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17. La bibliothèque de la Société des amis de la musique ouvrages théoriques, 8,000 compositious musicales, etc.

AUG. SCHELer.

2,000

Bibliothèque du Grand Conseil de Malines.

L'institution de ce conseil par Charles-le-Téméraire, bien que vue de mauvais il par la plus grande partie des Belges, est, sans contredit, un des plus beaux titres que l'on puisse invoquer en faveur de ce prince guerrier. Appelé à juger des questions les plus importantes du droit, ce corps devait nécessairement avoir à sa disposition une bibliothèque spéciale, car il n'y avait pas alors, comme aujourd'hui, de bibliothèques publiques où ses membres auraient pu consulter les ouvrages nécessaires.

Quoique la ville de Malines eût été dévastée en 1566 par les iconoclastes et en 1572 par les Gueux, le grand conseil avait toujours été respecté; mais il n'en fut pas de même le 9 avril 1580, lorsque les Espagnols la pillèrent, la rançonnèrent et la saccagèrent avec tant de furie qu'il ne resta presque plus rien à ses malheureux habitants.

Pendant ce sac, l'un des plus horribles dont les annales de la Belgique fassent mention, le grand conseil, malgré son dévouement à la cause espagnole, ne fut pas plus épargné que le reste des bourgeois de la ville. Toute sa bibliothèque fut détruite et saccagée, de sorte que lorsqu'il put rentrer en fonctions, il n'avait plus à sa disposition un seul livre.

Le gouvernement, épuisé par sa lutte contre les insurgés, n'aurait jamais pu, quand même il l'aurait voulu, assigner aucune somme pour le rétablissement de la bibliothèque. D'ailleurs on n'avait pas l'habitude de demander des subsides pour créer des bibliothèques: on ne demandait de l'argent que pour la guerre. Que faire? Il fallait cependant une bibliothèque à tout prix; il fallait bon gré mal gré

songer à rassembler une collection de livres de droit sans qu'il en coûtât rien au gouvernement ni au conseil. Voici comment on s'y prit. Le conseil «< considérant que par la pitoyable surprinse, sacq et pillage « de la ville de Malines, advenue le 1x° d'apvril XV© III[**, la chambre » du conseil est dépourveue de tous livres servans à la comodité d'icelle, à l'advancement de bonne et droicturière administration » de justice, désirant à ce remédier et par succession de temps resta» blir ou de nouveau ériger et instruire une bibliothèque convenable >> et correspondante à la grandeur, authorité et splendeur dudit conseil » fit, le 18 janvier 1581, un règlement par lequel il fut statué que tout président, conseiller et greffier du conseil, devrait laisser à la bibliothèque, comme un souvenir de sa personne, tel auteur ou livre de droit, ou telle somme que bon lui semblerait. Faute de quoi la cour avait le droit de choisir et de prendre parmi ses livres ceux qu'elle jugerait convenables. Il en fut de même pour celui qui viendrait à résigner ses fonctions ou qui serait appelé à un autre emploi. Tout président, conseiller et greffier était aussi obligé, en prétant serment, lors de son entrée au conseil, de donner, dans le même but, une somme qui ne pouvait être moindre de trois livres de gros de Flandre, ou bien tels volumes que bon lui semblait. Il fut statué en outre que le plus jeune des conseillers serait chargé du soin de la bibliothèque, en qualité de superintendant, comme on le disait vers cette époque. Il devait aussi en rédiger le catalogue.

De cette manière la bibliothèque du grand conseil fut reconstituée, sans qu'il en coûtât rien au gouvernement, et continua à rester sur le même pied jusqu'au moment de la suppression arrivée par suite de l'invasion des Français.

C. PIOT.

Mathieu Laensberg et le gouvernement liégeois.

Dans notre Notice sur Mathieu Laensberg, nous disions que la prescience secrète de notre astrologue avait effarouché parfois les puissants. En novembre 1793, en effet, le gouvernement liégeois eut la

faiblesse, pour une innocente annonce d'une conflagration prochaine, de faire saisir et mettre au pillon toute l'édition de 1794. Un seul exemplaire échappa à cette exécution puérile. Il fut adressé à Paris, à des Liégeois réfugiés. Ceux-ci l'accueillirent avec vénération; il leur apportait l'espoir de rentrer prochainement dans leur patrie envahie; Mathieu Laensbergh sécha pour quelque temps les larmes de l'exil. Voulant faire participer à leurs espérances leurs compagnons d'infortune, ils firent réimprimer le précieux almanach sous le titre de Calendrier des républicains français, mais avec le titre spécial de :

VRAI LIEGEOIS. ALMANACH POUR CETTE ANNÉE MDCCXCIV, supputé par MTRE M. LAENSBERGH, Math. (avec l'épigraphe) Deposuit potentes de sede et exaltavit humiles. Se vend à Paris, chez les Imprimeurs réfugiés liégeois, Place des Quatre-Nations. An II de la République. — In-18 de 79 pages.

