1 et pourtant cette partie de la contrée avait été l'une des premières visitées et explorées par les Européens. En 1602, le navigateur Gosnold s'y était arrêté, et cinq années après, une colonie anglaise avait essayé de s'y fixer, mais, perdant trop tôt courage, elle était retournée en Angleterre. Le capitaine John Smith, dont nous aurons occasion de parler longuement lorsque nous raconterons la fondation de la Virginie, explora les côtes et en envoya une description au roi d'Angleterre Charles Ie", qui accorda ensuite à l'un de ses favoris, sir Ferdinando Gorges, la propriété d'une partie de cette terre. Celui-ci lui donna le nom de Maine. C'est, à peu près, le seul acte de prise de possession qu'il lui fut permis de faire, car, peu de temps après son arrivée, des contestations s'élevèrent entre sir Gorges et la colonie de Massachusetts qui prétendait à la propriété de toute la côte. Après un long débat et beaucoup de confusion, la colonie du Maine fut regardée comme faisant partie de celle de Massachusetts, et cet état de choses dura jusqu'en 1820. Les premiers établissements étaient composés de nombreuses stations de pêche répandues sur la côte, mais il est difficile de préciser quand les fondements des premières villes furent jetés. La population se livrait exclusivement aux occupations de la pêche et de la chasse, sans se préoccuper de la culture du sol. Les colons eurent beaucoup à souffrir pendant les guerres franco-indiennes, la proximité des territoires occupés par les Indiens dans le Canada les exposant à des attaques fréquentes et subites. C'est là ce qui empêcha le développement de la colonisation, dans cette partie de l'Amérique, d'être aussi rapide qu'ailleurs. COLONIE DE NEW-HAMPSHIRE, L'emplacement de la colonie de New-Hampshire fut visité en 1603, par un explorateur nommé Martin Pring. De même que la colonie du Maine, celle-ci eut pour origine première quelques établissements de pêche, et nous trouvons, dans Barne's Centenary History, l'anecdote suivante qui démontre bien l'esprit et les tendances libérales de ses premiers habitants. Un prédicateur, dans une de ses exhortations, voulut leur rappeler qu'ils avaient émigré de leur patrie en ces nouveaux pays, afin d'avoir le libre exercice de leur culte et que, par conséquent, ils devaient être religieux. « Pardon, Monsieur, interrompit un de ses auditeurs, a vous croyez parler au peuple de la baie de Massaa chusetts', vous vous trompez entièrement, car, « quant à nous, nous ne sommes venus ici que pour « pêcher, ) La colonie de New-Hampshire, sur le désir qu'elle en exprima, et par ordonnance royale, fit partie trois fois de celle de Massachusetts, et en 1741, elle devint province dépendante de l'autorité du roi d'Angleterre. Son gouverneur, nommé par le roi, menait une existence luxueuse et élégante à Portsmouth, ville dont la population s'était accrue lentement, car, trente ans après sa fondation, elle ne renfermait encore que cinquante à soixante familles. Néanmoins à l'époque de la révolution, le NewHampshire était une colonie très-forte et indépendante. COLONIE DE VERMONT. Le Vermont fut visité en 1609 par Samuel de Chaniplain, qui, ainsi que nous l'avons dit dans un chapitre précédent, a laissé son nom au lac qui le porte encore aujourd'hui. C'est seulement un siècle plus tard que quelques Européens s'y établirent, et jusqu'à la révolution, cette colonie ne fut considérée que comme une dépendance de la colonie de New Hampshire, à cause de la suprématie que le gouverneur de cette dernière colonie avait conservée sur elle. Pourtant, le gouverneur de la colonie établie à New-York affirmait de son côté qu'il avait des droits sur les établissements créés à Vermont. Quelques habitants contestèrent son autorité et, prenant l'initiative de la résistance à ses décrets, ils cherchèrent même à s'affranchir et à devenir indépendants des autres colonies. COLONIE DE RHODE-ISLAND. La colonie de Rhode Island fut fondée, ainsi que nous l'avons rapporté plus haut, en 1636, par Roger William, jeune ministre protestant, venu en Amérique pour y propager ses idées sur l'entière liberté religieuse dont chacun, selon lui, devait jouir. Il fut bientôt rejoint par la foule des persécutés, entre autres, par une femme nommée Anne Hutchinson, qui prétendait être inspirée par le Ciel, et favorisée de révélations mystérieuses. Elle avait fait partie aussi de la colonie de la baie de Massachusetts, mais en avait été chassée pour avoir exprimé, devant une grande assemblée de femmes, les idées singulières qui guidaient sa conduite. Roger William divisa entre ses compagnons les terres que lui avait données le sachem Canonicus, et ne garda pour lui qu'un petit jardin planté de ses propres mains. Il voulait, disait-il, que la nouvelle colonie qu'il fondait fût un refuge, un abri pour tous ceux dont les consciences étaient opprimées. Au bout de quelque temps, la colonie de RhodeJsland se trouva très-peuplée, recevant dans son sein des gens de toutes les opinions religieuses. Mais cela ne se fit pas sans exciter la jalousie des colonies voisines; elles défendirent aux marchands de RhodeIsland et de Providence de pénétrer sur leurs territoires, menaçant de les arrêter s'ils s'y aventuraient, et chez elles il était passé en coutume de dire que, si quelqu'un avait perdu sa religion, il était sûr de la retrouver dans quelque village de Rhode Island. L'une des innovations religieuses les plus impor tantes qu’ait introduites Roger William aux ÉtatsUnis, c'est l'organisation, dans ce pays, de l'Église baptiste. Lorsqu'il habitait l'Angleterre, William avait fait partie de la secte religieuse des anabaptistes qui contestent l'efficacité du baptême de l'enfant. Lui-même avait été baptisé dans son plus jeune âge, mais, voulant mettre sa conduite d'accord avec les principes qu'il affichait, il désira recevoir un second baptême. il le reçut des mains d'un de ses compagnons, puis aussitôt le donna à son tour à dix autres habitants de la colonie. Désireux d'entrer dans l'union de la Nouvelle-Angleterre, les colons de Rhode Island en firent la demande; mais elle fut repoussée, sous prétexte qu'ils n'avaient pas de charte. Roger William partit alors pour l’Angleterre, obtint une charte qui réunissait les deux plantations de Rhode Island et de Providence, et dès son retour, convoqua les magistrats de la colonie. Des lois furent établies, ayant pour base la plus entière liberté religieuse, et Roger William fit annoncer que les papistes, protestants, juifs et mahométans seraient protégés dans l'accomplissement de leur culte. Les habitants de cette colonie avaient une telle crainte d'installer chez eux quelque chose qui pût ressembler à la tyrannie que, Roger William ayant refusé de se laisser nommer gouverneur, la colonie s'en passa pendant quarante ans. Pourtant cette exagé |