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CHAPITRE PREMIER.

DU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET DE

SON CHEF.

§. 1.

Du ministère des affaires étrangères.

La multiplication des rapports commerciaux, suite

de la découverte du nouveau monde et de la nouvelle route de l'Inde, l'essort que prirent les relations littéraires par l'invention de l'imprimerie accrues par la réformation, l'influence respective des états entre eux et leur danger commun à l'égard des puissances prépondérantes, telles furent les causes qui, vers la fin du seizième siècle, obligèrent les gouvernemens à entretenir entre-eux des négociations continuelles, la plupart du temps trop compliquées pour être traitées par voie de correspondance et qui par conséquent rendaient souvent nécessaire l'envoi de ministres extraordinaires.

Ce furent les cours des grandes puissances de l'Europe qui, les rapports politiques et les vues plus étendues de leurs cabinets se multipliant de plus en plus, sentirent la nécessité de s'observer et de se surveiller réciproquement, et pour cet effet commencèrent à s'envoyer mutuellement des agens diplo

matiques en mission fixe. C'est depuis la paix de Westphalie et celle d'Utrecht, et plus encore à dater du ministère du cardinal de Richelieu, que l'Europe se trouva sous l'influence d'une foule d'agens diplomatiques mis en action perpétuelle par la politique remuante de ce ministre; et cet ordre de choses s'étant développé de plus en plus, les nations se trouvent aujourd'hui sous la surveillance constante et active de la diplomatie.

Les relations au dehors devenues ainsi plus fréquentes et plus utiles entre toutes les puissances, rendirent bientôt nécessaire la formation d'un cabinet spécial, chargé de la correspondance politique et de la direction des affaires extérieures.

De là l'origine de cette administration connue d'abord sous la dénomination de secrétariat des affaires étrangères et des dépêches, de ministère des conférences et de chancellerie d'état, et qui fut désignée plus tard par ministère ou département des relations extérieures ou des affaires étrangères.

§. 2.

Du ministre des affaires étrangères.

Comme la conduite des employés supérieurs auxquels est confiée la direction de cette administration, décide le plus souvent, des succès ou de la nonréussite des vues et des plans du gouvernement, et que le choix de ces fonctionnaires est de la plus grande importance, puisque c'est par leur sagesse que les droits, les intérêts, la tranquillité, la dignité

et l'honneur public sont maintenus, tandis que leurs fautes peuvent compromettre la nation et l'entrainer dans des démêlés et des guerres dont les résultats ne sauraient être calculés, nous croyons pouvoir nous permettre quelques observations à leur sujet.

Toutes les parties de l'administration intérieure sont dirigées d'après des règles fixes; la loi ou l'autorité parle; on exige, on ordonne; les erreurs ne frappent que des individus, et sont par là même toujours faciles à réparer. Ainsi, dans le cours ordinaire des choses, il ne faut dans l'administration intérieure que de la surveillance; et, dans les cas extraordinaires la prudence peut appeler à son secours l'autorité et la force; elle n'a point de volonté étrangère à consulter, à ménager ni à craindre.

Il n'en est pas ainsi à l'égard des relations extérieures; on ne peut rien exiger, rien prescrire; il faut demander, solliciter, négocier; le moindre mot inconsidéré peut blesser toute une nation; une fausse démarche, un faux calcul, une combinaison fausse ou hasardée, une simple indiscrétion peuvent compromettre et la dignité du gouvernement et l'intérêt national.

La politique extérieure d'un état présente des rapports si variés, si multipliés, si versatiles, et à la fois environnés de tant d'écueils et de difficultés qu'on concevra facilement combien doivent être difficiles et délicates les fonctions de celui qui est appelé à la direction d'une telle administration; elles le sont d'autant plus qu'il ne saurait être soumis, pour la conduite générale de son ministère, à aucune respon

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