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Est loing du bruit, son ennemy,
Ces vieux arbres couverts de lierre
Qui se courbent jusqu'à la terre,
Ces aubepins, ces alisiers,

Ces sureaux fleuris, ces rosiers,
L'ardeur que Philomède entonne,
De qui le doux concert m'étonne,
C'est à qui se donne le prix

Sur ce qui ravit mes esprits.....

Il y a dans ces vers, tout incorrects qu'ils sont, l'esquisse d'un paysage assez frais et que l'école de M. Sainte- Beuve ne pourrait en conscience se dispenser de louer.

D'autres vers célèbrent le talent dramatique du jésuite Bonfrère, qui enseignait la rhétorique à Namur.

André Bouge est un peintre nommé dans le Rendez-vous des bons amis je n'ai pas l'heur de le connaître.

Quoique ce volume offre peu d'instruction, il nous transmet cependant les noms de quelques artistes ignorés, mais qui méritaient probablement de l'être.

La seconde partie contient un échange d'éloges que s'adressent mutuellement Florent Du Rieu et Gaspar de la Bouverie. Leur amitié remontait à l'année 1637, et le nœud de leur liaison fut leur passion commune pour les médailles et les antiquités romaines. Les deux amis sont d'égale force en poésie. Du mauvais goût, de l'incorrection, parci parlà quelques éclairs.

Les troisièmes tableaux sont grotesques, chimériques, comme ceux que fit autrefois Bos de Bolduc remplis des diablotins fantastiques, et comme ce fameux peintre d'Anvers Brauwer, en ses goinfres des cabarets, les grimasses de M. Teniers, peintre de Son Altesse, en ses preneurs de petuns (tabac), etc.

Ils confirment le jugement que nous avons porté tout-à-l'heure; Les prétentions à la Ronsard sont aussi un des défauts choquants de Du Rieu, de sorte qu'on pouvait lui dire, en retournant la sentence d'un maître, critique féroce : moins de science et plus de fantaisie!

DE RG.

Fragment du roman de la Rose (1).

Car greignors aura cha avant
Mais je doing aaise itant.

2,778. Tout maintenant que amors m'ot
2,805. Dit son conseil, jou ne seuc mot
Quand il se fu esvainnuis

Dont je fui forment esbahis
Que je ne vich l'esmoi nului
De mes plaies moult me dolui
Et seuc que garir ne pooie
Fors par le bouton où j'avoie
Tout mon cuer mis et ma béance

Si n'avoie en nului fiance,

Fors qu'el dieu d'amors, de l'avoir,
Car je savoie tout de voir

Que de l'avoir noient estoit,
S'amors ne s'en entremettoit.

2,790. Li rosier d'une haie furent

2,819. Clos environ si comme il durent
Mais je passaise la cloison

Moult volentiers pour l'oquoison.

Pour l'odor des roses sentir
Je vous i pus bien garandir
N'i arés mal ne vilonnie.
Pour que vous gardés de folie
Se de riens vous i puis aidier
Je ne me ferai jà proiier.
Car près sui de vostre service

Si le vous di tout sans faintise

(1) Ce fragment a été trouvé par M. R. Ch..on dans la couverture d'un livre, et transcrit par M. G...t. Il offre des variantes nombreuses et notables avec le texte de Méon, auquel renvoient les premiers chiffres mis en marge. Les seconds renvoient à l'édition faite sur celle de Lenglet Dufresnoy, Paris, Fournier, an VIII, 5 vol. in-8°, fig. Ce texte n'est pas moins différent.

2,818. Syre, fis-jou à bel-acoil, 2,844. Ceste promesse en gré receul

Si vous rench grâces et mérites

De la bonté que vous me dites

Car mout vous vient de grant franchise
Et quant vous plaist, vostre service
Sui près de prendre volentiers
Par roinses et par eglentiers

Dont en la haie avoit assés
Sui maintenant outre passés.

Vers le bouton m'en vois curant
Qui mieudre odor des autres rent.

Li hons male bouce se nomme

Et la femme si ot non honte

2,849. Et sachiés qui à droit le comte 2,877. Son parenté et son lignage

Fille fu à raison le sage

Et ses pères ot non meffais
Qui tant fu hideus et tant lais
C'onques raison à lui ne geu
Mais de veoir honte conchut.
Comme Diex ot fait honte naistre,
Caestés qui dame doit estre
Et des roses et des boutons,
Yert asalie des gloutons
Si qu'ele avoit mestier d'aïe
Car Vénus l'avoit asalie
Qui nuit et jor assés si emble
Boutons et roses tout ensanle

Lors rekist a raison se fille

Caestés que venus escille

Pour chou que desconseillias iere.

