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Quoiqu'en ces jours l'abondance fût extrême, puisqu'un Philadelphien, dit ce voyageur, aurait pu vivre comme un roi sans sortir de sa maison, néanmoins les habitudes et l'installation générale restaient primitives les rues n'avaient pas encore de trottoirs et n'étaient même pas pavées. Dans les commencements, William Penn, trouvant, d'après ses principes religieux, que toute représentation théâtrale était mauvaise et contraire au maintien des bonnes mœurs, avait interdit le théâtre dans sa colonie, mais lorsqu'il fut mort, les habitants recherchèrent les amusements dont ils avaient été privés : une école de danse et un bal public furent organisés, ainsi que des courses et une meute pour la chasse.

Pendant longtemps la Pennsylvanie jouit d'une prospérité plus grande qu'aucune autre colonie. La majeure partie des émigrants arrivant en Amérique venaient directement à Philadelphie, et se fixaient dans la ville ou dans l'un des villages qui en dépendaient. Il a été établi qu'en une seule année 12,000 Allemands vinrent ainsi grossir la population, mais l'élément qui dominait était l'élément anglais et les deux tiers des habitants étaient quakers.

CHAPITRE XII

Fondation de la colonie de Virginie. Le capitaine John Smith; ses nombreuses aventures. Il est nommé président de la colonie. Manière dont il l'organise; son appréciation sur ses compagnons. Il est fait prisonnier par les Indiens. Ceux-ci le regardent comme un demi-dieu. Il est condamné à mort, puis sauvé par la fille du chef, qui épouse un des colons. La première charte de la colonie lui est retirée; mécontentement de la population. Smith part pour l'Angleterre. Situation critique des colons. Ils décident de retourner dans leur patrie; arrivée d'un vaisseau envoyé par la Compagnie de Londres. Second remaniement de la charte. Prospérité générale qui s'ensuit. Le tabac employé comme monnaie courante. Restrictions apportées au commerce de la colonie. Introduction de l'esclavage; ses conséquences. Attaques des Indiens. Retrait à la colonie de sa troisième charte. Elle est déclarée province royale. La population se divise en deux camps. Soulèvement du parti populaire qui chasse le gouverneur. Incendie de la ville de James

town.

COLONIE DE LA VIRGINIE.

Il n'est aucune colonie dont la fondation soit plus ancienne que celle de la Virginie. En avril 1607, treize ans avant l'arrivée des pèlerins de Plymouth, les premiers établissements sur la terre de la Virginie furent créés par la Compagnie de Londres, qui en avait reçu la propriété du roi Jacques Ier. Les premiers habitants de la colonie étaient peu faits, par leur caractère et la position qu'ils avaient occupée en Angleterre, pour supporter les peines d'une installation dans un pays jus

qu'alors inhabité, en sorte qu'avant la fin de l'automne leur nombre était déjà diminué de moitié.

Parmi eux se trouvait le capitaine John Smith dont la vie n'est qu'une suite d'aventures. Né en Angleterre dans le comté de Lancashire en 1579, il n'avait que treize ans lorsqu'il vendit ses livres d'étude et son sac pour fuir la maison paternelle et s'engager sur un navire marchand. Mais son père étant venu à mourir subitement, John Smith se décida à rester deux années encore en Angleterre; au bout de ce temps, n'y tenant plus, il partit pour la France, puis pour la Hollande, qu'il servit dans ses guerres pendant plusieurs années. Il se trouvait, un jour, sur un navire qui se rendait en Italie, lorsqu'une violente tempête s'éleva: accusé par ses compagnons de voyage d'avoir attiré sur tous le courroux céleste parce qu'il était protestant, il fut jeté à la mer. Smith, dont les forces étaient très-grandes, se soutint sur l'eau, nagea plusieurs heures et finit par aborder à une île où un vaisseau corsaire français le recueillit. Tandis qu'il était à bord, ce vaisseau attaqua un navire d'une nation ennemie; Smith prit part au combat et il se distingua tellement par son courage et son impétuosité qu'une part du butin conquis lui fut attribuée. Aussitôt après son débarquement, il se mêla aux guerres qui avaient justement lieu contre les Turcs, et, acceptant le cartel proposé par un officier musulman, il tua cet officier et deux autres qui voulurent le venger. Mais dans la bataille qui suivit, Smith fut fait prisonnier, et, dépouillé de ses vêtements,

les cheveux et la barbe rasés, il fut vendu comme esclave. La Providence qui le protégeait le tira encore de ce mauvais pas sa maîtresse eut pitié de lui, elle lui fournit des armes, et Smith, saisissant un instant favorable, tua son maître, se couvrit de ses habits, et, montant à cheval, s'enfuit en Russie. De là, il alla en Autriche, en Italie, en Espagne, au Maroc, puis, ayant entendu parler d'une expédition pour l'Amérique qui se préparait en Angleterre, il retourna dans sa patrie. John Smith n'eut aucune peine à se faire engager, et il fit partie du premier convoi d'émigrants dont les trois vaisseaux mirent à la voile le 9 décembre 1606.

En arrivant, les nouveaux colons furent enchantés à l'aspect riant et plein de verdure de la contrée qu'ils devaient habiter. Ils nommèrent le fleuve James, «Fleuve du roi, et, en l'honneur de leur souverain, ils donnèrent à la première ville qu'ils construisirent le nom de « James City, dont on a fait ensuite Jamestown (ville de Jacques).

Dans le principe, il avait été entendu que John Smith, dont les capacités étaient reconnues par tous, aurait la direction de la colonie, mais, comme toujours, il se trouva des jaloux qui voulurent lui enlever cette distinction. Les aventuriers qui composaient les expéditions de ce genre étaient généralement des gens d'un caractère entier, durs et turbulents et dont les fréquentes disputes causaient de grands ennuis à leurs chefs. Smith surmonta heureusement les difficultés

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qu'on lui opposa, et ses compagnons, reconnaissant

que lui seul pouvait les tirer de leurs embarras continuels, le nommèrent, à la fin et à l'unanimité, leur président. Aussitôt, Smith ordonna la construction d'un fort, il leur apprit à couper des arbres dont ils se servirent pour leurs habitations, et leur fit faire l'exercice comme à de véritables soldats. La punition qu'il infligea aux paresseux fut la privation de nourriture. A tous ceux qui juraient et profanaient le nom de Dieu, il faisait verser dans la manche un seau d'eau froide pour chaque juron.

Dans les premiers temps de son arrivée, dégoûté de la manière dont ses compagnons travaillaient, il avait écrit à la Compagnie de Londres: « Lorsque vous « enverrez un nouveau contingent d'hommes, je vous supplie de m'envoyer trente charpentiers, laboureurs, « jardiniers, forgerons ou manœuvres, plutôt que mille << semblables à ceux qui sont ici. »

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Le capitaine Smith fit, à différentes reprises, des explorations sur la côte, visitant, avec le plus grand soin, toute la baie de Chesapeake et remontant au nord jusqu'au Maine. Il pénétra aussi dans l'intérieur du continent, cherchant à assurer à sa colonie l'amitié des Indiens et rapportant chaque fois les provisions nécessaires à la subsistance de tous. Dans une de ces explorations, il fut fait prisonnier par les Indiens, qui massacrèrent les quatre ou cinq hommes qui l'accompagnaient. Avec une singulière présence d'esprit et pour échapper au sort qu'il savait lui être réservé, Smith chercha à amuser ses gardiens en leur expli

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