfants. La mère de Jeanne Bayart était Barbe de Trèques, épouse du Chevalier. Cette pièce vient à l'appui de l'authenticité de la lettre de Bayart sur son mariage légitime.

Ces faits établis nous expliquent la raison du silence

(1) Cette maison porte de gueules à un aigle chargé de six fasces alternées d'azur et d'argent. V. les Pièces justificatives, nos I et II.

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