étaient ainsi engagées dans les terribles guerres que nous venons de raconter, les autres colonies n'étaient pas épargnées. — Les Hollandais établis à New-York, ayant excité violemment la colère des Indiens par les mauvais traitements qu'ils leur faisaient subir, se virent tout à coup environnés d'une multitude d'Indiens qui prirent une éclatante revanche. Dans la Virginie, les villages construits sur les limites du territoire furent continuellement en butte aux attaques des sauvages, qui trouvaient là des victimes faciles, à cause de l'interdiction faite aux colons, par le gouvernement anglais, de porter des armes, même pour leur propre défense. Les colonies de Pennsylvanie et de New-Jersey eurent beaucoup moins à souffrir de la part des Indiens; ce fait doit être attribué aux relations amicales que leurs fondateurs, William Penn et les quakers, engagèrent, dès le début, avec les tribus indiennes qui les avoisinaient. Il a été souvent dit que « pas une goutte de sang quaker » n'avait été répandue par les Indiens; si ce fait, très-contestable, est vrai, cela tient à ce que les quakers s'établirent sur un territoire appartenant à une tribu très-pacifique d'Indiens, les Delawares, qui venaient d'être battus et considérablement amoindris dans une rencontre avec leurs ennemis, les Iroquois. CHAPITRE XVII Guerre du roi Guillaume. Causes qui l'amenèrent. Début des hosti lités. Expédition des Français contre la colonie de New-York. Cruautés commises par les Indiens. Tentatives faites par les Anglais contre Port-Royal et le Canada. Succès de la première. Fin de cette guerre. - Guerre de la reine Anne. Terreur des colons de la Nouvelle-Angleterre. Attaque des Anglais contre les Espagnols de la Floride. Les Espagnols et les Français s'unissent dans l'envoi d'une flotte contre Charlestown. Prise de Deerfield par les Francais. Tentatives faites par les Anglais d'envahir le Canada. Insuccès. Le traité d'Utrecht met fin à la guerre. Guerre du roi George II. Expédition dirigée contre Louisbourg. Reddition de cette ville et abandon de l'ile du cap Breton aux Anglais. Conclusion de la paix, De 1689 à 1763, de fréquentes contestations entre la France et l'Angleterre amenèrent des guerres entre ces deux puissances. Les colons du Nouveau Monde embrassèrent naturellement la cause de leur première patrie, chaque parti des belligérants cherchant à s'attacher le plus grand nombre d'Indiens possible : les Indiens du Canada et du Maine aidèrent les Français, et les Iroquois ou Indiens des « Cinq Nations », se mirent du côté des Anglais. Pour la clarté de la narration des événements qui vont suivre, nous les diviserons en quatre séries, connues d'ailleurs sous les noms de : Guerre du roi Guillaume, de 1689 à 1697. de la reine Anne, de 1702 à 1713. du roi George II, de 1744 à 1748. Et enfin la célèbre guerre franco-indienne, qui dura de 1754 à 1763. en Par suite de la déclaration de guerre entre la France et l'Angleterre en 1689, les habitants des colonies françaises du Canada, qui avaient les premiers visité et exploré toute cette partie du continent et les contrées intérieures, crurent l'occasion venue, épousant la querelle de leur patrie, de chasser les · Anglais de ce qu'ils considéraient comme leurs territoires. De plus, par l'accroissement des colonies, les Indiens avaient été refoulés de plus en plus au loin ; il en était résulté que si, en 1675, la Nouvelle-Angleterre possédait une population de 55,000 habitants, le nombre des Indiens avait considérablement baissé, car, à la même époque, on n'en comptait plus qu'une trentaine de mille disséminés sur les parcelles du territoire que les blancs n'avaient pas encore acca paré. Vendant tous les jours aux nouveaux arrivants des portions de leurs territoires, quelquefois en échangeant une immense étendue contre l'objet de la plus petite valeur, et plus souvent encore en étant violemment expulsés par la force des armes, les Indiens en étaient arrivés à faire succéder aux dispositions pacifiques qu'ils pouvaient avoir dans les commencements, une haine implacable qui s'étendait à tous les envahisseurs du sol. Parmi les objets qui leur étaient donnés en échange contre des fourrures, ils avaient quelquefois reçu des fusils et des munitions; bientôt, lorsque les premiers possesseurs de ces armes en connurent le maniement, tous les Indiens cherchèrent à s'en procurer. Ils étaient parvenus à une adresse remarquable dans le tir, et, par conséquent, causaient aux blancs, dans les embuscades qu'ils leur tendaient, des pertes sérieuses. Aussitôt que les hostilités eurent commencé entre les deux partis français et anglais, les horreurs des guerres des Pequots et du roi Philippe se renouvelèrent, mais dans une proportion dix fois plus grande. Les atrocités les plus affreuses furent commises; les habitants des colonies situées sur les frontières, et plus exposées que celles de l'intérieur, vécurent dans l'appréhension constante des attaques soudaines et des surprises familières aux Indiens. Les enfants qui gambadaient sur la rive, les faucheurs se reposant après le travail, les moissonneurs rentrant la récolte, les mères s'occupant chez elles des soins du ménage, tous toinbaient, frappés par un ennemi qui disparaissait aussitôt le coup donné et qui était toujours présent lorsqu’une garnison ou une famille se départait de sa vigilance habituelle. Pendant ces guerres, les Indiens évitèrent toujours de se rencontrer avec les blancs en rase campagne; connaissant les forces de leurs ennemis, ils se fiaient plus aux surprises nocturnes et aux marches forcées, apparaissant un jour dans un endroit et, le lendemain ou quelques jours après, dans un autre. Tous les villages avaient construit des « blockhouses, » ou maisons en troncs d'arbres dans lesquelles les habitants se réfugiaient en cas d'attaque. Ordinairement, ces petites forteresses se composaient d'un rez-de-chaussée dont les murs étaient faits de troncs d'arbres d'un pied et demi de diamètre, et d'un premier étage qui le dépassait un peu; dans les murs étaient des ouvertures qui servaient de meurtrières aux colons pour tirer sur leurs agresseurs. En 1689, une expédition, composée de Français et d'Indiens munis de leurs raquettes à neige, descendit du Canada, au plus fort de l'hiver, pour s'abattre sur les colonies extrêmes de New-York et de la NouvelleAngleterre. Les Indiens commirent les cruautés les plus affreuses. Schenectady, un petit village sans défiance, et qui n'avait aucune garnison, fut surpris au milieu de la nuit. Les hommes, les femmes, les enfants, arrachés de leur lit, furent tués par le terrible tomahawk, et le peu de la population qui réussit à échapper dut parcourir, presque sans vêtements, par un très-grand froid et une neige aveuglante, toute la distance qui la séparait d’Albany. Les histoires du temps sont remplies des méfaits des |