Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

Il frappe un jour les imprudents

Qui, sans lui, voudraient tout détruire.

On ignore le jeu secret

Par lequel il punit le crime,

Mais son châtiment est tout prêt,

De loin il choisit sa victime.

Le ver rongeur, Dieu l'a voulu,
Se cache au fond du cœur coupable,
Et l'édifice vermoulu

Ecrase un jour le misérable.

Foi, richesse, ordre, liberté,
Tout est attaqué par le vice,
Mais la fourbe et l'impureté
Trouvent ici-bas leur supplice.

Ainsi je pensais, quand je vis,
Couverte de haillons, de rides,
Passer la vierge de jadis,

Tournant vers moi des yeux arides.....

Et Satan, du fond des enfers:
« Livrez-vous, sensuelle engeance!
>> Oubliez Dieu, brisez vos fers!
» La chasteté, c'est l'indigence!

Mais un ange au front radieux
Disait «Femmes, votre innocence

Est votre trésor précieux,

>> Par lui vous avez la puissance.

> Bienheureux est l'homme au cœur pur, Car il verra Dieu dans sa gloire :

>> Pour lui seul le Ciel est d'azur

>> Et sa mort est une victoire. »

A PORT-SAID

EXTRAIT DE LETTRES SUR L'EGYPTE ET L'ISTHME DE SUEZ

Par M. le Comte DE GALBERT.

Séance du 7 décembre 1866.

Messieurs, l'intérêt avec lequel vous avez bien voulu écouter la lecture de quelques-unes de mes notes de voyage, m'encourage à commencer aujourd'hui la relation de l'un des plus gracieux et des plus intéressants épisodes de mon séjour en Egypte, la descente du Nil d'Athribis à Damiette, la traversée du lac Mensaleh et le retour aux vieilles ruines juives, au lendemain de la fondation d'un port et d'une ville appelés à réveiller, à l'une des têtes du désert de Suez, la vie, la puissance, la richesse des grandes cités antiques qui avaient noms Péluse, Tsan, Ténis, dont on retrouve à peine quelques restes ensevelis sous le limon du fleuve ou sous les sables du Kramsin.

Le Nil inférieur avait été rarement visité par les caravanes avant le voyage dont je vais vous entretenir, plus rarement décrit. S'il n'a pas, comme le Nil des cata

T. II.

21

ractes, les monuments des Pharaon, le long de ses rives, Memphis, Thèbes, Philo, nous rencontrerons sur notre route Pharescour, Mansourah, Damiette, autant de noms que la valeur française illustra à deux époques bien différentes, les croisades de Jean de Brienne et de saint Louis, les campagnes de Bonaparte et de Kléber, tant il est vrai que l'on ne peut faire un pas sur cette riche terre d'Egypte sans rencontrer sous sa plume tous les noms, tous les peuples, toutes les croyances dont l'histoire a gardé la mémoire.

Je vous demande, Messieurs, la permission de ne rien changer à ces notes écrites en courant et à la hâte, à ma famille et à mes amis, ainsi que j'ai déjà eu l'honneur de vous le dire. Je leur enlèverais leur parfum d'actualité en retranchant quelques passages, même trop intimes. Chaque phase de la vie du voyageur a son intérêt, puisqu'elle lui a donné une émotion dont il a cru devoir fixer le souvenir.

Je terminerai cette lettre par le récit d'une visite au vice-roi Saïd-Pacha, au moment où éclatait la guerre d'Italie, en mai 1859.

Benah, 13 avril 1859.

AM.....

Comme je l'ai fait jusqu'ici, je vous donne la première heure de liberté que le voyage me permet de prendre. Installé dans une charmante barque dans laquelle nous sommes très-confortablement casés, j'écris sur mes genoux au milieu des conversations, des discussions et des rires de toute la caravane, d'un nombreux et bruyant

équipage, manœuvrant depuis demi-heure pour mettre notre flottille au courant.

Sur le pont, il fait une chaleur étouffante. M. de M** s'y est bravement installé, son parasol vert et jaune à la main, et sur la tête son feutre doublé d'étoffes bleues et blanches, seule manière de se défendre, dans ce pays, des rayons trop ardents du soleil.

Je suis monté auprès de lui; j'ai inutilement porté mes regards sur toutes les rives; les eaux sont tellement basses et les rives tellement élevées, que je n'ai pu voir, à l'arrière, que le viaduc du chemin de fer sur lequel ne passent, pour le moment, que des fellahs avec leurs ânes et, à ma droite, les murailles blanches du palais d'Abbas-Pacha, sous lequel nous sommes engravés. C'est ce palais de l'Abassieh où se passa le drame qui priva de la vie le dernier pacha, appelant son oncle Saïd au trône.

Nous avons quitté le Caire à huit heures, accompagnés au chemin de fer par une grande partie de la colonie européenne, qui voulait faire à M. de Lesseps une dernière ovation. A neuf heures nous étions à Benah, non loin des ruines d'Athribis qui s'étendent au sud de l'Abassieh, embrassant un espace considérable dont le sol est plus élevé que celui de Benah. L'installation et le déjeuner nous ont occupés jusqu'à présent.

Voici comment nous sommes casés.

Dans la première cange, construite, nous a-t-on dit, pour le prince Alim, et dans l'étroit boudoir réservé à ce prince à la poupe de la barque, ont été transportés les bagages de M. de Lesseps, et son lit qui, le jour, servira de divan. Si j'en juge par la masse de papiers qui encombrent le boudoir, il sera également son cabinet de travail.

« VorigeDoorgaan »