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pays qui verraient avec peine un ministre étranger, avoir, à la faveur de son immunité, l'air, si non d'insulter, au moins de blâmer ou de désapprouver leur croyance.

Quant aux hommages à rendre au souverain ou aux personnes de sa famille, l'étiquette dans toutes les cours en a réglé si minutieusement les détails qu'il est plus facile d'y manquer par oubli que par igno

rance.

Il peut cependant se présenter des cas où l'on exige d'un ministre étranger des démarches imprévues, et qu'il hésitera à faire, dans la crainte de manquer au caractère dont il est revêtu. Si ces démarches portent avec elles une idée de soumission, si elles établissent quelques rapports semblables à ceux de souverain à sujet, soit dans le pays même, soit dans celui auquel le ministre appartient, celuici, en s'y prêtant, serait digne de blâme. Mais si l'opinion n'attache à l'acte demandé aucune de ces idées qui supposent des rapports incompatibles avec le caractère de l'agent diplomatique, il doit s'appliquer les règles générales qui dirigent la conduite de l'homme privé; rien de ce que celui-ci peut faire sans inconvénient, ne pouvant être dans ce cas déshonorant pour l'homme public.

A l'égard des opinions politiques et des usages nationaux, dont les peuples sont d'autant plus jaloux qu'ils sont arriérés en fait de civilisation, le ministre étranger doit suivre la même conduite que celle que nous venons d'indiquer relativement aux opinions religieuses: elle doit être telle qu'on ne puisse pen

ser qu'il veuille insulter aux idées reçues, ou même les désapprouver ou les blâmer. Non qu'un agent diplomatique doive se prêter à des actes qui pourraient être regardés comme approbatifs de principes ou d'usages que son gouvernement ne saurait luimême admettre; mais il y a une grande différence entre ne pas admettre et désapprouver; entre louer et ne pas blâmer; enfin entre rendre des honneurs ou s'abstenir d'insultes.

Cette distinction sera, dans les cas douteux, une règle aussi facile que sûre pour diriger l'agent diplomatique. Si son adhésion aux actes exigés de lui ne peut être considérée comme une approbation de ce qu'il ne saurait approuver; si son refus doit soulever les esprits contre lui; il pourra difficilement prétendre que le gouvernement fasse respecter le caractère dont il est revêtu. Il ne doit pas oublier qu'en supposant les autorités supérieures et même une grande partie de la nation assez éclairées pour ne voir dans son refus qu'une affaire d'opinion et non un manque d'égards, la multitude pensera autrement, et que les agens d'une classe inférieure nécessairement chargés de contenir cette multitude, partageront eux-mêmes, tous ou la plupart du moins, l'indignation que ce refus pourra exciter.

On fera sans doute aisément comprendre au vulgaire qu'un agent étranger ne peut être soumis à des actes qui se trouvent en opposition avec les lois de son pays. Mais il n'en est pas de même lorsque l'acte dont cet agent se dispense est indifférent pour lui, et le peuple en regardera l'omission comme une mar

que de désapprobation tout aussi positive que si cette omission partait d'un national. Sans doute le gouvernement doit prendre les mesures les plus actives et les plus énergiques pour faire respecter le caractère de l'agent étranger, lorsqu'il ne voit dans son refus qu'une imprudence et non une insulte; mais il ne peut garantir que ses ordres soient ponctuellement exécutés, et ce serait une grande injustice de l'en rendre responsable.

que

L'agent diplomatique ne doit jamais perdre de vue que le souverain près duquel il réside, est le maître chez lui; que les prérogatives attachées à son caractère de ministre, ne sauraient diminuer celles du souverain; et que ce dernier a sa dignité à soutenir contre quiconque entreprendrait d'y porter la plus légère atteinte. Il doit encore bien se pénétrer de l'idée qu'il est responsable de sa conduite envers son propre souverain, et que celui-ci, de son côté, est responsable envers le souverain auprès duquel il a accrédité un agent diplomatique.

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De la vigilance à exercer.

L'agent politique représentant au-dehors la vigilance du gouvernement qui l'envoie, sa plus constante occupation doit être d'observer tout ce qui se passe sous ses yeux, de deviner, s'il le peut, ce qu'on lui cache, et de pressentir, autant qu'il est donné à la prudence humaine de le faire, les événemens prochains.

Cette vigilance présuppose qu'il a acquis, ou qu'il

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