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Philippe avait si bien machiné son plan que la guerre s'alluma, en moins de trois semaines, sur une étendue de plus de 200 milles. Elle fut plus particulièrement acharnée dans la partie ouest du Massachusetts, où toutes les villes furent brûlées. Toutes les horreur des guerres indiennes s'abattirent sur les malheureux colons de la Nouvelle - Angleterre; leurs fermes, étant généralement très-éloignées les unes des autres, offraient de plus grandes chances de succès aux surprises des Indiens; le terrible cri de guerre, les embuscades perfides, remplirent les colonies d'une terreur permanente. La crainte du scalpe ajoutait encore à cette terreur, mais donnait aux blancs une plus grande énergie pour résister à leurs cruels ennemis1.

La tradition rapporte que dans un village, Hadley, les habitants, attaqués inopinément par les sauvages et n'ayant pas de chef pour diriger leur défense, ne savaient comment faire face à leurs ennemis, lorsque tout à coup surgit au milieu d'eux un homme d'un

1 Voici de quelle manière les Indiens procédaient à cette opération la victime se trouvant renversée ou mise dans l'impossibilité de se défendre, l'Indien tirait de sa ceinture un couteau affecté spécialement à cet usage et faisait autour de la tête une incision circulaire pénétrant jusqu'à l'os du crâne, puis, de la main gauche il arrachait, d'un coup sec porté de côté, toute la chevelure. Il arrivait quelquefois que la victime, étourdie par le premier coup de tomahawk qui l'avait renversée, reprenait ses sens, mais ce n'était que pour endurer les plus atroces souffrances causées par cette horrible mutilation.

L'Indien, pendant la durée de chaque expédition guerrière, suspendait autour de sa ceinture, comme une preuve de sa bravoure, tous les scalpes qu'il avait ainsi détachés, et il recevait pour chacun d'eux une prime du chef de sa tribu.

aspect vénérable, inconnu à tous, qui prit leur commandement, et, par les ordres qu'il donna pendant le combat, amena la défaite des Indiens. Lorsque tout danger eut disparu, les colons cherchèrent leur bienfaiteur, mais celui-ci avait regagné la forêt. Sa disparition fit naître une foule de conjectures, et l'on supposa que ce mystérieux personnage était le colonel William Goffe, le régicide, qui avait dû quitter l'Angleterre pour avoir voté la mort du roi Charles Ier.

En août 1675, comme une compagnie de 80 jeunes gens retournait à Deerfield, après avoir fait une récolte de blé dont le poids ralentissait la marche des chariots, elle fut surprise, au passage d'un ruisseau, par les Indiens. Un carnage épouvantable s'ensuivit ; sept ou huit seulement de toute la bande purent échapper et avertir leurs amis. Pendant que les sauvages, restés sur le lieu du massacre, dépouillaient les morts, les troupes arrivèrent, et, tant en combattant que par représailles, tuèrent environ une centaine d'Indiens.

Durant tout l'été, les combats continuèrent avec furie, mais au commencement de l'hiver une expédition, forte de 1,000 hommes, fut organisée en vue de rompre l'alliance indienne. Le commandement en fut remis au capitaine Winslow, qui dirigea immédiatement tous ses efforts contre la tribu des Narragansetts, campée dans Rhode-Island, où le roi Philippe, défait dans un combat précédent, avait trouvé asile. L'hiver, en dépouillant les arbres de leurs feuilles et

en recouvrant la terre d'une épaisse couche de neige, facilitait les moyens d'action des blancs, en leur faisant éviter les embûches et les surprises des Indiens auxquelles ils eussent été exposés dans une autre saison.

Dans une sorte d'îlot, au milieu d'un marais impraticable, les Narragansetts avaient construit leur forteresse. Après une bataille, qui dura plus de deux heures, les assaillants franchirent les palissades dont les Indiens avaient entouré leur fort, et la presque totalité de la tribu fut anéantie.

Mais le but principal de l'attaque n'était pas atteint : le roi Philippe, profitant du désordre de la mêlée, s'était esquivé; les colons se mirent à sa poursuite. En 1676, une troupe de puritains armés, sous le commandement du capitaine Church, fut envoyée contre lui; mais, cette fois encore, il s'échappa, laissant entre les mains de ses ennemis sa femme et son fils âgé de neuf ans, qui fut vendu comme esclave aux habitants des îles Bermudes. Bientôt après heureusement, Philippe, dont l'énergie avait été vivement affaiblie par la prise de ces deux êtres si chers à son cœur, tomba, frappé d'une balle tirée, dit-on, par l'un de ses guerriers.

Ainsi se termina une guerre qui avait duré deux années, coûté aux colonies de la Nouvelle-Angleterre plus d'un million de dollars et la vie de 600 personnes. Pendant tout ce temps, aucun secours n'avait été demandé, ni reçu de la mère-patrie.

Tandis que les colonies de la Nouvelle-Angleterre

étaient ainsi engagées dans les terribles guerres que nous venons de raconter, les autres colonies n'étaient pas épargnées. Les Hollandais établis à New-York, ayant excité violemment la colère des Indiens par les mauvais traitements qu'ils leur faisaient subir, se virent tout à coup environnés d'une multitude d'InDans la diens qui prirent une éclatante revanche. Virginie, les villages construits sur les limites du territoire furent continuellement en butte aux attaques des sauvages, qui trouvaient là des victimes faciles, à cause de l'interdiction faite aux colons, par le gouvernement anglais, de porter des armes, même pour leur propre défense.

Les colonies de Pennsylvanie et de New-Jersey eurent beaucoup moins à souffrir de la part des Indiens; ce fait doit être attribué aux relations amicales que leurs fondateurs, William Penn et les quakers, engagèrent, dès le début, avec les tribus indiennes qui les avoisinaient. Il a été souvent dit que « pas une goutte de sang quaker » n'avait été répandue par les Indiens; si ce fait, très-contestable, est vrai, cela tient à ce que les quakers s'établirent sur un territoire appartenant à une tribu très-pacifique d'Indiens, les Delawares, qui venaient d'être battus et considérablement amoindris dans une rencontre avec leurs ennemis, les Iroquois.

CHAPITRE XVII

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Guerre du roi Guillaume. Causes qui l'amenèrent. Début des hostilités. Expédition des Français contre la colonie de New-York. Cruautés commises par les Indiens. Tentatives faites par les Anglais contre Port-Royal et le Canada. Succès de la première. Fin de cette guerre. Guerre de la reine Anne. Terreur des colons de la Nouvelle-Angleterre. Attaque des Anglais contre les Espagnols de la Floride. Les Espagnols et les Français s'unissent dans l'envoi d'une flotte contre Charlestown. Prise de Deerfield par les Francais. Tentatives faites par les Anglais d'envahir le Canada. Insuccès. Le traité d'Utrecht met fin à la guerre. Guerre du roi George II. Expédition dirigée contre Louisbourg. Reddition de cette ville et abandon de l'ile du cap Breton aux Anglais. Conclusion de la paix.

De 1689 à 1763, de fréquentes contestations entre la France et l'Angleterre amenèrent des guerres entre ces deux puissances. Les colons du Nouveau Monde. embrassèrent naturellement la cause de leur première patrie, chaque parti des belligérants cherchant à s'attacher le plus grand nombre d'Indiens possible : les Indiens du Canada et du Maine aidèrent les Français, et les Iroquois ou Indiens des « Cinq Nations », se mirent du côté des Anglais.

Pour la clarté de la narration des événements qui

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