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avaient cherché ailleurs les causes des phénomènes physiologiques qu'ils expliquèrent par l'irritabilité et conséquemment par la contraction des fibres musculaires. Albert de Haller reprit dans sa physiologie et continua les travaux sur le principe vital; nous en reparlerons à propos des contemporains de Charles Bonnet.

Mais, avant d'arriver au sujet principal de cette biographie, il importe de se rendre compte du progrès des autres branches de la science de l'homme avant le dix-septième siècle.

La médecine, à la fin du dix-septième siècle, s'enrichit d'une suite d'observations qui avaient pour point de départ l'étude des mathématiques appliquées à la science de l'homme. De même que les partisans de Stahl cherchaient à expliquer les phénomènes de la nature vivante par la chimie et ne voyaient dans les fonctions animales que composition et décomposition, d'autres médecins allèrent puiser leurs explications dans la science du calcul; ils entreprirent d'appliquer les principes de la mécanique aux mouvements du corps, et voulant apprécier mathématiquement les forces qui président à nos divers actes, ils imaginèrent que tous les phénomènes dépendaient uniquement de l'exercice de ces forces. Dans ce nombre, il faut ranger Borelli, élève de Galilée, mort en 1679, auteur d'un traité sur le Mouvement des animaux. Jurin, médecin anglais (1680-1750), fit des travaux importants pour apprécier et mesurer la force du cœur et la vitesse du sang. Baglivi, professeur à Rome, mort en 1706, écrivit un traité sur l'action des solides dars les phénomènes vitaux. Tous ces physiologistes furent éclipsés par un homme bien plus célèbre, d'un esprit bien plus vaste et qui s'attacha moins à créer un système qu'à l'avancement de la médecine en général : ce fut Boerhaave (16681738). Ce grand observateur fut à la fois médecin, botaniste

et chimiste, et professa avec éclat sur quatre branches de la médecine. Il s'illustra non moins par la richesse de ses observations que par l'éloquence avec laquelle il sut les présenter dans les cours publics, et tel était le mérite de ses ouvrages que, non-seulement ils furent traduits dans les principales langues de l'Europe, mais ils le furent encore en arabe. Son traité principal est intitulé: Institutiones rei medica. Parmi ses élèves, dont plusieurs devinrent des hommes remarquables, il faut compter Albert de Haller, qui fut l'ami de Charles Bonnet.

L'histoire naturelle et la zoologie, ou connaissance des animaux, longtemps négligée dans le moyen âge, reparurent avec l'impulsion donnée aux sciences lors de la renaissance des lettres. Au moyen âge, on se contenta de traduire, de commenter et d'étudier ce que nous avait laissé Aristote, et l'on y puisa la base de quelques traités nouveaux qui furent à peu près sans influence sur le développement des esprits. On dut la véritable restauration de la science de la nature à deux naturalistes illustres. Le premier fut Conrad Gessner, né à Zurich en 1516, et qui, par son génie, mérita aux yeux de la postérité la gloire d'avoir créé la zoologie moderne. Doué d'une intelligence supérieure, d'une immense mémoire et d'une grande activité, il se signala à la fois dans la littérature et dans la science. Médecin et voyageur, il consacra toute sa vie à réunir un nombre considérable de matériaux utiles à la connaissance de la nature, et créa, quoique presque sans fortune, le premier cabinet d'histoire naturelle connu qui servit de point de départ à tous les autres. Outre un assez grand nombre d'autres ouvrages utiles, il laissa une grande histoire des animaux en trois volumes in-folio, Zurich, 1551-1587. Dans ce traité, où les animaux sont rangés suivant l'ordre alphabétique de leurs noms latins, Gessner donna les plus grands détails sur leurs déno

minations dans les diverses langues, leurs variétés, leurs mœurs, habitudes, instincts, leur nourriture, les services qu'ils peuvent rendre. Les descriptions, accompagnées de figures, sont remarquablement exactes pour le temps; Gessner avait beaucoup vu par lui-même, et son esprit critique avait su discerner ce qu'il y avait de bon dans les emprunts qu'il avait été obligé de faire à d'autres auteurs. Il écrivit aussi plusieurs ouvrages de botanique et traduisit Élien. Il mourut en 1565.

