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CHAPITRE XIII

Fondation de la colonie de Maryland. Lord 'Baltimore obtient la propriété du territoire. Construction du village de Sainte-Marie. Charte de la colonie; ses conditions et priviléges. Réunion d'une assemblée de représentants. Passage de l'acte de tolérance. Querelles suscitées par l'arrivée de puritains. Les catholiques sont privés de leurs droits. Guerre civile. Le roi intervient et déclare la colonie province royale. Un des descendants de lord Baltimore est nommé gouverneur. La colonie retrouve sa prospérité. Ressemblance entre le Maryland et la Virginie.

COLONIE DE MARYLAND.

Le premier établissement créé dans le territoire formant actuellement l'Etat de Maryland fut fondé en 1631 par une troupe d'émigrants et d'aventuriers partis de la colonie de la Virginie, sous la conduite du capitaine William Clayborne, qui avait reçu un brevet du roi d'Angleterre pour entreprendre des voyages de découvertes. L'année précédente, cette partie du continent américain avait été visitée par un Anglais catholique, lord Baltimore, qui, désireux d'assurer aux membres de son Eglise un refuge contre les persécutions dont ils souffraient en Angleterre, cherchait un emplacement favorable à l'exécution de son projet.

Immédiatement après son exploration, lord Balti

more retourna en Angleterre, et obtint du roi Charles Ier la concession de tout le territoire situé au nord du Potomac. La nouvelle colonie reçut d'avance le nom de Terra Mariæ » ou « Terre de Marie, » en l'honneur de la reine Henriette Marie, épouse du roi. La première expédition organisée par lord Baltimore fut placée sous le commandement de son frère cadet, Léonard Calvert, qui s'embarqua avec deux cents hommes sur deux vaisseaux, l'Arche et la Colombe. Au mois de mars 1634, ils arrivaient sur le lieu désigné pour leur établissement et bâtissaient, à l'embouchure du Potomac, les premières maisons d'un village qu'ils appelèrent Sainte-Marie. » C'est de là que les habitants des colonies voisines tirèrent le nom de « Pèlerins de Sainte-Marie, sous lequel les premiers colons de Maryland furent désignés.

La charte que le roi Charles Ier avait octroyée à lord Baltimore pour la colonie de Maryland était bien différente de celles qu'avaient obtenues les autres colonies anglaises, en ce sens que le roi s'était formellement engagé à ne point s'immiscer dans ses affaires. Lord Baltimore devait donc gouverner la colonie sans aide ni empêchement de la part de l'Angleterre. Il était néanmoins tenu d'envoyer annuellement au roi deux flèches indiennes en signe de soumission, et de lui donner un cinquième de l'or et de l'argent qui serait trouvé dans le territoire concédé. Tous les membres de la colonie avaient droit de vote dans les questions législatives; aussi, peu de temps

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après leur installation, suivant la convention faite entre les colons dès leur arrivée, à savoir que toutes religions seraient protégées au milieu d'eux, une assemblée fut élue et réunie. Dans sa première séance, cette assemblée passa l'acte mémorable connu sous le nom a d'Acte de tolérance» et dans lequel il était dit : «que quiconque croyait en Jésus-Christ ne serait pas inquiété pour sa religion ou pour l'accomplissement « des devoirs qu'elle prescrivait; que personne ne « pourrait être contraint à embrasser une autre reli« gion ou à en remplir les devoirs sans son libre «< consentement. Quoique cette ordonnance fût en elle-même très-libérale, cependant celle qu'avait promulguée, deux ans auparavant, la colonie de RhodeIsland la surpassait de beaucoup, en ce que celle-ci étendait sa protection, non pas seulement aux croyances chrétiennes, mais à toutes les religions sans distinction aucune.

La colonie de Maryland fut, comme toutes ses sœurs, en proie, après quelques années d'existence, aux divisions et aux querelles religieuses. Un grand nombre de puritains chassés de la Virginie par la persécution se réfugièrent dans le Maryland, mais ils ne tardèrent pas à causer de grands ennuis aux catholiques, qui formaient la majorité des habitants de la colonie. Ils contestèrent les pouvoirs du gouverneur lord Baltimore, ainsi que les droits d'hérédité de ses successeurs, et cherchèrent, par mille moyens, à entraver les actes de son gouvernement. Les puritains ayant envoyé

leur chef Clayborne siéger à l'assemblée, celui-ci fit passer une loi déclarant que les catholiques n'avaient pas droit à la protection que leur assurait le décret précédent et défendant à tout membre de cette Eglise de participer aux travaux de l'assemblée. La guerre civile s'ensuivit; le gouverneur lord Baltimore fut forcé de prendre la fuite et, durant des années, la victoire alterna d'un camp à l'autre. Enfin, en 1691, le roi termina ce différend en faisant de la colonie de Maryland une province royale, en y déclarant l'Eglise d'Angleterre religion d'Etat, et en enlevant aux catholiques les priviléges dont ils jouissaient dans la colonie qu'ils avaient créée.

Vingt ans après, le roi remit le gouvernement de Maryland à l'un des descendants de lord Baltimore, qui s'était converti au protestantisme. Celui-ci, doué de meilleurs sentiments que son souverain, favorisa, pendant la durée de son administration, la liberté des cultes, et la colonie reconquit la prospérité que ces événements lui avaient fait perdre.

Par ses mœurs et ses habitudes, le Maryland ressemblait à la Virginie. Ses habitants étaient aussi partisans de l'esclavage, et les nègres qu'ils possédaient étaient, comme en Virginie, employés à la culture du tabac. Ils acquittaient également leurs taxes avec ce produit du sol, et presque tous leurs achats étaient payés de la même manière.

Ainsi que nous l'avons raconté dans l'histoire primitive de la Pennsylvanie, les habitants de cette

colonie furent longtemps en dispute avec ceux du Maryland à propos de leurs frontières respectives. Clayborne, celui-là même qui devint le chef des puritains réfugiés, avait été un ardent défenseur des droits du Maryland qu'il exhortait ses compagnons à soutenir les armes à la main. Heureusement, grâce au travail accompli en 1767 par les inspecteurs Mason et Dixon, cette cause de mésintelligence et de conflit fut écartée.

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