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conservoit la tradition que le brave Comte avoit été vainqueur du monstre.

N'est-il pas permis de rappeler ici que Geoffroy étoit fils, ou plutôt descendant de la fameuse Mellusine, qui se transformoit en serpent tous les samedis? Ce qui nous ramène à quelque légende rapprochée de celle qui nous occupe. Je ne contesterai point au savant cité par M. Millin (29), que la mère de Geoffroy soit appelée dans les titres Melicendis Melesendis, (Melisende), et que ce nom ait pu se confondre avec celui de Mellusine. Mais loin d'admettre qu'il l'ait produit, je pense que cette confusion n'eut lieu que parce que le nom de Mellusine étoit déja célèbre; et, en effet, les fables qu'il rappelle lui assignent une date bien antérieure. Le prononçant Merlusine avec le peuple, guide plus sûr que les érudits pour la prononciation des noms consacrés dans des contes anciens, je le rapproche de l'orthographe du nom de famille de Geoffroy, écrit ainsi sur la médaille citée: Godefridus de LUSINEM. Il suffit de faire précéder ce dernier mot du mot de mère (mater) pour reproduire celui de Merlusine; et prouver qu'il n'est que le simple titre de mère des Lusignans, appliqué au

(29) M. MAZET. Voyage dans le Midi de la France, tom. IV, pag. 706.

serpent mystérieux dont cette famille prétendoit descendre, à, une époque où sans doute il sembloit plus noble d'être né d'un reptile que d'une femme (30).

Cette digression m'a fort éloigné du sujet principal. Je me hâte d'y rentrer et de prévenir une question jusqu'à la solution de la-~ quelle il semble naturel de nous refuser son assentiment. Se, trouve-t-il, dira-t-on, quelque exemple où l'on reconnoisse distinctement le fait historique transformé en légende ? Oui, nous en rencontrons un au neuvième siècle. Un prince suédois, dit Olaüs-Magnus (31) avoit fait élever, près de sa fille Thora, deux serpens qui devoient être les gardiens de sa virginité; parvenus à une grandeur démesurée, ces monstres répandoient la mort autour d'eux par leur souffle empesté. Le roi déses péré, promit la main de sa fille au héros qui tueroit les serpens. Regner Lodbrog, prince, scalde et guerrier, mit à fin cette périlleuse aventure, et devint l'époux de la

(30) « Sur la porte extérieure du château de Sas«senage, on a sculpté une figure Mélusine. » M. MILLIN, Magasin Encyclopédique, année 1811 tome VI, pag. 112. Remarquez que les Sassenages comptoient au nombre de leurs ancêtres Geoffroy à la grand-dent. Ibid., pag. 108.

(31) Olaus Magnus. Historiæ septentrionalium gentium breviarium, lib. V, cap. 17.

belle Thora. Voilà la fable, voici l'histoire : Selon la Ragnara-Lodbrog's Saga (32), ce n'est point à deux serpens, mais à l'un de ses vassaux, possesseur d'un château fort, que le père de Thora confie la garde de sa fille; le gardien, amoureux de la princesse, refuse de la rendre au roi qui, après de vains efforts pour l'y contraindre, promet que le libérateur de Thora deviendra son époux. Regner Lodbrog fut cet heureux libérateur (33).

De tout ce qui précède, et que confirme assez ce dernier récit, je crois donc pouvoir conclure, en me résumant : que des tradi

(32) Citée dans l'ouvrage de BIORNER, intitulé : Koempedater. Stockholm, 1737, et par M. GRABERG DE HEMSO, Saggio istorico su gli Scaldi, pag. 217. In-8.. Pisa, 1811.

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(33) Dans une incursion sur les côtes du Northumberland, Regner Lodbrog, vaincu et fait prisonnier par Ella, roi du pays, fut jeté dans une fosse remplie de serpens, dont les morsures terminèrent sa vie, vers l'an 866. Le fait est énoncé positivement par tous les historiens (Ragnara-Lodbrog's Saga, Olaüs Magnus, loco citato, Rapin Thoiras, Histoire d'Angleterre, tome I, pag. 252), et dans le Chant de mort de Regner lui-même. Il ne seroit pourtant pas impossible que, dans le récit de son supplice, on eût cherché quelque rapprochemen t avec la légende allégorique dont ce prince étoit déja l'objet.

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tions analogues qui se retrouvent, dans tant de lieux, à tant de diverses époques, appliquées à tant d'êtres différens, ne peuvent pas plus être regardées comme les emblêmes de plusieurs faits physiques, que reçues dans leur sens direct qui choque trop nos connoissances en histoire naturelle; qu'il faut les rapporter toutes à un emblême unique, transporté par un progrès dont on pourroit offrir d'autres exemples, des êtres célestes aux hommes regardés sur la terre comme les amis de la divinité, puis aux héros célèbres par leur courage. Cet emblême, vous l'avez découvert, Monsieur; vous avez établi votre opinion sur des preuves si claires, que l'on s'étonneroit de ne l'avoir pas conçue avant vous, si l'on ne se rappeloit l'histoire de l'oeuf de Christophe Colomb, applicable à toutes les découvertes très-faciles à faire....... quand elles sont faites.

Agréez, je vous prie, l'assurance de la considération que je vous ai vouée.

EUSEBE SALVerte.

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ou

MÉMOIRE sur les Vases réfrigérans appelés, en Espagne, Alcarazas, Bucaros, Catimploras. Lu à la première et à la troisième Classes de l'Institut, par M. PERCY, Baron de l'Empire, commandant de la Légion d'honneur, chirurgien inspecteurgénéral des armées françaises, et consultant de leurs Majestés impériales et royales; membre de l'Institut, professeur de la Faculté de médecine de Paris, associé-étranger des Académies de Berlin, Vienne, Madrid, etc.

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LA nécessité et la sensualité sont également. industrieuses, et l'on ne pourroit dire laquelle des deux a fait le plus de découvertes. Mais si l'une a inventé plus souvent, après avoir réussi à satisfaire ses besoins, elle a rarement essayé d'aller au delà; tandis que l'autre, toujours avide de jouissances, ne s'est arrêtée qu'après avoir épuisé et les moyens de les, multiplier et l'art de les rendre plus, déli-, cieuses (1).

!

Le peuple qui n'avoit à boire que de l'eau échauffée par un soleil brûlant, a dû cher

(1) Cogebat artis, ingenique largitor

Venter.

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