Belon, médecin et botaniste français, contemporain de Gessner, fut aussi un des créateurs de l'histoire naturelle au dix-septième siècle. Avec moins de génie que celui-ci, il ne fut pas moins actif ni moins laborieux. Né dans un petit village du Maine, en 1518, et trop pauvre pour suivre ses goûts scientifiques, il fut protégé par René du Bellay, évêque du Mans, par les cardinaux de Tournon et de Lorraine, qui le mirent en état de faire ses études. Il reçut les leçons de Valérius Cordus, célèbre professeur qui enseignait alors à Wittemberg. Puis il consacra plusieurs années à voyager. Il parcourut l'Italie, l'Égypte, la Turquie, la Palestine, l'Asie Mineure, recueillit une quantité d'utiles observations de tout genre et forma une collection d'objets d'histoire naturelle. Belon nous a laissé une Histoire des poissons, Paris, 1551, in-4o, qui fut réimprimée plusieurs fois, avec des changements et des suppléments, une Histoire des arbres coniferes et résineux, Paris, 1553, in-8° avec figures; un recueil d'observations sur plusieurs singularités et choses mémorables trouvées en Grèce, Asie, Égypte, Judée, Arabie et autres pays étrangers, Paris, 1552-1558. Un Traité de exoticis, rempli d'observations précieuses sur les mœurs et coutumes des pays étrangers qu'il avait visités, enfin une Histoire de la nature des oiseaux avec leur description et leur naïf pourtraict retirez du naturel, Paris, 1555, in-folio.

Cet ouvrage, rempli de talent et d'érudition, renferme un grand nombre de faits précieux pour l'histoire naturelle, et Buffon l'a souvent consulté. Belon avait laissé aussi une intéressante collection d'objets scientifiques.

Aldrovande, savant professeur de Bologne, né en 1527, fit aussi des ouvrages extrêmement utiles à la science. Il forma un vaste et riche cabinet dont plusieurs parties existent encore, et, comme les savants dont nous venons de parler, voyagea pour recueillir les matériaux de sa grande Histoire naturelle qui fut publiée en quatorze volumes infolio, 1599 et années suivantes. C'est un des meilleurs ouvrages de ce genre. Il y réunit un grand nombre de détails importants de diverse nature. Il y traite de toutes les parties qui composent l'univers, végétaux, minéraux et animaux, et rassemble à peu près tout ce qu'on a dit chez les anciens et tout ce qu'il avait observé lui-même, mais il manquait malheureusement de discernement, d'ordre et de critique, le faux s'y trouve trop souvent mêlé avec le vrai; Aldrovande, avec plus de jugement et de goût, aurait pu être l'Aristote de la renaissance, il n'en fut que le Pline, mais il rendit néanmoins de réels services.

Rondelet, médecin à Montpellier (1507-1566), fut le fondateur de l'ichthyologie; son histoire des poissons vaut déjà beaucoup mieux que celle de Belon, et il donna le premier un ouvrage complet dans ce genre. Cette histoire est une excellente monographie où cette espèce d'animaux est étudiée à fond.

Jean Ray (1628-1705)1 fit à son tour un traité complet d'histoire naturelle bien plus important et plus exact que

Il ne faut pas confondre le naturaliste Jean Ray avec le médecin Jean Rey, né dans le Périgord, vers la fin du seizième siècle, et qui publia un mémoire sur la calcination des métaux, dans lequel il annonçait la théorie de Lavoisier.

celui d'Aldrovande. Cet ouvrage forme une réunion de plusieurs traités sur l'histoire naturelle, et renferme l'ensemble complet de cette science. Ce naturaliste remarquable sut donner à ses descriptions une grande exactitude et une précision qui les rend encore aujourd'hui dignes d'éloges. Son Histoire générale des plantes, 3 vol. in-fol., 1686, forme un excellent traité de botanique. Il écrivit sur les différents règnes de la nature, sur la géologie, sur la zoologie, sur les poissons. Sa distribution du règne animal, fondée sur celle d'Aristote, et en partie organisée d'après ses propres vues, contient d'excellentes idées; il travailla de concert avec son ami Willoughby, bon observateur lui-même et qui se distingua aussi dans la carrière des sciences.

Willoughby (1635-1676), élève et ami de Jean Ray, a laissé une ornithologie et une histoire des poissons en latin. Ce naturaliste se signala par un zèle extrême pour l'histoire naturelle. Passionné pour l'étude, il consacra sa jeunesse à s'instruire, particulièrement dans l'étude de la zoologie, et recueillit d'immenses matériaux pour ses écrits dans plusieurs voyages qu'il fit, soit avec Jean Ray, son maître, soit avec d'autres savants, en Espagne, en Italie, en Allemagne, en France et dans les Pays-Bas. Il mourut dans la force de l'âge, à quarante ans, après avoir publié seulement quelques Mémoires pour la Société royale de Londres dont il était membre. Mais Jean Ray, dont nous avons indiqué les relations avec lui, recueillit avec un soin pieux ses deux enfants et ses manuscrits; il éleva les uns et livra les autres à la lumière; nous lui devons ainsi l'Ornithologie et l'Histoire des poissons de Willoughby.

L'art de représenter et de peindre avec vérité les objets qui forment le sujet de l'histoire naturelle fait aussi partie de cette science; il est presque aussi nécessaire que l'art de décrire et celui de classer. On peut s'en convaincre en exa

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