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Charles II, qui lui avait, d'avance, donné la ville et la province.

Pour l'explication de ce fait, il faut dire que l'Angleterre n'avait jamais reconnu le droit de la Hollande à la possession de la partie du continent américain occupée par les Nouveaux Pays-Bas, se fondant sur cet argument que les chartes accordées à ses Compagnies du Nord et du Sud ne laissaient de place à aucun établissement étranger,

En apprenant la nouvelle de la venue des Anglais, les habitants de la colonie éprouvèrent une joie secrète, mais le gouverneur Stuyvesant, ayant réuni son conseil, commanda la résistance et jura qu'il défendrait la colonie jusqu'au bout. Ce fut en vain, car, cédant bientôt aux sollicitations des bourgmestres, il consentit à capituler. Le drapeau anglais flotta aussitôt sur la ville qui reçut le nom de New-York, en l'honneur de son nouveau maître.

Quant à la partie des Nouveaux Pays-Bas, située au sud du fleuve Hudson, elle fut constituée en une province séparée, et prit le nom de New-Jersey.

Les gouverneurs anglais, nommés par la suite, désappointèrent grandement le peuple en ne lui accordant pas les priviléges qu'il avait espérés. Les habi tants adressèrent une protestation au gouverneur contre les taxes qui leur avaient été imposées sans leur consentement, mais ce dernier ordonna qu'elle fût brûlée publiquement par le bourreau. Enfin, la population se sentit tellement indignée des procédés

dont on usait envers elle, que, lorsque, neuf ans plus tard, une flotte hollandaise vint ancrer dans la baie en face de la ville, elle n'hésita pas à se remettre sous la domination de ses premiers maîtres. Cependant, l'année suivante, un arrangement fut conclu entre l'Angleterre et la Hollande, et New-Amsterdam redeyint New-York. Ici prend fin la domination hollandaise en Amérique; les Anglais étaient alors maîtres de toute la côte s'étendant de la Floride au Canada.

Lorsque le gouvernement anglais eut définitivement pris possession de New-York, une foule d'émigrants de toutes nationalités vint immédiatement s'y fixer; d'ailleurs New-Amsterdam avait une population très-variée; on n'y parlait pas, dit-on, moins de dixhuit langues différentes à l'époque où la ville fut remise au pouvoir des Anglais. Ce fait est facile à expliquer : la Hollande avait toujours été le refuge des citoyens de tous les pays; sa prospérité commerciale et l'abri sûr qu'elle offrait à ceux qui étaient persécutés chez eux pour leurs opinions religieuses attiraient les étrangers et les engageaient à s'y fixer.

Andros fut le premier gouverneur de New-York lorsque cette ville devint définitivement anglaise. Il se conduisit à l'égard des habitants d'une manière tellement tyrannique que le gouvernement se vit forcé de le rappeler en Angleterre.

Son successeur, Dongan, fit concevoir à la population, pendant les premiers temps de son administra

tion, quelques espérances de liberté civile; mais cette fois, comme les précédentes, ces espérances furent déçues, et les colons sentirent s'appesantir davantage sur leurs épaules le joug arbitraire qu'on leur imposait. Le gouverneur Dongan leur avait fait obtenir du duc d'York le droit d'élire une assemblée de représentants; mais, dès que celui-ci fut devenu roi d'Angleterre, sous le nom de Jacques II, il oublia toutes ses promesses, interdit les assemblées législatives, défendit l'usage des presses d'imprimerie, et finalement annexa la colonie de New-York à la Nouvelle-Angle

terre.

Depuis cette époque jusqu'à la révolution, le peuple fut continuellement en conflit avec ses gouverneurs royaux, au sujet de ses droits méconnus; cela ne fit d'ailleurs qu'entretenir en lui l'esprit de liberté qui devait à la fin éclater et amener la grande crise de l'affranchissement.

COLONIE DE NEW JERSEY.

Nous aurions pu nous dispenser de consacrer un paragraphe spécial à cette colonie, puisque nous avons raconté dans les pages précédentes comment elle fut enlevée aux Suédois d'abord, puis aux Hollandais ensuite, en 1664, par les Anglais; mais nous n'avons point parlé de sa fondation, et c'est ce que nous allons faire maintenant.

Lorsqu'en 1614 les premiers Hollandais construi

sirent leur fort sur l'île de Manhattan (New-York), ils élevèrent aussi une redoute en face sur ce qui est aujourd'hui la rive de Jersey.

Dans le commencement, les colons hollandais ne vinrent qu'en très-petit nombre à New-Amsterdam, mais le gouvernement ayant favorisé la création de plusieurs postes commerciaux dans l'intérieur du pays, l'émigration prit tout de suite de plus grandes proportions. De pauvres gens, tentés par les promesses d'une vie facile et abondante, se rendirent d'abord à la nouvelle colonie; puis quelques hommes riches et influents, ayant obtenu de la Compagnie hollandaise des Indes occidentales certains priviléges, les suivirent. Chacun de ces derniers était autorisé à fonder une colonie de cinquante personnes, et à acheter des Indiens une portion de terre ayant soixante milles de longueur au maximum, mais dont la largeur ou profondeur à l'intérieur des terres pouvait s'étendre indéfiniment. Ces grands propriétaires, appelés « Patrons,» avaient droit de justice sur tous les habitants de leurs « manoirs » (c'est le nom qui était donné à leurs propriétés), et cela sans que le gouvernement nommé par le roi pût intervenir.

Vers le même temps, des Danois vinrent s'établir dans les limites de la colonie hollandaise, et furent aussitôt suivis d'émigrés sortant des colonies suédoises et anglaises.

Les Hollandais ne virent point ces établissements se créer sans chercher à y opposer de la résistance, et,

à cet effet, ils se servirent d'abord de l'aide que leur prêtèrent les Suédois pour renvoyer les Anglais, puis ils expulsèrent les Suédois eux-mêmes peu de temps après.

Lorsque les Nouveaux Pays-Bas passèrent pour la seconde fois entre les mains du duc d'York, il vendit la partie de cette colonie située entre les fleuves Hudson et Delaware à lord Berkeley et à sir George Carteret. Cette portion de territoire prit le nom de NewJersey, parce que sir Carteret avait été précédemment gouverneur de l'île de Jersey, dans la Manche, puis le premier village construit fut appelé Elizabethtown, en l'honneur de sa femme Elizabeth Carteret.

La colonie de New-Jersey fut ensuite divisée en deux portions; celle de l'est appartint à sir George Carteret, et celle de l'ouest à lord Berkeley, en sorte que, pendant longtemps, cette colonie ainsi divisée conserva le nom que lui donnèrent les habitants des colonies voisines, des « Deux Jerseys.» Puis, peu à peu, les quakers ou la Société des « Amis, » comme ils s'intitulaient, les presbytériens écossais, et, en un mot, tous ceux qui avaient à redouter la persécution religieuse, achetèrent des terrains et, finalement, peuplèrent toute la région.

Des contestations s'élevant journellement entre les habitants des Jerseys, à propos de leurs droits de propriété, en 1702 les colons abandonnèrent leurs droits en faveur de la reine Anne, qui les prit sous sa protection. Un gouverneur royal fut nommé, et les deux

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