2,886. Pour chou qu'il cuide que j'en veulle

2,914. M'en donna une verde feulle

Et pour chou le m'a-il donnée

Que près du bouton estoit née.
De la feulle me fit moult cointe
Et quand je me senti acointe

De bel acoil et si privés,
Je cuidai bien estre arivés;
Lors ai pris cuer et hardement
De dire à bel acoil comment
Amours m'avoit pris et navré.
Sire, fis-jou, jamais n'avré
Joie, se n'est par une cose
Que j'ai dedens mon cuer enclose

Une moult pesant maladie ;

Mais je ne sai comment je die

Que je vous criem trop courechier
Miex vaurroie à coutiax d'achier

Pièce à pièce estre dépéchiés

Que vous en fuisiés courechiés.

LES LOGES DE RAPHAEL.

(Voy. notre tome 1er, p. 280.)

Tandis que des novateurs minaient les fondements du sanctuaire, Rome, à qui les souvenirs, les beaux-arts et la religion avaient conservé l'empire du monde, ne s'occupait que d'orner ou de construire de nouveaux édifices. Il semblait que l'Église, au moment de perdre une partie de sa puissance, voulût conjurer le danger en redoublant de splendeur et d'éclat. C'était le temps où des pontifes, peut-être trop adonnés aux choses du siècle, convoitaient avec la même ardeur d'opulentes provinces et un bijou ciselé par Benvenuto Cellini; où les merveilles conçues par Bramante et Michel-Ange s'élevaient avec une magique célérité, lorsque dans maintes contrées de l'Europe les autels du catholicisme croulaient à la voix des sectaires.

Protecteur et parent du jeune Raphaël, Bramante l'avait présenté au pape Jules II, et lui avait fourni l'occasion de déployer son génie dans les quatre immortelles compositions qui tapissent la salle della

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segnatura. On se souvient qu'un peintre belge qui avait plus d'esprit littéraire que de talent pittoresque, mais qui a joui longtemps d'une brillante renommée, a retracé cet événement dans le moins médiocre de ses tableaux. Raphaël, après avoir débuté par une imitation fidèle et presque timide du Pérugin, s'était élevé bientôt à une originalité dont l'étude de l'antiquité et de l'école de Florence n'affaiblirent point la hardiesse. Il savait, privilége unique, combiner et s'assimiler les différentes qualités qu'il découvrait dans autrui, en restant toujours lui-même; si Fra Bartolomeo lui apprit à donner plus de vigueur à ses teintes, plus de largeur à sa manière, s'il profita du grand style de Michel-Ange, s'il y a quelque chose d'antique dans sa façon de comprendre l'arabesque, on ne peut pas dire qu'il imite, et même quand il semble se choisir un modèle, c'est alors qu'il s'en éloigne davantage. Ces modèles ne font que donner l'essor à sa pensée en lui laissant toute son indépendance; c'est le point sur lequel voulait s'appuyer Archimède pour soulever l'univers.

Les personnes qui ont été à Rome, et quel est l'homme d'imagination et de foi qui ne considère ce pèlerinage comme le complément de sa vie intellectuelle? Ceux, dis-je, qui ont visité la ville éternelle, la ville de Romulus et de Léon X, auraient peine à reconnaître, dans le plus vaste des musées qui existe, le Vatican d'autrefois. Cet autre Capitole d'où partaient les foudres qui pulvérisaient les trônes et consternaient les peuples, n'est plus voué qu'à des études pacifiques. Au lieu de ces cardinaux étincelants de pourpre et qui s'égalaient aux rois, au lieu de cette foule de prélats, de chefs d'ordre, d'ambassadeurs arrivés de toutes les extrémités du monde pour prêter foi et hommage, au lieu de ces politiques dont la finesse et l'habileté ont sauvé Rome dans ses mauvais jours et la défendent encore par une tradition constante de principes et de vues, de cette multitude de courtisans, de gardes et de serviteurs, de tout le bruit et du faste qui remplissaient les onze mille salles de ce palais sans pair, on ne voit plus que des voyageurs désœuvrés ou curieux, des peintres, des sculpteurs, des architectes, quelques érudits qui traversent silencieusement les cours et les immenses corridors : les livres, les manuscrits, les statues, les tableaux laissent peu de place à un pontife qui, préférant aux pompes extérieures la simplicité et

au lieu

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