Dans un Avis, les éditeurs expliquent pourquoi ils font cette réimpression. Ils disent qu'un seul exemplaire, unique « a été soustrait aux mains rapaces du despote mitré, par un patriote liégeois, qui nous l'a fait parvenir secrètement. » La prédiction qui occasionna les poursuites ridicules du gouvernement, se trouve à la page 60; elle est placée dans le mois d'avril et est ainsi conçue :

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Hommes bouffis d'orgueil, rudement abattus et renversés, tandis que d'autres, humbles et honnêtes, seront élevés en honneur et en réputation: Deposuit potentes, etc. »

On doit avouer qu'il fallait beaucoup de bonne volonté, pour trouver dans cette prophétie matière à des poursuites criminelles. Il est vrai que le moindre éclat de la vérité blesse les yeux de ceux qui marchent dans les ténèbres. Et puis, les gouvernements n'ont-ils pas souvent des hallucinations?

Grâce à notre plaquette, que nous avons exhumée dans un recoin de notre petite collection de bouquins, l'opinion de Villenfagne (1) et celle de M. Borgnet (2) sur la saisie de l'almanach, peuvent être appréciées justement. Notre trouvaille met ainsi une particularité historique dans tout son jour, et, de plus, elle prouve que les amusements d'un bibliophile ne sont pas ceux d'un baguenaudier.

(1) Histoire de Spa, t. II, p. 341.

(2) Hist. des Belges à la fin du XVIIIe siècle, t. II, p. 285.

TOM. II.

FERD. H.

22

HISTOIRE DES AUTEURS,

DES BIBLIOPHILES, DES IMPRIMEURS ET DES LIBRAIRES.

Gaspar Schetz et Livin Torrentius, deux bibliophiles du
seizième siècle.

Le goût des Belges pour les livres remonte à une époque fort ancienne. M. de Reiffenberg l'a déjà prouvé il y a près de vingt ans, et, dans une savante et spirituelle dissertation, qui sert d'introduction aux Archives philologiques, il a démontré que le XVIe siècle surtout avait été riche en bibliophiles. Si les livres étaient si recherchés à cette époque, ne peut-on pas en conclure que l'instruction elle-même était très-répandue? Quoi qu'on en dise, le goût des livres dénote toujours dans ceux qui les recueillent, sinon un savoir déjà acquis ou un désir de s'instruire, du moins de l'amour pour les sciences et les lettres. Une bibliothèque n'est jamais un objet de luxe tout à fait matériel.

Le siècle qui a vu naître Guillaume-le-Taciturne, les Egmont, les Horn, a été en même temps celui des Erasme, des Juste-Lipse, des Vésale, etc. Mais à côté de ces célébrités historiques et littéraires, dont les noms sont connus dans toute l'Europe, il y a eu une foule de personnages secondaires qui n'ont pas assez attiré l'attention. S'ils avaient vécu à toute autre époque, ils n'auraient pas été éclipsés d'une manière aussi complète.

Ce sont deux de ces hommes, qui ne se sont trouvés que sur l'arrière plan, que nous enrôlons ici au nombre des bibliophiles.

Nous voulons parler de Gaspar Schetz et de Livin Torrentius.

La famille de Schetzenberg ou de Schetz, originaire de Maestricht, ou peut-être de la Franconie, paraît s'être établie à Anvers au commencement du XVI° siècle (1). Là elle acquit par le commerce une for

(1) Supplément à Butkens, Trophées.

tune immense. Mais ce n'est pas seulement à ses richesses qu'elle dut la grande considération dont elle jouit. Elle avait d'autres titres à l'estime publique. Chez les Schetz le savoir paraissait héréditaire. Tous aimaient les sciences et les lettres, et plusieurs d'entre eux les cultivèrent avec succès.

Érasme Schetz, qui vivait à Anvers vers 1550, laissa quatre fils, Gaspar, Melchior, Balthasar et Conrad.

L'antiquaire Goltzius, en 1556, compte ces quatre frères parmi les amateurs dont il visita les cabinets pour composer son grand ouvrage sur les médailles antiques (1).

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Voici comment il est parlé de la famille des Schetz dans le livre de Guicciardin, édition de 1580.

<< La maison de Schetz vient de Maestricht, et de parens et maieurs » honorables, et laquelle à présent est noble et puissante et en laquelle estoit naguère Erasme, homme instruit aux bonnes lettres » et de grand esprit et iugement, qui laissa trois fils fort honora»bles : l'aisné eut nom Gaspar, baron de Wesemale, seigneur de » Grobbendonck et d'autres seigneuries, et trésorier-général pour » le roy de toutz les Pays-Bas; très-bien versé en l'une et l'autre langue, grand poëte; en somme non moins orné de vertu et sça» voir, que d'estats et de richesses. Le second est Melchior, sei»gneur de Rumpst, de Willebroeck et autres bourgades voisines, >> homme vertueux et expert en l'arithmétique. Le troisième est » nommé Balthasar, seigneur d'Hoboock, assez lettré et bien versé >> aux mathématiques (2). »

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Gaspar Schetz, baron de Wesemael et seigneur de Grobbendonck, celui dont nous nous occupons ici, est le plus connu des quatre frères. Lui aussi s'adonna au commerce et y trouva une source pour augmenter encore sa fortune. Il remplit successivement dans sa ville natale différentes charges, et plus tard il fut fait chevalier par Philippe II, et élevé à la dignité de conseiller et de trésorier général.

Schetz avait un esprit vif et pénétrant, et un jugement droit et

(1) On trouve la liste de ces amateurs à la suite de l'ouvrage de Goltzius, intitulé: C. Ivlius Caesar sive historiae imperatorum, Brugis, 1563, in-fol. (2) Guicciardin, la Description de tous les Païs-Bas. Anvers, 1580, in-folio, page 173.

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